Pendant des années, j’ai entendu parler de Targui (dans sa version anglaise, Targi). Quand j’ai reçu une copie de la deuxième édition en français, éditée par IELLO, j’étais très curieuse d’enfin découvrir quel était ce présumé bijou. Brille-t-il autant que sa réputation ? C’est ce qu’on va découvrir ensemble lors de ce test.
- Auteur : Andreas Steiger
- Illustrateurs : Taira Akitsu, Franz Vohwinkel
- Éditeur : IELLO (français), KOSMOS (anglais)
- Nombre de joueurs : 2
- Durée : 60 minutes
- Année : 2012 (allemand), 2013 (français et anglais première édition), 2018 (français et anglais deuxième édition)
- Prix : 30$
- Page officielle du jeu
- Page BoardGameGeek
Thématique
Dans Targui, nous incarnons les chefs de deux tribus touarègues qui utilisent des marchandises pour enrichir leurs tribus. La thématique de désert est bien présente dans le jeu et j’apprécie les ressources qui ont été choisies : dattes, sel et poivre. Ça fait changement de la pierre, du blé, de l’argile. Enfin un peu de variété !
Comment jouer ?
D’abord, l’installation est facile et rapide. Le plateau de jeu est constitué de seize cartes Périphérie posées en rectangle, formant les bordures d’une grille de cinq par cinq. À l’intérieur de ce rectangle, neuf cartes Tribu et Marchandises qui vont varier au cours de la partie. Tour à tour, chacun des joueurs posera l’un de ses trois pions Targui sur une carte Périphérie, à l’exception de celle où se trouve le Pillard, jusqu’à ce qu’ils soient tous posés. On ne peut pas poser notre Targui en face d’un Targui adverse, mais on peut le poser en face du Pillard.
Ensuite, on posera les deux marqueurs de notre couleur à l’intersection des lignes imaginaires tracées devant nos pions Targui (voir l’image ci-dessous).
Puis, on effectue les actions sur chacune des cartes, en commençant par le premier joueur. Les cartes Tribu peuvent être soit prises en main soient posées devant soi si on peut en payer le coût en or et/ou marchandises. Celles-ci, dattes, sel et poivre, peuvent être acquises grâce à des cartes Marchandise ou Périphérie et également via certains pouvoirs de cartes Tribu.
Les cartes Tribu doivent être posées en trois rangées de quatre cartes devant soi, toujours de gauche à droite, sans laisser d’espace libre entre elles. Pour chaque rangée complète de quatre cartes de même type, on fera quatre points de victoire supplémentaires en fin de partie. Si les types sont différents, ce sera plutôt deux points de victoire supplémentaires.
À chaque tour, le Pillard avance à la prochaine carte Périphérie. Aux quatre coins du plateau formé par les cartes se trouve une attaque qui fera payer un coût aux joueurs. La fin de la partie se déclenche lorsque le Pillard atteint la quatrième attaque, ou lorsqu’un joueur a posé douze cartes Tribu devant lui.
Durée et difficulté
Targui a l’apparence d’un petit jeu pas trop long étant donné la taille de la boîte ainsi que la durée indiquée sur celle-ci (60 minutes). Cela n’a pas été mon expérience. À noter que je ne nous considère pas, mon partenaire et moi, comme des joueurs rapides, on aime prendre le temps de bien réfléchir à notre stratégie et nous n’étions pas pressés par le temps, mais nous avons joué sans trop d’interruptions ni de discussions. Malgré cela, nos deux parties ont duré plus de deux heures.
- Première partie : fin de la partie déclenchée par le Pillard qui a atteint la quatrième attaque.
- Deuxième partie : fin de la partie déclenchée en posant douze tuiles.
Malgré la durée des parties plus longue que prévu, nous n’avons pas trouvé le temps long. Nous avons trouvé le jeu beaucoup plus facile et fluide à la deuxième partie. Même si le jeu n’est pas complexe à comprendre et à jouer, il demande une réflexion profonde pour comprendre la mécanique et le résultat de nos placements (les marqueurs posés à l’intersection des rangées de nos Targuis).
Matériel et règles
J’aime les jeux au matériel varié mais simple et c’est ce qu’on retrouve dans Targui. Des cartes, des jetons faisant office de marchandise, d’or et de points de victoire, ainsi que des pions constituent le matériel du jeu. Les cartes Périphérie peuvent être posées du côté avec le texte ou du côté avec les icônes seulement. Pour la première partie, le texte est conseillé, mais à partir de la deuxième, c’est agréable d’utiliser le côté sans texte.
Les règles de Targui ne sont pas les plus claires que j’ai pu lire, mais il faut préciser que IELLO a repris la traduction de Filosofia effectuée en 2013, puisqu’il s’agit d’une réédition. Toutefois, j’ai remarqué une erreur dans un exemple en page 3 du livret de règles. En effet, il manque une phrase par rapport à la version en anglais et l’exemple devient donc incompréhensible. Cela aurait pu être corrigé lors de la réédition, ou du moins ultérieurement dans la version en ligne des règles.
Nous avons dû nous référer quelques fois aux forums de BoardGameGeek pour quelques interrogations, étant donné tous les cas de figure qui existent lors d’une partie de Targui. Heureusement, une foire aux questions (en anglais) a été conçue par l’auteur du jeu.
Le visuel des cartes et du livret de règles fait plus vieillot que celui la boîte, c’est normal car il n’a pas été modifié depuis la première édition en français de Filosofia. Cela n’affecte en rien le jeu, c’est simplement qu’on aurait pu s’attendre à des illustrations un peu plus modernes.
Mécaniques
Targui combine les mécaniques suivantes :
- Bonus de fin de partie (Wingspan, Azul, Les Aventuriers du Rail)
- Plateau modulaire (Gloomhaven, Spirit Island, Mechs vs. Minions)
- Collection d’ensemble (Pandemic, 7 Wonders/7 Wonders Duel, Trajan)
- Ordre de tour : progressif (Terraforming Mars, Stone Age, Les Petites Bourgades)
- Placement d’ouvriers (À la Gloire d’Odin, la trilogie des Royaumes de l’Ouest, Stone Age)
Le populaire jeu Five Tribes a trois mécaniques en commun avec Targui : bonus de fin de partie, plateau modulaire et collection d’ensemble.
Toutes ces mécaniques offrent beaucoup de rejouabilité à Targui et autant de profondeur et de potentiel pour ce jeu que l’on pense au départ plus léger étant donné le petit format de sa boîte.
Plaisir
Pour avoir du plaisir en jouant à Targui, dans mon cas, cela a pris une deuxième partie. La courbe d’apprentissage n’est pas si ardue, mais j’ai pris la moitié d’une partie avant d’être vraiment fluide dans mes choix de placements. À la deuxième partie, j’ai donc eu plus de plaisir et de satisfaction par rapport à mes actions et ma stratégie. Toutefois, je trouve que le temps investi pour l’apprentissage en vaut la peine, de la même façon qu’avec Five Tribes.
Dans Targui, je dirais que la confrontation avec l’adversaire est moyenne, car même si on peut lui couper l’herbe sous le pied, on a quand même nos propres choses à faire. En effet, on ne peut donc pas faire nos choix simplement pour bloquer l’adversaire.
Mon appréciation générale
Targui est un jeu qui gagne à être connu. N’ayant pas le visuel le plus attirant comparé à des jeux plus flamboyants, il pourrait passer sous le radar si ce n’était pas de sa cote d’amour sur BoardGameGeek (actuellement le 122e jeu le mieux coté sur des dizaines de milliers). Derrière cette apparence trompeuse se cache un jeu malin, qui n’a rien d’un petit jeu malgré sa petite boîte. J’ai bien hâte de découvrir l’extension de Targui lorsqu’elle sera éditée en français.
J’aime
- L’installation rapide
- Les choix d’actions sur les cartes
- La profondeur du jeu malgré son petit format
- Les noms des ressources
J’aime moins
- La durée beaucoup plus longue que prévu pour les premières parties
La copie de Targui a été fournie par IELLO France.
Targui
Graphisme
Matériel
Thématique
Mécanique
Plaisir
Un petit bijou
Targui est un jeu qui gagne à être connu. Il faut y jouer au moins une fois pour bien comprendre ses mécaniques et pouvoir en tirer plus de plaisir à la deuxième partie. Une fois que c'est fait, il brille et devient un incontournable dans notre collection.