Je ne peux pas dire que mes premiers moments avec Hanabi ont été de tout repos. En effet, la version classique d’Hanabi : Grands Feux m’a causé quelques moments de stress. Mais n’arrêtez pas votre lecture ici si vous n’avez jamais joué à Hanabi. Il s’agit d’un jeu qui vaut le coup d’oeil et qui gagne à être connu. Découvrons ensemble cette version de luxe.
- Auteurs : Antoine Bauza, Gérald Guerlais
- Éditeur : Cocktail Games
- Nombre de joueurs : 2 à 5
- Durée : 30 minutes
- Année : 2019
- Prix : 39 $
- Page officielle du jeu
- Page BoardGameGeek
Thématique et mécaniques
Hanabi signifie feux d’artifice en japonais. Vous aurez donc deviné que les feux d’artifice sont l’élément principal de la thématique du jeu. En effet, dans Hanabi : Grands Feux, les joueurs incarnent des artificiers distraits qui ont mélangé par inadvertance les poudres, mèches et fusées d’un grand feu d’artifice. Avant que le spectacle commence, ils doivent donc travailler ensemble pour réparer leur gaffe et que la prestation soit à la hauteur des attentes du public.
Les mécaniques sont les suivantes :
- Jeu coopératif
- Limites de communication
- Gestion de main
- Mémoire
- Collection d’ensembles
La notion de jeu coopératif ne définit pas à elle seule l’expérience Hanabi. Vous allez comprendre ce que je veux dire en poursuivant votre lecture. Je crois que les mécaniques de jeu coopératif, de limites de communication et de mémoire sont le trio infernal qui me faisait vivre du stress au début lorsque je jouais à Hanabi en tant que nouvelle joueuse. Mon expérience m’a rendue plus confiante et le fait d’y jouer à deux aussi.
Comment jouer ?
Hanabi : Grands Feux est très simple à apprendre. J’y ai joué à deux joueurs donc j’utiliserai parfois des formulations en ce sens, mais veuillez noter que le jeu se joue jusqu’à cinq joueurs.
Pour débuter, on mélange les cartes de cinq couleurs différentes (blanc, vert, rouge, bleu et jaune) en une pioche et on distribue cinq cartes à chaque joueur. Dans chaque couleur, voici quelles sont les valeurs disponibles et quel est leur nombre d’occurrences :
- 1 : trois exemplaires
- 2 : deux exemplaires
- 3 : deux exemplaires
- 4 : deux exemplaires
- 5 : un exemplaire
Comme certaines cartes seront défaussées au cours de la partie et ne reviendront pas en jeu, cette information est cruciale.
Le but du jeu est de réussir nos cinq feux d’artifice communs de couleurs différentes, c’est-à-dire d’amener chaque pile de couleur jusqu’à la carte 5, donc 1-2-3-4-5. Lorsque l’une des piles atteint 5, on récupère un jeton indice. Jusque là, ça va ? Parfait. C’est simple ! J’ajoute maintenant une petite difficulté : on ne voit pas ses cartes. Quoi ? Vous avez bien compris, vous ne voyez pas vos cartes dans Hanabi : Grands Feux, car vous les piochez sans les consulter et les placez sur un porte-carte, face vers les autres joueurs, donc vous n’en voyez que l’endos.
À votre tour, vous pouvez :
- Jouer une carte de votre main (au centre de la table pour soit débuter, poursuivre ou terminer un feu d’artifice)
- Donner un indice à un autre joueur en défaussant un jeton indice
- Défausser une carte pour récupérer un jeton indice
Les indices donnés à l’autre joueur doivent concerner la valeur ou la couleur de la carte ou des cartes, et non les deux. Dans cet exemple, on pourrait donc dire à l’autre joueur en pointant les deux cartes aux extrémités : « Ces cartes sont de valeur trois ».
À noter qu’il est maintenant permis, dans cette version, de dire à un joueur comme indice qu’il n’a aucune carte de telle couleur. Hormis ces indications précises concernant les indices, il n’est pas permis de s’entraider en se donnant d’autres informations. On coopère, mais selon certaines limites.
Fin de la partie
Si un joueur se trompe et joue une carte qui ne peut être placée sur un feu d’artifice, celle-ci est défaussée et on retourne l’une des trois tuiles erreur. À la troisième erreur, la partie est terminée et les joueurs ont perdu. La partie peut également prendre fin si les joueurs ont épuisé la pioche, ils jouent alors un dernier tour chacun et on calcule le score. Aussi, si les artificiers terminent tous leurs feux d’artifice, la partie se termine et ils obtiennent un score parfait de 25 (on additionne la valeur de la carte jouée en dernier pour chaque feu d’artifice).
Pour un résumé des règles :
Les extensions
Avalanche de couleurs : Celle-ci était déjà présente dans les anciennes versions d’Hanabi, mais je n’y avais jamais joué. Elle ajoute tout simplement un sixième feu d’artifice à réaliser. Celui-ci est multicolore, donc ses cartes sont de toutes les couleurs. Il faut donc les inclure dans nos indices donnés sur chacune des couleurs, on ne peut pas dire à l’autre joueur qu’elles sont multicolores. À la fin de la partie, notre score sera calculé sur 30 plutôt que sur 25.
Hanabi poudre noire : Ici, on a également un sixième feu d’artifice à réaliser, tout noir cette fois. Le noir étant, en lumière, l’absence de couleur, on ne pourra donner d’indice de couleur sur ces cartes. On ne pourra donner que des indices sur leur valeur. Il faut également les jouer à rebours, soit de 5 à 1. Lors du calcul du score, on n’additionne aucun point pour cette extension, mais on en retire un par valeur manquante à ce feu d’artifice.
5 flamboyants : Cette extension remplace la récompense lorsque l’on termine un feu d’artifice en posant la carte 5. Plutôt que de récupérer un jeton indice, on pige une tuile qui donnera un pouvoir.
Matériel et comparatif
La principale différence entre les précédentes versions d’Hanabi, sorti à l’origine en 2010, et Hanabi : Grands Feux, c’est le matériel. Voyons cela de plus près.
Hanabi : Grands Feux version 2021 de Cocktail Games
- 70 cartes étroites dont 50 cartes « Hanabi original », 10 multicolores, 10 noires
- 5 porte-cartes
- 1 sac
- 8 jetons INDICE en plastique
- 3 tuiles ERREUR
- 6 tuiles BONUS
- 1 aide de jeu
Hanabi version 2013 de R&R Games
- 60 cartes format standard
- 12 jetons en carton dont 8 jetons INDICE et 4 ERREUR
Les jetons en plastique sont définitivement beaucoup mieux que des jetons en carton, ils sont plus agréables à manipuler et moins fragiles. Les porte-cartes sont vraiment pratiques pour les autres joueurs. Ça ne bouge pas, les cartes sont toujours bien visibles. On n’a pas besoin de dire au joueur un peu fatigué qui s’affaisse de plus en plus sur la table : « Je ne vois pas tes cartes ». Aussi, lorsqu’on reçoit un indice, on peut choisir de décaler légèrement la carte, de se créer des groupes de cartes sur le porte-cartes. C’est beaucoup plus facile à gérer et notre mémoire nous en est reconnaissante.
Bien que je sois toujours très critique sur les grandes boîtes de jeux et que celle-ci soit environ dix fois plus grande que la version 2010 d’Hanabi, c’est justifié. En effet, les porte-cartes sont juste de la bonne taille et nécessitent une boîte de cette dimension.
Moi qui étais habituée de jouer avec la version de base d’Hanabi où l’endos des cartes est en noir et blanc, cela me nuisait légèrement que celles-ci aient une touche de couleur rouge au verso dans Hanabi : Grands Feux. En effet, comme il ne faut pas regarder nos cartes en les pigeant, je trouve plus facile de piger de façon fluide quand l’endos des cartes est plus sobre. Toutefois, le verso de celles-ci a maintenant des icônes différentes selon les couleurs, pour permettre aux personnes daltoniennes de jouer, bravo !
J’ai trouvé les cartes légèrement trop étroites et donc pas si faciles à manipuler. Également, je trouve que les traces de doigts y adhèrent facilement. Je sens donc les cartes fragiles, mais heureusement, on y touche moins grâce au porte-cartes.
Le sac fourni dans cette version n’est pas vraiment utilisé pendant la partie sauf pour y déposer les jetons, mais il apporte une belle touche « de luxe ». Le livret de règles est de la pleine grandeur de la boîte, il est illustré d’exemples, mais pas surchargé.
Une précision importante sur les règles
À la page 5 du livret, il est indiqué dans la section Jouer une carte : « soit la carte commence ou complète un feu d’artifice : elle est donc ajoutée à ce feu d’artifice ». J’aurais plutôt écrit « commence, poursuis ou complète un feu d’artifice », comme indiqué dans la version 2013 en anglais que je possède. En effet, jouer un 2, un 3 ou un 4 ne commence ni ne complète un feu d’artifice, mais le poursuit.
Durée et difficulté
J’ignore si la durée de 30 minutes pour une partie d’Hanabi est atteignable à moins de perdre, car cela ne m’est jamais arrivé de jouer en moins d’une heure. Lors de ce test, nos deux parties ont duré plus d’une heure trente minutes.
Comme je l’ai mentionné plus tôt, Hanabi : Grands Feux est simple à apprendre. Cela ne veut toutefois par dire que je le conseillerais à des joueurs néophytes. De mon côté, j’ai connu Hanabi lorsque je débutais dans le monde ludique moderne et il a longtemps été ma bête noire. Je recommanderais donc de jouer d’abord à quelques jeux qui exploitent les mécaniques de jeu coopératif et surtout, de limites de communication. Quelques exemples : Codenames Images, Codenames Duo, Fox in the Forest Duet, Mysterium, The Game.
Mes conseils
Je recommande de jouer à Hanabi : Grands Feux à deux joueurs la première fois, sauf si vous avez déjà joué à Hanabi. Cela vous permettra d’apprivoiser les mécaniques sans pression. Car dans les jeux Hanabi à deux joueurs, l’autre joueur ne peut pas juger vos indices, car il ne voit que votre jeu. À trois, quatre ou cinq joueurs, il y a toujours quelqu’un d’autre qui peut commenter votre choix et pour certaines personnes, cette pression les fera paralyser.
Dans nos premières parties d’Hanabi, il ne faut pas essayer d’être parfaits. À son tour, il est important de ne pas jouer trop vite, de prendre le temps de réfléchir et toujours réanalyser ses indices reçus à chaque tour.
Également, essayer de garder un ordre logique à ses cartes, par exemple : la dernière rentrée placée du côté où se trouve la pioche sur la table, les cartes pour lesquelles on a reçu des indices à l’autre bout du porte-carte.
Un petit conseil spécifique à Hanabi : Grands Feux concernant les porte-cartes : avancer ceux-ci vers le centre de la table question de ne pas voir ses cartes si on s’accote ou se penche vers l’avant. En même temps, on a de la place devant nous et on risque moins de les accrocher.
Plaisir
Lors des quelques parties jouées à deux pour cette critique, j’ai eu beaucoup de plaisir. On peut vraiment vivre de beaux moments de complicité en couple ou entre amis avec Hanabi : Grands Feux.
En conclusion
Là où on pourrait sentir un coup de marketing pour relancer un jeu sorti depuis longtemps, on découvre un petit bijou, un jeu revampé avec des ajouts pertinents et appréciables. On reconnaît le génie d’Antoine Bauza qui nous a aussi donné 7 Wonders, sa version Duel et les extensions Panthéon et Agora, ainsi que Draftosaurus et ses extensions. Bien qu’Hanabi : Grands Feux soit un jeu brillant, il n’est pas selon moi un jeu d’introduction. Il fera un excellent cadeau à des joueurs intermédiaires ou experts de votre entourage.
J’aime
- L’excellente combinaison de mécaniques
- La thématique simple mais efficace
- Le matériel de qualité
- Les porte-cartes
- Les extensions
J’aime moins
- L’endos des cartes
La copie d’Hanabi : Grands Feux a été fournie par Asmodee Canada.
Hanabi : Grands Feux
Graphisme
Matériel
Thématique
Mécanique
Plaisir
Meilleur que l'original
Hanabi : Grands Feux vaut l'achat pour les adeptes de l'original, et est à découvrir pour les néophytes. Plutôt conseillé pour des joueurs au moins intermédiaires.