Sid Meier’s Civilization : A New Dawn – Enfin une réussite !

Je suis un adepte des jeux de construction de civilisation. C’est peut-être mon côté historien, mais j’aime cette idée de partir avec peu, dans un âge reculé et lointain, pour avancer tranquillement dans le temps, découvrir des technologies, explorer et commercer. La notion de 4X (explore, expand, exploit, exterminate) m’est d’autant plus fascinante qu’elle permet un développement et une gestion tout à fait uniques, qui changent à chaque partie. Dans les jeux de société, cette niche n’a pas été comblée par beaucoup de jeux. Plusieurs s’y sont essayés, mais bien souvent ont donné des jeux trop longs, trop complexes ou surfaits.

Sid Meier’s Civilization : A New Dawn

Sid Meier's Civilization : A New Dawn

Le tout nouveau Sid Meier’s Civilization : A New Dawn, sorti en 2017, tente de conquérir cette sphère, tout en évitant les pièges habituels. L’auteur James Kniffen et Fantasy Flight Games (maintenant chez Asmodee) nous offrent une toute nouvelle proposition, sept ans après la sortie de Sid Meier’s Civilization : The Board Game, à propos duquel les critiques sont assez mitigées. Cette fois, le jeu se veut court, simple et efficace.

Y a-t-il des aspects qui ont été sacrifiés ?

Règles efficaces

Civilization : A New Dawn est un 4X dans son fonctionnement, mais pas dans son objectif. En effet, les joueurs cherchent à atteindre trois objectifs parmi les six tirés au hasard au début de la partie. Construire un certain type de merveilles et contrôler un certain nombre de cases sont deux exemples assez typiques. À son tour, un joueur choisit l’une des cinq cartes d’action disponibles et applique ses effets. Selon qu’il l’a utilisée récemment ou non, ses effets pourront être appliqués sur un plus ou moins grand nombre de types de terrains et offriront un éventail de possibilités. Le joueur pourra notamment commercer, étendre son territoire ou bâtir une merveille. Au travers d’une partie, le joueur pourra aussi combattre, que ce soit ses adversaires ou les barbares qui rôdent aux alentours.

Couverture Sid Meier's Civilization : A New Dawn

Quand on aborde pour la première fois un jeu de ce type, on s’attend à une très longue lecture. Le livret de règles est souvent bien élaboré, parfois même trop. Dans le cas présent, je dois dire que je suis très satisfait. C’est très épuré. À une ou deux exceptions près, il n’y a pas vraiment de microrègle ultra-spécifique qui prend huit pages à expliquer comme on retrouve trop souvent dans certains jeux. Ici, il est simple pour tout le monde de savoir quoi viser : les objectifs sont bien indiqués, pas besoin de gérer les points, tout le monde vise à peu près les mêmes choses. Le jeu ne s’éparpille pas à essayer d’être un monstre. Et puisque tout tourne autour de cinq cartes d’action, il n’est pas trop difficile de choisir quoi faire à son tour. Grosso modo, on étend le territoire, on découvre des technologies, on commerce, on fonde des villes ou on entre en combat. De ce côté, la longueur viendra surtout au moment d’améliorer les cartes, puisque les choix seront nombreux.

Le combat est la seule véritable mécanique « complexe ». Elle devra d’ailleurs être maitrisée par au moins l’un des joueurs : selon qu’on attaque des barbares, un autre joueur ou qu’on se défende, les considérations varient. C’est certainement cette mécanique qui ajoute à la fois le plus grand élément de complexité et d’interaction entre les joueurs. Autrement, on construit dans son coin, on tente de s’étendre et d’acheter des merveilles. Du vrai Civilization !

Production intéressante

De prime abord, je constate un jeu de relativement bonne qualité. Ce n’est pas toujours le cas : ce type de produit est souvent rempli à ras bord de composantes moyennes, de jetons à l’excès et de cartes remplies de textes. Pas forcément mauvais, mais l’histoire nous montre qu’ils laissent souvent à désirer. Avec Civilization : A New Dawn, on marque quelques bons coups, et d’autres moins bons. Le plateau en hexagones s’utilise bien et donne un beau résultat (d’ailleurs, il n’est pas aussi coupé dans son design que son prédécesseur). Visuellement, le jeu rappelle un peu Catane, sans toutefois négliger sur la symbologie. Les petites villes de plastique sont voyantes et plaisantes. L’information sur les plateaux de joueurs et les cartes est suffisante, mais pas trop imposante.

À l’inverse, les dés et les jetons n’ont rien d’exceptionnel. J’aurais aimé des ressources de plastique au lieu de simples jetons de carton ; le tout aurait été plus vivant. Mais définitivement, ma plus grande déception est l’utilisation de roulettes. Il semble que les éditeurs trouvent encore en cette méthode une belle manière de suivre l’information… Difficile de comprendre pourquoi. Un simple plateau central, sur lequel chacun avance un pion et passe certains marqueurs de technologie aurait pu faire bien mieux, et aurait probablement coûté moins cher au final.

Appréciation générale

Je partais assez sceptique au départ. Je n’ai pas particulièrement aimé le prédécesseur, le trouvant trop long et un peu essoufflé. Mais cette fois, je vous le dis : l’amateur fini de Civilization que je suis est comblé. Certes, des points auraient mérité une meilleure attention, mais l’expérience globale reste plus que satisfaisante. C’est particulièrement le cas grâce à sa longueur : il n’a pas le temps de devenir lassant ou répétitif comme tant d’autres jeux dans ce style. Après tout, il ne faut jamais oublier l’impératif ludique d’un jeu : s’il n’est pas amusant, il ne sert à rien !

Je ne le recommande pas nécessairement pour les débutants du hobby. Ce n’est certainement pas un jeu de combat ou de guerre ultra complexe. C’est avant tout un jeu de gestion. Néanmoins, si vous avez essayé Catane ou Scythe, ou n’importe quel jeu avec un plateau et du territoire à saisir, vous vous plairez bien à l’essayer.

Sid Meier's Civilization : A New Dawn

Graphisme
Matériel
Thématique
Mécanique
Plaisir

Réussite !

La production est très intéressante (quoiqu'un peu inégale), le jeu est bien ficelé et pas trop long : cette nouvelle version a tout pour plaire. Je recommande !

À propos de Charles Mercier-Paquin

Je suis historien, technophile, voyageur et passionné de jeux de société. Je suis tombé très jeune dans le plaisir des jeux, mais c'est véritablement le fameux Colons de Catane qui m'a ouvert à cet univers ludique. Dix ans plus tard, les jeux de société sont mon obsession. Geekbecois, c'est mon exutoire. Au plaisir de partager avec vous!

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