1403, royaume de Bohème, plus spécifiquement dans la partie qui deviendra la République Tchèque. Henri de Skalitz et une petite troupe d’hommes d’armes accompagnent un jeune noble, Hans Capon, dans sa mission visant à remettre une lettre au seigneur du château de Trosky, Otto Von Bergov. Or, sur la route menant au château, le groupe tombera dans une embuscade, compromettant la mission. À partir de là, il n’en tient qu’au joueur de déterminer la destinée d’Henri de Skalitz dans ce second opus qui verra son histoire se conclure. Kingdom Come : Deliverance II reprend donc exactement là où s’est arrêté son prédécesseur.
- Studio de développement : Warhorse Studio
- Éditeur : Deep Silver
- Plateformes disponibles : PlayStation 5, Xbox Serie et PC
- Plateforme de test : PC
- Date de sortie : 4 février 2025
- Classement : M pour Mature (Sang, violence intense, nudité partielle, contenu sexuel, langage vulgaire et alcool)
- Prix : 79.99$ sur Steam
- Page Steam du jeu

Ainsi, une fois les séquences vidéo du début terminées, le joueur aura l’option d’explorer non pas un, mais deux territoires dans, d’abord, les paysages somptueux du Paradis de Bohême puis dans les environs de la ville minière de Kuttenberg, maintenant mieux connue sous son nom tchèque de Kutná Hora (comme le jeu de société). Kingdom Come : Deliverance II est un jeu de rôle et d’action à la première personne dans un monde ouvert qui réplique, aussi fidèlement que possible cette région d’Europe à la fin du Moyen Âge. Le joueur y incarne Henri de Skalitz et devra non seulement intervenir dans une guerre civile qui ravage son pays, mais également venger sa famille et aider les habitants des environs au mieux de ses capacités. Ou pas ; le joueur a une grande marge de manœuvre, quoique pas complètement libre, sur les orientations d’Henri.
Kingdom Come : Deliverance II et son prédécesseur
Le premier opus de la série, sorti en 2018, avait retenu l’attention par son style singulier et avait figuré parmi nos finalistes cette année-là. Dans un monde où les développeurs rivalisent de créativité pour faire en sorte que les joueurs aient toujours plus de dragons et de créatures fantastiques à vaincre, Warhorse Studios faisait un pari radicalement différent : l’histoire du jeu qu’il programmait allait tenter d’être le plus fidèle à l’histoire et la géographie de la Bohême du début du 15e siècle. Il doublait la mise : non seulement le personnage principal, Henri, ne serait pas un superhéros doté de pouvoirs magiques, mais il serait en fait tout à fait mortel et inexpérimenté. Il allait devoir apprendre à naviguer dans ce monde et à se battre pour survivre.
Pari réussi pour Warhorse Studios : leur premier opus a été très bien accueilli par la critique. Si certains éléments historiques ont dû être laissés de côté afin d’avoir une expérience vidéoludique optimale, on sentait très bien dans la proposition l’amour pour le royaume médiéval de Bohême. Ça fait changement de l’Europe médiévale continuellement dépeinte en Angleterre. Ceci dit, l’histoire se terminait sans que l’on ne connaisse la fin de l’aventure d’Henri.

C’est donc dans Kingdom Come : Deliverance II que nous assisterons aux derniers chapitres de l’histoire. Est-ce que vous devez vous procurer le premier opus pour avoir une chance de comprendre le scénario du second ? Non, la bonne nouvelle est que les développeurs ont trouvé le moyen de résumer les péripéties du premier jeu dans quelques dialogues et retours en arrière dès le départ.
Une autre différence majeure est que notre Henri a désormais de l’expérience en commençant la partie. Je dois admettre que j’avais trouvé ardu de débuter le jeu dans Kingdom Come : Deliverance premier du nom. Henri était faible, maniait l’épée gauchement et avait le souffle court. Je comprends bien l’idée de progression, mais peut-être partait-il de trop loin ? Pour la suite, on commence avec des niveaux dans la plupart des attributs et on connaît quelques combos avec les armes. On peut aussi commencer à se spécialiser dans une approche, par exemple martiale, plutôt qu’une autre, par exemple furtive ou diplomate.

Wenceslaus IV contre Sigismund
La trame de fond de l’histoire de Kingdom Come : Deliverance II est la guerre civile et l’invasion du royaume de Bohême qui sévit. D’un côté, il y a le roi légitime de Bohême, Wenceslaus IV, qui a été emprisonné. De l’autre, Sigismund, le frère de Wenceslaus, roi de Hongrie, qui a envahi le royaume de Bohême dans un effort d’en prendre le contrôle. Les nobles de la région se divisent entre ceux qui préfèrent le nouvel occupant et ceux qui souhaitent la restauration de Wenceslaus IV. Henri de Skalitz et Hans Capon sont dans le deuxième clan, notamment parce que la ville natale d’Henri et ses parents ont été victimes des Hongrois et de leurs alliés Coumans, un peuple turcophone nomade allié à Sigismund.
On ne peut donc pas choisir quel clan notre personnage appuie, étant donné sa quête de vengeance personnelle contre les Hongrois et les Coumans. Ça se comprend, mais pour un jeu en monde ouvert, on aurait pu penser qu’il y aurait davantage de liberté. Même dans les quêtes secondaires, si on peut avoir des dénouements différents en fonction de la méthode utilisée pour atteindre les objectifs, on n’aura souvent qu’un seul choix : ignorer la quête ou l’accomplir pour aider la personne dans le besoin. En bref, si on peut incarner un Henri voleur et meurtrier dans ses actions mondaines, dans le déroulement de l’histoire, on sera souvent confiné au rôle de « bon » Henri.

Qu’à cela ne tienne, l’histoire principale est captivante. Henri et ses compatriotes seront au coeur de nombreuses intrigues avec des rebondissements surprenants. S’il est souvent possible de choisir comment atteindre les objectifs, par exemple en volant à la tire une clé ou bien en convaincant son détenteur de vous la donner, il faudra un minimum d’aptitude à manier les armes, puisque certains duels ne sont pas optionnels. Les quêtes secondaires sont mémorables et permettront de mieux comprendre la Bohême du début du 15e siècle, par exemple en « chassant » des démons dans un château ou en traquant des braconniers.
Cachez ce combo que je ne saurais voir
Comme je le mentionnais, une certaine maîtrise des armes sera nécessaire pour progresser et tirer pleinement avantage du jeu. Les combats fonctionnent en général comme des duels où notre vision sera centrée sur l’adversaire. Avec de minutieux alignements de la souris, on pourra frapper en haut, à droite, à gauche ou en bas. En formant une certaine chaîne de coups, cela formera un combo qui peut déboucher à de puissants coups imparables, comme une frappe de pommeau au visage ou un coup de bouclier dans la gorge.
En toute honnêteté, j’ai trouvé que c’était relativement difficile à maîtriser avec le clavier et la souris ; j’ai eu l’impression que Kingdom Come : Deliverance II a été conçu en ayant l’utilisation d’une manette en tête. C’est peut-être aussi un problème plus personnel, je ne semble pas avoir assez de mémoire pour tous les combos. J’en apprends deux ou trois et j’essaie de les refaire sans cesse. Sans que ce soit idéal, c’est toutefois suffisant pour triompher des adversaires mêmes les plus coriaces.

Mais la plupart du temps, on pourra utiliser nos autres compétences. Il y a bien entendu des compétences pour le combat, pour chaque arme. Mais également pour l’alchimie, la survie en forêt, notre savoir académique, notre compétence à cheval et, même, notre aptitude à gérer l’alcool. Il y a effectivement quelques passages à la taverne, donc si on veut qu’Henri ne roule pas en dessous de la table, on pourra améliorer nos compétences… en déglutition houblonnée ? Par ailleurs, plus on utilisera une compétence, plus elle s’améliorera et, lorsqu’elle montera de niveau, nous aurons l’option de choisir de nouvelles aptitudes en lien avec la compétence pour améliorer notre personnage.
Il y a aussi des compétences passives comme l’intimidation, le charisme ou notre discrétion qui seront liées à la façon de nous habiller. Tout le monde respectera un Henri qui arbore le blason d’un seigneur de la région, mais ils s’en souviendront aussi. Pour les mauvais coups, vaut mieux avoir l’air du paysan du coin que d’un chevalier sans peur et sans reproche. Votre tenue, votre apparence physique et votre propreté auront également un impact sur les réactions des personnages non joueurs. On passera un certain temps à lessiver notre équipement dans Kingdom Come : Deliverance II.
Paysages bohémiens
La classe M pour Mature est bien méritée par ce jeu. Il y aura de la violence, rarement purement gratuite et sans être trop graphique, mais le sang coulera lors des batailles à l’épée. Il y a aussi des scènes de torture modérée. Notre Henri pourra courtiser des demoiselles ou encore acheter des services de professionnelles qui, arrivé au moment de passer à l’acte, fera en sorte que Kingdome Come : Deliverance II, nous passera un fondu au noir en nous faisant entendre des soupirs suggestifs. Certains personnages sont vulgaires : en plus d’un important nombre de « f*ck ! », on entendra des sacres en tchèque et d’autres étranges expressions. Et comme mentionné, il y a de l’alcool, mais aussi des jeux de hasard.

Même si c’est rarement gratuit ou explicite, ce n’est quand même pas pour les cœurs tendres ou les jeunes enfants. En général, on reste quand même dans les thèmes importants pour les hommes et les femmes de cette époque. Et l’on peut réfléchir à leur sort en traversant les magnifiques territoires ruraux et forestiers de la région de Trosky ou en déambulant dans les rues de la très urbaine cité de Kuttenberg. Les graphismes sont à couper le souffle. Si on appréciera se promener dans la lande verdoyante ou à travers les champs, on sera captivé par la vie urbaine, sa saleté, mais surtout, toute son animation.
Kingdom Come : Deliverance II nous permet une pleine immersion dans cette fin du Moyen Âge en Europe centrale. On sympathise rapidement avec notre personnage de Henri et sa quête, notamment grâce à de passionnants dialogues, mais également par toutes les intrigues et les épreuves à travers lesquelles il doit naviguer. La trame sonore est excellente, des mélodies qui émulent celles de l’époque et qui supportent l’action à l’écran.
Le jugement dernier
Vous l’aurez compris, nous avons avec Kingdom Come : Deliverance II une pièce d’anthologie absolument remarquable. Il faudra environ 50 heures pour passer à travers le contenu principal et environ 150 pour faire tout le contenu secondaire. Sans parler des heures à simplement explorer une région curieuse ou un point d’intérêt. Ce ne seront pas des heures perdues. Chaque développement dans les quêtes principales et secondaires portera à la réflexion, parfois à la surprise, mais surtout à un désir de progresser davantage.

Comme quoi il n’est pas nécessaire de lancer aux yeux des joueurs toujours plus d’effets spéciaux invraisemblables ou de mécaniques de jeu inusitées et byzantines. On a ici une vraie bonne histoire bien écrite avec un robuste système de combat et de compétences. Le tout, dans un environnement graphique sublime qui a l’avantage de tenter de reproduire fidèlement une époque précise dans un endroit où l’on se plaît à découvrir la culture. Et cela finira des milles devant les dernières inventions au goût du jour. Des milles.
Et à la fin, la seule chose dont vous ne souhaiterez pas être délivré sera Kingdom Come : Deliverance II.
J’aime
- La reprise et la conclusion de l’histoire du premier opus
- Le souci du détail pour les éléments historiques et géographiques
- La grande variété et le réalisme des équipements et armes disponibles
- Les graphismes époustouflants, tant en ville qu’à la campagne
- Les nombreuses options pour atteindre les objectifs
- La musique parfaitement adaptée à l’époque et à l’action à l’écran
- La progression soutenue, mais pas trop lente des compétences du personnage
J’aime moins
- Certains aspects de l’histoire et des quêtes secondaires qui offrent moins de liberté
- Certaines épreuves qui doivent absolument se résoudre d’une certaine manière
- Le système de combo qui est moins évident avec le clavier et la souris
La copie de Kingdom Come : Deliverance II a été achetée par le rédacteur.
Kingdom Come : Deliverance II
Scénario
Graphisme
Bande sonore
Jouabilité
Durée de vie
Audentes Fortuna iuvat !
Kingdom Come : Deliverance II est non seulement un digne successeur du premier opus, lui-même un franc succès, mais il le dépasse. Avec une jouabilité plus moderne, plus facile à naviguer et un départ moins ardu que son prédécesseur, Kingdom Come : Deliverance II nous replonge dans l’histoire du royaume de Bohême à travers la perspective d’Henri de Skalitz. Les quêtes secondaires sont mémorables et la quête principale remplie d’intrigue, tout dans un environnement qui tente de répliquer fidèlement l’Europe centrale du début du 15e siècle. Il y a toujours quelque chose à faire, quelqu’un à rencontrer ou une activité à pratiquer. Sincèrement, un excellent ajout au monde des jeux vidéo. Bravo.