L’époque où les adaptations de jeux vidéo constituaient automatiquement des navets (Uwe Boll… à jamais responsable) semblait révolue, grâce à l’arrivée de ces adaptations sur le petit écran et les distributeurs de contenus en ligne. D’excellentes séries tirées de jeux vidéo comme Arcane et Castlevania nous ont récemment enchantés, permettant aux admirateurs de se réconcilier avec le genre. Ces séries sont à découvrir. Voici notre critique de Resident Evil, tirée de la série vidéoludique culte de Capcom, qui est, pour sa part… à oublier.
- Créateur : Andrew Dabb, basé sur la série de jeux vidéo Resident Evil, de Capcom
- Distribution : Lance Reddick, Ella Balinska, Adeline Rudolph, Tamara Smart, Siena Agudong et Paola Núñez
- Service de diffusion : Netflix
- Date de sortie : 14 juillet 2022
- Nombre d’épisodes : 8
- Site officiel
Critique d’une série de zombies générique sans profondeur
En 2022, Albert Wesker arrive à Nouvelle Raccoon City avec ses deux filles, Billie et Jade. La compagnie Umbrella Corporation est à l’aube du lancement d’un nouveau produit révolutionnaire dont il a coordonné le développement, un antidépresseur pour enfant et adulte appelé « Joie ». Rapidement, les deux jeunes filles réalisent que la ville qui les entoure et la compagnie cachent de nombreux secrets. Dans le futur, en 2036, Jade, maintenant adulte, doit survivre dans un monde déchu envahi par les Zéros, des créatures zombiesques, et autres monstres. Poursuivie par Umbrella Corporation, elle devra faire confiance à de nouveaux alliés.
Une histoire banale « dans l’univers de »
Soyons clairs en débutant cette critique de la série Resident Evil, produite par Netflix : elle échoue non seulement en tant qu’adaptation d’une collection de jeux vidéo cultes, mais aussi en tant que simple aventure de zombies.
Cela est étonnant, car nous sommes face d’une histoire campée dans un univers riche en lore. Les scénaristes avaient donc devant eux une foule de concepts, lignes narratives et personnages intéressants à aller dévaliser. Pourquoi ont-ils donc décidé de déplacer l’histoire plusieurs années après le bombardement de Raccoon City, avec de nouvelles lignes narratives bien moins intéressantes ? Mystère.
Tant qu’à inventer une nouvelle aventure en abandonnant la richesse du lore déjà établie, on aurait pu au moins s’attendre à un divertissement solide. Surtout que la ligne du temps se déroulant en 2036 et suivant Jade suite à l’apocalypse avaient toutes les cartes en main pour présenter une histoire bien brutale et horrifique.
Encore une fois, les créateurs de la série échouent en décidant de prendre le chemin d’un classicisme mal venu. En agissant comme si le genre des #films_de_zombies n’avait jamais été traité au petit écran, ils n’offrent aucune nouveauté à se mettre sous la dent aux téléphiles. Ces derniers, après douze ans à suivre The Walking Dead, ou après avoir découvert d’autres relectures très intéressantes comme The Kingdom, aussi sur Netflix, ne peuvent que s’ennuyer ferme.
Une série à la recherche de son identité
L’une des plus grandes critiques concernant la série est qu’elle manque d’identité. Sommes-nous en face d’une série post-apocalyptique d’action ? D’une histoire de zombie ? D’un drame jeune-adulte ou d’une chronique familiale (je vous jure !) ? Une chose est certaine, l’horreur est laissée loin, loin derrière. La série ne semble jamais savoir sur quel pied danser, entre son désir de combler les admirateurs de la série des jeux et d’engranger des visionnements chez les néophytes.
L’histoire se déroulant en 2022 était pourtant bien partie : dans le premier épisode, Nouvelle Raccoon City se dévoile sur un jour étrange et déstabilisant. Cette ville plus blanche que blanche, pourtant située en Afrique du Sud, avec ses éternels ciels bleus, ses voisins au regard vide et ses 5 boutiques de cupcakes (dont deux véganes, excusez-moi, pardon) semblait prête à avaler Billie et Jade. Au lieu de tabler sur l’ambiance et le malaise, l’histoire se concentre sur le mondain et la vie des deux jeunes filles, se transformant en drame adolescent bien moins intéressant.
Des scènes d’actions parfois excellentes soutenues par des effets spéciaux décevants
Du côté de l’action, les scènes qui décoiffent sont inégales. Certaines sont incompréhensibles et on ne comprend rien à ce que l’on voit. D’autres sont franchement excellentes. Lorsque les personnages se retrouvent coincés dans les égouts avec une bande de Lickers ou tentent de s’échapper d’une prison où on ne voudrait vraiment pas se retrouver, on a droit a de bons moments de tensions.
Il est décevant de ne pas voir plus les monstres iconiques de la série. Oui, il y a beaucoup de zombies, ici appelés des Zéros, mais les autres « grands méchants » du Lore, qu’on avait tant de plaisir à dégommer dans les jeux, n’apparaissent que pour de petits caméos très appréciés. Dommage, car leur conception était bien faite et fidèle aux jeux.
De leur côté, les effets spéciaux sont à oublier, crime majeur dans ce genre de production. Le manque de budget se fait sentir dès le premier épisode, ou une larve géante mal animée et s’intégrant piteusement à l’environnement tente de croquer Jade dans son campement. D’ailleurs, les décors accusent aussi le manque de budget : souvent, on voit les limites auxquelles les caméras s’astreignent pour ne pas montrer l’étroitesse des lieux.
Des performances excellentes… sauf pour les méchants
Une critique ne serait pas complète sans un retour sur les performances des acteurs de Resident Evil. J’avoue que la série possède, en général, une distribution excellente. Lance Reddick est très bon en Wesker et fait honneur aux jeux. Les revirements et les mystères entourant son personnage (souvenons-nous que dans le canon, il est déjà mort) font partie des meilleurs éléments de la série. J’ai beaucoup aimé cette ligne narrative.
Les deux jeunes protagonistes sont aussi excellentes. Tamara Smart, en jeune Jade, et Siena Agudong, dans le rôle de sa soeur Billie, constituent le coeur du récit : leur relation fraternelle fonctionne grâce au talent des deux jeunes actrices. Ella Balinska, qui interprète une Jade devenue adulte, offre aussi une performance solide. Les personnages sont bien développés, bien joués : le tout est compétent !
Malheureusement, les méchants de la série n’ont pas bénéficié du même traitement. Le personnage de Baxter est absolument insupportable. Insupportable ! Quant à la grande patronne d’Umbrella, Evelyn Marcus, elle ressemble tellement à d’autres personnages du même genre qu’on peut deviner chacune de ses actions longtemps à l’avance.
Observations variées :
- Les admirateurs ne semblent pas plus apprécier la série que les critiques… 22 % seulement sur Rottentomatoes pour le score d’audience de la série, c’est vraiment bas…
- Quitte à enfoncer le clou, parlons de la trame sonore… Billie Eilish ? Sérieusement ? La musique est souvent dérangeante. Quelqu’un a oublié que pour créer une ambiance, il suffit parfois de trois notes.
- Lance Reddick est un acteur connu dans le monde de la fiction post-apocalyptique et des jeux vidéo. Il prête sa voix au personnage de Sylens dans les jeux Horizon. Il a aussi interprété Le Capitaine dans la série animée de Netflix Castlevania. Sans oublier son apport vocal aux jeux Destiny ! Bref, les admirateurs reconnaitront son ton de baryton à des kilomètres à la ronde !
Resident Evil - Netflix
Scénario
Réalisation
Distribution
Effets spéciaux
Intérêt
Passez votre tour
Une adaptation correct mais sans originalité de la série culte de Capcom. Il y a bien d'autres choses à découvrir sur Netflix !