Monster Hunter : World – Une formule raffinée

Monster Hunter : World est arrivé sur les tablettes le 26 janvier dernier et, malgré mes multiples responsabilités, j’y ai déjà consacré une centaine d’heures. Certes, je suis admirateur de la série et je dois avouer que l’arrivée d’un épisode sur les consoles de salon m’a allumé dès son annonce au E3 2017. C’est après avoir assouvi mon engouement que j’écris ces lignes dans lesquelles j’affirme qu’il s’agit là du meilleur Monster Hunter de la série entière. Passons en revue cet épisode.

  • Développeur : Capcom
  • Éditeur : Capcom
  • Cote ESRB : T
  • Prix : 79,99$
  • Plateforme d’essai : PS4

Mais c’est quoi, Monster Hunter ?

Prenez Dark Souls. Enlevez le système de niveaux, mettez l’accent sur la fabrication d’équipements et éliminez tous les ennemis médiocres pour ne laisser que les combats de boss. C’est un peu ça.

Plus précisément, il s’agit d’un action-RPG à la troisième personne qui délaisse le système de niveaux, propre aux RPGs, pour s’orienter vers une mécanique de fabrication ; on part sur des quêtes pour y chasser des monstres, on récolte leurs matériaux pour se faire des meilleurs équipements afin de chasser des monstres plus forts et ainsi de suite. Ça semble assez bête a priori. Seulement, c’est une base simple, mais solide sur laquelle Capcom pose des briques depuis maintenant quatorze ans. Avec Monster Hunter : World, cet amas de briques a désormais des airs de château victorien.

Oui, c’est mon personnage sur le dos du monstre. Une chasse aux allures de rodéo !

Une jouabilité sans pareille

La grande force de la série a toujours résidé dans sa jouabilité. Non seulement elle offre des sensations plus que satisfaisantes, mais elle propose aussi une grande variété. En effet, on nous propose quatorze types d’armes ayant chacune sa vitesse, sa portée, ses combos et autres coups spéciaux. De la greatsword gigantesque, lente et puissante au light bowgun qui crache des munitions empoisonnées, tout le monde y trouve son dû. Certaines armes sont très complexes et requièrent un chasseur chevronné pour être utilisées au maximum de leur capacité. D’autres sont plus accessibles, mais ont assez de profondeur pour défier même les joueurs les plus expérimentés. Malgré tout, il faut savoir que toutes les armes sont équivalentes. Le jeu est extrêmement bien balancé et, à maîtrise égale, chaque arme a le même poids face aux colosses monstrueux.

En effet, Monster Hunter : World est réglé au quart de tour. La progression est constante et offre assez de défi sans jamais tomber dans l’injustice. Plus on progresse dans l’histoire, plus on rencontre des ennemis aux attaques complexes. Avec une dose d’observation (épaulée par un guide intégré et très complet), d’essai-erreur et un arsenal approprié, un colosse qui semble d’abord insurmontable prend l’allure d’un adversaire admirable et respectable. Lorsque l’on en vient à bout, le coup de grâce est saisissant et le butin qu’on empoche, réjouissant. C’est un des plaisirs propres à Monster Hunter ; apprendre sur sa proie et mettre à sa disposition toutes les ressources possibles pour en venir à bout. C’est encore plus vrai dans World, car son environnement riche offre plus d’une possibilité pour piéger sa proie.

Il y a autant d’armes que de façons de jouer.

 

Une écologie complexe

Là où Monster Hunter : World se démarque de ses prédécesseurs, c’est dans ses écosystèmes. Vastes et complexes, ils permettent une véritable interaction entre les joueurs, les monstres et l’environnement. Certains crapauds rejettent une poudre paralysante quand on les frappe. Certaines vignes peuvent emprisonner un monstre pour quelques instants. Des gros chats sauvages peuvent même vous venir en aide si vous les avez en amitié. Si jamais deux monstres se croisent, il y a de fortes chances qu’il y ait combat de joutes entre eux. Tous ces éléments et bien plus encore se retrouvent en quantité phénoménale dans chaque écosystème ; même après plusieurs dizaines d’heures de jeu, ils surprennent encore.

L’ambiance a aussi son rôle à jouer dans cette superbe illusion. Le décor est riche et beau et les graphiques en font un rendement superbe. Ceux qui ont les consoles dernier cri pourront d’ailleurs en profiter à 60 images par seconde. La musique, elle, est au point ; calme et douce lors d’une exploration, elle devient tumultueuse quand on rencontre un monstre et part en crescendo lorsque le combat s’intensifie. Certains morceaux sont absolument mémorables. Vous m’en reparlerez après avoir croisé un Bazelgeuse.

Une nuée d’oiseaux fuit l’orage à venir…

Fashion Hunter

Ce surnom comique octroyé à la franchise en dit long. Il expose un phénomène assez récurrent ; parfois, on choisira une pièce d’armure à belle allure plutôt qu’une autre qui est meilleure, mais moins attrayante. C’est toujours le cas avec World, mais cette fois-ci les pièces d’armure semblent mieux s’agencer entre elles, ce qui permet de faire des combinaisons basées sur les statistiques plutôt que sur le style.

En ce qui concerne les statistiques des armures, je dois mentionner qu’un changement important prend place dans World. Contrairement à chez ses prédécesseurs, il n’est plus nécessaire d’équiper une armure spécifique pour pouvoir utiliser une arme de tir. Cela veut dire que Monster Hunter : World permet d’utiliser le light bowgun, le heavy bowgun ou le bow avec n’importe quelle armure. C’est une idée géniale en soi. Cependant, trop peu d’armures ont des attributs utiles aux armes de tir, et donc on en vient ultimement à n’avoir que deux ou trois choix d’armure si on souhaite optimiser son équipement. Cette contrainte m’a donné envie de ranger mon heavy bowgun pour essayer une arme de mêlée, et c’est ce que j’ai fait. Je ne regrette pas mon choix, car j’avoue être tombé en amour avec le sword and shield, mais je considère tout de même cette lacune comme le défaut principal de cet épisode.

Et les armes dans tout ça ?

Au sujet de l’allure des armes, je dois avouer qu’encore une fois Monster Hunter : World me déçoit légèrement. Dans les titres précédents, on pouvait se munir d’armes excentriques, voire loufoques ; je me rappelle encore très bien du light bowgun en tête de Yian Garuga dans Generations, ou encore de sa lance en requin. Il n’y a rien de la sorte dans World, d’autant plus que, bien souvent, les armes d’une même catégorie se ressemblent. Ces ressemblances s’atténuent plus on progresse dans le jeu, mais je crois que les titres précédents offraient des armes au style plus varié plus rapidement. Ça n’enlève cependant pas à World d’offrir des armes très badass en fin de jeu !

Difficile d’avoir l’air plus menaçant.

Scénario… moins pire

Les admirateurs s’entendent tous ; on ne joue pas à Monster Hunter pour l’histoire. C’est un fait clairement assumé par Capcom qui n’essaie pas d’innover son schéma narratif. Malgré cela, parmi tous ses congénères, c’est de loin World qui emporte la palme de la meilleure trame narrative. Non pas parce que l’histoire est plus intéressante – l’écosystème est chamboulé par un monstre et blablabla –, mais bien parce que l’incorporation des doublages, les graphiques haute définition et l’amabilité de certains personnages favorisent l’immersion. On se sent donc plus impliqué que dans les autres titres de la série, sans que l’histoire soit marquante.

Multijoueur amélioré ?

Monster Hunter : World joue la carte du multijoueur différemment. Dans cet épisode, il est possible de faire toutes les quêtes en ligne. Jusqu’à quatre chasseurs peuvent joindre une quête et c’est possible d’appeler du renfort même au beau milieu de la chasse. Évidemment, la ténacité de la proie est ajustée selon le nombre de joueurs.

Ces innovations ont été rapidement applaudies par les admirateurs. Moi-même, je croyais que ce n’était que bénéfique, mais une conversation récente avec un ami m’a imposé une réflexion : et si le multijoueur en perdait son sens ?

En fait, je crois que, pour un néophyte, ce n’est qu’avantageux. Elle lui permet d’aller chercher de l’aide et de l’expertise pour combattre les monstres les plus ardus. J’avoue avoir été enclin à appeler du renfort quelquefois. Mais plus le jeu avance, plus le multijoueur devient… encombrant. Je m’explique.

Avant World, certains monstres étaient exclusivement réservés au multijoueur. Ça obligeait parfois à jouer avec des inconnus, mais c’était un mal nécessaire qui pouvait même occasionner certaines rencontres surprenantes – je me rappelle même du nom d’un joueur de MH4U qui nous avait suivis, trois amis et moi, lors d’une soirée. Bref, c’était un passage obligé. Or, ce n’est plus le cas dans MHW et, conséquemment, on est porté à éviter de jouer avec des inconnus, d’autant plus que les monstres sont plus difficiles à plusieurs. Ainsi, vers la fin du jeu, on entre dans une phase de farming solo un peu lassante. C’est le revers malheureux des changements qui, au départ, semblaient être de très bonnes idées.

Néanmoins, le multijoueur peut engendrer des moments magiques.

En conclusion

Je l’ai dit, je le répète : c’est le meilleur Monster Hunter. Avec sa jouabilité impeccable qui permet d’interagir facilement avec un environnement riche et vaste, malgré les légères déceptions au niveau des armes et armures et ses lacunes de fin de jeu en multijoueur, Monster Hunter : World est absolument accrocheur. Vous y penserez au travail, à l’école, lors de vos sorties… pendant quelques mois tout au plus.

En effet, c’est le propre de cette franchise. On y consacre énormément de temps sur un ou deux mois, puis on le délaisse. Heureusement, Capcom fournit régulièrement du contenu téléchargeable qui donne un léger souffle au jeu. Entre autres, une série de quêtes « événement » est proposée chaque semaine. Ces quêtes, lorsque complétées, donnent soit plus de butin, soit des matériaux spéciaux. De plus, du contenu téléchargeable plus costaud se fait attendre, tel celui du Devilj’ho, monstre culte de la série, qui devrait sortir ce printemps. Ces ajouts vont certainement inciter certains joueurs à revenir vers World, quoique je doute qu’il s’agisse d’une majorité. Reste que, avec ou sans contenu téléchargeable, on s’y accroche facilement pour plus de cinquante heures.

Je recommande fortement ce jeu à tous les admirateurs d’action-RPG. Vous avez aimé la série Dark Souls ? Vous aimerez Monster Hunter. C’est un jeu riche et vaste qui comble les joueurs préférant des mécaniques profondes, les joueurs qui aiment poser des pièges et tromper leurs proies, les joueurs qui veulent que leur personnage ait du style. Monster Hunter : World saura épater autant les curieux que les admirateurs de la série.

Présentement disponible sur Ps4 et Xbox One. Sortie prévue sur PC à l’automne 2018.

Site officiel du jeu

Monster Hunter : World

Scénario
Graphismes
Bande sonore
Jouabilité
Durée de vie

Très bien !

Monster Hunter : World est le meilleur de la série. La jouabilité est à son apogée, l'écosystème et l'ambiance sont absolument réussis. Malgré tout, son scénario, quoi que plus immersif, est très simple. Aussi, quelques innovations apportés dans ce titre sont à parfaire.

À propos de Jonathan Paradis

Futur enseignant, passionné de jeux vidéos, de jeux de rôles sur table et autres geekeries. J'espère pouvoir vous transmettre ces passions ou, au moins, vous offrir une bonne lecture.

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