Année après année, nous voyons apparaître titre après titre de jeu de simulation et de gestion de cité et de ressources. Certains se démarquent par leur niveau de difficulté alors que d’autres impressionnent par leur thématique bien pensée ou surprenante (je pense ici à Timberborn). Urbek City Builder vient donc apporter sa pierre à l’édifice avec une proposition qui place le joueur dans une situation moins précaire qu’un Banished ou Farthest Frontier, tout en le forçant à équilibrer les ressources, le tout dans un magnifique décor d’art voxel tout à fait charmant.
- Studio de développement : Estudio Kremlinois
- Éditeur : RockGamer S.A.
- Plateformes disponibles : PC
- Plateforme de test : PC
- Date de sortie : 13 juillet 2022
- Classement : non disponible
- Prix : 21,79$ sur Steam
- Page Steam du jeu
La proposition du studio chilien et polonais se positionne dans le camp des jeux de gestion de cité qui s’appuie fortement sur la gestion de ressources, le placement des bâtiments ainsi que sur l’évolution des habitations. De quoi rappeler sans pour autant imiter (ou égaler) d’illustres titres comme Caesar 3 ou Pharaoh. Il n’en demeure pas moins que le défi de gestion des ressources et du territoire de ce type de jeux reste passionnant et Urbek City Builder vient ajouter une nouvelle alternative dans cet univers foisonnant.
Le casse-tête de quelques maisons, un quai et une fermette
Une fois les options de carte choisies, incluant un biome, plus ou moins d’eau ainsi que la présence de désert et de neige, on entre dans le jeu à proprement parler qui est en fait une grande grille. Autant dans la disposition que dans l’aspect visuel, cela a de quoi rappeler aux nostalgiques Transport Tycoon, tant le quadrillé rappelle les grandes années des jeux de simulation.
Au départ, la ville ne comptera que trois ressources et deux indicateurs à surveiller. Les indicateurs sont le bonheur de la population ainsi que la taille de la population alors que les ressources sont le bois, la nourriture et le travail généraliste. Ce qu’il faut savoir, c’est qu’au fur et à mesure que la ville grandira, il s’ajoutera de nouvelles ressources, comme l’énergie, le charbon ou le fer. Il y aura aussi davantage d’indicateurs, comme les espaces verts ou la vie nocturne de la ville.
Bien que toutes les villes commencent de la même manière, le joueur aura des options afin de la personnaliser tout en balançant les ressources. Prenons l’exemple de la nourriture, qui lorsque exploitée dans un champ requiert du travail. Par contre, si c’est grâce à des bateaux de pêcheur que l’on augmente la production de nourriture, cela coûtera du travail, mais également du bois. Mais c’est peut-être là qu’Urbek City Builder se démarque ; une fois certains lieux de production placés, comme les quais des pêcheurs, les habitations dans un certain rayon qui remplissent certaines conditions – être adjacentes à la mer, par exemple – se métamorphoseront pour adopter le style du lieu de production, dans le cas des pêcheurs en devenant de charmantes maisons côtières avec une jolie promenade sur la rive et des couleurs vives. Non seulement cela forme une zone cohérente dans son apparence, mais ces maisons contribuent à la production de ressources, par exemple de la nourriture dans le cas des pêcheurs.
À cela s’ajoutent des bâtiments spécialisés qui doivent être suffisamment proches de certaines ressources tout en étant suffisamment éloignés de certaines. Par exemple, la maison campagnarde aura besoin d’être entourée de champs, mais suffisamment isolée des autres maisons campagnardes. Un silo devra être proche de suffisamment de maisons campagnardes tout en étant à bonne distance d’un autre silo. Et tout cela se combine et s’additionne pour avoir l’opportunité de construire des bâtiments plus avancés et plus performants.
Vous l’aurez sans doute compris à la lecture des dernières lignes, dans les faits, Urbek City Builder pourrait presque être décrit comme un jeu de puzzle alors qu’un objectif central est d’agencer les bâtiments, habitations comme lieux de collecte de ressources, de façon à les optimiser pour parfaire le développement. Et plus les évolutions sont avancées, plus le puzzle sera complexe à résoudre.
Celui-ci va avec celui-là, mais pas ceux-ci
Les maisons ont donc différentes possibilités d’évolution en fonction de leur environnement ainsi que de la force de certains indicateurs de la ville. Certaines évolutions ne seront accessibles que lorsque la ville aura atteint un certain niveau d’infrastructures sportives ou d’espaces verts. Certains voisinages, par exemple avec des usines et la pollution, créeront des blocs ternes d’apparence soviétique alors que les maisons isolées et de grande superficie donneront des villas bourgeoises.
En fait, la même maison de base, la cabane en rondin des débuts, aura plusieurs options de développement en fonction non seulement de ce qui se trouve dans ses environs immédiats, mais également de la tangente de votre ville et de son niveau de développement global. Au fur et à mesure que vous franchissez des caps, notamment en nombre de population, différentes avenues se débloquent, il n’en tient qu’au joueur à chercher comment les optimiser.
Par ailleurs, à un certain niveau de développement, les maisons avec un voisinage suffisamment adéquat et un accès satisfaisant à des services, par exemple des épiceries de quartier, commenceront à fournir la ressource de travailleur spécialisé plutôt que des travailleurs généralistes. Parce que, oui, dans Urbek City Construction, non seulement les maisons sont utiles pour débloquer des bâtiments et progresser, mais elles fournissent une ressource, du travail, tout en consommant une autre ressource, de la nourriture.
Des chaînes très complexes et fragiles
C’est donc là que le joueur se retrouve à devoir jouer le rôle d’un équilibriste qui cherche à favoriser le développement de sa ville sans pour autant ruiner ses ressources. L’ajout de maisons signifiera une demande accrue pour la nourriture, qui requiert du travail pour être produite, lui-même généré par les maisons ! Et ce n’est pas tout, ce beau quartier de banlieue qui vient d’évoluer en demeures cossues transforme ses travailleurs généralistes en travailleurs spécialisés, créant un déficit de main d’oeuvre commune. Il faudra ajouter des quartiers, et donc de la nourriture, produire davantage d’énergie, de bois, etc.
Cette spirale n’est pas étrangère aux amateurs de ce genre de jeu. S’il y a un certain défi à maintenir la ville à flot, il y a par contre une véritable difficulté à gérer sa croissance. Surtout lorsque l’on essaie d’équilibrer une douzaine de ressources et au moins la moitié autant d’indicateurs. Un mouvement mal planifié et le risque de voir une chaîne de production s’écrouler est très réel, résultant souvent en des citoyens mécontents.
Ces chaînes de production sont nombreuses et se croisent sans cesse. À titre d’exemple, pour améliorer les silos qui entreposent la nourriture, il faudra ajouter des bâtiments de logistique qui augmentent la pollution. Subitement, il y a un silo plus performant, mais également une portion de la ville ou de la zone agricole désormais peuplée d’usines qui ont des effets délétères sur les quartiers environnants. Pire, certains bâtiments comme les usines requièrent d’être à proximité des centres de population pour opérer, transformant leur entourage en quartier ouvrier bétonné, qui a sa propre avenue de développement, certainement moins heureuse.
Tous ces embranchements et ces changements ne sont pas nouveaux dans ce type de jeu, pensons à la série Anno. Par contre, Urbek City Builder fait passer le concept à la cinquième vitesse et forcera des réflexions non seulement sur les agencements et le placement des quartiers, mais également sur les compromis à faire entre le bonheur des citoyens et le développement économique de la ville. Un dilemme qui ne doit pas être si étranger aux vrais dirigeants municipaux d’aujourd’hui.
Pour les amateurs d’optimisation
Ce jeu prend donc tout son sens pour les joueurs qui adorent l’optimisation. Avec de nombreux bâtiments et avenues de développement d’habitations qui requièrent être proche de X mais éloigné d’Y, ceux qui apprécient le déploiement parfait des services pour couvrir le territoire le plus précis et obtenir les meilleurs résultats y trouveront leur compte. Ce sera également le cas pour les amateurs de diversité qui trouvent que les jeux de construction de cité n’offrent pas assez de possibilités. Ici, il y en a beaucoup.
Notons également la possibilité de choisir entre trois lignes de “quêtes” dans sa ville, entre les espaces verts, le développement économique ou les habitations de luxe. Cela donne des missions à atteindre qui permettent de débloquer des habitants dans votre cité à observer, par exemple des cyclistes ou des limousines.
Le jeu prévoit également un mode à la première personne afin de visiter le quotidien des habitants de la ville. Cela se combine à un très joli cycle jour-nuit dans le style artistique voxel facile à adopter et à aimer. Une trame sonore tout à fait charmante accompagne le joueur dans ses exercices d’optimisation. Mais il faut surtout souligner l’excellente idée d’avoir des quartiers thématiques en fonction des ressources exploitées, qui donnent vraiment une apparence singulière à des endroits de la ville.
Finalement, Urbek City Builder offre aussi une forme de progression, alors qu’il faudra avoir terminé les missions de la première carte pour débloquer les suivantes, un défi que je trouve agréable. Que ce soit pour bâtir le quartier idéal ou pour observer l’art voxel évoluer, il s’agit d’une bonne proposition, bien qu’elle ne révolutionne pas le genre.
J’aime
- Les mécaniques, comme le quadrillé flagrant, qui rappellent de vieux succès d’antan
- L’art de style voxel toujours appréciable
- La diversité des développements possibles
- La gradation du défi et de l’accès aux nouveaux indicateurs et ressources
J’aime moins
- Aucun réel scénario ni contexte
- Une thématique trop souvent revisitée sans innovation majeure
- Devoir constamment refaire les quartiers pour tenir compte des nouveaux développements
La copie de Urbek City Builder a été fournie par RockGamer S.A.
Urbek City Builder
Scénario
Graphisme
Bande sonore
Jouabilité
Durée de vie
Ici, ou là-bas ?
Urbek City Builder revisite le genre des jeux de construction de cité, de gestion de ressources et d’optimisation de placement avec une proposition intéressante sans pour autant révolutionner le genre. Il offre tout de même de nombreuses possibilités de développement sur une carte quadrillée rétro amusante et un art voxel charmant. Une bonne option pour les amateurs du genre à la recherche d’un nouveau défi.