Timberborn : rongeurs hydrologues

Dans un monde alternatif, ou un distant futur, les humains sont disparus de la surface de la Terre. Une espèce particulièrement ingénieuse entend profiter de l’occasion pour fonder son propre empire, contrôler son environnement, asservir le sol et les rivières pour finalement repeupler la planète. Mais quelle espèce pourrait être suffisamment astucieuse et entreprenante pour modifier ainsi de manière durable son environnement ? Vous avez raison, il s’agit des castors ! Dans Timberborn, le joueur contrôle la destinée d’un petit clan de castors qui devront lutter pour leur survie en récoltant les ressources nécessaires, en construisant les bâtiments essentiels à leur confort et en harnachant la puissance des cours d’eau. Incursion dans ce jeu de gestion de ressources et de construction de ville publié en septembre 2021. 

  • Studio de développement : Mechanistry
  • Éditeur : Mechanistry
  • Plateformes disponibles : PC, MacOS
  • Plateforme de test : PC
  • Date de sortie : 15 septembre 2021
  • Classement : Non disponible, actuellement en accès anticipé 
  • Prix : 28,99$ sur Steam
  • Page Steam du jeu
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Saurez-vous construire une grande métropole pour les castors qui saura assurer leur survie ? Voilà tout le défi de Timberborn !

À noter que Timberborn est présentement en accès anticipé sur Steam, ce qui signifie que la version accessible n’est pas complétée. Qu’à cela ne tienne, le contenu déjà disponible est amplement suffisant pour plusieurs heures de divertissement. Si vous recherchez le prochain jeu de construction de cité et de gestion de ressources en vogue, Timberborn sera pour vous.

Une poignée de rongeurs

La partie commence après que vous avez sélectionné votre clan (présentement au nombre de deux, les Folktails, des castors davantage traditionalistes portés sur l’agriculture et la construction en bois et les Iron Teeth, qui se spécialisent dans la science et l’utilisation du métal – on s’attend à ce que plusieurs autres soient ajoutés) puis une carte. Le nombre de cartes disponibles d’emblée est plutôt limité, une douzaine, mais le jeu fournit un éditeur de cartes vous permettant de créer votre propre défi ou de consulter / importer les créations des autres joueurs afin de vous offrir une toute autre expérience. Il faut admettre que cela ajoute considérablement à la durée de vie du jeu, puisqu’il sera virtuellement impossible d’être à court de nouvelles cartes.  

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Les débuts seront très modestes dans Timberborn. Il faudra compter sur ces quelques castors pour fournir tout le travail nécessaire à l’établissement du village.

Par ailleurs, le jeu dans sa forme actuelle n’a pas d’objectifs finaux à proprement parler, ni de mode campagne. Mais afin de progresser, il faudra assouvir une panoplie de besoins des castors pour s’assurer de leur bonheur et de leur productivité. En ayant réussi à en combler 11, cela débloque l’accès aux Iron Teeth. Ensuite de cela, le jeu est vraiment en mode bac à sable dont l’objectif est de croître et de survivre. 

Donc, une fois la partie lancée, à la difficulté moyenne, vous vous retrouverez avec un centre-ville et près d’une dizaine de castors. À partir de là, il n’en tient qu’à vous de présider la destinée de cette poignée de rongeurs avant la saison sèche. En effet, le jeu est divisé en “Cycles” qui se concluent par quelques jours de sécheresse. Lorsque cela se produit, l’eau cesse de couler dans la majorité des rivières et des lacs, alors que les terres avoisinantes s’assèchent. Durant ce processus, les plantes qui s’y trouvent, comme les arbres et les champs, commencent à dépérir. Si la sécheresse dure trop longtemps, ce sera carrément la disparition de ces ressources. Pire encore, en l’absence du cours d’eau, les castors auront de la difficulté à assouvir leur soif, pouvant ultimement résulter dans la mort par déshydratation des rongeurs. 

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La sécheresse aura pour effet de priver le village de sa source d’eau, autant pour faire pousser la nourriture ou les arbres nécessaires à la survie du village, que pour faire tourner le moulin à eau.

Parce que, en continuité des jeux récents du même type, comme Banished ou Surviving Mars, Timberborn est sans compromis quant à la santé des habitants de votre village. Si les castors viennent à manquer de nourriture ou d’eau, ils mourront, tout simplement. Cela peut entraîner une série de conséquences qui auront pour effet de mettre fin à votre partie. L’un des défis réside alors, bien sûr, dans la préparation aux périodes de sécheresse dont la durée est relativement aléatoire (en fonction de la difficulté), mais également de gérer la croissance de la population afin de ne pas dépouiller les précieuses réserves de nourriture et d’eau. 

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Contre les défis environnementaux et afin d’assurer un approvisionnement en eau et en nourriture suffisant, les castors bénéficient d’un atout absolument remarquable : leur capacité à construire des bâtiments et à façonner leur environnement à leur avantage. 

Parce que dans Timberborn, le flot de l’eau n’est pas inéluctable. Qui dit castors, dit barrages… réservoirs, écluses, digues et toute une panoplie de constructions qui permettront à votre village de prendre le contrôle des rivières et des lacs avoisinants pour amoindrir les impacts de la prochaine sécheresse. Cela permettra aux rongeurs de continuer d’irriguer les fermes et les forêts nécessaires à leur survie, tout en garantissant un accès à l’eau potable, une ressource vitale dans leur monde comme dans le nôtre.  

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Ce système d’écluses permet de conserver des réservoirs d’eau en amont durant la sécheresse. Il est par la suite possible d’en déverser une partie afin de prolonger l’accès à l’eau au village qui se trouve plus bas.

Vous disposerez également de bâtiments permettant d’irriguer les sols ou de remplir des crevasses. Il faudra que vos castors transportent l’eau avec des seaux à ces bâtiments qui auront un impact sur la qualité des sols. Un système d’aqueduc est présentement à l’étude par les développeurs, il ne serait pas impossible qu’il soit ajouté avant le lancement officiel du jeu. Notons également qu’une ressource requérant l’une des plus longues chaînes de production est la dynamite, qui permet de creuser le sol et ainsi créer des canaux et détourner le cours des rivières.

Industrieux

Les castors pourront bénéficier de leur propre force physique, mais également de moulin à eau, à vent ou même de moteurs – pour les Iron Teeth – afin d’alimenter leurs nombreuses usines. Afin d’atteindre et de dépasser un niveau de subsistance de base, votre clan devra investir dans la recherche scientifique afin de débloquer l’accès à ces bâtiments plus complexes donnant des options de chaînes de production plus complexes. Et dans ce domaine, Timberborn laisse aux joueurs toute la flexibilité de choisir qu’elles sont ses priorités de recherche, optant pour un système de “points de savoir” qui s’accumule graduellement et que le joueur peut dépenser pour débloquer les bâtiments de son choix.

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Les castors sont plus rapides lorsqu’ils empruntent les chemins, mais en tant que mammifères semi-aquatiques, ils peuvent très bien nager pour se rendre du point A au point B.

En effet, au début, la production sera assez simple (exemple : une ferme à laquelle suffisamment de castors sont employés planteront et récolteront des carottes qui peuvent être mangées telles quelles), il faudra rapidement complexifier les choses afin d’obtenir des produits plus raffinés. Par exemple, les castors ne mangent pas de patates crues. Il faudra donc les cuire, ce qui requiert un bâtiment et un employé additionnels dans la chaîne de production. Certains bâtiments auront besoin de rouages pour fonctionner, ce qui nécessite une usine à cette fin. Ce bâtiment consomme des planches, qui sont elles-mêmes produites par une autre usine qui, quant à elle, requiert des bûches. Et toutes ces usines ont besoin d’une source d’énergie pour fonctionner, de la plus simple – littéralement une roue de hamster – à des plus complexes comme les moulins à eau ou à vent. Il y a aussi la présence sur la carte des ruines de gratte-ciels, rappels d’une civilisation humaine passée, qui sera la source du métal nécessaire aux chaînes les plus complexes de production.

Évidemment, tous ces bâtiments demanderont davantage de ressources et de castors, ce qui aura pour effet d’ajouter de la pression sur votre village. La gestion de la croissance sera vraiment la clé afin d’assurer la survie du groupe. 

Notons également que la satisfaction de besoins variés des castors ne contribuera pas seulement à leur bonheur, cela les rendra plus performants, cela va de même pour les décorations et les monuments dont vous pourrez éventuellement ponctuer votre village.

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Les différentes sources de nourriture et de divertissement auront des effets sur la rapidité, la force et la longévité des castors.

Le style des castors

Le portrait quant à Timberborn est globalement très positif. Comme les autres jeux de ce type, il y a une pression continue sur le joueur d’être vigilant dans sa croissance et de gérer adéquatement ses ressources. Les outils de priorisation sont d’ailleurs les bienvenus pour indiquer quels bâtiments construire en premier, puis à quelle priorité lui assigner un castor. 

Mais il faut admettre que ce jeu n’est pas sans temps mort. D’abord, les sécheresses, lorsqu’elles sont bien gérées, peuvent être un temps mort chronique puisqu’elles auront pour effet d’arrêter le cours des rivières et donc, des moulins à eau. Si votre système de barrage est bien construit, vous pourriez avoir suffisamment d’eau pour abreuver vos terres et vos infrastructures, mais vous vous retrouvez à attendre le redémarrage des usines. Heureusement, il y a des sources alternatives de puissance, qui ont toutes des défauts malheureusement. De plus, si votre gestion des ressources au départ n’est pas exemplaire, il se peut aussi que vous vous retrouviez à attendre la repousse d’une forêt. Quelque chose d’évitable lorsque l’on devient plus expérimenté, cela demeure une barrière pour les nouveaux joueurs.  

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L’un des bâtiments le plus important à débloquer rapidement est le forestier, qui permettra de planter des arbres, assurant ainsi un accès rapide à une ressource primordiale – les bûches – plus rapidement, évitant ainsi les temps d’attente agaçants.

Cela dit, ces temps morts sont une bonne occasion d’apprécier le style graphique absolument mignon de Timberborn. Intitulé “Lumberpunk”, il s’agit d’une ode au genre «steampunk» si au lieu de tout le métal, c’était plutôt des rondins qui étaient utilisés. Les bâtiments auront pour la plupart des animations sympathiques qui feront entrer en mouvement des toiles et des engrenages. Malheureusement, les castors manquent un peu de finition, alors que bien que nous puissions les voir transporter des caisses et des rondins, ils ne feront que se frotter les mains devant un projet de construction pour faire progresser. Espérons que ce sera une correction esthétique d’ici le lancement.

C’est votre saison !

Pour les amateurs de ces jeux de construction de cité et de gestion de ressources exigeants, Timberborn en vaut certainement la peine. Il ne sera pas le plus exigeant du lot, alors que plusieurs membres de la communauté ont souligné avec justesse qu’une fois un certain degré de maîtrise de l’environnement atteint, le village est somme toute sans danger. Un système de désastre, de maladie ou encore un cycle d’hiver seraient intéressants pour accentuer la pression sur les castors.

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Non seulement est-il possible de construire en hauteur pour rentabiliser l’espace, mais il est parfaitement possible de construire directement dans les cours d’eau sans en obstruer le cours. Les options afin d’optimiser le village ne manquent pas.

Cela dit, dans sa forme actuelle, il n’en demeure pas moins un excellent jeu bac à sable dans une thématique vraiment unique et particulièrement bien exploitée. Il y a un grand sentiment d’accomplissement lorsqu’un barrage réussit à contenir l’eau de manière à traverser une sécheresse. J’ai eu beaucoup de plaisir à construire un réseau d’écluses et de réservoirs secondaires pouvant assurer l’approvisionnement en eau de mon village durant les plus longues sécheresses. 

Si Timberborn bénéficiait d’un peu de polissage au niveau des animations et de certaines de ses mécaniques, il saurait garantir de nombreuses heures de jeu rivé devant son écran à toute une gamme de joueurs, des plus occasionnels aux vétérans du genre. L’accent sur le contrôle de l’hydrologie par une bande de castors est par ailleurs une proposition unique dont la créativité mérite d’être soulignée. 

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Et le soir venu, les castors se reposent et socialisent après une dure journée de labeur. Ça donne envie d’aller les rejoindre pour une boisson sous les étoiles.

J’aime

  • Les castors et la thématique “Lumberpunk”
  • La gestion de cité et de ressources sans compromis
  • L’impact de l’hydrologie sur la partie
  • La liberté accordée aux joueurs quant aux choix des bâtiments à débloquer

J’aime moins

  • Certains temps morts dans la partie
  • Quelques animations inachevées
  • L’absence de désastres / maladies / hivers

La copie de Timberborn a été achetée par le rédacteur.

Tomberborn

Scénario
Graphisme
Bande sonore
Jouabilité
Durée de vie

Faisons barrage !

Timberborn est une excellente alternative dans le domaine des jeux de construction de cité et de gestion de ressources modernes. Le joueur aura définitivement de la pression afin de gérer l'expansion de son village dans le respect de ses ressources tout en se préparant aux sécheresses à venir. La manipulation de l’environnement pour contrôler les cours d’eau ajoute une touche novatrice à cette proposition par ailleurs unique dans ce genre de jeu.

À propos de Yanick Grégoire

Toujours à la recherche de la prochaine perle rare, je m’intéresse aux développements et à l’actualité dans les mondes des jeux vidéo, des jeux de société et d’un peu tout ce qui touche à la culture geek. Dans ma vie professionnelle, je suis spécialisé en communications et dans ma vie personnelle, j’ai une bonne armée de Nains à Warhammer Fantasy. Parfois, je fais des blagues, rarement avec succès.

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