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Critique de la série Sandman : humanité aux pays des rêves

J’ai entamé le visionnement de la série de Netflix Sandman avec encore plus de nervosité que La maison du Dragon. Je suis une grande admiratrice des romans graphiques qu’elle adapte. La saga culte de Neil Gaiman, réputée infilmable à cause de ses thématiques, de sa noirceur et de ses digressions oniriques indéfinissables, a marqué ma jeunesse au fer rouge. Riches, profondes, philosophiques, visionnaires… il n’y a pas assez de mots pour décrire les bédés originales publiées par Vertigo. Elles ne constituent rien de moins qu’une oeuvre fondatrice de la fantaisie moderne. Heureusement, Gaiman a été impliqué dans le développement de la série. Voici ma critique de Sandman, une grande fresque fantaisiste, différente et puissante, à découvrir absolument !

  • Créateur : Neil Gaiman, David S. Goyer, Allan Heinberg
  • Distribution : Tom Sturridge, Gwendoline Christie, Vivienne Acheampong, Boyd Holbrook, Charles Dance, Asim Chaudhry, etc.
  • Service de diffusion : Netflix
  • Date de sortie : 5 août 2022
  • Site officiel

Critique de Sandman, une adaptation sensible et un spectacle grandiose

Le monde des rêves est un endroit bien réel et son maître se nomme Rêve, ou Morpheus. Il est l’un des 7 Infinis, avec ses frères et soeurs Mort, Désir, Destinée, Destruction, Délire et Désespoir. Après qu’un sorcier mal famé ait raté l’un de ses sorts, Morpheus se retrouve enfermé dans le sous-sol de son manoir pendant plus de 100 ans. Lors de sa libération, il réalise que le monde des rêves, sur lequel il régnait, est tombé en ruine. Plus graves encore, plusieurs cauchemars et rêves, dont le Corinthien, ont pris forme et se sont échappés dans le monde des hommes. Afin de les retrouver et de redonner à son royaume sa gloire perdue, Morpheus doit retrouver les 3 enseignes de son pouvoir. Plus tard, il apprend aussi l’existence d’un vortex, un être d’une grande puissance qui pourrait détruire le monde des rêves.

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Une adaptation fantasmagorique étonnamment balancée

Dès le premier épisode de la série, les admirateurs des romans graphiques originaux pousseront un grand soupir de soulagement : l’adaptation est parfaite. Neil Gaiman adapte lui-même son oeuvre, la modernise et la réarrange, pour créer une télésérie diablement efficace.

En effet, l’une des choses que j’ai le plus appréciées dans Sandman est le rythme de la série. Elle réussit avec doigté à enchaîner de grands moments oniriques faisant réfléchir, des scènes puissantes aux effets évocateurs et des interludes très calmes, profondes et riches en humanité. L’épisode 4 est un exemple parfait de contrastes. On y voit d’abord le voyage de Rêve aux enfers, bourrés d’effets saisissants, de poésie et de personnages plus grands que nature (ah… Brienne est Lucifer… merveilleux !). L’autre moitié de l’épisode est dédiée au voyage, à John Dee et la femme qui, de pure bonté de cœur, lui offre de l’amener à destination. Les deux lignes narratives sont complètement séparées, mais leur montée dramatique, la menace qui s’instille lourdement, est similaire, créant un effet de miroir qui solidifie toute l’histoire.

La série enchaîne ensuite avec un épisode d’une rare violence (24 heures), pour ensuite se concentrer pendant une heure sur une touchante et brillante méditation sur la mort (Le son de ses ailes). Plus tard dans la série, lors d’une convention pas comme les autres (Collectionneurs), l’humour noir est au rendez-vous. Bref, on passe par toutes les émotions et tous les états d’esprit en regardant Sandman.

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Une distribution de haute volée

Les personnages complexes et plus grands que nature (plusieurs sont littéralement des dieux) de Sandman ont la chance de pouvoir compter sur une distribution 5 étoiles. Multiethnique et mettant de l’avant la diversité de genres, elle permet de mettre en lumière toute la richesse de la création de Gaiman, ainsi que la modernité.

L’acteur principal, Tom Sturridge, m’a inquiétée lors des deux premiers épisodes. Malgré son physique parfait pour le rôle, je le trouvais un peu fade. Heureusement, il se fond de plus en plus dans la peau de Morpheus avec le passage des différents épisodes. Sa performance se raffine, le personnage se complexifie doucement et il nous happe dans son cheminement d’un Dieu qui apprend à faire preuve d’humanité.

Du côté des rôles secondaires, certains n’apparaissant que pour un ou deux épisodes. Malgré cela, ils laissent tous une marque indélébile sur la série. Gwendoline Christie, dans le rôle de Lucifer, est impeccable, à la fois imposante et rusée. Charles Dance, comme toujours, domine l’écran de sa présence. Sans parler de Jenna Coleman, qui nous offre LA meilleure version du personnage de Constantine, le fameux exorciste et détective de l’occulte (désolée Keanu, on t’aimera toujours).

Du côté des méchants, David Thewlis est exceptionnel dans une version remaniée de John Dee. L’acteur est à la fois menaçant, touchant, horrifique et pathétique. Une combinaison gagnante, qui permet d’humaniser le personnage, simplement présenté comme psychotique dans les romans graphiques, et d’enrichir le premier regroupement d’épisodes. Le Corinthien, bien que plus classique comme vilain, est aussi marquant et bien interprété par Boyd Holbrook.

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Effets et mondes imaginaires

L’une des plus grandes forces de la bédé originale a toujours été la grande qualité des dessins qui représentent les différents mondes des hommes et des Infinis. Comment les faire sortir des cases de la page et les rendre attrayants, sans tomber dans une orgie d’effets spéciaux bâclés ? Quand on connait les difficultés actuelles de l’industrie, on ne peut qu’applaudir le choix de Gaiman et de son équipe d’utiliser le plus possible de décors véridiques. La salle du trône de Lucifer ? Un vrai décor ! Le sous-sol lugubre où Rêve est séquestré ? Un vrai décor ! Le corbeau parlant Matthew ? La moitié du temps, c’était un vrai animal !

Quant aux séquences inévitables de CGI, j’avoue que certaines sont décevantes et montrent les limites du budget télévisuel. Par contre, l’ambiance unique de la série, son onirisme, ainsi que la fidélité aux images souvent psychédéliques de la bédé, permet de faire passer la pilule.

Observations variées :

  • Netflix nous offre ici une version bien différente de Lucifer Morningstar, qu’on avait jusqu’alors pu découvrir (admirer… aimer… soupirer après) sous les traits de Tom Ellis dans la série Lucifer. Ah… Tom Ellis… notre préféré !
  • David Thewlis semble être né pour jouer en pyjamas. Je n’ai rien d’autre à dire.
  • Marc Hamill se cache sous un personnage secondaire. Essayer de trouver lequel sans demander à Google. Sa voix est tellement unique !
  • Cain et Abel… ah, les images de cette série, je vous jure !
  • Un épisode bonus est venu ravir les admirateurs en fin de parcours. Il adapte deux de mes histoires favorites, Un rêve de mille chats et Calliope. J’ai adoré les subtiles transformations pour la télévision de cette dernière. Sans nous montrer de front les brutales violences vécues par le personnage féminin, insoutenables dans la bédé, on peut tout imaginer. Et c’est AUSSI puissant. Bravo !
  • À moitié de parcours, Sandman enchaîne deux épisodes de haut calibre, 24 heures et Le son de ses ailes. Ce dernier adapte aussi l’histoire Men of Good Fortune, une fable historique sur l’amitié et le sens de la vie qui m’avait énormément marquée dans ma jeunesse. J’étais subjuguée par tant de richesse d’un coup. C’était juste… brillant.

Sandman

Scénario
Réalisation
Effets spéciaux
Jeux des acteurs
Onirisme et profondeur

Un incroyable voyage au coeur de l'imaginaire

Si vous n'avez pas encore découvert cette série merveilleuse de Netflix, c'est le temps de plonger dans le monde des rêves. À voir absolument !

À propos de Maude Bégin-Robitaille

Spécialiste en communication numérique de jour, auteure professionnelle les soirs et les weekends, maman à temps plein et warpriest les mardis soir. Surtout, geek depuis l'enfance !

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