Comme toute bonne amatrice de littérature fantastique qui se respecte, j’ai essayé à plusieurs reprises de me plonger dans la lecture de La Roue du temps de Robert Jordan. Je dois avouer ne jamais avoir réussi à terminer le premier livre de cette saga-fleuve de 14 tomes. L’histoire et les personnages ne m’ont jamais accrochée. J’étais donc curieuse de voir si la nouvelle série d’Amazon, offerte depuis mi-novembre, allait me donner le goût de pousser plus loin mon exploration de l’univers de Jordan. Critique d’une série en dents de scie à découvrir malgré ses défauts.
Cette critique a été réalisée à la suite du visionnement des 4 premiers épisodes de la série.
La roue du temps, adapté des livres de Robert Jordan, sur Amazon Prime
- Créateur : Rafe Judkins
- Distribution : Rosamund Pike, Daniel Henney, Zoë Robins, Madeleine Madden, Josha Stradowski
- Genre : Fantaisie
- Durée : 8 épisodes
- Date de sortie : 19 novembre 2021
- Service de diffusion : Amazon Prime
- Site web officiel
Cinq villageois du hameau de Deux Rivières voient leurs vies chamboulées quand une puissante magicienne, Moiraine, membre de l’ordre d’élite des Aes Sedai, leur apprend que l’un d’entre eux serait la réincarnation du Dragon, un héros légendaire qui sauvera le monde… ou le détruira à jamais. Lorsque leur village est attaqué par les Trollocs, des créatures qui servent le Ténébreux, ils devront se lancer dans la plus grande aventure de leur vie et découvrir le pouvoir qui sommeille en eux.
Une histoire convenue qui gagne en profondeur
Si ce résumé vous rappelle quelque chose, vous n’êtes pas les seuls ! L’histoire à la base de La Roue du temps est d’un classicisme tel qu’elle rend les deux premiers épisodes de la série extrêmement pénibles. En effet, tous les clichés du genre sont remâchés jusqu’à l’écoeurement : le jeune sauveur qui devra découvrir ses pouvoirs pour sauver l’humanité d’un mal grandissant ; l’assaut meurtrier du village par les méchants orcs (désolée, les Trollocs) ; l’histoire d’amour très « jeune adulte » ; et j’en passe ! Dans l’épisode 2, on a même droit à une scène de traversier plagiant outrageusement le Seigneur des anneaux et à un méchant ressemblant à s’y méprendre à Voldemort !
Heureusement, dès le 3e épisode, la série prend son erre d’aller et ses qualités, principalement liées à son univers riche et profond, sont révélées. L’aventure avance rondement et on passe sans temps morts d’un nouveau lieu intrigant à un autre, peuplé de personnages vibrants. Si l’on peut regretter un certain manque de profondeur, au moins, on ne s’ennuie pas et on a réellement l’impression de découvrir ce monde avec nos jeunes protagonistes. Leur voyage devient notre voyage, et on a toujours envie de visionner l’épisode suivant.
Un monde riche et intrigant
En effet, l‘une des choses les plus intéressantes à propos de La Roue du temps est sans aucun doute l’univers (innomé dans l’oeuvre de Jordan) qui se déploie sous nos yeux. L’égalité entre les sexes, si rare dans les mondes fantastiques, est rafraichissante. Ici, le forgeron est une forgeronne, la magie ne peut être contrôlée que par les femmes et les premières minutes de la série nous montrent les dames du village se saoulant à la taverne ! De plus, les croyances teintées de réincarnation de tout ce beau monde changent des mythes judéo-chrétiens qui alimentent plus souvent les histoires fantastiques.
L‘univers dans lequel évoluent les personnages est très bien rendu. Plusieurs fois, j’ai été soufflée par les paysages majestueux et les grandes étendues montrées à l’écran. Les décors, les costumes… tout nous rappelle que nous sommes face à une production dispendieuse, qu’Amazon a décidé de pousser au maximum dans nos téléviseurs. Le diffuseur ne le cache d’ailleurs pas : La Roue du temps a pour vocation de devenir le prochain Trône de fer.
Des effets spéciaux pas toujours étincelants
L’un des moments où la majorité des films ou des séries du genre fantastique risquent le plus de se casser les dents est quand ils doivent représenter l’utilisation de la magie à l’écran. Alors qu’il est si facile de le faire sur une page, il devient très complexe de mélanger effets spéciaux et performance d’acteur pour montrer comment le sorcier ou autre utilisateur de magie exprime son pouvoir.
Malheureusement, La Roue du temps faillit à cette tâche très importante là où d’autres productions récentes ont brillamment relevé le défi. On n’a qu’à comparer la manière dont les Grishas de Shadow and Bones manipulent les éléments en ondulant jusqu’au bout des doigts ou encore l’intégration parfaite des signes aux combats à l’épée dans The Witcher pour voir la pauvreté de la production d’Amazon. L’actrice Rosamund Pike, autrement excellente dans le rôle de Moiraine, bat des bras à droite et à gauche comme un oiseau en détresse. Son regard est hagard et son visage vide d’émotion. De plus, les effets spéciaux représentant la source de son pouvoir s’intègrent mal à la scène et aux combats.
Des protagonistes vides… et des personnages secondaires géniaux !
Un autre écueil de La roue du temps se retrouve dans ses protagonistes. Nos quatre jeunes sont promis à de grandes destinées pleines de zones d’ombres, mais ont des personnalités très peu développées. Rand, pourtant supposé être le héros de notre histoire (du moins, il l’est dans les livres), est particulièrement fade. On suit leurs aventures avec peu d’intérêt. En fait, on est plus fasciné par le monde autour d’eux et, surtout, par les autres personnages charismatiques qui le peuplent. Les personnages du Trouvère, de Lan et, surtout, de Logain (l’excellent Alvaro Morte de La Casa de papel) infusent une bonne dose d’intrigue et de maturité à la série. Même chose pour Rosamund Pike, la tête d’affiche, très juste, bien que très froide.
La Roue du temps
Histoire
Effets spéciaux
Univers
Réalisation
Jeux des acteurs
Une série pour les amateurs de fantaisie
Un univers fantastique fascinant à découvrir pour ceux qui sont prêts à oublier un premier épisode vraiment décevant et quelques personnages moins intéressants.