Il y a maintenant huit années que le second opus de la série Crusader Kings est sorti. Heureusement pour nous, Paradox nous aura tout de même fait délier les cordons de nos bourses afin de payer plusieurs écus et acquérir une quantité gigantesque d’extensions. Cependant, chacun de ces achats a amené un lot de nouveautés au jeu, ne décevant presque jamais les admirateurs de la série. Bien que le troisième volet nous ramène à une version de base, ce point de départ saura sans doute plaire aux joueurs de jeu de stratégie et de gestion !
Crusader Kings III : Deus Vult !
- Studio de développement : Paradox Development Studio
- Éditeur : Paradox Interactive
- Plateformes disponibles : PC, Linux, Mac
- Plateforme de test : PC
- Classement : Non disponible
- Prix : 56,99$
- Date de sortie : 1er septembre 2020
- Site officiel du jeu
- Page Steam du jeu
La première croisade
Si vous n’avez jamais joué à un jeu de Crusader Kings, ou à l’un des jeux de gestion de Paradox, vous vous posez certainement beaucoup de questions. Il s’agit généralement de jeux de guerre axés non seulement sur la stratégie des combats, mais aussi sur la gestion d’un peuple. Dans le cas de Crusader Kings, on incarne un personnage et sa dynastie. L’objectif du jeu est de faire perdurer la dynastie à travers les âges afin que le nom de notre famille reste écrit au sein de l’histoire. Bref, vous débuterez votre aventure avec un personnage qui aura vraisemblablement existé dans l’histoire du Moyen-Âge, mais le jeu changera évidemment dès que vous aurez commencé. Vous devez prendre les décisions sur votre royaume, sur la gestion financière, la gestion des armées, mais également sur votre famille.
Et votre famille est d’une importance capitale : embrasserez-vous une religion païenne ? Aurez-vous des héritiers ? Est-ce que votre ligne de succession acceptera les femmes ou non ? Serez-vous une famille de croisés ou « d’infidèles » ? En plus de ces grandes lignes décisionnelles, vous aurez également à choisir le genre d’éducation pour vos enfants. Bien que cela semble étrange, l’un d’eux (votre héritier) sera votre prochain personnage… Cependant, la mort arrive rapidement et il se pourrait que vous n’incarniez pas celui que vous aurez préparé à la perfection pour vous remplacer.
Si vous ne pouvez qu’influencer l’avenir de vos enfants, vous pouvez prendre toutes les décisions reliées à vous-même. L’un de vos vassaux vous invite à un festin ? Pourquoi ne pas y aller et ainsi se rapprocher de vos feudataires ? Et c’est à cet instant précis que vous vous rappelez des noces pourpres dans Le Trône de fer. Vous décidez donc de rester chez vous, enfermé et sans jamais voir personne de peur de vous faire tuer. Puis, peu à peu, votre personnage devient étrange, paranoïaque et lunatique. Vous entendez des voix dans la nuit qui vous disent de tuer votre famille…
En comparaison avec les vieilles croisades…
Pour les inconditionnels de la série, il est peut-être frustrant de se lancer dans cette nouvelle épopée. C’est normal après l’immense quantité de contenus téléchargeables qui était offerte pour Crusader Kings II. Cependant, on ne se retrouve pas devant rien avec ce nouvel opus. L’un des points importants, c’est sans doute le fait que nous n’avons pas besoin d’attendre six mois pour une extension du style Sword of Islam afin de jouer d’autres religions que des catholiques. En effet, vous aurez accès tant aux musulmans, qu’aux religions nordiques ou même aux religions moins organisées.
Vous n’aurez pas besoin de payer 5,49$ afin de personnaliser vos personnages. Vous pouvez déjà modifier son aspect physique ! Par contre, les options sont assez limitées. Il ne serait pas surprenant de voir arriver du contenu téléchargeable procurant uniquement des éléments esthétiques… Après tout, dans le second volet, on pouvait acheter des portraits supplémentaires pour les diverses nationalités du jeu et acheter de nouvelles trames sonores…
Le jeu, sans contenu additionnel, vous permettra également d’incarner des peuples ayant des systèmes tribaux plutôt que féodaux. Ce n’est donc pas une complète remise à zéro par rapport aux systèmes que les joueurs connaissaient déjà. Malheureusement, certaines possibilités ne sont pas encore disponibles. Par exemple, il n’y a aucune relation avec la Chine et on ne peut jouer aucune république.
Évidemment, ce n’est qu’une question de temps avant que la communauté de joueurs ne s’attaque aux diverses modifications disponibles. Pour ceux qui ne connaissent pas la compagnie, ceux-ci font des jeux simples à modifier.
Mais pour l’instant, est-ce que le jeu sans la trentaine d’extensions du second volet vaut le coup d’oeil ? Oh que oui, les nouveautés offertes dans ce nouvel opus en valent entièrement la peine !
Des nouveautés pour vos croisades
Pour ce volet, Paradox semble avoir eu envie de miser sur l’aspect jeu de rôle de votre dynastie. Un tout nouveau système de stress vous empêche de prendre des décisions qui iraient à l’encontre de votre personnage. Par exemple, vous êtes sur le champ de bataille et un soldat très imposant veut se battre en duel contre vous. Votre personnage a l’attribut « Brave ». Vous pouvez vous battre (avec 50 % de chance de vous faire tuer) ou vous sauver (ce qui vous donne un certain nombre de points de stress comme vous êtes brave). Après 100 points de stress, votre personnage fait une dépression nerveuse et gagnera un attribut spécial et très négatif. Par exemple, celui-ci pourrait très bien devenir alcoolique ou rester cloîtré toute la journée dans sa chambre. Il existe trois niveaux de dépression nerveuse, mais je n’ai pas osé m’aventurer plus loin que le premier…
Il existe également des niveaux reliés à vos points de foi et vos points de prestige. Certaines actions ne peuvent être accomplies qu’avec un certain niveau. Vous pouvez également en perdre. Par exemple, si vous êtes catholique et que vous êtes au courant que l’une des femmes de votre royaume a été infidèle à son mari, vous devrez l’enfermer au risque de perdre un niveau de foi. Cependant, dans le cas ou votre personnage a l’attribut « compatissant », celui-ci pourra gagner des points de stress. Il vous faudra donc gérer à la fois la perception qu’ont les autres de vous et votre personnage en tout temps… Plaire à tout le monde peut sembler la solution facile, mais cela pourrait avoir des répercussions… Le contraire aussi.
Un système de niveau de crainte a été mis en place. Il est donc beaucoup plus facile de jouer un monarque tyrannique dans cet opus. Plus votre personnage est cruel et sanguinaire, moins de chances que vos vassaux veuillent se rebeller contre vous. Évidemment, un dirigeant craint finira par mourir et il se peut que vous ayez de la difficulté à garder votre dynastie au pouvoir. Cette option est une grande nouvelle si l’on compare avec le système de Crusader Kings II où torturer des gens n’avait pas de réelles répercussions.
Il existe également une façon de personnaliser encore plus votre personnage avec l’acquisition d’avantages reliés à son choix de vie. Par exemple, l’un de mes personnages avait l’atout « Faiseur de paix » permettant d’obtenir la paix plus facilement lors d’une guerre. Votre dynastie pourra également acquérir assez de prestige afin de débloquer des traits bénéfiques soit une meilleure fertilité ou bien que les gens de votre famille aient la réputation d’être loyaux et justes.
Plusieurs autres nouveautés sont incluses dans le jeu. Il est maintenant possible d’avoir des chevaliers ; des combattants supérieurs qui se battront aux côtés de vos soldats. Vous pourrez maintenant créer une branche cadette de votre dynastie afin de gagner plus d’indépendance si vous vous éloignez trop des racines de votre famille. Il est également possible de modifier le moindre détail de votre religion. Par exemple, vous pouvez décider ce qui est accepté ou criminel. Un homme catholique pourrait n’être que pointé du doigt, alors qu’une femme devra être mise au cachot.
Le côté sombre de la religion
Si Crusader Kings III est à mon sens particulièrement divertissant, il y a quand même des points négatifs à soulever. Comme il s’agit d’une nouveauté, il manque énormément d’aspects au jeu que nous avions connu à travers les extensions du second volet. Selon moi, nous pourrons cependant avoir droit à une première extension avant les six prochains mois. Évidemment, cela voudra dire des coûts supplémentaires… Au moins, les changements apportés par Paradox en valent généralement la peine.
Ce manque à gagner crée aussi des répétitions dans la continuité. Si nos personnages prennent des chemins similaires, par exemple la voie martiale, les événements nous donnent une légère impression de déjà-vu. Même si l’on peut éviter de tomber dans ce piège en jouant des personnages d’origines différentes, ce problème peut être agaçant lorsque l’on essaie de jouer jusqu’à la fin du Moyen-Âge.
Le point négatif le plus important est sans doute la jouabilité. Il faut connaître le jeu pour l’apprécier et j’ai beaucoup de difficulté à imaginer un nouveau joueur tenter de comprendre CK3. Il y a bien un tutoriel dans le jeu, mais celui-ci est relativement pauvre et ne permet pas de comprendre à 100 % les mécaniques. Une encyclopédie similaire à celle de Civilization VI a bien été implantée, mais elle semble très peu complète. Heureusement, Paradox s’est associée avec plusieurs « streamers » afin de publier des explications rapides sur plusieurs concepts du jeu. Ces vidéos de cinq minutes font un survol rapide des mécaniques de jeux.
Dieu le veut !
Malgré ces quelques anicroches, Crusader Kings III est définitivement l’héritier que nous attendions tous. Oui, les extensions mettront du temps à voir le jour, mais il faut dire que les nouveautés apportent tout de même un nouveau souffle pour les admirateurs de la série. Si l’extension Way of Life avait permis d’ouvrir de nouveaux aspects reliés au jeu de rôle, il semblerait que les créateurs soient sur ce chemin concernant le troisième opus de la série. L’amélioration des graphismes permet également d’apprécier encore plus le jeu. Paradox aura su enfanter un digne descendant au jeu que j’ai tant apprécié par le passé.
Si vous êtes curieux, mais que vous ne voulez pas vous engager dans des dépenses, sachez que Crusader Kings II est gratuit depuis un certain temps sur Steam ! Si vous appréciez le second volet, il est certain que vous aimerez la suite ! Deus Vult !
J’aime
- L’amélioration des graphismes
- La musique
- La personnalisation des personnages
- L’immense durée de vie
J’aime moins
- Difficile à maîtriser
La copie de Crusader Kings III a été fournie par Paradox Interactive.
Crusader Kings III
Scénario
Graphismes
Bande sonore
Jouabilité
Durée de vie
Deus Vult !
Les nouveautés offertes dans le jeu sauront séduire les admirateurs de la série malgré l'absence du contenu de la trentaine d'extensions de Crusader Kings II.