Vous êtes passionné de littérature fantastique et vous cherchez une nouvelle œuvre à ajouter à votre collection ? Voici, sans ordre particulier, 10 livres de fantaisie (et coups de coeur !) pour vous évader dans un autre univers !
Quelques mots avant de débuter : cet article ne se veut pas un « top 10 » des meilleurs livres de fantaisie de tous les temps. Je souhaite vous faire découvrir des romans ou séries fantastiques qui ne prennent pas déjà la poussière sur vos étagères ! Je considère que je n’ai pas à vous vanter les mérites de vous plonger dans des grands classiques populaires comme Le Seigneur des anneaux, la série Harry Potter et autres Trône de fer de ce monde. De plus, j’ai tenté de varier les différents styles de fantaisie représentés (horrifique, héroïque, urbaine, mythologique, etc.), afin que tous y trouvent leur compte ! Et merci à Guillaume Lévesque de Vidéocorpo pour les photos !
Et vous, quel est votre livre de fantaisie préféré ? Laissez-nous vos coups de coeur dans les commentaires !
10 livres et séries de littérature fantastique à découvrir
1. Légende, de David Gemmel (1984)
Débutons par l’un des plus vieux livres de fantaisie sur cette liste, Légende, de David Gemmel. Il s’agit du premier livre du Cycle Drenaï. Ce roman d’action à couper le souffle nous présente pour la première fois le personnage de Druss, l’un des héros les plus célèbres de la fantaisie héroïque.
Dans Légende, l’action est linéaire et simple, puissante et irrésistible : un héros vieillissant doit tenir une forteresse aux six murs réputés imprenables fasse à un envahisseur à qui rien ne résiste. La force épique du livre vient de sa concision, de son action se déroulant presque entièrement dans un seul lieu, Dros Delnoch, dernier rempart d’une civilisation en déclin. Bien que l’on change souvent de point de vue entre les différents personnages de l’histoire, on est loin des intrigues complexes du Trône de fer. C’est rafraichissant !
Roi de l’action, Gemmel décrit les batailles et narre les grands sacrifices comme aucun autre. Il nous offre toujours des héros plus grands que nature qui redéfinissent les archétypes de la fantaisie. Druss, le typique guerrier à la hache, est vieux, désabusé et fatigué, mais aussi, humaniste. Il rend Légende inoubliable.
Je vous encourage aussi à découvrir, du même auteur, le roman Waylander ainsi que l’exceptionnel Cycle de Troie.
2. Les Dossiers Dresden, de Jim Butcher (2000 – en cours)
Depuis plus de vingt ans, Jim Butcher redéfinit la fantaisie urbaine grâce à Harry Dresden, un magicien et détective privé de Chicago qui assiste la police dans la résolution des crimes plus « étranges » qui assaillent la cité.
Même si chaque livre contient une enquête individuelle complète, et que les premiers tomes ont moins de liens entre eux, la série prend rapidement son erre d’aller. Elle nous fait découvrir un monde magique qui se fond au nôtre, où les vilains ont de la gueule et où l’on peut trouver notre « magicien professionnel » préféré dans les pages jaunes.
Les Dossiers Dresden sont un parfait mélange des genres : un univers folklorique où prennent racine les aventures néo-noires d’un détective de la vieille école, technophobe et grognon. Ces tomes nous ramènent au plaisir simple de lire, de s’évader quelques heures en compagnie de personnages intéressants (et souvent hilarants) qui se démènent au sein d’une intrigue bien ficelée.
Jim Butcher a aussi plusieurs autres excellents livres à son actif. Sa série Codex Alera, dans un style fantastique plus traditionnel, est très intéressante, mais j’ai surtout apprécié sa bifurcation cyberpunk The Aeronaut’s Windlass. Malheureusement, le livre n’a pas encore été traduit en français et on attend sa suite depuis 2015.
3. Un palais d’épines et de roses, de Sarah J. Maas (2015-2021)
J’ai dévoré cette série en quatre tomes (plus communément appelée ACOTAR, selon l’acronyme de sa version anglaise), racontant l’histoire d’une jeune humaine qui découvre le monde des fées, ses guerres et ses délices, sous le soleil d’été. Réticente au début de ma lecture, principalement parce que le livre semblait s’adresser à un public plus jeune adulte, j’ai rapidement réalisé la maturité du propos de Maas.
L’auteure aborde de manière subtile et vraie la dépression, la violence qui veille au sein d’une relation toxique et les séquelles qu’un traumatisme peut laisser sur un individu, tout héros soit-il. Que l’aventure se déroule ici dans un monde féérique ne change rien aux émotions des personnages, traitées avec un réalisme à applaudir.
Les différentes histoires d’amour au cœur de ces livres de fantaisie sont passionnantes, complexes et vraies. Je n’ai jamais été une admiratrice de littérature fantastique romanesque, mais, avec ACOTAR, j’ai découvert un véritable plaisir coupable. Autant le dire clairement : oubliez les fleurs et les violons, les scènes d’amour sont osées et très explicites. Public averti seulement !
4. La saga du Sorceleur, d’Andrzej Sapkowski (1994-1999)
J’ai découvert très jeune l’univers de Sapkowski, bien avant que CD Projekt RED ne crée ses chefs-d’œuvre vidéoludiques et que Netflix ne nous offre la chance de nous délecter des muscles d’Henry Cavill. Le Sorceleur fut mon premier contact avec une fantaisie plus mature et il garde une place de choix dans mon panthéon littéraire.
À travers le personnage criant de vérité et, surtout, ultra charismatique de Géralt de Rivia, un chasseur de monstres entraîné depuis l’enfance à protéger les humains mêmes qui l’ostracisent, l’auteur aborde avec maturité et beaucoup d’humour des sujets comme le racisme, l’intolérance, la peur de l’autre et, surtout, de soi.
Les relations que Geralt entretient avec la galerie de personnages paumés qui traversent ses aventures sont le véritable cœur de la saga du Sorceleur. La famille que forment Yennefer, Ciri et Geralt est extrêmement touchante. Qui aurait cru retrouver une réflexion douce et intelligente sur la filiation et l’amour paternel dans un roman où le héros combat des goules, des araignées géantes et des succubes ? Merveilleux !
5. Les Salauds Gentilshommes, de Scott Lynch (2006 – en cours)
Cette série en trois tomes suit les aventures de Locke Lamora et sa bande d’arnaqueurs hors pair, appelée Les Salauds Gentilshommes. Je n’ai pas assez de superlatifs pour encenser l’imagination dont fait preuve Lynch pour concocter les aventures de l’équipe bigarrée de Locke. Les revirements sont à tomber par terre, la narration est d’une richesse inouïe et les lieux créés, dont la fameuse ville de Camor du premier tome, n’ont rien en commun avec quoi que ce soit qu’on a pu lire ailleurs.
Locke et son compagnon de toujours, le grassouillet (et merveilleux) Jean, ont toujours des plans farfelus, mais ô combien brillants, qui s’écroulent, puis se rebâtissent, aux fils des chapitres. Vole d’un casino réputé, chapardages d’aristocrates blasés et autres manipulations d’élections magiques… tout y passe ! On se retrouve même sans trop comprendre pourquoi dans une grande épopée maritime avec des pirates dans le tome 2.
À travers toutes ses aventures, une seule constante : l’amitié, indéfectible, entre Locke et Jean, véritable coeur du récit.
6. Les lions d’Al-Rassan, de Guy Gavriel Kay (1995)
À mon humble avis, tous les romans de Guy Gabriel Kay auraient pu se retrouver sur cette liste. Le prolifique auteur canadien, auteur de livres de fantaisie historique, écrit des histoires riches et texturées, qui nous plongent dans des univers à la fois si familiers et si merveilleux qu’on ne peut que s’y perdre.
Les lions d’Al-Rassan, est, selon moi, son chef-d’œuvre, même si plusieurs lui préfèrent le plus connu Tigane. Le roman nous plonge dans une variation fascinante de l’Espagne médiévale du temps du califat de Cordoue. Lors de l’assassinat du khalife, la paix fragile de ce pays où cohabitent trois cultures aux religions très différentes vole en éclat. On suit l’impact de cette période tumultueuse sur la vie de Jehane, le médecin kindath, Ammar le poète (et assassin) asharite et Rodrigo, le guerrier jaddite.
La force du livre est sans conteste son trio principal : Ammar, Jehane et Rodrigo sont finement écrits. Leurs aventures, leurs amours et leurs drames m’ont brisé le cœur et j’avoue avoir versé une larme à quelques reprises. Le livre aborde aussi avec finesse les tiraillements religieux de différentes cultures qui tentent de vivre ensemble, mais finissent toujours par se faire la guerre.
Tout est à la fois subtil et plus grand que nature dans ce livre merveilleusement écrit que je vous recommande chaudement.
7. Aliss, de Patrick Sénécal (2000)
Avant qu’il soit à la mode d’adapter des contes populaires à la sauce horrifique, Patrick Sénécal nous offrait, avec Aliss, une version complètement déjantée du conte de Lewis Carol. Jeune adolescente blasée à la recherche de sensations fortes, Aliss découvre un quartier étrange de Montréal, sans début et sans fin, accessible uniquement par une rame de métro. Entourée de personnages plus étranges et dangereux les uns que les autres, elle découvrira à la dure son nouvel univers, sur lequel règne la Reine rouge, dans une quête initiatique trash et inspirée.
Lors de la sortie l’an dernier de la superbe adaptation en bande dessinée du livre, je me suis replongée dans cette lecture sadique avec une certaine appréhension. En effet, j’ai une longue relation d’amour et de haine avec les livres de Sénécal : je ressens souvent le besoin d’arrêter de lire toutes ses horreurs, tout en ayant une irrépressible envie de connaître la suite de l’histoire. Chaque page est tournée avec appréhension, en se demandant quelles nouvelles trouvailles horrifiques l’auteur nous réserve.
Heureusement, dans Aliss, et contrairement à certaines oeuvres plus tardives de Sénécal, la violence, le sexe et les scènes insoutenables font partie intégrante de la quête d’identité de la protagoniste et ne servent pas qu’à choquer le lecteur. Chair et Bones sont probablement les personnages les plus tordus à n’avoir jamais été mis sur papier. Bonne lecture… et bonne chance !
8. La trilogie de Daevabad, Shannon A. Chakraborty (2017-2020)
Ma plus récente découverte s’est frayé un chemin dans mon top 10 en quelques chapitres seulement. La trilogie de Daevabad raconte l’histoire de Nahri, une jeune voleuse ingénieuse qui écume les rues de Bagdad jusqu’au jour où elle découvre qu’elle est une Shafit, mi-humaine, mi-djinn, dernière descendante d’une famille célèbre de guérisseuses.
La trilogie de Daevabad m’a charmée par l’originalité de son univers moyen-oriental, qui pige autant dans la mythologie arabe que dans la richesse de l’Islam. L’écriture de Chakraborty, une nouvelle auteure à suivre, est riche et vibrante de couleurs : on peut presque sentir les épices du marché de Daevabad.
Dès le premier tome de la série, La Cité de Laiton, l’auteur utilise son univers fantastique peuplé de djinns et de créatures mythiques pour aborder des sujets comme les inégalités sociales et poser des questions fondamentales sur la répression, même en période de paix. Une réflexion profonde sur l’identité, des personnages ni noirs ni blanc avec de nombreuses failles, et une héroïne fière et forte qui ne s’en laisse pas imposer… tout pour créer une expérience géniale !
9. La tour sombre, de Stephen King (1982-2012)
« L’homme en noir fuyait à travers le désert et le pistolero le poursuivait ». Ces simples mots, qui ouvrent le premier tome de la série de King, Le Pistolero, me font frissonner de plaisir chaque fois que je les lis. Ils indiquent que je suis à l’aube de me replonger dans l’une des histoires les plus iconiques de l’auteur. Les images que crée King dans cette série s’incrusteront dans votre imaginaire pour longtemps.
Ici, l’horreur et la fantaisie s’allient au western pour créer un monde unique. La quête (l’obsession) de Roland, que l’on suit durant huit tomes, nous interpelle et nous soulève, grâce à une narration exemplaire. La série La tour sombre est loin d’être parfaite, la fin ayant d’ailleurs divisée les admirateurs, mais elle porte en elle un tel souffle qu’on ne peut que suivre King dans toutes les folies auxquelles il nous convie… et folies il y aura ! Dans La tour sombre, j’ai souvent hoché la tête de satisfaction devant les trouvailles originales qui parsèment le récit.
Comme plusieurs autres œuvres de King, le film tiré du premier tome de la série est d’une qualité douteuse. Même une distribution intéressante composée d’Idris Elba et de Matthew McConaughey ne peut sauver du désastre un scénario brisé, infidèle au chef-d’oeuvre qu’il est censé adapter. Dévorez plutôt les livres !
10. T.O.U.T., de Neil Gaiman
Gaiman nous a donné tellement de romans phares de la littérature fantastique et, surtout, dans des styles tellement différents, qu’il m’a été impossible de faire un choix pour cette liste. J’ai donc décidé de profiter de cette dernière entrée du top 10 pour tricher allègrement.
Même si elles ont été écrites par le même auteur, American Gods, Good Omens, Neverwhere, Stardust sont toutes des œuvres merveilleuses, à l’écriture unique. En effet, l’une des grandes forces de Gaiman est son habileté à adapter son ton aux différents genres de fantaisie auxquels il décide de s’attaquer. Neverwhere, plus urbain, nous plonge dans un Londres souterrain lourd et mystérieux, alors que Stardust est écrit comme un livre de fantaisie typique du début des années 1900. Quant à Good Omens, on ne peut le catégoriser autrement que comme une pure comédie !
Mais pour moi, le chef-d’œuvre de Gaiman reste et restera toujours Sandman. Oui, une bande dessinée… je triche encore ! Peu de romans ou de grandes œuvres littéraires ont autant de souffle ou de richesse que Sandman, ou ont eu un impact aussi grand sur la culture geek. La mythologie créée dans cette série pige allègrement dans nos univers collectifs : ici, on découvre la véritable histoire derrière la création de La tempête et Songe d’une nuit d’été de Shakespeare, et là, la Mort elle-même cite Mary Poppins. Orpheus, Caïn et Abel, les Constantine, Loki et Lucifer ne sont que quelques-uns des personnages mythiques à apparaître dans la série.
Ils auraient facilement pu faire la liste :
• Les quatre saisons de Violetta, de Christine Brouilette : une incursion réussit dans la fantaisie pour Brouillette, qui nous a plus souvent habituées à ses romans policiers. Et quelle incursion ! Un livre merveilleux, duquel il se dégage une ambiance indescriptible pleine de musique et d’odeurs suaves et qui vous convie à un voyage dans le temps aux côtés de personnages pleins d’ambiguïtés.
• Trilogie Kushiel, de Jacqueline Carey : à une époque où il n’était pas encore à la mode d’avoir des héroïnes fortes au centre des grandes séries fantastiques, Carey nous a offert avec Phèdre no Delauney une protagoniste inoubliable, dans un monde sensuel aux intrigues riches.
• Luminaires, d’Eleanor Canton : oubliez la très moyenne série d’Amazon Prime, elle ne capture absolument pas la poésie qui se dégage de ce livre d’exception. Une fantaisie plus subtile, plus ésotérique, mais en symbiose avec la fascinante Nouvelle-Zélande de l’époque.
• Imajica, de Clive Baker : je suis une grande admiratrice de Baker, surtout quand il s’éloigne un peu de l’horreur pour plonger dans la fantaisie (quoique… son écriture filtre toujours avec le malaise). Imajica est pour moi l’un de ses chefs-d’œuvre. Je l’ai même préféré à The Great and Secret Show. Malheureusement, il s’agit d’une lecture peu accessible et complexe, d’où son omission de la liste.
• Empire Trilogy, de Raymond E. Feist et Janny Wurts : une autre livre de fantaisie que j’ai lu très jeune et qui m’a marqué par son univers. Bien avant que Ned Stark se fasse décapiter pour avoir perdu au « jeu des trônes », la protagoniste de Empire Trilogy, Mara, naviguait le « jeu du conseil » avec maestria dans ce livre de fantaisie politique datant de 1987.
On pourrait aussi ajouter du Joe Abercrombie!