Empire of Sin : le début de quelque chose de grand ?

Depuis des années, les films mettant en vedette le crime organisé percent nos écrans. Montrant les déboires de la mafia avec le FBI ou la création d’un empire criminel puissant, le cinéma nous en a fait voir de toutes les couleurs. Empire of Sin permet aux joueurs de pouvoir vivre leur propre long métrage. Alors que vous êtes propriétaire d’une brasserie et d’un bar clandestin, bâtissez votre empire commercial en achetant ou volant le marché des autres gangs de Chicago. Malgré ses nombreux bogues, Empire of Sin possède définitivement les fondations de ce qui pourrait devenir un bon jeu.

Empire of Sin : un jeu incomplet

Bienvenue à Chicago !

Le jeu propose une panoplie de personnages qui seront à la tête de votre empire du crime. Chacun des personnages a son histoire bien à lui, permettant de passer au travers d’une chaîne de quêtes personnalisées. Oui, vous avez bien lu, il ne s’agit pas uniquement de faire de l’argent. Le jeu pullule de quêtes qui nous permettent de gagner des points de notoriété, de l’argent et parfois des objets afin de nous accompagner dans notre ascension. Gros bémol, la mécanique de quêtes se ressemble étrangement. Même si le côté narratif est différent d’une quête à l’autre, on nous demande généralement d’aller parler à un personnage, ce qui débutera un combat.

Un de vos employés veut voir un ami de longue date ? Combat. Votre employé a un rendez-vous galant ? Combat. Bref, on ne peut pas dire qu’il y ait une réelle originalité à ce niveau, mais l’écriture n’est pas trop mal.

Pour le reste de l’histoire, vous voulez essentiellement prendre le contrôle des activités illicites de Chicago. Que ce soit par le biais de l’alcool, des bordels ou de casinos, vous tentez de faire de l’argent en temps de prohibition. Vous pourrez gérer votre organisation à travers des événements liés aux autres clans et aux forces de l’ordre. Par exemple, j’ai décidé de travailler avec la police de Chicago en échange que l’on me laisse faire ce que j’avais à faire… Chacune des décisions a une répercussion sur le reste de la partie…

Plusieurs personnages sont disponibles afin de diriger notre empire du crime.
Frankie Donovan, l’un des personnages que l’on peut incarner dans le jeu.

Diplomatie défaillante

Vos décisions peuvent parfois entraîner des problèmes diplomatiques auprès des autres habitants de la ville. Les gangs rivaux pourront vous haïr, comme vous apprécier ! Vous pouvez même créer des liens commerciaux avec eux. Par exemple, l’un des plus petits clans me payait pour ma protection… Un système d’honneur est également en place afin de démontrer si vous n’avez qu’une parole ou si vous êtes un fieffé menteur. Vous produisez le meilleur whisky en ville ? Il est sans doute possible d’en vendre un peu ! Vous pouvez même payer un tribut à un parrain qui zieute trop votre empire…

Tout ça serait bien beau s’il y avait une utilité à long terme. À la difficulté par défaut, il n’y en a pas vraiment. À moins qu’il ne s’agisse d’un bogue, les empires ennemis n’étaient pas très agressifs et ne semblaient pas prendre beaucoup d’expansion. Quand j’ai augmenté la difficulté, j’ai eu l’impression que c’était ma diplomatie qui me gardait en vie. Mon empire était minuscule et j’avais besoin de protection. Qu’arrive-t-il quand on englobe un ou deux empires ?

Nous sommes aptes à nous défendre nous-mêmes, l’argent coule à flots et nous n’avons plus besoin de la diplomatie. J’ai donc fait des recherches, me demandant les moyens de gagner en jouant la carte de l’honneur et du savoir-vivre. Il n’y en a pas. La seule façon de gagner le jeu, c’est d’éliminer toutes les factions contrôlées par l’intelligence artificielle. Aucune ne doit survivre, même les factions que vous avez juré de protéger.

Lors d'une attaque d'un clan rival, on doit défendre nos commerces avec des personnages génériques.
L’un des combats où j’ai eu la “chance” d’incarner l’un de mes gardes génériques.

Un successeur à XCOM ?

Ce qui nous amène aux combats. Je ne sais pas pourquoi, j’ai lu à plusieurs reprises des comparaisons avec XCOM… Évidemment, étant un grand admirateur de la série, j’étais enjoué d’essayer ce nouveau jeu ! Je les comprends… Un peu. Il y a bel et bien un système de classes similaire à celui du célèbre jeu, mais n’est-ce pas la base même de la plupart des jeux de stratégie ? Les éléments nous font évidemment penser au jeu de Firaxis, mais ceux-ci ne touchent que le combat. La gestion de notre empire est bien différente et il n’y a pas de mission à proprement parler, de scientifiques ou d’ingénieurs à gérer. Seuls les combats ressemblent à ceux du jeu culte.

Le côté gestion et stratégique est très différent. On gère différents aspects de nos propriétés qui ont chacun un attribut entre un et cinq. La sécurité indique la quantité de gardes qu’il y aura sur les lieux en cas d’attaque. L’ambiance augmente les revenus de l’endroit, le bouche-à-oreille le nombre de clients et vous pouvez mettre en place un système pour éviter de vous faire coincer… Bref, on ne parle pas d’un système très développé. D’ailleurs, on est peu porté à développer notre sécurité avant de se faire attaquer par un adversaire. Car en temps de guerre, le jeu semble bien différent par l’intelligence artificielle.

Les adversaires semblent dotés d’une immense armée de soldats qui attaquera plusieurs de vos entreprises en même temps, sans que vous ayez même la chance de déplacer votre bande de criminels. La stratégie pour gagner une guerre ? Appuyer sur pause et prendre un taxi afin de vous téléporter à la base de votre ennemi. Votre guerre sera donc réduite à un seul combat et non une série interminable de défaites entre des personnages faibles et sans réelles compétences.

Frankie Donovan lors d'une attaque pour la conquête d'un nouveau bâtiment.
On peut “conquérir” des bâtiments abandonnés et habités par des criminels de Chicago.

La “familia” à travers les âges

Une partie complète, avec les paramètres par défaut, m’aura pris une quinzaine d’heures. Malheureusement pour moi, un bogue récurrent aura eu raison de ma victoire. Mon jeu fige systématiquement avant le dernier combat. C’est exactement ce genre de bogue frustrant qui ruine un peu l’expérience du jeu. Évidemment, il s’agit sans doute de quelque chose qui pourra être réparé dans une prochaine mise à jour. Bien que certains aspects soient répétitifs, on finit par ne plus y porter attention et on développe une certaine appréciation du jeu.

Cependant, par curiosité sans doute, j’ai tenté de recommencer l’expérience. En plus de pouvoir modifier quelques paramètres comme le nombre de quartiers de Chicago et le nombre de familles rivales, le point de départ est modifié. En fait, il semble y avoir une certaine part d’aléatoire dans chaque partie augmentant significativement la durée de vie. Malheureusement, il faut bien aimer les mécaniques du jeu puisque les décors des différentes cartes sont très répétitifs.

J’ai eu l’impression qu’il y avait deux ou trois cartes différentes par type et grosseur de bâtiment. Alors que l’on passe le plus clair de notre temps en combat afin d’agrandir notre empire du crime, cet élément rend le jeu quelque peu redondant.

Plusieurs vues sont disponibles lors des déplacements dans la ville.
L’une des vues du quartier suggérés, chaque couleur indique l’appartenance à une faction différente.

Une époque glamour ?

Les années 20 évoquent souvent des images très séductrices dans la tête des gens. Est-ce que le jeu est à la hauteur de nos attentes ? Oui et non. Le côté artistique n’est pas nécessairement la force du jeu. Les graphismes et les animations du jeu sont fluides en temps normal, mais semblent étranges lors des scènes de discussions avec nos rivaux. Alors que nous sommes assis dans le bar d’Al Capone, il y a quelque chose qui semble étrange dans son visage. Sans parler de la synchronisation des lèvres et de la voix… On dirait que l’animation a été faite alors que les voix n’étaient même pas enregistrées. Une prochaine mise à jour ? Je l’espère, puisque cela détruit un peu le moment.

Dans les combats et les déplacements dans la ville, rien n’est à redire. Les animations sont impeccables et les graphismes me conviennent particulièrement. La vue isométrique me semble bien choisie pour le type de jeu et bien que les décors de combat soient répétitifs, ceux-ci ne m’ont pas particulièrement dérangé lors de mes déplacements dans la ville. Il faut dire que les changements de vue entre les divers menus et la carte de la ville, m’ont rarement laissé regarder le paysage bien longtemps.

En ce qui a trait à la musique, ce n’est pas non plus un point fort du jeu, mais plutôt un bruit de fond. La musique nous rappelle bien le jazz des années 20, mais n’est pas mémorable. On finit vite par l’oublier, mais elle ne dérange pas vraiment. Bref, elle n’ajoute et n’enlève absolument rien à l’expérience.

Plusieurs bogues visuels peuvent survenir lors des entretiens entre les différents boss de la mafia.
Les animations durant les discussions entre les patrons de la pègre ne sont pas toujours très réussies…

En conclusion

Au final, j’admets être embêté par le jeu. Je ne sais pas si c’est parce que j’aurais particulièrement envie de l’aimer ou parce qu’il y a un fort potentiel. Ce n’est pas un jeu parfait, mais j’ai eu l’impression de voir les fondations de ce qu’aurait pu être un grand jeu. Pour l’instant, j’espère uniquement que les mises à jour et les expansions amélioreront l’expérience des joueurs.

Dans l’état actuel des choses, je vous suggère fortement d’attendre un rabais et quelques mises à jour ! Cependant, une partie de moi a fortement apprécié le jeu. Bien qu’il y ait des éléments redondants et des bogues, j’ai eu l’impression d’y développer une espèce de dépendance similaire à celle créée par Civilization. Le “One more turn” était bien présent pour moi, curieux de voir ce que l’avenir et ce que mes décisions me réservaient.

Vue du jeu lors des déplacements dans Chicago.
On peut se déplacer un peu partout dans les quartiers disponibles de notre partie.

J’aime

  • Le concept
  • La durée de vie
  • Les combats

J’aime moins

  • Les nombreux bogues
  • La synchronisation des voix et des lèvres
  • Le jeu est trop simple

La copie de Empire of Sin a été fournie par Paradox Interactive.

Empire of Sin

Scénario
Graphismes
Bande sonore
Jouabilité
Durée de vie

Attendez les soldes !

Il va falloir être patient pour voir ce que le jeu nous réserve, mais il a définitivement un bon potentiel.

À propos de David Charbonneau

Geek à temps plein, je suis passionné de jeux vidéo, de cinéma et de culture populaire. Ce que je préfère par-dessus tout est généralement un bon scénario, car l'histoire est pour moi plus importante que tout. Je DM beaucoup trop de parties de D&D pour ma propre santé mentale.

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