Seriez-vous prêt à mourir pour votre art ? ou disons pour votre travail de rêve ; pour vous faire un nom dans l’histoire ; pour que tous se souviennent de vous ? C’est ce qui arrivera à David Smith personnage principal de The Sculptor (ou le Sculpteur en français), roman graphique (bande dessinée si vous insistez) de Scott McCloud.
Scénario
David est au fond du baril ; plus d’emploi, un appartement trop cher, et son talent pour la sculpture est gaspillé par le manque d’argent. Il refuse l’aide de ses comparses et n’accepte pas la charité (une de ses nombreuses promesses qu’il s’est juré de ne jamais briser). C’est alors que son oncle Harry (mort depuis des années) lui propose un choix : continuer sa vie comme elle est ou pouvoir faire tout ce qu’il veut de ses mains au prix de sa vie. David choisit la 2e option et a donc 200 jours pour se faire un nom dans le monde de l’art avant de mourir. Il n’avait toutefois pas prévu les rencontres qui allaient changer sa vie…
Malgré une trame narrative qui a été vue maintes fois (échanger talent, fortune ou autre contre la vie est courant jusque dans les contes de fées) le côté noir et original amène un vent de fraicheur à la narration. Il est difficile de ne pas se sentir interpelé par la situation de David, en particulier si le lecteur est un artiste lui-même. Ce petit sentiment d’avoir atteint un âge (25-40-60 ans peu importe) et de n’avoir rien accompli de significatif ronge David. Rare est le lecteur qui n’a pas vécu un moment avec de telles pensées. Cela devient d’autant plus vrai quand il se demande si les gens se souviendront de lui. Il explique qu’il ne veut pas disparaitre sans qu’on sache qui il est, sans qu’il ait changé le monde de l’art. Aussi, il n’y a pas que David qui est un bon personnage. Tous les personnages sont humains et attachants. Un personnage bipolaire qui montre des crises ; un autre qui utilise les gens pour avancer dans sa carrière ; un autre qui malgré sa faillite paye ses dus. Même le propriétaire d’appartement russe qui harcèle David a quelque chose de, oui caricatural et comique, mais aussi cruel et terre à terre.
Le scénario est toutefois très lourd, des larmes peuvent facilement couler. Je déconseille si on passe une mauvaise journée, l’histoire est dure sur le moral et triste à plusieurs reprises. Elle devient encore plus intense lorsque les lecteurs lisent les remerciements à la fin du livre. L’auteur explique d’où lui vient l’idée de son scénario et, sachant ce qui arrive dans le roman graphique, j’ai bien failli pleurer.
Les dessins
Les dessins sont géniaux, ce n’est peut-être pas votre style préféré (ce n’était pas le mien), mais le souci des détails est renversant. Les scènes de foule ou de paysages urbains sont dessinées avec zèle frisant la folie. Tous ses petits détails partout devaient représenter un travail de moine pour Scott McCloud. Un lecteur ayant déjà dessiné auparavant peut voir facilement la charge de travail que cela implique. Outre les scènes détaillées, il faut noter la réflexion faite derrière les œuvres d’art de David. Les sculptures sont pensées avec soin et bien expliquées. Rien n’est laissé (ou ne semble être laissé) au hasard. J’irais honnêtement assister à une exposition de la sorte, si elle apparaissait dans un musée près de chez nous.
Conclusion
Si vous n’aimez pas les bandes dessinées de Superhéros, mais que la BD vous intéresse ou si vous voulez avoir de la profondeur dans vos romans graphiques, lisez celle-ci. On est loin des grandes aventures épiques ou de sauver le monde (malgré les super pouvoirs de David), mais le drame est très bien ficelé. Les montagnes russes d’émotions seront au rendez-vous pendant que vous vous perdrez dans les détails et le soin mis par le dessinateur. C’est un incontournable.
Appréciation
Scénario
Dessins
Personnages
Must
Les montagnes russes d’émotions seront au rendez-vous pendant que vous vous perdrez dans les détails et le soin mis par le dessinateur.