Dans les dernières années, peu de jeux ont attiré autant d’attention que Terraforming Mars. Publié par FryxGames en 2016, ce jeu est très rapidement devenu l’un des favoris parmi les communautés de joueurs. Deux ans après sa sortie, il est encore dans la « hotness list » de BoardGameGeek, et a même eu droit à quelques extensions. Prelude vient tout juste de s’ajouter à Venus Next, et il est permis de croire que d’autres choses s’en viennent.
- Nombre de joueurs : 1-5
- Durée : 120 minutes
- Auteur : Jacob Fryxelius
- Éditeur : FryxGames
- Année : 2016
Ce qui a fait l’attrait de Terraforming Mars, c’est certainement sa thématique accrocheuse. L’exploration de notre système solaire est maintenant mise en veilleuse : ce qui compte, c’est coloniser une nouvelle planète. Mais la colonisation n’est pas une affaire de charité. Chaque joueur rivalise pour obtenir les meilleurs emplacements, un meilleur accès à l’eau et à la forêt, ainsi qu’aux mines et aux ressources diverses. Or, Mars n’est pas très hospitalière. Il faudra s’implanter, la modifier, la terraformer. Et cela prend du temps. Le gagnant ne pourra être décerné qu’après plusieurs générations (lire : tours de jeu).
Voyons voir maintenant ce que le jeu a à nous offrir.
Variabilité : une force et une faiblesse à la fois
Dans Terraforming Mars, chaque joueur incarne une corporation aux pouvoirs uniques qui tente de coloniser la planète Mars. Pour ce faire, on fonde des villes, on plante des forêts et surtout, on découvre des technologies. À chaque tour de jeu, les joueurs récoltent des ressources (selon leur revenu), qu’ils utilisent ensuite à tour de rôle à partir d’une série d’actions. Le but : améliorer sa position sur la planète rouge. La partie prendra fin lorsque les trois paramètres globaux d’habitabilité seront atteints (niveau d’oxygène, chaleur et présence d’océans). Ces paramètres sont modifiés de différentes manières par les joueurs, essentiellement lorsqu’ils jouent des cartes technologies.
Comme vous le voyez, Terraforming Mars est un jeu aux multiples options. La gestion de main, la construction de territoire via le placement de tuiles et la gestion économique sont trois mécaniques centrales qui s’imbriquent très bien. Elles offrent variété de choix, tout en donnant une certaine direction. Néanmoins, le jeu n’est pas pour n’importe qui. Il est susceptible de provoquer une forte paralysie analytique et ce, de deux manières. D’une part parce qu’il y a mille et une manières de le jouer. D’autre part, et c’est particulièrement le cas avec les nouveaux joueurs, les cartes sont une distraction majeure. Tout le monde veut constituer un combo incroyable, mais par le fait même, chaque coup semble crucial. Beaucoup passent énormément de temps à analyser chacune de leurs cartes, et les tours peuvent devenir longs.
Rejouabilité superbe, interaction moyenne
L’un des aspects les plus intéressants demeure tout de même l’asymétrie du début de la partie. Lorsque les corporations sont en jeu, chaque joueur a un pouvoir personnalisé qui donne une certaine direction à la partie. Je déconseille d’ailleurs de jouer sans : elles n’ajoutent pas vraiment de difficulté, et tous les joueurs apprécieront infiniment plus cette diversité. De toute façon, comme je l’ai précisé plus haut, ce sont les cartes qui offriront le plus de difficulté aux nouveaux joueurs. D’ailleurs, cette personnalisation en début de partie tendra à se complexifier. FryxGames a annoncé cette semaine une nouvelle extension qui sera présentée en juin à la convention Origins. En effet, Prelude permettra aux joueurs de se lancer dans l’aventure avec des cartes qui offriront un peu d’historique aux corporations, permettant du même coup des combos intéressants et encore plus d’asymétrie.
Malgré toutes ces éloges, je dois le dire : pour moi le jeu n’est pas assez « excitant ». La partie n’a pas beaucoup de rebondissements. On accumule des ressources, on achète des cartes, on recommence. Le manque de moments forts est d’autant plus marquant que l’interaction négative directe impliquée par certaines cartes devient à la limite dérangeante. Je n’ai rien contre ce type d’interaction, mais elle m’apparaît ici superflue et mal exécutée. Un peu comme si l’auteur avait cherché à ajouter de l’interaction à tout prix pour éviter d’avoir en apparence un jeu multijoueur-solitaire, où chaque joueur fait ses petits trucs de son côté. Et pourtant, avec la poursuite des conditions de fin et la course aux objectifs de points, les joueurs doivent être suffisamment attentifs à leurs adversaires. À la limite, si l’interaction avait été destinée à tous les adversaires plutôt qu’un seul, cela aurait été fort plus intéressant.
Appréciation générale
Pour l’instant, sachez que le jeu de base est en soit une superbe pièce. Le thème scientifique offre une immersion unique pour un jeu de style « euro », les mécaniques sont (évidemment) solides et justes, et la partie a un « buildup » parfaitement équilibrée. Mais clairement, ce sont les cartes qui gobent toute l’attention. La manière dont vous allez gérer votre main et la décision d’acheter des cartes seront des aspects cruciaux : le choix est déchirant parce qu’on veut garder toutes nos cartes, mais on les sait juste assez chères pour le regretter.
Personnellement, comme dans tous les jeux, mon plaisir vient surtout dans l’essai de stratégies un peu trop élaborées (lire : inefficaces). Pour cela, Terraforming Mars n’en manque pas. Pour les optimisateurs, vous y trouverez un plaisir fou : les combinaisons sont infinies.
Néanmoins, je conclurai là-dessus : Terraforming Mars n’est pas pour tout le monde. Certes, il est plus accessible qu’un Terra Mystica, mais il n’est pas du tout un jeu d’introduction adapté pour les novices. Plus encore, si vous n’aimez pas les interactions négatives directes, vous aurez sans doute quelques sourcillements durant votre partie. Autrement dit, Terraforming Mars est objectivement un excellent jeu, mais il n’a pas su me séduire autant que d’autres.
Page officielle | Page BoardGameGeek
Terraforming Mars
Graphisme
Matériel
Thématique
Mécanique
Plaisir
Intéressant
Terraforming Mars est un jeu superbe. Il ne m'a pas plus autant qu'à d'autres, mais je sais reconnaître sa qualité. Esthétiquement correct, c'est dans les mécaniques qu'il se démarque.