Lancé en janvier 2017, Night in the Woods est un jeu indie d’aventure développé par Infinite Fall. L’édition Weird Autumn, sorti en octobre dernier, a ajouté beaucoup de nouveau contenu au jeu de base. Depuis son lancement, il fait beaucoup jaser grâce à son charme, la richesse de son histoire et à ses personnages très développés. Le style graphique léché m’a à lui seul convaincue de me le procurer. Alors que le jeu se complète en 10-15 heures, il est toutefois impossible de voir tout ce qu’il a à offrir en seulement une partie.
Mae, naïve et troublée
On incarne Mae Borowski, une chatte qui retourne dans son village natal du nom de Possum Springs suite à l’abandon de ses études. Dès les premières minutes, on s’attache à elle. De nature curieuse, elle réagit souvent de façon immature et elle est extrêmement naïve. On découvre vite qu’elle a la réputation d’un fauteur de trouble et qu’elle a de la difficulté à gérer sa colère. On ne croirait pas qu’elle est âgée de 20 ans. D’ailleurs, c’est un commentaire qui revient souvent parmi les habitants du village.
Tous les jours, on passe ses journées à flâner au village, à visiter nos amis à leur lieu de travail, à faire des mauvais coups. En effet, on explore pas mal toujours les mêmes régions de Possum Springs. Le village est à la fois assez petit pour préserver une certaine intimité et assez vaste pour ne pas trop s’y ennuyer. Très vite, la routine s’installe. Je me suis laissée tomber sous le charme de cet endroit. À chaque nouveau jour, j’avais hâte d’entendre le prochain poème de ma voisine Selmers, de voler des pretzels au casse-croûte, de briser des ampoules à coups de bâton de baseball.
Jouabilité gardée simple
En général, le rythme du jeu est assez lent. Il faut savoir que Night in the Woods n’est pas reconnu pour sa jouabilité exceptionnelle, mais plutôt pour le développement des personnages, les dialogues naturels et l’évolution du récit. Les choix que nous pouvons faire au cours du jeu se limitent aux gens avec lesquels nous voulons passer du temps. Les trois fidèles amis de Mae ont chacun des personnalités distinctes et définies : Bea la crocodile gothique, Angus l’ours asthmatique et Gregg le renard hyperactif. Ils sont tous plus attachants les uns que les autres, à part peut-être Bea, que je n’ai pas réussi à apprécier du tout. C’est peut-être mieux ainsi, car on ne peut pas aimer tout le monde dans la vie.
Également, des mini-jeux se déclenchent lorsque l’on veut effectuer certaines tâches. L’un d’eux rappelle grandement Guitar Hero. Certains passages sont entrecoupés de séquences de rêve. Ces sections parfois trop longues à mon goût servent à alimenter le côté mystérieux de l’histoire. Elles nous préparent aussi pour la révélation finale. Effectivement, Mae et ses amis font une macabre découverte assez tôt dans le jeu. On se rend vite compte que quelque chose de très sombre se trame au village.
Un amalgame de thèmes
L’aspect horreur cosmique fortement inspiré de Lovecraft prend, selon moi, trop de temps à véritablement s’amorcer. En contrepartie, une fois que l’on y baigne, tout semble se dérouler trop vite, puis l’histoire prend fin. Je crois que j’ai fini par avoir de trop grandes attentes en réponse aux événements louches et mystérieux qui surviennent au cours du jeu. J’ai eu la vague impression qu’il a été difficile de bien intégrer l’horreur lovecraftienne dans le récit. Le côté philosophique de ce thème est très bien représenté, mais pour le reste, j’ai trouvé l’exécution un peu maladroite.
Aussi, on ne semble pas avoir d’objectif précis avant la moitié, ou même avant les deux tiers du jeu. Je ne sais toutefois pas s’il s’agit d’une bonne ou d’une mauvaise chose. Je dois admettre que ça fait du bien d’errer dans un endroit virtuel sans but particulier une fois de temps en temps.
Les dialogues sont agrémentés d’humour noir sans sucre ni lait, comme j’aime bien. On se retrouve souvent confrontés à des situations très dures. En effet, Night in the Woods n’a pas eu peur d’aborder la maladie mentale et ses ravages sur la victime et son entourage. Il m’est arrivé plus d’une fois de prendre une courte pause suite à une scène intense ou un dialogue brutalement honnête parce qu’il m’était trop familier.
Également, on constate assez tôt que Possum Springs est au bord du gouffre. Ses habitants quittent le village afin d’aller vivre en ville. D’autres se voient obligés de fermer leurs commerces dû au manque de clients. Cette situation trouble Mae au plus au point – elle ne reconnaît plus son village d’enfance et ça la dépasse.
Au final
Je m’excuse pour ce cliché, mais c’est une nécessité : avec du recul, je considère Night in the Woods comme une sorte d’ode à l’espoir… Il a du charme et du chien. Incontestablement, ce jeu fait partie de mes plus grands coups de coeur récents, et ce, malgré ses nombreux défauts. Je le répète : ce sont vraiment les personnages qui font le jeu. La mère de Mae est probablement une des mères les plus cool, tous jeux confondus. Certains personnages (plusieurs même) sont bizarres, d’autres sont très désagréables, et c’est entre autres ce qui fait la beauté de ce jeu.
Night in the Woods est disponible sur PC, PlayStation 4 et Xbox One. Un lancement est attendu sur la Nintendo Switch le 1er février prochain.
Night in the Woods
Scénario
Graphismes
Bande sonore
Jouabilité
Durée de vie
Très bien !
Night in the Woods n'est pas un jeu pour tout le monde – certains disent qu'il ne s'agit que d'un « walking simulator ». Le jeu a toutefois beaucoup de charme et de personnalité. Il est touchant tout en ayant du chien. Il a de nombreux défauts, certes, mais l'expérience globale est très satisfaisante.