Contempler l’infime en VR – Particules d’existence au Centre Phi

Particules d’existence, une exposition de réalité virtuelle présentée par le Centre Phi, à Montréal, nous propose un parcours de 10 œuvres immersives en modes documentaire, contemplatif et ludique. Dans cet article, je vous en présente trois qui ont su sortir du lot.

Particules d'existences au Centre Phi. Photo par Alexandre G. Vermeil
Particules d’existence au Centre Phi. Photo par Alexandre G. Vermeil.

En mode contemplatif

Mon premier arrêt fut à une installation soulignant deux créations du collectif Marshmallow Laser Feast. Ici, le sol délicatement décoré de terre, de copeaux de bois, de plantes et de troncs d’arbres sciés en guise de banc prépare le spectateur à une vraisemblable marche en forêt. In the Eyes of the Animal nous permet d’emprunter le point de vue de quatre espèces animales en nous offrant une forêt dessinée de particules ressemblantes à des paillettes colorées. Ces points virevoltent dans tous les sens construisant et détruisant le paysage qui se dresse devant nous, tandis qu’un sac technologique de la compagnie Subpac émet des vibrations augmentant l’expérience sensorielle en y ajoutant le sens du toucher. Treehugger : Wawona (du même groupe d’artistes) pour sa part transporte son utilisateur dans un paysage de forêt un peu plus réaliste jusqu’à ce que celui-ci interagisse avec un immense séquoia. En plus des gadgets technologiques mentionnés dans la première œuvre, deux manettes sont attachées aux mains du visiteur lui permettant de toucher l’arbre qui en retour se transforme en particules. Pendant cette exploration, l’utilisateur se voit commencer à flotter vers le ciel en voyant l’arbre devenir lanières multicolores qui s’entrecroisent, une version rayons X poétique de cette gigantesque plante. Les deux œuvres de réalité virtuelle proposent à son spectateur de repenser la relation de l’humain vis-à-vis la nature en devenant soit animal sauvage, soit être botanique, une nouvelle fable plus que nécessaire dans l’ère digitale, un temps qui coïncide malheureusement avec l’extinction imminente de notre planète.

Particules d'existences au Centre Phi. Photo par Alexandre G. Vermeil
Particules d’existence au Centre Phi. Photo par Alexandre G. Vermeil.

 

En mode documentaire

Le film documentaire Space Explorers : A New Dawn du studio montréalais Félix & Paul Studios nous transporte dans l’univers de la NASA où plusieurs astronautes nous racontent leur histoire face à face. Le ton très personnel de l’œuvre où la caméra laisse ses sujets se dévoiler accentue son effet immersif, tout en nous offrant des prises de vue sous-marines d’entrainements d’astronautes ou des images époustouflantes en animation 3D de la Station spatiale internationale, pour ne nommer que ceux-ci. Une attention particulière est portée à la direction photographique qui nous présente un désert rappelant un sol lunaire où casques d’astronautes et véhicules d’exploration spatiale illuminent la scène avec l’aide d’un ciel ennuagé post-crépuscule. Malgré sa nature plutôt contemplative, le documentaire nécessite l’attention de son spectateur pour bien ingérer les faits présentés à celui-ci, rendant l’œuvre dans un sens plus interactive que certaines œuvres dites ludiques et ainsi plus complète, du moins au niveau cognitif.

Particules d'existences au Centre Phi. Photo par Alexandre G. Vermeil
Particules d’existence au Centre Phi. Photo par Alexandre G. Vermeil.

 

En mode ludique

Contrairement aux œuvres mentionnées précédemment, Chorus, une création de l’américain Tyler Hurd, s’expérience en groupe d’au moins six personnes. C’est en traversant un voile d’un blanc translucide que nous entrons dans l’installation aux allures futuristes où des murs noirs sont munis de néons orangés. L’équipement fourni est semblable à celui de Treehugger : Wawona, mis à part que les deux manettes ne sont pas attachées aux mains de l’utilisateur, mais sont par contre munies de détentes permettant l’utilisation de sabres lasers. Chorus débute en nous proposant de choisir parmi six cristaux flottants, une demande un peu plus difficile qu’elle n’en a l’air, car le simple acte d’attraper l’un d’entre eux m’a pris quelques minutes à exécuter. Une fois le cristal choisi, le joueur se retrouve devant un miroir reflétant son personnage où le jeu nous laisse quelques minutes pour que celui-ci se regarde devant la glace. L’expérience fascinante nous donne la possibilité de regarder ses mains (ou plutôt celles de son avatar) et de les fermer et ouvrir à l’aide des détentes. Le seul hic dans cet exercice est dû au fait que les jambes elles, non munies d’équipements, restent rigides et immobiles tout au long du jeu même en avançant ou reculant. L’aventure, qui sert aussi de vidéoclip pour le groupe Justice, commence réellement au son de la trame sonore entraînante qui coïncide avec l’activation d’un micro permettant aux joueurs de communiquer entre eux. L’œuvre ludique nous transportant dans un monde où des guerrières combattent des extraterrestres et créatures volantes est absolument amusante, mais manque un peu de contenu en ce qui concerne son histoire. En effet, malgré son visuel coloré et bien rendu, Chorus ne donne aucune explication en ce qui concerne son monde, ses personnages ou les événements qui passent au travers du casque de réalité virtuelle, laissant le joueur un peu confus après l’expérience, mais tout de même satisfait au niveau plaisir.

Particules d’existences est une exposition réussie qui combine jeu et apprentissage,  que ce soit sous forme de jeu vidéo avec Discovery Tour by Assassin’s Creed : Ancien Egypt, qui permet au joueur de parcourir l’Égypte antique en quête de faits historiques ou d’œuvres plus politiques et cinématographiques comme The Sun Ladies, mettant en vedette une unité de combat ne comportant que des femmes se dressant contre l’État islamique en Irak. Les œuvres qui m’ont semblé plus impressionnantes font toutes usage d’un casque de type Oculus Rift ou HTC, comparativement à certaines œuvres qui elles dépendent d’un casque de type Gear VR nécessitant l’écran d’un téléphone intelligent. Le premier type de casque donne un résultat beaucoup plus immersif et de qualité, tandis que l’image modifiée provenant d’un téléphone est parfois floue et instable, provocant une certaine distraction propulsant l’utilisateur hors de l’œuvre par moments.

Le Centre Phi continue son exploration des réalités avec l’exposition Alternate Realities qui comportera des œuvres de réalité virtuelle, réalité augmentée, des vidéos 360 degrés et des installations interactives. Du 24 août au 2 septembre seulement.

Site officiel du Centre Phi

À propos de Alexandre G. Vermeil

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