C’est toujours avec grand plaisir que je saisis l’opportunité de tester un jeu développé ici au Québec, dans ce cas-ci par le studio Rogue Factor, basé à Montréal. Cette fois-ci, par contre, ce ne sera pas notre caractère québécois qui sera mis de l’avant, comme dans la série Kona, mais nous serons plutôt catapultés dans le monde d’Hadea, un pays fictif ruiné par une guerre civile interminable. Dans Hell is Us, nous devrons alterner entre l’exploration, les dialogues, la résolution de casse-têtes et la bataille pour élucider les mystères de cette terre et en apprendre davantage sur les origines de notre protagoniste, Remi.
- Studio de développement : Rogue Factor
- Éditeur : Nacon
- Plateformes disponibles : PC, PlayStation 5, Xbox Series
- Plateforme de test : PC
- Date de sortie : 4 septembre 2025
- Classement : M pour Mature (Violence, sang, référence à la drogue, language vulgaire et thèmes suggestifs)
- Prix : 64,99 $
- Page Steam du jeu

Hell is Us est un jeu difficile à qualifier en soi. Probablement qu’il entrerait dans la catégorie des jeux d’action à la troisième personne, mais dans lequel il faudra user de beaucoup de jugeote et de mémoire. Afin de progresser dans le jeu, il sera nécessaire de traverser des entonnoirs géographiques, logiques et narratifs disposés par les concepteurs à différents intervalles dans le jeu. En d’autres mots, pour avancer, il faudra trouver des solutions à des casse-têtes, trouver son chemin ou débloquer des options de dialogues pour avancer.
Quelle carte ?
Commençons par « l’innovation » la plus évidente de Hell is Us : l’absence de carte. Il ne s’agit pas d’un bogue, mais bien d’une fonctionnalité intentionnelle. En fait, au démarrage du jeu, les développeurs nous communiquent clairement que c’est voulu. Il n’y aura pas non plus de marquage au sol ou de flèches grossières pour pointer dans la bonne direction. Il faudra que les joueurs usent de leur mémoire et de leur jugement pour décider dans quelle direction aller.
Il faut l’admettre : nous sommes devenus dépendant de ces béquilles vidéoludiques. Je ne vous cacherai pas qu’il y a un petit malaise au départ lorsque nous n’avons pas accès à une carte miniature ou un bouton pour voir où nous sommes. Plus encore quand le jeu démarre en nous larguant en pleine nature avec relativement peu de mise en contexte. Mais au final, on s’y habitue. Oui, il faut se souvenir des chemins parcourus. Il faut aussi faire preuve d’une certaine forme de perspicacité dans l’observation, parce que si Hell is Us n’utilise pas de marqueurs évidents, il n’en reste pas moins que ce n’est pas un monde 100 % ouvert. En y regardant de plus près, on peut facilement identifier les chemins disponibles. Pour savoir lequel est le bon, alors là, il faudra avoir prêté attention aux dialogues et aux descriptions des objets pour guider notre personnage dans ses quêtes.

Par exemple, assez tôt dans le jeu, un soldat blessé nous indiquera que les pièces d’équipement nécessaires se situent dans un camp au coeur de la forêt. Pour s’y retrouver, il faut suivre les arbres marqués d’un « X ». Relativement facile, mais il faut avoir pris soin d’écouter les instructions du personnage. Dans la forêt, on remarque aussi des constructions et d’autres marquages. Ce sera pour une future quête. Si on y était entré sans avoir lu correctement, on aurait pu mélanger les indices et n’avoir jamais réussi à trouver comment progresser.
L’exploration intelligente est donc au coeur de cette proposition. Il faudra aiguiser son sens de l’observation, sa mémoire et, admettons-le, sa patience, parce qu’il arrive que l’on se perde ou que l’on ne trouve pas le chemin à prendre, ce qui peut être frustrant.
Hell is Us dans Hadea
Tous ces mouvements auront lieu dans le pays fictif d’Hadea. L’environnement et la température rappeleront vaguement les Balkans dont on peut supposer que les troubles suite à la dissolution de la Yougoslavie ont servi d’inspiration pour la trame narrative entourant la guerre civile qui affecte la contrée. On y retrouve ainsi une population Palomiste en guerre ouverte avec les Sabiniens, notamment pour des motifs religieux. Au milieu de cela se trouve un contingent de forces de maintien de la paix de l’ONU avec plus ou moins de succès.

À noter la qualité exceptionnelle des options de dialogue. Pratiquement tous les intervenants ont l’option d’être questionnés sur les populations – Palomistes et Sabiniens – ainsi que sur la guerre civile et l’ONU. Les représentants de chaque groupe offriront une version des faits teintée d’une haine brûlante pour l’autre groupe, qu’ils considèrent souvent comme des sous-humains. Hell is Us nous donne une représentation captivante de la descente aux enfers de deux peuples autrefois frères. Sans trop de subtilité – c’est dans le titre -, cela nous rappelle que le pire ennemi de l’humanité demeure notre humanité elle-même, avec tout son lot de faiblesses.
Cela est doublement mis en évidence alors qu’en plus de ces factions humaines belligérantes, on se rend rapidement compte que le pays est infesté par les « Entités lymbiques » (traduction extrêmement libre pour qualifier ces… choses). Sans vendre la mèche, les aventures de Remi nous permettront d’en apprendre davantage sur l’origine de ses créatures et leur lien dans le conflit. Sachez que l’on flirtera avec des notions associées au surnaturel et à la science-fiction. Ce n’est donc pas simplement un récit de guerre civile comme dans This War of Mine, il y aura des notions de fantastique associées au récit.

Entre batailles et casse-têtes
Ces entités lymbiques seront ouvertement hostiles au joueur, qui devra en disposer au moyen d’une sorte d’épée trouvée sur la dépouille d’un commando rencontré en début de partie. Les combats sont relativement simples : cibler l’ennemi, éviter ses coups puis distribuer des raclées. L’endurance nécessaire pour donner des coups est lié à la jauge de vie. Il faudra donc être prudent et patient. C’est simple, c’est efficace.
Peut-être un peu trop simpliste, diront les grands amateurs de jeu d’action. Le nombre, les types et la variété des ennemis laissent aussi à désirer. Bien qu’ils soient visuellement époustouflants et terrifiants, les adversaires sont généralement très prévisibles, autant dans leur mouvement que dans leur emplacement. « Tiens donc, ce tunnel débouche soudainement sur une grande crypte dont le centre est complètement vide, ça serait un endroit parfait pour une scène de bataille » et voilà, vous avez parfaitement anticipé les passages plus musclés de Hell is Us.

C’est un peu la même chose avec les casse-têtes. On aura droit à tous les classiques du genre. J’espère que vous vous ennuyez des rouleaux pivotants avec des symboles à la Skyrim, parce que vous en retrouverez quelques fois dans Hell is Us. Avec vraiment tous les clichés, par exemple la pierre avec l’un des symboles nécessaires est absente, il faudra ramper à l’arrière pour la retrouver. Ou encore, pour ouvrir cette porte, il faudra tel item, ce qui forcera notre personnage à explorer l’ensemble de la région. Oui, vous aurez besoin de vous retrouver dans l’environnement et d’avoir une bonne mémoire. Une capacité d’observation aiguisée, particulièrement dans les endroits sombres, sera un atout.
Il n’y a donc pas une grande innovation dans ces domaines. C’est un peu comme des vieilles pantoufles. On peut en apprécier la familiarité, même si ça ne nous surprend plus. Ceci dit, la combinaison entre ces combats relativement simples et ces casse-têtes classiques combiné avec la grande qualité des dialogues, de l’exploration et de la diversité des objets à collectionner se conjuguent, tous ensemble, dans un tout plus grand que la somme de ses parties. C’est en mettant ensemble tous ces items que l’on obtient un résultat gagnant. Par exemple, pour trouver une solution, il faudra se souvenir d’une citation entendue lors d’un échange avec un personnage non joueur, d’une observation en chemin ou de la présence d’un objet dans l’inventaire. Parfois les trois à la fois. Les moments « Eureka ! » que procurent Hell is Us sont réellement satisfaisants. On en prendrait toujours plus.

Enfer ou paradis ?
L’envers du décor des moments « Eureka ! », ceci dit, ce sont les blocages. Que ce soit pour trouver son chemin ou pour résoudre un casse-tête, il est possible que la solution ne saute pas au visage des joueurs. Il faudra alors persévérer au travers de la frustration, avec une certaine détermination qui ne sera pas forcément à la portée de tous les joueurs. Pour l’avoir expérimenté moi-même, il y a des moments de découragement lorsque l’on tourne en rond parce que l’on n’a pas vu une échelle dans un coin permettant d’accéder à une pièce adjacente. Les solutions ne nous sautent pas toujours au visage. Il faudra aussi accepter des aller-retours au sein de la même zone, puisque la progression dans le jeu ouvre des options de dialogues avec des personnages précédemment rencontrés. Il faudra revenir en arrière pour mieux aller de l’avant.
Hell is Us demande un certain investissement de la part des joueurs. Oui, un peu de détermination, mais comme plusieurs éléments sont à mémoriser pour progresser, ce n’est pas le genre de jeu qui favorise les grandes pauses entre les séances de jeu.

Ceci dit, ceux qui choisiront de se lancer dans l’aventure ne le regretteront pas. Il y a tout un univers inédit à explorer avec des ennemis originaux et perturbants. La trame narrative est profonde, détaillée, avec beaucoup de matériel pour les dialogues et les personnages. Si les combats et certains casse-têtes sont relativement simples, on se plaira à évoluer dans un environnement magnifique soutenu par une trame sonore d’excellent goût.
Ainsi, pour les explorateurs et les observateurs d’entre nous, il y a sans doute quelque chose comme un petit coin de paradis dans Hell is Us.
J’aime
- La qualité graphique et l’apparence des environnements
- La profondeur de l’histoire
- Les personnages non joueurs et les dialogues
- Un très vaste univers créé sur mesure avec une trame narrative unique
- Encourager un studio bien de chez nous, évidemment
J’aime moins
- Certains casse-têtes peu créatifs
- Les combats un peu simplistes
La copie de Hell is Us a été fournie par Nacon.
Hell is Us
Scénario
Graphisme
Bande sonore
Jouabilité
Durée de vie
Sans carte ? ! ?
Hell is Us propose un jeu d’action, mais surtout d’exploration et d’observation dans un monde unique créé pour l’occasion. Notre personnage, Rémi, devra investiguer la région pour en apprendre davantage sur la guerre civile en cours, les étranges ennemis qui peuplent les ruines ainsi que sur ses propres origines. Il faudra être persévérant pour retrouver son chemin et passer à travers les casse-têtes et les combats. Pour ceux qui s’y investissent, Hell is Us déploie son plein potentiel grâce à une puissante immersion dans la trame narrative, les dialogues et la compréhension de ce monde brisé, mais fascinant.
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