Du 24 au 26 mai dernier avait lieu la 8e édition du Festival BD de Montréal (FBDM) au Parc La Fontaine (voir l’article de présentation). Le thème cette année est « Cap sur l’international ». En effet, des artistes d’Europe et du reste de l’Amérique ce sont joints à nos bédéistes canadiens pour cette édition : Anne Simon, Fabien Toulmé et Yoann de la France ; Birgit Weyne de l’Allemagne ; Maryse et Jean-François Charles de la Belgique ; finalement, Charles Forsman des États-Unis. Ce dernier est l’auteur de « The End of the F***ing World », qui est maintenant une série diffusée sur Netflix.
Le FBDM est une activité gratuite et écoresponsable. Les bédéistes couvrent une panoplies de sujets, des plus loufoques aux plus sérieux. Cette année, 25 % des artistes étaient anglophones, selon Chantale Baar, responsable des communications du FBDM. La plupart des visiteurs se déplacent au Parc La Fontaine pour participer activement au Festival, mais l’achalandage naturel de l’endroit amène des nouveaux intéressés chaque année.
Mon expérience au Festival
Je suis arrivée avant le début des activités, le temps était gris et même quelques gouttes tombaient. Par contre, dès le moment où l’heure du début des activités approchait, le soleil s’est pointé. Le parc était prêt à recevoir les visiteurs et les artistes ! La journée allait être remplie d’activités, d’ateliers et de conférences. J’ai dû faire quelques choix, voici ce qui en est ressorti.
Brunch Manga
Pour commencer la journée, le FBDM offrait à tous deux activités sous le même thème : brunch manga. Tandis que les plus jeunes faisait de l’origami, Amé, du Otaku Manga Lounge, nous présentait une histoire du manga Seinen (pour adultes). En tant que néophyte, j’ai appris énormément sur les personnes qui ont développé et influencé le genre. J’ai même pris plusieurs titres en note pour ma liste de lecture. L’entreprise avait un kiosque sous les chapiteaux, et il a été très populaire tout au long de la journée.
Drawing Battle
Ensuite, deux bédéistes se sont affrontés dans un défi de création. En dix minutes, Laurence Dea Dionne et Christopher Grady devaient dessiner un personnage et son environnement contenant des éléments choisis par le public. Dans ce cas, les trois thématiques étaient savon, moustique et dinosaure. Deux artistes de milieux différents, avec des contextes et des styles aussi différents, c’était très intéressant à regarder ! Grady a gagné cette bataille. Ensuite, les visiteurs ont pu aller discuter avec les artistes. De mon côté, j’en ai profité pour aller voir la fin de la conférence de Fabien Toulmé, qui a écrit une série sur la vie d’un réfugié syrien, L’odyssée d’Hakim.
Conférence sous la thématique de la censure
Après un bon wrap végé vendu par le restaurant du parc, je me suis présentée à la conférence « Social Context and Creative Expression« . Cette conférence avait comme question principale : Où est la limite entre sensibilité et censure ? Ian McGillis, romancier et journaliste de la Gazette de Montréal, animait la conversation. Les invités à cette conversation étaient Charles Forsman, Tracy Hurren et Birgit Weyhe. Tracy Hurren est éditeur pour Drawn & Quarterly, tandis que Birgit Weyhe est une auteure d’oeuvres historiques. Elle a entre autres écrit sur la vie des Mozambicains dans la république démocratique allemande en 1979.
Ce qui a surtout été sorti de cette conférence est que la notion de censure peut sembler différente d’une personne à l’autre. Par contre, certaines limites sont unanimes. Tracy Hurren a affirmé quelque chose que j’ai beaucoup aimé : si elle ne croit pas en l’oeuvre, elle ne veut pas la publier. Drawn et Quarterly publient seulement 25 à 30 oeuvres par année, il est donc important pour eux que ça rejoignent leurs valeurs. Elle croit par contre que, effectivement, refuser une publication peut sembler être une forme de censure.
De leur côté, Charles Forsman et Birgit Weyhe constatent qu’ils se posent parfois des questions sur ce que les gens peuvent penser de leurs créations, surtout avec les sujets sensibles. Sans toutefois censurer, il est important de rapporter les événements avec bon goût.
Les chapiteaux du FBDM
Avant de me rendre au dernier atelier auquel j’avais envie de participer, je suis allée faire le tour des kiosques sous les chapiteaux. Il y en avait des gens ! Deux chapiteaux : un qui contenait surtout les grandes maisons d’éditions, et l’autre, surtout les artistes indépendants. Il y avait aussi des séances de dédicaces avec certains artistes tout au long de la journée. J’en ai d’ailleurs profité pour m’offrir la bande dessinée de Charles Forsman, qu’il a gentiment dédicacée. Il y avait beaucoup d’oeuvres pour enfants, autant en anglais qu’en français.
En plus des maisons d’édition, j’ai pu croiser des gens de quelques associations qui font également des BD. Par exemple, j’ai discuté avec le groupe Les Impatients, un organisme qui vient en aide aux gens qui vivent avec des troubles en santé mentale avec des ateliers de création. Dans l’autre chapiteau, j’ai découvert plein de potentiel ! En voici deux qui m’ont principalement marquée.
D’abord, Will et Raph, un couple de geeks qui parlent de leur vie au quotidien. J’ai lu leur premier volume en quelques heures. Il est vraiment facile de s’y reconnaître, peu importe avec qui on est en couple. J’ai adoré leur humour et leur design, parfois en noir et blanc, parfois en couleur. J’ai hâte de lire le second, qui est déjà en vente.
Ensuite, j’ai rencontré Jay D’Ici et Matt Gagnon, qui ont créé une bande dessinée cyberpunk avec le style des années 30, Conceptual Heist. Il travaillent sur la publication du tome 1 contenant les volumes 1 à 5 de la série de BD, maintenant que la campagne de sociofinancement a été finalisée. J’avais déjà acheté le premier volume durant une convention et j’avais adoré. Les graphiques sont très intéressants et l’histoire me rappelle un peu une série de dessins animés que j’écoutais dans ma jeunesse, Cat’s Eyes.
Atelier Chibis
La dernière activité à laquelle j’ai participé était un atelier pour la création de chibi, la version bébé ou démesurée d’un personnage. Ils sont tellement mignons, et mon talent en dessin est limité à des lignes avec une règle, je me disais que je pourrais apprendre. Petite déception : c’était un atelier pour les jeunes. Je me suis donc contenté d’assister et de prendre des notes mentales. Les deux personnes qui ont donné l’atelier, de la maison d’édition Ikko, étaient très gentilles, excellentes avec les jeunes. Certains d’entre eux en étaient à leur premier dessin mais je me rappelle une jeune demoiselle avec un cartable rempli de dessins du genre. Les animatrices de l’atelier ont rendu l’apprentissage très facile, étapes par étapes, tout en douceur. Je ne suis pas restée jusqu’à la fin mais j’aurais bien aimé voir les résultats !
En finale…
La 8e édition du FBDM semble avoir été un grand succès, et j’ai adoré mon expérience. Il y avait des artistes pour tous les goûts de lecture, tous les genres graphiques et bien sûr tous les sujets possibles. En plus d’être une activité gratuite et pour toute la famille, on peut profiter de la beauté du Parc La Fontaine. À coup sûr, je surveille les détails pour l’année prochaine.