C’est avec grand privilège que nous avons reçu une des très rares copies du jeu Cóatl plusieurs semaines avant sa date de sortie en boutique. Prononcé « CO-A-TEUL », le jeu créé et édité ici-même au Québec est de calibre international et il saura éblouir les joueurs du monde entier. D’ailleurs, il fait partie du top 20 des jeux familiaux les plus attendus de l’année 2020 de BoardGameGeek, la grande bible des joueurs de jeux de société et du top 15 pour les jeux abstraits de ce même site.
Prétendants au titre de grand prêtre aztèque, nous nous lançons dans un prestigieux tournoi de sculpture de serpents à plumes aussi complexes qu’élégants afin d’impressionner les dieux et de gagner leurs faveurs. Pour ce faire, nous connectons des pièces de tête, de corps et de queue en respectant les exigences des cartes prophéties. En bonus, nous pouvons remplir les exigences de l’une des cartes de temple.
- Auteurs : Pascale Brassard & Étienne Dubois-Roy
- Illustrations : SillyJellie
- Éditeur : Jeux Synapses Games
- Nombre de joueurs : 1 à 4
- Âge : 10 ans et plus
- Durée : 30 à 60 minutes
- Sortie prévue : fin septembre 2020
- Prix : 49,99$
- Page officielle du jeu
- Page BoardGameGeek
Le jeu
Les actions
Trois actions sont possibles à notre tour : prendre des pièces de Cóatl sur le plateau de réserve (deux corps, une tête ou une queue), sélectionner des cartes de prophétie (maximum cinq en main) ou assembler son serpent (possibilité de deux à la fois).
Les serpents à plumes
Pour être considéré complet, un serpent à plumes doit être constitué d’une tête, d’une queue et d’au moins un segment de corps. Aussi, les exigences d’une à quatre cartes prophéties doivent être remplies. Bien qu’il soit permis d’en construire deux à la fois, nous ne pouvons les attacher ensemble plus tard dans la partie.
Les jetons de sacrifice
Tous les joueurs débutent avec trois jetons sacrifices qui peuvent être défaussés en remplacement d’une action normale. Ils peuvent s’avérer précieux en cas d’impasse. Chacune agit sur un aspect du jeu. Le choix parfait permet de sélectionner la couleur de notre choix dans les sacs et de renouveler la réserve. Voir le futur change toutes les cartes prophétie de l’offre et nous pouvons défausser de nos cartes en main pour en choisir d’autres. Finalement, nous pouvons réserver une carte temple en utilisant l’engagement des prêtres.
Fin de partie
La partie prend fin lorsqu’un joueur termine son troisième Cóatl ou qu’aucun bloc de corps n’est disponible (sac ou plateau).
Le mode solo
Devenu pratiquement essentiel dans le contexte planétaire actuel, Cóatl a son mode solo dans lequel nous tentons de vaincre A.D.A.M. qui collecte les pièces de serpents à plumes, peu importe leurs formes, et complète les cartes de prophétie, trois à la fois, de manière optimale.
Mises à part quelques modifications, les règles restent sensiblement les mêmes. En effet, le nombre de pièces de corps est diminué de huit par couleur. À son tour, l’automate sélectionne les pièces nécessaires à la réalisation de sa carte la plus à gauche en suivant un certain ordre sur le plateau. Il ne tient compte que de la couleur. Si aucune n’est disponible, nous réévaluons pour la carte suivante et ainsi de suite. Il peut arriver qu’A.D.A.M. passe son tour. Lorsque la carte est réalisée, les pièces utilisées sont glissées sur la carte la plus à droite et les autres sont défaussées. De plus, il n’est pas habilité à remplir les exigences des temples.
Enfin, cinq niveaux de difficulté sont disponibles. Ils peuvent être combinés librement ou utilisés seuls. Par exemple, nous devons réaliser au moins une carte temple, réduire le nombre de cartes en main à quatre, répondre aux exigences de cartes prophétie de couleurs différentes, s’obliger à réussir quatre cartes par serpent ou A.D.A.M peut travailler sur quatre cartes à la fois.
Abstrait, mais avec un thème aztèque fort
Bien qu’il soit un jeu abstrait, le thème aztèque est omniprésent dans les formes et les couleurs des pièces du serpent à plumes. Allant des plateaux de réserve et de joueurs jusqu’aux cartes de prophétie, le niveau de recherche est impressionnant.
L’histoire de la mythologie à travers les cartes
- Coatlicue (cartes rouges) est la déesse de la fertilité. Selon la mythologie aztèque, elle a donné naissance à la lune et aux étoiles.
Points en fonction du nombre de pièces d’une couleur. - Quetzalcòatl (cartes vertes) est représenté par un serpent à plumes, il symbolise les forces de la terre et l’abondance de végétation.
Mélange d’exigences uniques et multiples d’une séquence d’une pièce d’une couleur, un nombre indéterminé de pièces d’une autre couleur puis une autre. - Huitzilopochtli (cartes oranges) est le Dieu de la chasse, du Nord et de la guerre.
Exigence unique d’une séquence de pièces. - Miquiztlitecuhtli (cartes noires) est le Dieu de la mort.
Séquence d’un certain nombre de pièces d’une couleur en particulier. - Tlaloc (cartes bleues) est le Dieu de la pluie.
Mélange d’exigences uniques et multiples d’une séquence d’une paire de pièces.
Des sacs en tissu importé du Mexique
Mon expérience de jeu
Cóatl s’est taillé une place dans mon top 5 de jeux préférés parce qu’il représente tout ce qu’il me plait. Ayant un faible pour les jeux abstraits colorés, il m’a rappelé Azul et Reef tout en ayant sa propre identité. Le jeu est simple à apprendre et à expliquer. Nous pouvons y jouer avec des enfants. Il n’est pas si simple à maîtriser et les parties ne se ressemblent pas. Le niveau est assez élevé pour créer une bonne compétition sans toutefois donner des maux de tête.
Les règles
Nul besoin de se taper des heures de lecture de règles, regarder l’endos de la boîte nous donne les grandes lignes. Habituellement, je laisse le plaisir de découvrir le livret à mes invités. Mon déficit d’attention me cause bien des torts quand je lis un long texte. Je n’ai pas eu ce problème avec Cóatl. C’est bien écrit, dynamique avec beaucoup d’illustrations.
Une grande histoire d’amour
Cóatl m’avait fait de l’oeil dès la première rencontre lors du Salon du jeu de société de Montréal 2018 malgré le fait que je n’avais pas eu l’occasion d’y jouer. Ce n’est qu’à la fin du mois de janvier 2019 que j’ai rejoins l’équipe de Geekbecois et j’ai choisi la démonstration des créateurs à la boutique Jeux Jouets & Cie de Sainte-Julie comme tout premier reportage. J’ai eu un coup de coeur immédiat pour le prototype et j’étais convaincue qu’il serait publié à moyen terme. Mon fils de neuf ans à l’époque l’avait aussi beaucoup apprécié. Le plus grand défaut que nous avions détecté a été que nous devrions attendre plusieurs mois avant de jouer à nouveau.
En famille, nous avons suivi les aventures du serpent à plumes à travers les réseaux sociaux et les conventions de jeux de société. Ma fille de onze ans était venue saluer les créateurs lors de l’événement Bénévoles ludiques. Puis, mon copain et moi avons animé le kiosque de Jeux Synapses Games au Délirium ludique de Québec.
Le travail artistique
C’est avec grande excitation que nous avons découvert les premières images officielles sur la page Facebook de l’éditeur au début de l’année 2020. Quelle cure de beauté et dose d’amour de la part de l’équipe artistique ! Sans changer l’âme du jeu, les illustrations ont su lui apporter un niveau plus immersif et agréable pour les yeux.
Le jeu en solo
Pour moi, jouer en solo se compare plutôt à un travail qu’à un amusement. Suite aux fortes recommandations de l’éditeur et étant donné mon amour du jeu, je lui ai donné une chance. D’accord, pas une chance, mais une dizaine.
Les coups d’A.D.A.M. étant prévisibles, une partie de Cóatl devient vraiment plus stratégique. Laissant moins de place au hasard, il faut réfléchir plus longtemps avant de choisir les cartes de prophétie. Par exemple, lors de ma dernière partie, l’automate cherchait énormément de rouges et de noirs. Évidemment, choisir des objectifs similaires serait aller droit dans le mur.
Je l’ai trouvé très bien équilibré avec des différences de pointage d’environ cinq. J’ai essayé les défis et ils ne sont pas faciles ! J’ai vaincu le jeu la plupart du temps, mais de justesse. Les pièces de corps descendent vite et voir l’automate gaspiller de précieux morceaux est crève-coeur.
Ensuite, il m’a permis d’encore mieux analyser la synergie entre les cartes et les possibilités de combos. Mon copain a un don inné pour ces casse-tête, mais je peux maintenant dire que je maîtrise le jeu.
Enfin, depuis mes parties solo, je n’ai pas encore eu l’occasion de jouer à nouveau contre des adversaires, mais j’ai l’impression que je serai l’ennemie à vaincre.
Le jeu en famille
Cóatl a énormément plu à mes deux « mini-geeks ». Âgée de douze ans, mon aînée apprécie les jeux abstraits, rapides et colorés. Les composantes ont illuminé son regard. D’un an plus jeune, mon fils préfère la stratégie et les combos. Il se souvenait du prototype. De nature plus calme et concentré, il a trouvé les couleurs des illustrations mélangeantes et il voulait aller droit au but, comme l’ancienne version. Mon copain a également joué à plusieurs versions du prototype et la mécanique ne fait pas partie de ses favorites. Malgré cela, il demeurait imbattable. Étant daltonien, les couleurs sur les cartes lui ont donné du fil à retordre. Le problème était moins présent dans l’ancienne version. Je partage un peu son avis pour la visibilité des couleurs des pièces. Dépendamment de l’éclairage et de la couleur de l’espace de jeu, il faut parfois approcher les cartes pour mieux les distinguer. Ce point est le seul négatif que j’ai trouvé au jeu et cela ne me nuit aucunement côté plaisir, compréhension et rythme des tours.
J’aime
- Matériel
- Illustrations
- Mécanique de jeu
- Accessibilité
- Mode solo
J’aime moins
- Questionnement sur les jetons sacrifice
- Couleurs des pièces difficiles à reconnaître sur les cartes de prophéties
Je me sens particulièrement touchée par ce projet et je suis fière d’y avoir participé à ma façon. Voici les articles de notre couverture de cette fabuleuse expérience.
- Cóatl, un prototype de jeu de société à surveiller
- Bénévoles Ludiques, quand les jeux de société viennent en aide à la communauté<
- Comme le Québec est riche en créateurs de jeux de société !
- Cóatl : l’évolution d’un jeu de société fait au Québec
- De belles sorties de jeux de société québécois d’ici l’automne 2020
- Bien ouej, les rencontres interactives entre les artisans et les joueurs de la francophonie
- Proto de l’année 2020, le concours des créateurs de jeux de société d’ici
La copie de Cóatl a été fournie par Jeux Synapses Games.
Cóatl
Graphisme
Matériel
Thématique
Mécanique
Plaisir
Mon jeu de l'année 2020 !
Cóatl est un jeu abstrait de construction de serpents à plumes au thème aztèque fort avec une grande accessibilité.