Films du Studio Ghibli – 1988 : Le tombeau des lucioles

Le film le plus choquant et poignant de la série complète du Studio Ghibli est sans aucun doute Le tombeau des lucioles. Coeurs sensibles s’abstenir, ce premier film réalisé par Isao Takahata pour Ghibli raconte une trame sombre de l’histoire du Japon. Alors que Miyazaki utilise une palette de couleurs beaucoup plus lumineuses et vives, Takahata use davantage de couleurs chaudes et terreuses pour créer une ambiance beaucoup plus lourde et une touche plus réaliste. Visant une clientèle plus âgée que les titres précédents, aucun filtre n’est utilisé pour cacher les horreurs de la Deuxième Guerre mondiale. Dans la même lignée des films d’animation que L’île de Giovanni, Le tombeau des lucioles peint un tableau provocant de la guerre vécue par des enfants. Leur fragilité et innocence créent un contraste énorme avec la brutalité de l’environnement dans lequel ils doivent évoluer. Voici un résumé et une analyse de ce film qui est dans mon top 3 dans la collection Ghibli.

  • Studio : Studio Ghibli
  • Réalisateur : Isao Takahata
  • Genre : Animation, historique, aventure
  • Durée : 89 minutes
  • Date de sortie : 16 avril 1988
  • Classement : Conseiller pour les jeunes de 12 ans et plus
  • Page officielle du film

Résumé du film Le tombeau des lucioles

Le film débute lorsque la ville de Kobe se fait bombarder. Deux enfants, Seita et sa jeune soeur Setsuko, accompagnées de leur mère, réussissent à s’échapper. Malheureusement, cette dernière finit par s’effondrer sous le poids de ses blessures. Les jeunes, constatant sa mort, n’ont d’autres choix que de continuer seuls. N’ayant nulle part où aller, ils décident de partir habiter avec leur tante. Seita va alors déterrer des rations qu’il avait cachées avant la guerre et les donne à sa tante. Il ne garde qu’un contenant de bonbons aux fruits qu’on reverra symboliquement tout au long de l’histoire.

La tante des deux enfants s’avère être très cruelle. Ils décident donc de s’enfuir et de vivre dans un vieil abri abandonné. Afin d’illuminer leur nouvelle maison, ils libèrent de nombreuses lucioles qu’ils avaient trouvées. Prise d’une grande tristesse, la petite Setsuko les retrouve mortes le lendemain. Elle décide de les enterrer et est plongée dans ses pensées. Elle se demande «  pourquoi ma mère avait besoin de mourir ?  » La détresse psychologique augmente au même rythme que la nourriture se fait de plus en plus rare et le désespoir commence à obscurcir la vie des enfants. Est-ce que Seita et Setsuko réussiront à retrouver la lumière et l’espoir ?

**Alerte aux divulgâcheurs**

Les véritables victimes de la guerre

L’entièreté du film Le tombeau des lucioles est racontée avec la perspective de Seita et est basée sur une histoire vraie. Le véritable Seita, Akiyuki Nosaka a réussi à vivre assez longtemps afin de raconter ce qu’il s’était passé. Tout comme le personnage du film, il perd sa soeur et ne peut s’empêcher de se sentir coupable pour sa mort. En réalité, il n’a pas perdu sa soeur à cause de la guerre à proprement parler. C’est plutôt à cause de l’effet que la guerre a sur les gens. C’est l’appel de la survie qui fait en sorte que les humains deviennent aveugles face à la souffrance des autres. Bien que Setsuko décède au beau milieu de la rue, les passants regardent les enfants comme s’ils ne sont que des déchets. Ils font alors des remarques du genre «  dégoûtant  », «  ces morveux sont une disgrâce  » ou «  juste une autre qui vient de partir  ». On se rend vite compte que la souffrance désensibilise les gens à l’empathie.

Les gens deviennent rapidement égoïstes dans une telle situation et la tante de Seita en est le parfait exemple. Au départ, elle voulait vraiment aider les enfants. Cependant, plus la situation devenait difficile, plus elle les maltraitait. Même les docteurs deviennent tellement habitués à la mort, que ça devient une habitude. Ils n’ont plus le coeur de supporter leurs patients. En fait, nous remarquons rapidement que le seul espoir restant en l’humanité dans le film est reflété par l’innocence et la pureté des enfants. Pour eux, la nature incompréhensible du mal fait en sorte qu’ils ne se rendent pas compte de la dure réalité à laquelle ils font face.

La compassion est plus forte que tout

Il y a plusieurs images difficiles tout au long du Tombeau des lucioles. Par exemple, Setsuko suce des roches en pensant que c’est des bonbons. Elle prend également des boules de sables comme si c’était du riz. Lorsque la guerre est finalement terminée, Seita trouve enfin de la bonne nourriture. Lorsqu’il essaie de nourrir sa petite soeur, elle est trop faible pour avaler. Lors de son dernier soupir, elle trouve quand même la force de dire à son frère « Seita, merci.  » Même à la toute fin, elle montre de la gentillesse et de la gratitude ce qu’un adulte aurait été incapable de faire.

La dernière scène du film est la seule partie qui n’est pas avec le regard de Seita. Nous voyons des images de Setsuko lorsque son frère n’était pas à l’abri. La petite fille joue comme n’importe quel enfant de son âge. C’est un dessin merveilleux dans un monde en pleine destruction. Setsuko demande à Seita, «  Pourquoi les lucioles doivent mourir aussi tôt ?  » Seita n’a aucune réponse pour elle. L’image de deux lucioles qui s’éteignent est alors présentée. Nous pouvons faire rapidement le lien entre les lucioles et les enfants, synonymes de lumières dans un univers terni par les ténèbres.

Bien que ce soit le film le plus difficile moralement du Studio Ghibli, Le tombeau des lucioles est néanmoins un de mes préférés. Non conseillé pour de jeunes enfants, son histoire vaut vraiment la peine d’être écoutée. Le film nous permet de voir derrière les rideaux de la guerre et nous rendre compte de qui sont les réelles victimes. Personne n’en sort gagnant. À écouter avec une boîte de mouchoirs pas bien loin.

À propos de Antoine Gaumont

Bonjour la compagnie! Je suis un véritable mordu de jeux vidéo, films et nouvelles technologies. Designer UX/UI, technicien, artiste, enseignant, criminologue, boulanger... je suis un passionné et c'est avec plaisir que je vais partager mes passions avec vous.

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