Necrobarista : comment les morts prennent leur café ?

Direction Melbourne, au Café le Terminal, lieu entre deux mondes où âmes et mortels se côtoient, on y suit l’histoire de plusieurs personnages qui discutent des goûts douteux en matière de café, l’éthique de la nécromancie et le processus de lâcher prise. Bienvenue dans Necrobarista.

  • Développeur : ROUTE 59
  • Éditeur : ROUTE 59, Coconut Island Games, Playism
  • Plateformes : Nintendo Switch, PS4, Microsoft Windows, Mac OS
  • Style de jeu : Visual novel
  • Plateforme et langue de test : PC | français
  • Prix : 22,79$ sur Steam

Une histoire de vie ou de mort

Au Terminal, les morts ne sont autorisés à rester que 24h avant de se faire inviter à quitter les lieux, car le café, contrairement à son nom, est un lieu de passage, un temps de transition vers un au-delà où personne ne revient. Les clients qui ne respectent pas la règle perturbent l’équilibre de l’univers, ce qui occasionne des dettes en heures pour le café dont les propriétaires doivent s’acquitter auprès du Conseil de la Mort : véritable cauchemar, l’administration existe bel est bien dans l’autre monde.

Nous suivons donc les péripéties de plusieurs personnages, notamment les propriétaires du café : Maddy, une jeune femme pleine de cynisme et de volonté, Ashley, une adolescente génie multidisciplinaire et Chay, un immortel nécromancien. On y croisera aussi d’autres personnages tantôt vivants, tantôt morts emmenant avec eux leur lot de questions et leur complexité.

Necrobarista café

L’ambiance

Qu’est-ce qu’il y a après la mort ? C’est une question que toute personne s’est au moins posée une fois dans sa vie et c’est la question que nous pose Necrobarista en suivant les derniers instants de certains protagonistes. Spectateurs de la détresse des personnages, on comprend que l’on a peu de contrôle sur nos derniers moments ou ceux de nos proches et c’est à travers les dialogues que l’on réalise la nécessité de lâcher-prise face à la mort.

Le ton du jeu est tantôt très noir voir vulgaire, tantôt plus léger en nous proposant des remarques sarcastiques sur les hipsters et les toasts à l’avocat hors de prix. On retrouve à la fin de chaque chapitre trois robots dotés d’une âme créés par Ashley qui semblent être un clin d’œil aux tourelles dans Portal. Nos amis de ferraille commentent la scène vue précédemment tels des spectateurs d’une grande pièce de théâtre emmenant leur point de vue sur les situations, ce qui ajoute une touche amusante et allège les situations les plus lourdes.

Rares sont les jeux qui parlent de la mort puisque le sujet reste encore un tabou mais Necrobarista arrive à lever le voile et normalise le sujet en faisant parler ouvertement des personnages, qu’ils soit directement ou indirectement liés à la mort. L’équilibre entre tragique et comique nous tient en haleine et le jeu arrive admirablement à gérer ces changements d’ambiance.

Necrobarista dialogue

Les mécaniques de Necrobarista

À travers l’arc principal, Necrobarista nous présente un casting de personnages et les problématiques auxquelles ils font face par le biais de dialogues, cependant le jeu ne nous permet pas de diriger l’histoire en choisissant des réponses. La narration est extrêmement linéaire et ne propose pas au joueur plusieurs embranchements possibles, ce qui engendre un côté passif qui peut être problématique puisque le fait de ne pas prendre part à l’histoire en choisissant des réponses nous place obligatoirement en tant qu’observateur, ce qui rend difficile l’attachement aux personnages.

Lors des dialogues, on remarque que certains mots sont orangés, ces derniers nous donnent des indications supplémentaires sur le lore du jeu en passant notre curseur dessus. À la fin de chaque grand chapitre, un nuage de mots orangés lus précédemment nous est proposé, il faut alors choisir sept mots parmi ceux qui sont présentés. Chaque mot est connecté à un thème, un personnage ou un emplacement et chaque chapitre additionnel coûte trois fragments de différents types pour les débloquer, il faut donc sélectionner les mots avec attention si l’on veut accéder à certains souvenirs.

Necrobarista mécanique choix de mots

Ce qui peut paraître au début comme un jeu d’investigation où l’on tisserait des liens entre les mots devient très vite décevant car aucun sentiment de réussite ne résulte de notre capacité à choisir les bons mots. Le jeu engage la mémoire du joueur et nous laisse imaginer une importance dans la mécanique ainsi que tout un bagage ludique que l’on attend lorsque l’on place la mémoire au cœur d’un jeu, le résultat ne peut que être décevant car les attentes et l’effort ne sont pas récompensés convenablement.

La direction artistique

Très inspiré du cinéma, Necrobarista nous propose un tout nouveau genre de visual novel puisque celui-ci est en 3D et détient des angles de caméra dynamiques, ce qui vient ajouter un côté dramatique à chaque scène. Les angles de caméra permettent de donner du mouvement aux expressions faciales des personnages et viennent aussi souligner certaines blagues en utilisant des plans rapprochés, vibrations et autres techniques ou bien en faisant vibrer ou grossir le texte pour donner de la profondeur aux dialogues. Contrairement aux visual novel classiques où les personnages sont en 2D devant des environnements statiques, Necrobarista nous propose de nous balader dans le café à notre guise et d’interagir avec certains objets pour accéder aux souvenirs dont le lieu est imprégné.

Du côté sonore, la bande-son est excellente et vient ajouter une véritable dimension émotionnelle aux situations et dialogues, elle est composée par Kevin Penkin, nominé au BAFTA pour avoir créé les musiques des jeux Florence, Made in Abyss, and Norn9. Le style varie entre l’ambiant pour les moments plus calmes et l’electronica pour les plus agités ; on y trouve aussi une touche lo-fi qui rappelle l’ambiance des cafés hispters.

Necrobarista Le Terminal

Necrobarista nous plonge dans un univers où caféine et spectres se côtoient pour créer un savoureux mélange tinté d’humour noir et de cynisme. Précurseur d’un nouveau genre, le jeu propose des moments forts puisqu’il s’inspire de techniques cinématographiques et en seulement une dizaine d’heures, le jeu arrive à nous fasciner tout en nous faisant réfléchir sur l’acceptation de la mort et du deuil et comment traverser ces moments de la manière la plus saine qu’il soit.

J’aime

  • L’humour cynique et plus particulièrement les dialogues de Ashley
  • Le lâcher-prise face à la mort comme sujet central
  • Le portrait de personnages féminins forts et intelligents qui changent des clichés habituels
  • L’excellente bande sonore qui va de l’ambiant à l’electronica

J’aime moins

  • Le système de mots pour débloquer des chapitres annexes
  • Les chapitres additionnels qui nous laissent sur un fond inanimé avec un long texte à lire
  • La linéarité du jeu et la passivité que l’on peut ressentir en tant que joueur
  • L’ambiance un peu trop pesante à mon goût

La copie numérique de Necrobarista a été fournie par ROUTE 59.

Necrobarista

Scénario
Graphismes
Bande sonore
Jouabilité
Durée de vie

Necrobarista ravira les amateurs de visual novel en proposant une réadaptation du genre. À la fois court et bien écrit, le jeu est facilement accessible pour les personnes désirant investir peu de temps dans un jeu.

À propos de Suzanne Clemente

Développeuse de jeux vidéo, illustratrice et blogueuse ? Je me spécialise dans la critique de jeux vidéo indépendants et j'espère vous faire découvrir des titres forts, inattendus et surprenants.

Aussi à voir...

Two Falls (Nishu Takuatshina)

Two Falls (Nishu Takuatshina) : En route vers Québec !

Two Falls (Nishu Takuatshina) est un jeu provenant d’un studio de chez nous dans lequel …

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

For security, use of Google's reCAPTCHA service is required which is subject to the Google Privacy Policy and Terms of Use.

Ce site utilise Akismet pour réduire le pourriel. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.