Vikings Gone Wild : les vikings sont là !

Lucky Duck Games est une jeune compagnie qui tire son origine dans la volonté de transposer des jeux vidéo en jeux de société. En 2016, elle a lancé une campagne Kickstarter qui s’est avérée être très populaire : Vikings Gone Wild. Basé sur une application Android du même nom, le jeu reprend les concepts centraux de construction de forteresse et de combat entre factions sous forme d’un deckbuilder classique.

Lorsqu’elle a débuté, la campagne offrait plusieurs niveaux d’investissement. La plupart incluaient, comme beaucoup d’autres projets de sociofinancement, du contenu supplémentaire exclusif. Aujourd’hui, les versions qu’on retrouve en magasin sont dépourvues de ce contenu additionnel et ne contiennent que le jeu de base. Mais qu’on se le dise tout de suite (quitte à me divulgâcher un peu) : aucune de ces exclusivités n’est nécessaire à l’appréciation du jeu. Il est excellent tel qu’il est.

  • Nombre de joueurs : 2-4
  • Durée : 45-90 min
  • Auteur : Julien Vergonjeanne
  • Éditeur : Lucky Duck Games
  • Année : 2017

Alors, prenez vos jetons en forme de bière et votre Mjollnir miniature, nous nous intéressons aujourd’hui à Vikings Gone Wild.

Production et imagerie

D’abord, disons-le tout de suite : la production est phénoménale. Derrière une boîte sympathique se trouve tout un ensemble de pièces de très haute qualité. Le plateau de jeu est sans doute le plus impressionnant. Certes, il n’est techniquement pas nécessaire, mais il offre une cohésion parfaite. Il place le jeu dans une dimension fixe, il donne une permanence et solidifie le tout en un bel ensemble complet et cohérent. Beaucoup de deckbuilders devraient s’en inspirer. Même s’il a une empreinte plus importante que nécessaire (il ne s’agit que d’un jeu de cartes, après tout), je trouve que le plateau est tout à fait indispensable. D’autant plus que le diviseur est conçu pour pouvoir accueillir les premières extensions du jeu. Rien n’apparaît superflu. Tout est solide et bien conçu.

Boite Vikings Gone Wild

L’imagerie est elle aussi très attirante. On rigole bien lorsqu’on voit les petits jetons en forme de baril de bière, mais le tout offre une cohérence visuelle et un look splendide. L’iconographie est claire, les cartes sont bien structurées, le texte est court et bien écrit. Je n’ai que très rarement eu à me référer au livret de règles. Tout est assez gros pour être vu. Les couleurs sont vives, mais pas trop nombreuses ou agressantes. Si certains trouvent que la thématique et le look général rappellent un peu trop les Clash of Clans de ce monde, pour moi, la transposition me semble naturelle et même souhaitable.

Un deckbuilder avec de la permanence

Vikings Gone Wild se place dans la catégorie des jeux de deckbuilding classiques, où l’on construit progressivement un paquet de cartes, duquel on pige un certain nombre de cartes qui sont disponibles pour notre tour. Ici, rien de révolutionnaire : le jeu reprend une mécanique maintenant bien rodée, et l’applique à son univers particulier. Là où il frappe fort, c’est dans l’ajout de cartes permanentes qui constituent le village d’un joueur. Cette mécanique se combine parfaitement avec le deckbuilding, qui devient simplement une possibilité stratégique comme une autre. Tout au long de la partie, il est indispensable de construire (au moins un peu) son village, de sorte d’avoir une production et une diversité d’avenues potentielles pour marquer des points.

Vikings Gone Wild contenu

À ceci s’ajoutent deux autres éléments intéressants. D’abord, Vikings Gone Wild oblige un certain niveau de gestion des ressources. Chaque tour, le joueur produit des ressources et en obtient un certain nombre via ses cartes pigées. Elles lui permettent d’acheter d’autres cartes, qui servent à améliorer son village ou son deck. Rien de trop complexe, mais assez diversifié pour offrir un véritable choix stratégique. Autrement dit, à chaque tour, le joueur est confronté à une fragile balance de choix tactiques à court terme et de choix stratégiques à long terme. Ensuite, il s’ajoute à cela des objectifs uniques et des bonis de fin de partie, qui contribuent à donner une certaine direction aux choix tactiques.

Marquer, piller et voler

La dynamique de la partie est profondément marquée par l’atteinte progressives d’objectifs de points sur la piste de score. Ceci permet d’acquérir des cartes très utiles pour la rotation du deck. C’est de cette manière que Vikings Gone Wild se démarque le plus : contrairement à beaucoup de jeux où les premiers tours sont souvent des mises en place des combinaisons à venir, les points se marquent dès le premier tour. En effet, le joueur remarquera rapidement que c’est l’une des seules manières d’obtenir les cartes les plus puissantes du jeu. Autrement dit, on verra rapidement un avantage à marquer de manière sous-optimale pour améliorer sa construction globale.

Un aspect qui pourra peut-être déplaire, mais qui pour moi est exécuté à merveille, est le combat. Même s’ils comportent un peu de « dans ta face », c’est-à-dire qu’ils peuvent résulter en un vol des ressources de l’adversaire, ils sont en général assez inoffensifs et ne sont qu’une manière supplémentaire de marquer des points. En plus, étant donné qu’un joueur ne peut pas être attaqué plus d’une fois par ronde, il n’est pas possible de s’acharner sur un joueur plus faible. D’autant plus qu’il est très possible de retirer des bénéfices à être victime d’une attaque : s’il se défend suffisamment, le joueur marque des points. À deux joueurs néanmoins, l’issu des combats est assez prédictible. À partir de trois joueurs, le combat devient alors un élément central de la partie.

Appréciation générale

Je ne suis pas un grand amateur de deckbuilders. J’ai trouvé Star Realms et Dominion corrects, sans plus. Dans l’ensemble, c’est une mécanique que je trouve ingénieuse, mais qui me semble toujours tomber à plat éventuellement. Dans Vikings Gone Wild, le thème amusant et les mécaniques supplémentaires (gestion des ressources, construction de village, objectifs uniques) font en sorte qu’on y retrouve une véritable immersion et une grande rejouabilité. Plus que de l’optimisation de combos à outrance, le jeu nous amène à nous amuser malgré des coups moins intéressants.

Pour moi, Vikings Gone Wild se trouve dans cette catégorie de jeux qui peuvent servir à élever des joueurs débutants dans le hobby au niveau suivant. Je m’explique. Peu de nouveaux joueurs s’y retrouveront directement, étant donné l’entrecoupement des nombreuses mécaniques. Plusieurs jeux pourraient être plus intéressants pour introduire chacune des mécaniques individuellement. Par contre, Vikings Gone Wild sera ce jeu qui permettra de montrer qu’il existe, dans plusieurs jeux, un niveau plus important de profondeur stratégique. Pour ces joueurs qui n’auront connu que Carcassonne, Les Aventuriers du Rail et Splendor, il permet de jeter un regard nouveau sur le plaisir ludique. Aux stratèges et amateurs de jeux complexes, c’est un bon jeu d’une heure, une heure trente, qui vous divertira certainement pour plusieurs parties.

Page officielle | Page BoardGameGeek

Vikings Gone Wild

Graphisme
Matériel
Thématique
Mécanique
Plaisir

Splendide !

Vikings Gone Wild ne révolutionne pas : pas de mécanique inédite, pas de nouvelle méthode de pointage. Mais il est simplement superbe : une production incroyable, beaucoup de choix tactiques et stratégiques, peu de temps mort. Je recommande !

À propos de Charles Mercier-Paquin

Je suis historien, technophile, voyageur et passionné de jeux de société. Je suis tombé très jeune dans le plaisir des jeux, mais c'est véritablement le fameux Colons de Catane qui m'a ouvert à cet univers ludique. Dix ans plus tard, les jeux de société sont mon obsession. Geekbecois, c'est mon exutoire. Au plaisir de partager avec vous!

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