D’ici à peine trois ans, quelques citadins en Amérique du Nord auront probablement le loisir d’être transporté du point A au point B en voiture sans chauffeur. C’est ce qu’estime Varun Jain de chez Qualcomm Ventures, un locuteur invité du Startupfest s’étant tenu récemment à Montréal. En effet, le directeur de la filiale aventureuse de Qualcomm, spécialisée en télécommunications et semi-conducteurs, est confiant qu’il existera une offre commerciale en ce sens dans certaines villes nord-américaines. Les véhicules autonomes sont pour bientôt.
Et où donc ? Probablement à San Francisco (vraiment ?), mais on jase aussi d’Austin (Texas), de Scottsdale (Arizona), pour ce qui est du continent. Possiblement aussi Singapour et d’autres pays au cadre (ou vide) réglementaire favorable à ce genre de test.
En fait, plusieurs juridictions américaines et l’Ontario permettent déjà les tests de parcours à voiture autonome (avec ou sans chauffeur inactif) sur leur territoire. Ce dont on parle ici, c’est que vous-mêmes puissiez, d’une application mobile par exemple, vous commander une voiture autonome qui viendra à vous, par elle-même comme une grande, sans intervention humaine à l’intérieur du véhicule et durant le trajet. Ce ne sera probablement que le cas d’un petit club sélect de villes, sous forme de projets pilotes. La généralisation sur tout le continent devra probablement attendre bien plus longtemps.
D’ici là, il serait judicieux pour plusieurs acteurs et entreprises d’anticiper les effets collatéraux de cette disruption attendue. Ou mieux peut-être, d’en saisir les opportunités qui en découleront.
C’est à cet exercice que s’est livré Varun Jain lors de sa locution. Voici les gagnants et les perdants possibles d’ici les 10 prochaines années. Si l’on se dit tous que les trajets commerciaux de véhicules autonomes deviendront réalité d’ici là.
Monsieur et Madame Tout-le-monde
Il sera question ici de plusieurs avantages pour vous et votre voisin, mais en somme, il n’y perd pas : diminution probable du coûts des primes d’assurance, bien moins d’accidents, moins de voitures garées tout partout en ville (ce qui est bien pour le paysage), utilisation du temps de trajet pour accomplir autre chose ou se reposer, moins de stress lié à la conduite, plus de biens et services livrables, primes d’assurance réduites, facture liée au carburant allégée en raison d’une utilisation plus efficiente de ce dernier (surtout dans le contexte de voyages partagés, automatisés), et ce, sans compter le chauffeur de taxi ou d’Uber en moins à rémunérer dans le cas d’un usage ponctuel.
Décortiquons le tout en détail ci-bas.
Les assureurs
D’une utilisation répandue de ces véhicules autonomes, tous s’attendent à observer une réduction marquée de tous types d’accidents de la route. Certains parlent de 60 % de réduction, d’autres 80 %. On se demande un peu ce qu’il adviendrait de la place des assureurs dans ce marché présentement évaluée à 200 milliards $US aux États-Unis pour l’automobile seulement. Ils sont appelés à se réajuster s’ils ne sont pas déjà en train de le faire. Mais en bref, on voit mal pourquoi les primes ne seraient pas appelées à diminuer, du moins à long terme.
Le commerce au détail
On ne verrait pas pourquoi plusieurs secteurs d’activité commerciale ou industrielle n’en bénéficieraient pas pour offrir leurs propres services ou faire leur travail autrement, automatiquement. Par un exemple simple, Varun Jain et les gens derrière Qualcomm s’imaginent très bien les opportunités grandies pour le commerce au détail et même la restauration. Quoi que ce soit qui ait été acheté peut faire l’objet d’une livraison à toute heure de la journée, sans conducteur requis. Un exemple qui fera encore plus rêver : votre pizza, seule, qui cuit en chemin vers chez vous.
Les villes et leur administration
Les administrations municipales risquent de perdre une part appréciable de leur budget. Attraper une contravention est probablement l’une des choses les plus frustrantes de la vie motorisée en ville, mais les infractions de la route ont rapporté 148 millions $US à la ville de Los Angeles et 300 millions $US à celle de San Fransisco. Même à Montréal, on parle de 130 à 150 millions $ annuellement ; Québec, environ une dizaine de millions par année. Ce sont généralement des sommes versées un peu partout dans les dépenses de la ville.
On n’attrapera plus de contraventions liées à la circulation dans un contexte de voitures autonomes. De plus, dans le contexte imaginé où ces véhicules commerciaux seraient tous garés dans une tour à stationnement, les infractions liées au stationnement sont aussi appelées à diminuer. À Montréal, et probablement ailleurs, ces infractions rapportent plus à la ville que celles liées à la mauvaise conduite, elles-mêmes estimables.
Aussi, puisqu’on pourra rentabiliser le temps de parcours en faisant autres choses (travailler à distance, par exemple), les banlieues et villes avoisinantes seront peut-être plus tentantes que le plus petit logement à quelques stations de métro de son travail, en plus d’être déjà bien plus abordables. Des contribuables et des consommateurs de moins, donc.
Hôtels et motels
Lors de longs trajets, on a toujours un peu hâte d’arriver à son hôtel le soir. On en a marre d’être dans le véhicule et/ou de garder les yeux sur la route. De l’avis de M. Jain et son réseau, pas mal tout ce qui peut nous détendre dans un hôtel ou motel pourrait le faire dans le véhicule autonome. Peut-être pas pour le bain moussant, mais pour le reste (dormir, travailler, lire, visionner quelque chose ou y jouer), la chambre sur le bord de la route pourrait être moins nécessaire. Difficile de savoir toutefois si bien des gens seront d’emblée à l’aise de s’endormir sur le pilote automatique.
Toutes les startups techno de ce monde
Avec la généralisation de la voiture autonome viendrait un monde de possibilités pour passer le temps à l’intérieur. On pense à des plateformes de divertissement, mais aussi des caractéristiques ajoutées plus fonctionnelles et informatives. Il y a déjà toutes sortes de trucs qui s’ajoutent à la navigation de la présente automobile conventionnelle, une plus grande disponibilité des passagers permettra à ceux-ci de s’adonner à toutes sortes d’activités ou de travail dans la voiture. On pourra pas mal faire dans celle-ci tout ce qu’on peut y faire devant un ordinateur ou un téléphone intelligent présentement, en plus de ce qui viendra à l’imagination des développeurs entretemps en ce qui concerne la voiture autonome proprement.
Gageons que l’on parlera d’applications automobiles.
Toutes sortes de beaux messages discrets lancés ici et là aux programmeurs, développeurs, créateurs et entrepreneurs à l’occasion du dernier Startupfest.
Article intéressant