Affiche de Dune, réalisé par David Lynch (1984)

Le bestseller Dune a trouvé son nouveau réalisateur, et il est Québécois !

Un tweet a remué le monde du cinéma le 31 janvier dernier. En effet, Brian Herbert, fils du grand écrivain Franck Herbert, a annoncé sur son compte twitter : « C’est officiel — Legendary Pictures a engagé le talentueux Denis Villeneuve pour diriger le très excitant nouveau projet Dune. »

Rappelons-le, Dune est le bestseller de science-fiction le plus vendu au monde, écrit en 1965 par Franck Herbert. Cette suite de cinq romans a eu de multiples tentatives d’adaptation au grand écran, qui se sont toutes soldées par des échecs retentissants, élevant Dune au rang de film maudit du cinéma.

L’adaptation de Dune au grand écran : toute une histoire !

L’histoire de Dune prend place sur la planète de sable Arakis, que ses habitants, les Frémens, appellent “Dune”. Au cœur d’un complot d’assassinats et de corruption, Paul deviendra le messie destiné à contrôler l’univers, grâce à l’utilisation de l’Épice, substance qui amplifie les pouvoirs psychiques des humains et allonge leur durée de vie.

L’histoire de l’adaptation de Dune commence au début des années 70. La société de production Apjac’s achète les droits, et lance le réalisateur Arthur P. Jacobs sur le projet. Ce dernier meurt brutalement d’une crise cardiaque en 1973. Le projet sera abandonné en 1974.

Le suivant à s’essayer est le réalisateur Alejandro Jorodowsky en 1975. Sa tentative d’adaptation le rendra célèbre, mais pas pour les bonnes raisons…

Ce qui l’a rendu célèbre ? Le documentaire Jorodowsky’s Dune, sortie en 2013, où on découvre le processus créatif du plus grand chef-d’œuvre jamais réalisé. Car le film n’a tout simplement pas été réalisé ! Après avoir dépensé 2 millions de dollars en concepts visuels élaborés avec de nombreuses personnalités (Pink Floyd, Mick Jagger, Ridley Scott, H.R. Giger, Orson Wells…), le projet a été annulé, car il n’avait abouti qu’à un scénarimage irréalisable estimé à 14 heures de film.

Voici la bande-annonce de Jorodowsky’s Dune, primé dans de nombreux festivals, dont Cannes et Toronto :

Une nouvelle tentative d’adaptation débute en 1980. Le producteur Dino Laurentiis sécurise les droits et engage Ridley Scott pour adapter Dune. Moins d’un an plus tard, Scott quitte le projet pour travailler sur Alien avec H.R. Giger. C’est David Lynch (Mulholand Drive (2001), Blue Velvet (1986)), qui hérite du projet en cours de route, et parvient enfin à aller jusqu’au bout.

Ceux qui ont déjà vu un film de David Lynch sauront que son style n’est pas le plus adapté aux blockbustersDune sort en 1984 et fait un flop au box-office (31 millions de dollars de recette pour un budget de 40 millions). La critique sera rude, même si on se rappelle que les deux heures de film devaient rassembler les cinq romans complets : « This movie is a real mess, an incomprehensible, ugly, unstructured, pointless excursion into the murkier realms of one of the most confusing screenplays of all time  » (critique de Roger Ebert 1er janvier 1984, pour voir sa critique complète cliquez ici).

David Lynch considère encore Dune comme le grand échec de sa vie, et a beaucoup souffert de ce film. Comme il l’a mentionné dans cet interview, « Ne faites pas un film que vous ne voulez pas faire. C’est stupide, écoeurant, et ça vous tuera ».

Pour plus de détails sur les adaptations  de Dune, cliquez ici.

Après ce premier Dune qui n’aura pas eu le succès escompté, personne ne s’était risqué à réessayer. Trente-trois ans plus tard, le flambeau de cette monstrueuse adaptation revient à notre fierté québécoise.

 Denis Villeneuve : un réalisateur qui n’oublie pas d’où il vient

Après la réussite commerciale de Prisonners (2013) et Sicario (2015), après avoir décroché le contrat pour réaliser Blade Runner 2049, après la nomination pour huit oscars de Arrival/ L’Arrivée (2016), et l’obtention de l’oscar du meilleur mixage son le 26 février dernier, c’est Denis Villeneuve qui décroche le contrat Dune.

Denis Villeneuve n’a pas cessé de démontrer son talent depuis son premier long-métrage en 1998, Un 32 août sur Terre, qui fut présenté dans plus de trente-cinq festivals internationaux, et retenu pour représenter le Canada aux Oscars en 1999.

Denis Villeneuve sur le plateau de Polytechnique

Maintenant reconnu comme réalisateur de film à gros budget, rappelons que Denis Villeneuve a d’abord été primé pour un cinéma aux sujets très nationaux. Polytechnique (2009) et Incendies (2010) sont sans doute ses plus grandes réussites québécoises. Polytechnique relate la fusillade à caractère sexiste qui a tué quatorze jeunes femmes à la polytechnique de l’Université de Montréal le 6 décembre 1989. Incendie raconte la recherche par deux jeunes adultes de leur père qu’ils pensaient mort, et d’un frère dont ils ne soupçonnaient même pas l’existence, enfouis tous les deux dans le passé de leur mère, réfugiée des guerres de religion au Moyen-Orient.

L’arrivée de Denis Villeneuve (notre critique ici) dans le cinéma américain date de 2013 avec Prisonners, et n’a pas cessé de surprendre depuis, avec Ennemy et Sicario. Le style de Denis Villeneuve, très épuré, commun et surnaturel à la fois, gardant ses secrets jusqu’aux dernières minutes du film, explosera dans toute sa splendeur dans Arrival/ L’Arrivée. Ce film d’extraterrestres dont la finalité ne sera finalement pas la guerre, tourné en anglais avec des acteurs issus du cinéma hollywoodien, va rester un film très québécois. Il a été tourné entièrement au Québec, entre la Place des Arts, l’Université de Montréal et un champ proche de Rimouski. De plus, la production d’effets spéciaux est en grande partie québécoise, avec la participation d’Oblique pour les map paintings, Rodéo FX pour le changement de gravité la première fois que Louise entrera dans le vaisseau, et Hybride dans la création des extraterrestres et des logogrammes (informations obtenues lors de la leçon de cinéma des Rendez-vous du Cinéma Québécois le 2 mars 2017 : Effets visuels : Arrival).

Après cette entrée en fanfare dans le monde de la science-fiction, Denis Villeneuve ne compte pas en rester là. Il a dévoilé aux médias en février 2015 qu’il réaliserait la suite de Blade Runner, grand classique de science-fiction dont le premier volet avait été réalisé en 1982 par Ridley Scott, et qui avait marqué toute une génération. Après sa nomination aux oscars, il se sent apte à réaliser une des grandes bêtes noires du cinéma : Dune.

Denis Villeneuve  sera-t-il à la hauteur du défi colossal de Dune ?

Nous en aurons une première idée à la sortie de Blade Runner 2049, prévue pour le 4 octobre 2017, dont les premières bandes annonces sont déjà présentes sur le net.

 

Retrouvez les différents liens de l’article ici : TheStar.com | RogerEbert.com

À propos de Claire Giblet

Je suis étudiante en cinéma, j'aimerais être écrivaine, ou monteuse de fiction, ou cascadeuse, ou guide touristique, ou caméraman de sport extrême... En espérant que mes articles vous plairont!

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