Hood : Outlaws & Legends – Rater la cible de peu

Robin des Bois et ses joyeux compagnons sont de retour dans cette nouvelle adaptation de la célèbre légende britannique prédatant le 14e siècle. Dans cette mouture vidéoludique, par contre, la troupe de hors-la-loi évolue dans un univers austère et violent. À travers des matchs en joueurs contre joueurs contre l’environnement (PvPvE), il faudra pour les héros – et les joueurs qui les incarnent -, subtiliser la clé de la chambre forte accrochée au trousseau du shérif, localiser et pénétrer dans ladite chambre forte pour s’emparer du butin puis l’extraire afin de s’approprier les richesses pour sa propre bourse ou la partager avec le petit peuple.

Dans Hood : Outlaws & Legends, le plan peut sembler simple, mais les joueurs sont en compétition pour réaliser cette stratégie avec un autre groupe de joueurs adverses qui ont les mêmes objectifs et qui, tout comme les soldats et le shérif, n’hésiteront pas à recourir à la violence pour freiner les avancées de leurs adversaires.

  • Studio de développement : Sumo Newcastle
  • Éditeur : Focus Home Interactive
  • Plateformes disponibles : PC, PlayStation 4 & 5, Xbox One & Series S/X
  • Plateforme de test : PC
  • Date de sortie : 10 mai 2021
  • Classement : Mature 17+
  • Prix : 39,99$
  • Page Steam du jeu

La Forêt contre l’État

Dans cet univers alternatif, l’État, qui est représenté par des personnages non-joueurs de soldats, guets, chevaliers, arbalétriers et archers menés par le tout-puissant shérif, domine la région de sa poigne de fer. Les cartes sur lesquelles il est possible de jouer, au nombre de cinq, montrent des endroits où les humbles demeures du peuple croulant sous l’emprise d’un pouvoir anonyme et cruel sont surplombées par d’immenses tourelles austères et militaires des garnisons, forts et églises où siègent le pouvoir et ses richesses. Le faible nombre de cartes est plus facilement excusable lorsque l’on tient compte que les éléments clés de chacune d’entre elles, comme les points de contrôle, la localisation de la chambre forte et le déploiement des ennemis, sont générés de manière aléatoire à chaque partie.

Progression furtive: ces gardes ne savent que leur heure est venue
Progression furtive : ces gardes ne savent que leur heure est venue

La Forêt, de son côté, représente la résistance à cet État et le désir d’aider le peuple. C’est dans ce clan que les personnages joueurs se retrouveront alors qu’ils pourront incarner l’un des quatre avatars disponibles. Chacun d’entre eux dispose de ses armes de prédilection et de ses compétences. Il est possible pour les joueurs de personnaliser les compétences ainsi que l’apparence de ces personnages. Par contre, il faut savoir que les deux équipes de joueurs, qui s’affronteront entre elles en plus de s’opposer à l’État, puisent parmi les mêmes quatre avatars. Il n’est pas rare de voir John, l’équivalent de Petit Jean dans ce jeu, en duel avec… un autre John. Il aurait pu être intéressant de diversifier les options des joueurs et de favoriser des équipes plus asymétriques pour éviter les combats entre clones.

Ne cherchez pas davantage d’histoire ou de contexte. Bien qu’il soit possible de glaner des bribes d’informations sur les protagonistes et leur univers, le jeu est essentiellement dépourvu de scénario ou de campagne solo. Après un bref tutoriel, les joueurs sont plongés directement dans l’action du joueur contre joueur contre l’environnement.

Les habiletés uniques des personnages ne se limitent aux combats. Par exemple, John est plus fort et transporte le butin plus rapidement.
Les habiletés uniques des personnages ne se limitent aux combats. Par exemple, John est plus fort et transporte le butin plus rapidement.

Quatre joyeux compagnons meurtriers

Les quatre personnages disponibles exploitent tous un créneau qui lui est propre. Robin, le ranger, est spécialiste des attaques à longue portée au moyen de son arc alors que John, le bagarreur, est un puissant gaillard maniant un marteau à deux mains faisant des ravages au corps à corps. Quant à Tooke, le mystique, il décroche le rôle de support avec ses capacités de soin et finalement Marianne, la chasseuse, se spécialise dans les attaques furtives ainsi que le tir à moyenne portée. D’ailleurs, le choix de combiner ces tactiques reste questionnable puisque le tir à moyenne portée et les attaques furtives reposent sur deux ensembles de compétences bien différents qui ont pourtant été combinés dans un seul personnage. C’est d’ailleurs la seule des quatre compagnons pour laquelle la synergie s’opère moins facilement. 

Chacun des personnages peut également faire preuve de furtivité et procéder à des assassinats des personnages non-joueurs ainsi que des joueurs en les surprenant par-derrière. Cette méthode élimine l’ennemi d’un seul coup, ce qui en fait la méthode la plus efficace pour disposer des adversaires. Certains joueurs plus susceptibles pourraient trouver irritant de se faire éliminer d’un seul coup, mais cette mécanique est au cœur du déroulement des combats qui valorisera parfois la surprise et d’autres fois le duel, en fonction des forces en présence et de la situation.

Même le personnage plus bourrin de John est capable de discrétion... et de faire les poches du shérif
Même le personnage plus bourrin de John est capable de discrétion… et de faire les poches du shérif

Quelques instants de discrétion avant la bataille générale

Les parties, qui durent en moyenne environ 20 minutes, passent par des phases similaires d’une fois à l’autre. D’abord, les joueurs tenteront généralement d’être subtils afin d’éviter que leur position soit révélée autant aux personnages non-joueurs qu’à l’équipe adverse. À tout moment dès le début de la partie, les joueurs de chaque équipe peuvent s’affronter et tenter de s’éliminer. Lorsqu’un joueur meurt, il doit attendre quelques secondes avant de pouvoir réapparaître soit au point de départ, soit à un point de contrôle acquis par son équipe.

Comme les deux équipes compétitionnent pour les mêmes objectifs, l’affrontement survient rapidement et brutalement. C’est à ce sujet justement que la promesse du développeur d’offrir des cambriolages tout en finesse ne passe pas le test. Assez tôt dans une partie, les joueurs se retrouvent dans une bataille générale et une course à éliminer le plus rapidement ses adversaires plutôt que dans l’exécution de larcin finement planifié. Les personnages non-joueurs de l’État, en dehors de quelques répliques vulgaires bien senties, n’offrent par ailleurs aucune résistance d’intérêt aux deux équipes de la Forêt aussi bien dans les phases de furtivité que de bagarre.

Les environnements militaires austères rappellent que l'État ne plaisante pas
Les environnements militaires austères rappellent que l’État ne plaisante pas

Les joueurs avec davantage d’expérience sauront exploiter les forces de leurs avatars et moduler leur stratégie, par exemple en jouant mieux en équipe ou en surprenant leurs adversaires. Mais comme pour remporter la victoire il s’agit d’être la dernière équipe à actionner la poulie pour extraire le butin, l’ensemble de la partie se résumera souvent à une ultime foire d’empoigne pour déterminer les vainqueurs. Les tactiques furtives des roublards médiévaux sont rapidement exclues en faveur d’une bonne dose de muscles.   

Ceci dit, les combats sont intenses, violents et promettent une bonne dose d’adrénaline à ceux qui y participent. Les amateurs de batailles royales y trouveront rapidement leur compte et ceux qui s’accommodent d’une brève période de furtivité préliminaire à l’ouverture des hostilités seront ravis. Par contre, pour ceux qui rêvaient d’un cambriolage médiéval à la Mission Impossible ou d’un remake du classique jeu de truand Jour de Paye seront amèrement déçus.

4 Robins qui refusent de se parler

Il y a donc, de prime abord, un vice dans la conception du jeu, qui ne favorise ou ne récompense pas les comportements qu’il prétend encourager. À cela, on peut ajouter le jumelage (matchmaking) détestable qui est offert aux joueurs.

Le lobby des parties offre peu de possibilités pour choisir ses coéquipiers, ses adversaires ou ses parties. En actionnant l’option pour joindre une partie, on se retrouve propulsés dans une salle d’attente où d’autres joueurs seront ajoutés selon un algorithme déficient qui place fréquemment de nouveaux joueurs contre des vétérans ou encore des joueurs dont l’avatar préféré est le même. Les lobbys peuplés de quatre rangers qui attendent que l’un d’entre eux change de personnage sont trop nombreux. 

Notons également qu’il n’est pas possible de clavarder dans ces lobbys, bien que la discussion vocale soit possible. Cela est sans doute rendu nécessaire en raison des fonctionnalités interplateforme du jeu. Et, à ce chapitre, c’est réussi au lancement ; il n’y a pas de difficulté pour les joueurs sur PC, Xbox ou PS de participer à une même partie.

Cette équipe de quatre Marianne n'a aucune chance de faire le poids contre les adversaires
Cette équipe de quatre Marianne n’a aucune chance de faire le poids contre les adversaires

Une feuille de route qui sauvera la mise ?

Donc, peu de cartes où faire évoluer les parties, peu de choix de personnages, un jumelage disjoncté et des mécaniques de jeu qui ne remplissent pas leurs promesses. Est-ce donc que Hood : Outlaws & Legends est un mauvais jeu ? Non, mais il faudra revoir vos attentes.

Comme mentionné précédemment, les combats offrent une dose satisfaisante d’adrénaline et il peut être particulièrement réjouissant de réussir un assassinat contre un joueur adverse plus puissant. Les joueurs doués dans les duels ou le tir de précision trouveront fréquemment des moments forts dans les échauffourées qui ne manqueront pas.  

Dans le domaine des bons choix de la part des développeurs, l’absence de boîtes de récompenses aléatoires ou de boutique payante est une considération appréciable. Comme à l’ancienne, la seule façon de débloquer des habiletés ou des options de personnalisation est de remporter des parties.

Feuille de route Hood: Outlaws & Legends
Feuille de route de la 1re année de Hood : Outlaws & Legends. Crédit : Focus Home Interactive

Les développeurs semblent bien conscients des limites de leur produit et proposent une feuille de route pour la première année qui inclue l’ajout de cartes, de personnages et de modes de jeu. Depuis le lancement, d’ailleurs, les développeurs ont su entretenir la discussion avec la communauté et rapidement réparer les quelques bogues qui subsistaient au jour 1. 

Ce sera donc à surveiller si les prochaines améliorations sauront donner un deuxième souffle à un jeu qui a beaucoup de potentiel, mais qui s’essouffle très vite.

J’aime

  • L’univers sombre et violent
  • Les stratégies furtives
  • Les combats remplis d’adrénaline
  • Assassiner un adversaire qui ne porte pas attention

J’aime moins

  • Le manque de cartes, de personnages et de modes de jeu
  • L’inévitable bataille générale à la fin
  • Le jumelage horriblement déficient

La copie de Hood : Outlaws & Legends a été achetée par le rédacteur.

Hood : Outlaws & Legends

Scénario
Graphisme
Bande sonore
Jouabilité
Durée de vie

À suivre !

Hood : Outlaws & Legends tourne davantage autour de grandes mêlées violentes que de cambriolage furtif. Il faudra suivre son développement pour juger si l’ajout de personnages, cartes et modes de jeu vient pallier ses déficits actuels.

À propos de Yanick Grégoire

Toujours à la recherche de la prochaine perle rare, je m’intéresse aux développements et à l’actualité dans les mondes des jeux vidéo, des jeux de société et d’un peu tout ce qui touche à la culture geek. Dans ma vie professionnelle, je suis spécialisé en communications et dans ma vie personnelle, j’ai une bonne armée de Nains à Warhammer Fantasy. Parfois, je fais des blagues, rarement avec succès.

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