Warhammer 40,000 : Darktide – Renouveler une recette gagnante

Nous sommes dans le 42e millénaire. La race humaine, menée par son Empereur-Dieu, est installée aux quatre coins de la galaxie et est assiégée de partout par des créatures extraterrestres, de cruels robots ainsi que des démons et leurs alliés. Or, la guerre ne se limite pas aux confins galactiques. La corruption des Dieux du Chaos frappe en plein coeur de la civilisation et peut se retrouver sur n’importe quelle planète. C’est dans ce contexte que quatre taulards seront recrutés par l’Inquisition afin d’endiguer le flot d’adorateurs du Dieu chaotique Nurgle sur la planète Atoma Première. Dans Warhammer 40,000 : Darktide, les hérétiques seront purgés avec extrême préjudice.

  • Studio de développement : Fatshark
  • Éditeur : Fatshark
  • Plateformes disponibles : PC
  • Plateforme de test : PC
  • Date de sortie :  30 novembre 2022
  • Classement : M
  • Prix : 49,99$ sur Steam
  • Page Steam du jeu
WD_Equipe
Rescapé de geôle, c’est avec ses guenilles de prisonnier que votre personnage commencera sa carrière d’agent de l’inquisition, aux côtés de trois autres ex-bagnards.

Dans Warhammer 40,000 : Darktide (que nous allons appeler pour la suite simplement Darktide pour faire plus court), vous incarnez l’une des quatre classes disponibles (vétéran, fanatique, psychique ou ogryn) et vous formez des équipes de quatre pour affronter vague après vague de créatures démoniaques contrôlées par l’ordinateur dans un effort d’atteindre les objectifs de la mission. Entre les parties, il sera possible d’acquérir de nouveaux équipements, de choisir des compétences et de personnaliser votre personnage.

Ne craignez pas le combat sans espoir, car l’essai est sa propre récompense

Cette description du jeu vous semble familière ? C’est normal, il s’agit d’une formule testée et éprouvée qui permet à des joueurs de faire alliance contre des ennemis infinis contrôlés par l’ordinateur. Pensons aux grands classiques Left 4 Dead ou Left 4 Dead 2, la série Payday ou plus récemment Back 4 Blood. Mais évidemment, on ne peut pas passer à côté des opus à grand succès du même développeur, Fatshark, Warhammer : Vermintide, premier et deuxième du nom, auquel nous allons faire référence par la suite par son petit nom Vermintide

Évidemment, Vermintide est situé dans l’univers fantastique de la franchise de Warhammer, alors que les joueurs incarnent un nain, un elfe, un magicien ou un chevalier qui luttent contre des vagues de Skaven, ces hommes-rats cruels et malicieux qui cherchent à corrompre l’Empire des Hommes. Il y a donc déjà de grandes différences dans l’univers, mais si l’on doit comparer Darktide à ses prédécesseurs fantastiques, force est de constater qu’il y a beaucoup de similitudes.

WD_Combat
Les corps corrompus et mutants des adorateurs du dieu chaotique Nurgle se lanceront sur vous, alors que vous cherchez à flinguer tout ce qui bouge dans l’espoir de survivre à la mission et d’atteindre les objectifs.

Darktide permet aux joueurs de personnaliser davantage leurs avatars et de choisir quelques traits de personnalité ou d’historique. Bien que cela soit une avancée par rapport aux personnages imposés par les concepteurs dans Vermintide, force est de constater que cela a peu d’impact sur la partie et, jusqu’à un certain point, que les choix sont assez limités. Il ne faut pas chercher très longtemps pour trouver un clone de notre avatar. 

Il est possible d’avoir dans Darktide des missions différentes sur une même carte, avec plus ou moins d’objectifs secondaires, ce qui diffère des cartes statiques de ses prédécesseurs. Ceci dit, l’ensemble de l’oeuvre peut se résumer à partir du point de départ et se rendre à la zone d’arrivée, avec quelques défis associés à la carte (attendre un ascenseur par exemple) ou à la présence de boss. Il n’y a donc pas beaucoup d’innovations à ce niveau-là.

WD_Holo
Une représentation holographique de la ville permet de choisir les missions, les objectifs associés à celles-ci ainsi que le niveau de difficulté.

L’innocence ne prouve rien

Mais est-ce qu’il était nécessaire pour Darktide d’innover ? Les jeux d’équipe de quatre joueurs contre l’environnement sont grandement populaires, alors qu’il est possible de s’allier à ses amis ou à des inconnus sur le web pour vaincre les ennemis et atteindre les objectifs. Il faut admettre que Darktide réussit très bien à cela. 

Les mêmes critiques que j’avais pour Vermintide sont de retour dans cet opus. Les cartes sont très longues. Contrairement à d’autres titres du genre, elles ne sont pas fragmentées en sous-zones qui permettent de marquer la progression, prendre une pause ou au besoin quitter et revenir. Il faudra fréquemment autour de 30 minutes pour faire une mission, davantage si vous êtes avec des inconnus ou des joueurs avec moins d’expérience. 

WD_Limace
Périodiquement, les combats contre les hordes d’ennemis faiblards font place à des affrontements plus mémorables contre de puissantes créatures, comme cette limace de Nurgle.

Les développeurs ont, par ailleurs, fait le choix curieux, souvent en milieu de mission, d’insérer des mécaniques qui laissent penser aux joueurs qu’ils doivent avoir atteint la fin de la carte (par exemple, avec la présence d’un boss coriace ou d’une série d’actions complexes à exécuter), alors que ce n’est pas du tout le cas. J’ai toujours pensé que, tant à Vermintide que désormais à Darktide, ces choix et l’inflation de la taille des cartes transformaient l’exercice, qui devrait être un sprint bourré d’adrénaline, en un marathon comptant de nombreux points morts et qui, à certains moments, s’apparentent davantage à une tâche qu’à un divertissement. 

Parlant de labeur, attachez votre tuque parce que si vous voulez obtenir des équipements visuellement intéressants et performants, il faudra trimer dur – ou grinder comme on dit familièrement. Les éléments amusants associés aux compétences de classe ou aux équipements ne sont accessibles qu’à haut niveau. Or, il faut faire beaucoup, beaucoup, beaucoup de missions pour obtenir un niveau et, la plupart du temps, cela ne change rien. Les choix intéressants sont espacés à des intervalles très distants qui prennent beaucoup de temps à atteindre. Et comme les missions sont longues – trop longues à mon avis – le phénomène est amplifié. 

WD_Citation
Partout dans le jeu, que ce soit dans les répliques des personnages ou dans les écrans de chargement, des citations endoctrinées de l’inquisition impériale accompagnent les joueurs dans leur mission fanatique.

Comme pour souligner ce défaut à plus grand trait, des items iconiques à la classe de votre choix ne seront pas disponibles avant de nombreux niveaux. Prenons le fanatique, partout dans la représentation de la classe, il porte un immense marteau à deux mains afin de réduire ses adversaires en bouilli. Or, il faudra atteindre un niveau élevé pour pouvoir y accéder. Fatshark n’a pas fait le même choix que plusieurs autres développeurs en ne permettant pas aux personnages d’avoir accès à une version débutante des items intrinsèquement associés à la classe. Ce qui fait que le grinding, généralement associé à la fin du jeu, se retrouve présent dès le début et tout au long de l’expérience.

La vie est la monnaie de l’Empereur, dépensez-la avec soin

Et pour une dernière critique, à quelques exceptions près, l’environnement est visuellement sombre et répétitif. Notre équipe combat hordes après hordes de corrompus dans des tunnels et des bâtiments industriels futuristes généralement plongés dans le noir. Il sera, par moment, difficile de constater la progression dans la carte ou l’évolution de la partie puisque toutes les portions se ressemblent, la pénombre ne permettant pas de bien distinguer les changements de zone. Évidemment, il est possible d’ajuster les contrastes pour s’aider.

WD_Sombre
Plusieurs cartes sont particulièrement sombres, au point où il est difficile de bien distinguer ce qui s’y passe.

Mais encore faut-il souligner que cet environnement visuel est le résultat de l’atmosphère associée à Warhammer 40,000. Les humains de ce futur sont une race inerte, corrompue et endoctrinée au possible. La seule attitude possible est l’intolérance et la seule solution aux problèmes est la force brute. Tirer d’abord et poser les questions plus tard. Dans ce monde complètement disjoncté se joue un bras de fer entre le mal et le bien, où il n’est pas tout à fait clair que les forces du bien sont bel et bien… bonnes ? Tous les intertitres de cette chronique sont des citations du jeu qui démontrent le degré de fanatisme des humains profondément endoctrinés par les différents ordres qui servent l’Empereur-Dieu. 

Cette atmosphère, en dehors de ces contraintes sur le visuel, est définitivement la plus grande force de la proposition de Fatshark. Les répliques des personnages sont truculentes de fanatisme et d’une joie pure à l’idée de flinguer des centaines de créatures corrompues ainsi que leurs patrons. Le soin du détail sur chacune des cartes avec une iconographie et des références au matériel original de franchise de Warhammer 40,000 est exceptionnel. 

WD_Empereur
Les références au culte de l’Empereur-Dieu sont omniprésentes dans les cartes. Si certaines d’entre elles n’ont pas de valeur en termes de mécanique de jeu, elles ajoutent tout de même beaucoup de personnalité aux cartes.

Darktide nous permet aussi d’agir avec une grande violence sur des adversaires idéologiquement opposés, mais également physiquement changés par les cadeaux de leur dieu chaotique. Ces abominations complètement fanatiquement meurtrières qui apparaissent de partout fournissent nombre de cibles soit en mêlée, soit à distance. Et il est fort appréciable de réussir un coup et de voir l’adversaire s’effondrer. Les animations sont particulièrement réussies à ce chapitre.

Béni soit l’esprit trop étroit pour le doute

En résumé, Darktide propose une expérience de jeu en équipe éprouvée sans être particulièrement innovante. Les défauts de ses prédécesseurs sont souvent encore présents, mais peuvent être excusés par le changement radical d’environnement, passant du fantastique à la science-fiction futuriste. 

WD_Ami
Darktide révèle son plein potentiel en jouant avec des amis, alors qu’on retire un grand plaisir à réussir à s’entraider, par exemple, en éliminant un ennemi qui s’apprête à s’en prendre au dos d’un coéquipier.

S’il y a bien quelques longueurs dans les cartes trop grandes et un certain labeur dans la progression du personnage, il faut noter tout de même que le jeu est globalement très amusant et rempli de moments intenses. Il faudra jouer en équipe et être bien coordonnés pour avoir une chance dans les niveaux de difficulté supérieurs. J’ai noté plusieurs faiblesses dans cette chronique qui viennent mettre de l’ombre sur une proposition globalement très réussie. Ces défis, qui perdurent depuis les opus précédents, sont plus difficiles à excuser sans pour autant que cela vienne gâcher complètement l’expérience. Il s’agit simplement d’apprendre à vivre avec ces faiblesses.

Si vous souhaitez vous immerger dans l’univers de Warhammer 40,000 ou si l’acquisition d’un nouveau de jeu contre l’environnement à 4 joueurs vous démange, Darktide est une excellente proposition. Probablement pas la meilleure option pour les joueurs plus désinvoltes (casuals) en raison de la longueur des cartes et de la progression, mais définitivement une option pour ceux qui souhaitent s’investir dans l’aventure.

WD_Decor
Certains décors sont tout simplement époustouflants. Chaque détour offre un potentiel pour des combats qui ne se déroulent jamais de la même manière, permettant une durée de vie très longue à Darktide.

J’aime

  • L’univers de Warhammer 40,000
  • Les répliques des protagonistes, remplies de violence et de fanatisme
  • La personnalisation, même limitée, des avatars
  • Le concept général des jeux à quatre joueurs contre l’environnement
  • Le recours plus fréquent aux attaques à distance par rapport aux opus précédents

J’aime moins

  • La longueur des cartes
  • La progression très lente
  • Certains items ou compétences iconiques accessibles trop tard
  • Les visuels souvent répétitif et sombres

La copie de Warhammer 40,000 : Darktide a été fournie par Fatshark.

Warhammer 40,000 : Darktide

Scénario
Graphisme
Bande sonore
Jouabilité
Durée de vie

Le bonheur est une illusion des faibles

Warhammer 40,000 : Darktide reprend la recette testée et éprouvée des opus précédents, mais en la situant dans l’environnement violent et tordu du 42e millénaire. Bien que certains défauts subsistent, comme la longueur des cartes et les difficultés de progression, il n’en demeure pas moins que la proposition a ses grands moments de tension et offre de bons défis en termes de coopération et de combat. L’atmosphère de Warhammer 40,000 est un grand plus à ce jeu qui accorde une grande place aux détails associés à cet univers tant dans les items que l’on croise que dans les répliques des personnages. Il s’agit de la plus grande force de Darktide, un très bon jeu de quatre joueurs contre l’ordinateur qui se déroule dans un univers exceptionnel.

À propos de Yanick Grégoire

Toujours à la recherche de la prochaine perle rare, je m’intéresse aux développements et à l’actualité dans les mondes des jeux vidéo, des jeux de société et d’un peu tout ce qui touche à la culture geek. Dans ma vie professionnelle, je suis spécialisé en communications et dans ma vie personnelle, j’ai une bonne armée de Nains à Warhammer Fantasy. Parfois, je fais des blagues, rarement avec succès.

Aussi à voir...

The Thaumaturge : quand Disco Elysium rencontre Call of Cthulu

Malgré le fait que je me tiens généralement loin des jeux ou autres formes de …

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

For security, use of Google's reCAPTCHA service is required which is subject to the Google Privacy Policy and Terms of Use.

I agree to these terms.

Ce site utilise Akismet pour réduire le pourriel. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.