Pentiment : une nouvelle ère étrange d’aventure narrative

C’était une soirée froide en 1510. Je faisais cuire tranquillement une tranche de pain de seigle sur le feu. Le bruit de la combustion berçait la pièce et la lumière émanant des braises faisait danser des ombres aux formes étranges. Une fois le pain bien croustillant, j’ouvris la trappe au plancher afin de sortir une bonne part de fromage frais. Qu’entends-je ? J’avais cru entendre une branche craquée au loin. Que vois-je ? Est-ce que quelqu’un serait en train de m’épier par la fenêtre ? Non, impossible. Je suis pourtant seul dans ces bois reculés. Je me dirige vers la porte d’entrée pour m’en assurer. Une faible neige tombe du ciel à la manière d’un ivrogne qui retourne à la maison. Bien que tout semble calme, l’ambiance est lourde et même les oiseaux de nuit n’osent pas faire un son.

Je me dirige vers la fenêtre et je m’arrête net. Bon sang, une tache rouge ruine la blancheur de la neige vierge au sol. Un peu plus loin, une forme humaine. C’est bien ce que je pensais. »Bobby, combien de fois je t’ai dit de te calmer avec le vin ? !» C’est alors que je me réveille, la face directement dans mon écran d’ordinateur et une coupe de vin renversée sur mon clavier. L’écran d’accueil de Pentiment brille de mille feux dans mes yeux fatigués. Ce nouveau jeu du studio Obsidian Entertainment est la définition d’un RPG moderne. Une histoire complexe, une jouabilité simple et des idées avant-gardistes. Cependant, tout n’est pas parfait dans ce titre, mon mal de tête en est la preuve et cet article vous expliquera pourquoi.

  • Studio de développement : Obsidian Entertainment
  • Éditeur : Xbox Game Studios
  • Date de parution : 15 novembre 2022
  • Plateforme disponible :  Xbox One, PC, Xbox Series X et Series S
  • Plateforme de test : PC
  • Prix : 24.99 $
  • Page Steam du jeu

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La mise en bouche de Pentiment

Vous êtes dans la peau d’Andreas Maler, un artiste influent qui a reçu une commande pour un monastère local. Les moines que vous côtoyez dans le monastère vous font part de leurs inquiétudes. Avec l’imprimerie qui fait de plus en plus surface, l’art des manuscrits enluminés est voué à disparaître. Après une discussion pas très réjouissante, un nouvel acteur fait son entrée. Un noble avec une notoriété peu reluisante fait une visite au monastère et vous invite à souper avec lui. C’est plutôt rare qu’il rencontre des gens autant éduqués qu’Andreas. Peu de temps après cette rencontre, l’élément déclencheur de Pentiment fait son entrée. Alors que l’artiste dessinait tranquillement au monastère, le chaos s’installe. Qu’est-ce qui peut bien se passer ?

Andreas se dirige vers la même direction que la foule et c’est avec horreur qu’il voit le noble mort et, à ses côtés, son bon ami Frère Pietro qui tient un couteau ensanglanté. Les accusations contre Frère Pietro pleuvent de partout, mais l’artiste est convaincu que le moine n’est pas responsable. Le fardeau de la preuve repose donc sur vos épaules et c’est ainsi que commence le premier acte du jeu. Vous devrez interroger des gens et explorer le village afin de mettre un doigt sur le coupable.

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Un jeu qui demande beaucoup de patience

Avis à tous les joueurs qui disent aimer les RPG, Pentiment n’est pas un titre conventionnel. Vous avez de la difficulté à lire un livre ? Ce n’est pas un jeu pour vous. La jouabilité repose en très grande majorité à défiler des lignes et des lignes de texte. Si vous avez lu ma critique de Disco Elysium (honte à vous si ce n’est pas le cas), vous allez sans doute vous apercevoir qu’il y a beaucoup de similitudes entre ce dernier et Pentiment. En fait, je crois qu’ils sont les précurseurs d’un nouveau style de RPG que j’appellerais affectueusement le RPG Chiard Au Baloné. Mais quel nom divin me direz-vous. Je vous en remercie, mais pourquoi chiard au baloné ?

Tu trempes ta cuillère avec une petite crainte, parce que l’emballage a l’air un peu louche. La première bouchée t’étonne, c’est diablement bon. Tu te régales pendant un bon moment, mais c’est alors que vient le moment fatidique. Toutes les bouchées subséquentes goûtent la même chose. Cet inconvénient fait en sorte qu’il est parfois difficile de terminer son assiette. Par exemple, lorsqu’on joue à Pentiment, bien que les graphismes aient un style original qui rappellent vraiment l’art du Moyen Âge, ce n’est pas un facteur wow dès le premier regard. Ensuite, l’histoire nous accroche comme un hameçon de pêche et on ne peut pas s’en détacher pour un long moment. Finalement, la redondance s’installe et terminer le jeu devient davantage une corvée qu’une partie de plaisir.

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Une jouabilité limitée

Un élément de Pentiment qui risque d’irriter certains joueurs est que la jouabilité est très rigide. Bien qu’il y ait un ou deux casse-têtes par ci par là, les actions de la part du joueur sont limitées. Vous passerez donc la plupart de votre temps à cliquer pour passer d’un dialogue à l’autre ou sélectionner votre réponse, cliquer pour sélectionner la nourriture qu’Andreas mange lors d’un repas et cliquer pour le déplacer. Nous avons donc affaire à du point and click qui offre peu de changement quant aux interactions du joueur tout au long du jeu.

Se déplacer aux différents endroits dans le jeu nous oblige à faire plusieurs aller-retours dans des tableaux vides d’interactions. Pouvoir sélectionner sa location directement sur la carte aurait grandement amélioré l’expérience. Je n’ai normalement aucun problème avec les jeux qui nous poussent à explorer, mais il faut que cette exploration ait une utilité. C’est comme si on ajoutait une règle au hockey qu’il faut se lécher le coude à chaque fois que l’on fait un but. Cela apporte un élément bien sympathique, mais pourquoi ? C’est ce que j’appelle une durée de vie artificielle. Donner une fausse sensation qu’on manque beaucoup de détails si on ne visite pas chaque recoin de l’environnement, alors que ce n’est pas le cas.

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Trouverez-vous le coupable ?

Comme j’avais mentionné un peu plus haut, Pentiment est séparé en plusieurs actes. Chaque acte consiste en un nouveau mystère qu’il faut élucider. Pour ce faire, vous avez toujours un temps limité pour amasser le plus de preuves possibles sur une personne que vous considérez pouvoir être le criminel potentiel. À ma première partie, je dois vous avouer que j’ai été pris au dépourvu. J’ai l’habitude de prendre mon temps et de visiter chaque recoin d’un jeu vidéo. Or, ce n’est pas possible dans Pentiment. J’ai essayé de parler au plus grand nombre de témoins différents, mais cela a fait en sorte que j’avais des preuves très disparates. Le temps écoulé, le coupable a pratiquement été choisi aléatoirement. Comment inculpé quelqu’un alors que la seule preuve qu’on a est qu’il aime manger des sandwichs ?

Cet aspect apporte un élément que certains joueurs vont soit adorer ou détester. On ne sait jamais qui le vrai coupable est. Le sentiment d’accomplissement est donc presque inexistent. En fait, une entrevue avec le directeur du jeu, Josh Sawyer, nous révèle une information un peu inquiétante. Il serait impossible de trouver qui est le véritable tueurPlusieurs joueurs ont avoué que cette révélation enlevait une grosse motivation à terminer Pentiment. Pourquoi mettre du temps sur une enquête qui est peut-être impossible de résoudre ?

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Un retour vers la source des jeux de rôle et au-delà

J’aime dire que Pentiment fait partie de la nouvelle ère de RPGS qui sont axés sur la narration plutôt que l’action. La réalité est que c’est un retour vers la source. Le but premier d’un jeu de rôle est de raconter une histoire et que nous ayons un droit de regard sur cette histoire. La jouabilité n’est pas la partie prenante, mais bien une excuse de participer dans la narration. Pentiment est une véritable ode à l’histoire du Moyen Âge. Il nous permet de vivre le 16e siècle autant sous le regard de l’Église que celui des nobles et des villageois. Nous pouvons vite nous apercevoir que tout n’était pas toujours blanc ni noir. Que la vie de chaque individu, peu importe sa classe sociale, a une importance, qui n’est peut-être pas toujours écrite dans les livres.

J’aime la direction que ce jeu prend, mais à quel point je le recommanderais à vous, nos lecteurs ? Je crois que c’est le jeu que j’ai eu le plus de difficulté à critiquer jusqu’à présent. Autant je voudrais vous dire de sauter dans cette expérience unique, autant que je me garde une petite gêne. Très différent des autres jeux que nous avons l’habitude de se faire servir par Obsidian Entertainment, je suis certain qu’il va diviser les amateurs. Donc, je vous dis, regardez un petit extrait du jeu avant de vous faire une idée si c’est vraiment un titre pour vous ou non et préparez un bon chiard au baloné pour le souper de ce soir.

J’aime

  • La narration de grand calibre
  • Les nombreuses informations historiques
  • Les nombreux choix possibles
  • Les graphismes originaux

J’aime moins

  • Jouabilité répétitive et peu engageante
  • Musique presque absente
  • Effets sonores qui seraient à retravailler

La copie du jeu Pentiment a été fournie par Xbox Game Studios.

Pentiment

Scénario
Graphismes
Bande sonore
Jouabilité
Durée de vie

Une expérience un peu étrange

Bien que l'histoire soit superbement amenée, certains défauts dans l'exécution font en sorte que l'expérience est plus ardue que nécessaire.

À propos de Antoine Gaumont

Bonjour la compagnie! Je suis un véritable mordu de jeux vidéo, films et nouvelles technologies. Designer UX/UI, technicien, artiste, enseignant, criminologue, boulanger... je suis un passionné et c'est avec plaisir que je vais partager mes passions avec vous.

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