L’intelligence artificielle est un sujet qui m’intéresse de plus en plus. Ce qu’on peut faire maintenant, et ce qu’on pourra faire plus tard sont des sujets intéressants. Le côté éthique, les avancées dans le domaine pour simplifier notre vie, mais aussi le possible danger que cela pourrait représenter. Cette fois, c’est la très controversée Huawei qui est au coeur de cette avancée sur l’intelligence artificielle.
La musique m’enchante
Je suis un grand amateur de musique. Tous les genres et les styles ou presque. Chaque parole, chaque son, peuvent rappeler une émotion, un événement ou nous faire voyager. J’en écoute à la maison, en déplacement vers le travail ou en randonnée pédestre. Comme Platon disait : « La musique donne une âme à nos coeurs et des ailes à nos pensées ».
Alors quand j’ai vu que Huawei avait utilisé l’intelligence artificielle pour aider cette forme d’art, je me suis intéressé au sujet. Huawei s’est servi de son nouveau téléphone intelligent Mate 20 Pro (notre critique) pour tester l’intelligence artificielle. En fait, Huawei n’en est pas à son premier essai avec l’IA. Dans le passé, elle a réussi à transformer le chant des baleines en une chanson romantique. Elle a aussi fait une poussée dans le domaine de la surdité en permettant à des enfants sourds de suivre les histoires que les parents leurs lisaient avec une application où un personnage traduit en langage des signes ce qui est lu.
Pour terminer l’opus de Schubert
Voici donc que cette fois, c’est rien de moins que la Symphonie nº 8 inachevée de Schubert que la compagnie a voulu utiliser pour tester l’intelligence artificielle. Vous ne savez pas qui est Schubert ? Si vous avez joué au jeu Hitman : Blood Money, vous avez entendu du Schubert, car c’est l’une de ses compositions qui est la musique d’introduction du jeu. Pour en revenir à la Symphonie nº 8 : Schubert n’a jamais terminé cette symphonie. Il a écrit le premier et deuxième mouvement, mais sans le troisième et quatrième mouvement, la symphonie restait inachevée. Le défi, à l’aide d’un chef d’orchestre réputé et de la technologie de l’intelligence artificielle, était de compléter cette symphonie.
Huawei a donc commencé par faire entendre en boucle la symphonie à l’intelligence artificielle du Mate 20 Pro pour voir si elle pouvait réussir à reconnaître l’air, la musique, et les enchaînements qui la composent. Avec l’aide du récipiendaire de prix Emmy, le compositeur Lucas Cantor. Huawei a dû générer 20 différents modèles de sa puce d’intelligence artificielle spécifiquement pour ce projet.
Pendant six mois, l’intelligence artificielle du Mate 20 Pro a été éduquée d’abord à la huitième symphonie, puis à près de 90 autres morceaux de Schubert. Le but étant de lui faire comprendre comment Schubert travaillait. Chaque compositeur a son écriture, alors il devait l’enseigner au Mate 20 Pro. Après 6 mois, je ne suis pas sûr que moi j’aurais pu reproduire la musique de Schubert. J’aurais probablement été capable de reconnaître certaines de ces pièces, mais pas de les jouer. Par la suite, ils lui ont fait écouter des compositeurs qui avaient influencé Schubert au cours de sa vie.
L’humain s’allie à la machine
Plus la mélodie prenait forme, plus le compositeur s’impliquait pour donner du mouvement, de la vie à ces nouvelles partitions. Essayer de lui donner une âme pour qu’elle complète le premier et le deuxième mouvement. Il corrigeait l’intelligence artificielle sur les erreurs de mouvements, de sons. Après 30 jours de travail, le troisième et quatrième mouvements étaient écrits. Après 200 ans d’histoire, l’oeuvre inachevée de Schubert était maintenant complétée. Peut-être s’est-il réveillé ou retourné dans sa tombe à ce moment-là. C’est quand même incroyable de voir ce que peut réaliser l’intelligence artificielle et l’humain quand ils travaillent ensemble. L’IA n’aurait pas pu terminer seule cette symphonie, et le compositeur non plus. Mais l’un avec l’autre, ils ont accompli ce qui semble être quelque chose de magique.
La symphonie complétée a été jouée le 4 février dernier au Cadogan Hall de Londres. Ce fut un moment magique pour les spectateurs, les musiciens, le chef d’orchestre et pour Huawei. Enfin, les gens ont pu entendre l’ensemble de la huitième symphonie. Car une symphonie inachevée, c’est un peu comme un livre où il manque des pages, ou bien un film auquel il manque les trente dernières minutes. Un bel accomplissement par Huawei, qui admettons-le, se fait pointer du doigt ces derniers temps pour diverses raisons.
Une nouvelle oeuvre nécessaire ?
Comme nous ne vivons pas dans un monde de licornes, tout ne peut pas être parfait. Ainsi, à mon avis, certaines questions resteront sans réponses. Oui, l’intelligence artificielle a su capter l’essence des compositions de Schubert, mais cela reste de l’intelligence artificielle. Est-ce que Schubert aurait vraiment terminé cette symphonie comme elle est maintenant ? Est-ce qu’il voulait la compléter ? Plusieurs raisons ont été données sur le pourquoi elle était peut-être restée inachevée. Et est-ce que la terminer en finissant d’’y ajouter les deux derniers mouvements la rend meilleure ? Demain, le mois prochain, l’an prochain, les grands orchestres vont continuer à jouer la Symphonie nº 8 inachevée, c’est certain. Le nouvel opus tel qu’il est maintenant ne deviendra pas une référence du jour au lendemain, peut-être même jamais. N’oublions pas qu’aujourd’hui, l’intelligence humaine reste la base de la création artistique.
Nous aurons l’occasion de rediscuter d’intelligence artificielle dans d’autres articles. D’ici là, explorez la musique, ouvrez vos horizons. De mon côté, je retourne à mon casque d’écoute pour les prochaines trente minutes. À bientôt !