Critique de la série Arcane : du coeur et de l’action

Confession : je n’ai jamais joué à League of Legends, mon cœur penchant plus du côté des jeux d’aventure et des RPGs isométriques de la vieille école. Je ne connais ni son histoire ni ses fameux champions. Voilà pourquoi je n’ai pas tout de suite sauté sur la nouvelle offrande geek de Netflix lors de sa sortie en novembre dernier. Quelle erreur ! J’ai découvert, pour commencer l’année en beauté, une série magnifique et pleine de cœur, véritable ode au pouvoir de l’animation. Voici donc ma critique de Arcane : alerte au chef-d’œuvre !

Arcane : League of Legends, critique d’une ode à l’animation

  • Créateur : Christian Linke, Alex Yee
  • Distribution vocale : Hailee Steinfeld, Ella Purnell, Kevin Alejandro et Katie Leug
  • Genre : Steampunk, action
  • Durée : 9 épisodes
  • Service de diffusion : Netflix
  • Site web officiel

La série Arcane prend racine dans les légendes de Runeterra, le monde créé pour le jeu League of Legends. Elle raconte l’histoire des luttes de pouvoir entre Piltover, une riche cité du progrès où vivent de nombreux adeptes de la science, et la ville souterraine de Zaun, pauvre et corrosive. C’est dans cette dernière que résident Vi et Powder, deux soeurs orphelines dont le lien très fort sera éprouvé par les querelles intestines des grands piliers de la haute et de la basse cité.

Poster officiel de la série - Critique d'Arcane
@riotgame official artwork

Plus qu’une simple adaptation d’un jeu vidéo

Les adaptations de jeux vidéo au grand écran n’ont pas toujours eu bonne réputation. On a qu’à penser aux productions tellement-mauvaises-qu’elles-en-deviennent-hilarantes de Uwe Boll. Vous souvenez-vous du film Far Cry  ? Eh oui, même la fameuse franchise a eu droit au traitement débilitant de Boll en 2008. Celui-ci aurait, selon la légende, acquis les droits d’adaptation avant que le jeu vidéo ne devienne le phénomène que l’on connait aujourd’hui. Bref, les films adaptant des jeux vidéo sont plus souvent reconnus pour leurs scénarios ridicules adhérant trop à la recette vidéoludique que pour leurs histoires riches et profondes ! Seule exception au tableau, Castlevania, qui depuis quatre saisons sur Netflix, défie les pronostics pour nous offrir de la vraie bonne télé d’action et d’aventure. Et maintenant, Arcane se joint à ce club.

J’ai été soufflé par la richesse de l’univers steampunk (si peu représenté à l’écran malgré tant de potentiel) et de l’histoire d’Arcane. Pas besoin de connaître le lore de League of Legends pour apprécier la série. Même pas besoin d’aimer les jeux vidéo. Les péripéties qui animent les vies de Vi, Powder, Jayce et Caitlyn nous tiennent continuellement en haleine. Elles évoluent organiquement sans jamais trahir les motivations profondes des personnages ou les règles internes du monde créé dans la série. Tout se tient, tout coule, avec un aplomb admirable.

La transformation de Powder, petite fille anxieuse à la terrible poise, en Jinx, une violente gangster pleine de folie, est un modèle d’un arc narratif à la fois d’une clarté exemplaire et d’une belle profondeur. Jamais on ne trouve ses réactions tirées par les cheveux, malgré l’extravagance du personnage. Quant à Jayce, il fait face à des choix déchirants, jamais manichéens. En traversant les corridors du pouvoir qui s’ouvrent à lui au courant de la série, il fait preuve de naïveté et de maladresse. Il hésite, se perd, se fait manipuler puis se reprend. Le scénario lui réserve un vrai cheminement. Même chose pour Vi, un personnage fort, dont l’amour fraternel est extrêmement touchant.

Critique d'Arcane - Poster officiel du personnage de Vi
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Une claque visuelle qui redéfinit le genre

Dans un style visuel mélangeant 2D et 3D en droite lignée du déjà exceptionnel Spider-Man : Into the Spider-Verse (dont le 2e film sortira enfin en 2022), Arcane démontre avec style et panache jusqu’où les animateurs peuvent aujourd’hui pousser le médium.

Quant aux environnements, ils sont de véritables peintures vivantes. Vibrants de détails, ils explosent sous nos yeux ébahis. La caméra virevolte, suivant les personnages dans des ballets étourdissants parfaitement chorégraphiés, qui n’auraient jamais pu être réalisés de manière aussi dynamique avec des acteurs réels. De plus, les combats et les scènes d’action sont d’une clarté exemplaire. Chaque coup est puissant, chaque esquive viscérale. Finalement, des éléments tirés directement du style de la bédé ajoutent une originalité esthétique à la série, par exemple quand Jinx se perd dans son monde intérieur.

Les expressions des personnages sont aussi puissantes et bien rendues. Qui a besoin de photo-réalisme quand les micros-mouvements faciaux des personnages animés nous tirent des larmes ? La ligne entre le réalisme des émotions et le dessin animé n’a jamais été aussi mince. Finalement, le monde steampunk est aussi parfaitement rendu, foisonnant de détails et de trouvailles du genre qui rappellent la meilleure littérature de Moorcock et Stephenson.

Critique d'Arcane - Poster officiel du personnage de Jinx
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Des voix vibrantes pour de superbes performances

Terminons cette critique d’Arcane en parlant de la distribution vocale cinq étoiles de la série. Les performances de Hailee Steinfeld et de Ella Purnell (qu’on peut voir en ce moment dans le très, très, très excellent Yellowjackets) sont très justes. Juxtaposées aux animations expressives des visages et des yeux, elles donnent vie à des héroïnes plus vraies que nature, qui nous touchent par leur voyage intérieur. Steinfeld, en particulier, arrive à ajouter avec sa voix seule des couches d’émotions cachées à Vi, un personnage qui garde tout à l’intérieur. Kevin Alejandro est aussi très bon en Jayce, un personnage qui aurait rapidement pu devenir caricatural.

Observations variées

  • Cette chanson d’Imagine Dragons est un terrible vers d’oreille. Pas aussi terrible que Toss a coin to a Witcher, mais je n’arrive pas à m’en débarrasser. Look out for yourself !
  • Shohreh Aghdashloo a définitivement la voix la plus reconnaissable du petit écran. Ce saut du côté de la pure performance vocale lui va comme un gant. On aurait aimé voir plus son personnage !
  • Parlant de voix que l’on reconnaît, qui d’autre ne pouvait s’empêcher d’entendre Dan à chaque geignement de Jayce ? Lucifer va nous manquer
  • J’imagine qu’ils gardent le tout pour la saison 2, mais j’aurais aimé en savoir plus sur l’univers de Runeterra. L’action est tellement concentrée à Piltover et Zaun qu’une ligne narratrice de la fin de la saison, mettant en scène un personnage d’un autre pays, manque de contexte.
  • D’ailleurs, il y aura officiellement une saison 2. Heureusement, car celle-ci nous laisse sur un suspense terrible !

Arcane

Scénario
Animation
Univers
Distribution vocale
Réalisation

Du coeur et de l'action

Pas besoin d'être un amateur de League of Legends pour apprécier cette petite pépite d'animation, avec un scénario brillant et des personnages de coeur !

À propos de Maude Bégin-Robitaille

Spécialiste en communication numérique de jour, auteure professionnelle les soirs et les weekends, maman à temps plein et warpriest les mardis soir. Surtout, geek depuis l'enfance !

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