Lorsque la pandémie a frappé en 2020, des amis m’ont proposé de rejoindre un groupe en ligne de Donjons et Dragons, composé autant de néophytes que d’experts. Ce rendez-vous magique du mardi soir est devenu un moment sacré et hors du temps, pour plonger avec l’Armée de Simbeldore dans le monde vibrant de Berac, inventé de A à Z par notre prolifique maître du jeu. La magie, l’aventure et la camaraderie offertes par la pratique du Donjons et Dragons m’ont aidé à traverser la valse-hésitation des confinements, du télétravail avec les enfants dans les bras et autres joyeusetés des deux dernières années.
Cette longue introduction, avant d’en arriver au sujet de cette critique, avait pour but de souligner la beauté rassembleuse du D&D. Le jeu fait l’objet depuis quelques années d’une véritable renaissance. Son influence commence à grandir au-delà de l’univers geek traditionnel. Il intègre même la culture populaire, grâce à de nombreuses références dans des séries et films américains. Chaînes YouTube spécialisées, balados, séries web et, maintenant, La Légende de Vox Machina… l’amour du Donjon est dans l’air !
Critique de La Légende de Vox Machina
- Créateur : Matthew Mercer, basé sur Critical role, la première campagne
- Distribution vocale : Laura Bailey, Ashley Johnson, Taliesin Jaffe, Liam O’Brian, Marisha Ray, Sam Riegel et Travis Willingham
- Style : fantasy, comédie
- Service de diffusion : Amazon Prime Video
- Nombre d’épisodes : 12
- Site officiel
Vox Machina, un groupe d’aventuriers bigarrés à la réputation peu avantageuse, veut redorer son blason et regarnir sa bourse. L’équipe accepte, sans trop réfléchir, une mission périlleuse pour le souverain de Tal’Dorei. Alors qu’ils pensaient n’avoir à affronter qu’un simple dragon (heuheu…), ils se retrouvent entremêlés dans une histoire bien plus complexe. Celle-ci est liée au passé de Percy, un membre de l’équipe sévère et mystérieux. Les membres de Vox Machina devront faire face à de nombreux défis qui les amèneront à découvrir leur force intérieure et l’importance de la famille.
Une histoire typiquement Donjons et Dragons
En écoutant La Légende de Vox Machina, on a l’impression de voir évoluer devant nos yeux une véritable campagne de Donjons et Dragons, avec plusieurs détails gommés afin de rendre la série plus digeste. Personne ne roulera les iconiques dés à l’écran, mais on peut littéralement sentir les scénaristes le faire ! L’aventure avance rapidement et sans temps mort. On ne s’ennuie pas une seconde dans ces épisodes courts et efficaces. Les blagues sont drôles, mais l’humour prend un pas de recul durant les moments importants où les personnages se développent et où l’intrigue grandit. Bref, j’ai trouvé le scénario très bien balancé, bien que simple. Si on s’arrêtait à l’arc narratif de base, on sera face à une série d’animation très correcte, divertissante, mais sans plus. Ce sont les personnages, leur amitié indéfectible, ainsi que l’immense amour du sujet visible dans chaque blague, référence, animation et décors, qui rendent l’aventure unique.
Des personnages typiques et touchants…
On retrouve dans l’équipe de Vox Machina tous les personnages typiques d’une bonne vieille partie de Donjons et Dragons : la clerc avec ses pouvoirs curatifs, l’archère et son frère rôdeur, la druidesse qui peut se transformer en animaux et contrôler la nature, le barbare puissant, mais vraiment pas intelligent, le barde et l’artificier qui bricole des armes diverses.
Ces archétypes sont utilisés à fond pour leurs potentiels comiques. Cela n’empêche pas la série de plonger dans la psychologie de ses personnages et de les rendre terriblement attachants. Pike, la prêtresse, vit une crise de sa foi, parce qu’elle voyage avec une bande d’alcooliques bagarreurs et tapageurs, qui sacrent et s’envoient en l’air à qui mieux mieux. Son amitié indéfectible avec le grand barbare au coeur tendre est très bien menée. L’histoire de vengeance de Percy, qui sert de fil rouge à la série, est aussi excellente. Finalement, mon coup de coeur va au personnage de Scanlan, un hilarant gnome obsédé sexuel qui combat à coup de musique rock et de sonals hilarants.
… joués à la perfection
Les performances vocales sont excellentes dans Vox Machina. Les acteurs connaissent leurs personnages de fond en comble. Ils les incarnent depuis des années dans la série web Critical role.
Ils sont toutes et tous des acteurs vocaux confirmés. Les amateurs de jeux vidéo, de films et de séries d’animation reconnaîtront plusieurs voix familières. Laura Bailey, qui interprète le personnage de Vex, et Ashley Johnson, qui nous régale avec une Pike géniale, sont deux des actrices les plus connues de la série. Dans les deux The Last of Us, leurs interprétations magistrales d’Abby et d’Elli ont marqué les joueurs. Bailey, qui a aussi été la voix de Catwoman, Rayne, Black Widow et Supergirl (rien que ça !), a d’ailleurs gagné le prix de la meilleure interprétation aux Game Awards en 2020 pour le rôle d’Abby.
Vox Machina, une série réservée aux connaisseurs ?
Il s’agit ici de LA question la plus importante : est-ce que les auditeurs n’ayant jamais eu le moindre intérêt pour l’univers Donjon et Dragons apprécieront La Légende de Vox Machina ? J’aurais tendance à dire oui, mais avec un gros bémol. L’histoire est intéressante et, surtout, vraiment très drôle. D’un autre côté, si vous êtes allergique à la fantaisie et à l’humour potache, passez votre chemin en courant. Le premier épisode, tout particulièrement, demande une certaine patience. En tout cas, les critiques ont adoré : la série a présentement un score parfait de 100 % sur Rotten Tomatoes.
Il est certain que les amateurs y trouveront plus leur compte. Surtout, ils comprendront mieux les blagues subtiles (ou pas) et les centaines de références au jeu. Je ris encore d’une scène hilarante où plusieurs membres de l’équipe n’arrivent pas, malgré tous leurs efforts, à « enfoncer la porte de derrière » lors de l’invasion d’un château ennemi. Je me revoyais, avec mon équipe d’aventuriers, incapable d’effectuer une tâche censée être banale à cause d’une poisse terrible lors du lancer des dés. Les références du genre sont nombreuses. Les scènes sont drôles même si on ne comprend pas le contexte, mais… bah, à vous de voir !
Quelques critiques
C’est au niveau de l’animation que la série m’a un peu déçue. Le style utilisé est tout à fait plaisant et fonctionnel, mais à mon avis un peu trop… classique ? Quand on compare l’animation de Vox Machina avec d’autres productions récentes, comme Arcane, The Witcher : Le cauchemar du Loup ou encore Castlevania, elle fait pâle figure. Il manque quelque chose d’unique au style visuel de la série, un charme ou un flair visuel qui lui permettrait de s’élever au-dessus de la mêlée.
Sinon, il y a bien quelques blagues lourdes, ainsi qu’une surabondance pas toujours utile de violence et d’un terme vulgaire. Mais bon, on est définitivement dans une série pour adultes. Ne boudez pas votre plaisir pour si peu !
Observations variées :
-
- « Scanlan’s hannnnnnnnd »
- Qui sont les aventuriers les plus puissants de l’équipe de Vox Machina ? Sans surprise, la prêtresse et la druidesse. Toujours choisir un magicien en jouant à Donjons et Dragons. Toujours !
- « Tusk Love »… je crois que toutes les campagnes de D&D ont leur série de livres de romance. Nous, c’était les classiques d’Areola Major : Je, me, moi : le changepeau d’à côté, La chevauchée de minuit et Le geôlier d’Avernus.
- Tellement de caméos merveilleux : Gina Torres, Stephanie Beatriz, David Tennant, Indira Varma, Rory MacCann, Dominic Monaghan…. ah !
- Allez découvrir Critical role. Vous en avez pour des heures et des heures de rigolade.
La Légende de Vox Machina
Scénario
Animation
Distribution vocale
Réalisation
Amour du Donjon
Roulez les dés !
À ne pas manquer pour ceux qui ont le D20 tatoué sur le coeur ou ceux qui aiment les séries d'animation de style fantastique.