L’origine exacte des échecs demeure encore un mystère… Ce dont nous sommes certains, c’est que son ancêtre primitif a fait son apparition il y a environ 1400 ans en Asie et, par migration des peuples dans les siècles suivants, est finalement devenu le jeu d’échecs que nous connaissons avec le roi, la reine et les autres pièces emblématiques. Revoir un concept de jeu si ancien sans en modifier son essence relève d’une imagination hors du commun et de beaucoup, beaucoup, beaucoup de travail. C’est le défi qu’a relevé Rolando Issa, auteur du nouveau jeu Eternal Kings, présentement sur Kickstarter.
Quelques mots sur l’auteur
J’ai eu la chance de discuter à quelques reprises avec Rolando à propos de son projet, Eternal Kings. Avec simplicité et authenticité, il me parlait de son projet presque comme de son enfant. De toute évidence, il y a mis tout son coeur et énormément de travail. Rolando Issa habite présentement à Los Angeles et, comme plusieurs d’entre vous, il est un vrai passionné de l’univers ludique sous toutes ses formes : jeux vidéo, jeux de rôle Donjons et Dragons, jeux de société, jeux en ligne comme World of Warcraft, compétition de jeu de cartes Magic. Si la diversité de son expérience était reconnue comme cursus scolaire, il serait détenteur d’un doctorat en science ludique. Donc, on peut dire que M. Issa est un fin connaisseur des différentes mécaniques de jeux et a savamment combiné « la chance des cartes et la stratégie des échecs ». Le rêve de Rolando avec Eternal Kings est d’en faire un nouveau jeu incontournable dans les différentes compétitions au même titre que Magic : The Gathering ou Pokemon.
Pour en connaître davantage sur Rolando Issa et sur la création d’Eternal Kings, c’est ici (entrevue en anglais seulement).
Matériel
Lorsqu’on ouvre la boîte (avec beaucoup d’excitation dans mon cas !), on peut être surpris par le contenu simple : des cartes, un tapis de jeu à l’image d’un échiquier et des règles de jeu. Point. Bon, au départ, j’ai bien cru qu’il manquait du matériel ou que j’allais être déçue par le manque de pions, meeples, figurines, marqueurs de points. Je me suis alors remise dans le contexte du jeu : les échecs. Tout ce que nous avons besoin, au final, ce sont les pièces et l’échiquier. Après ma première partie, il fallait me rendre à l’évidence, j’avais tout ce dont j’avais besoin.
Les illustrations des cartes « pions » et des cartes « pouvoirs spéciaux » sont hallucinantes. On se retrouve à un merveilleux croisement entre les monstres de Silent Hill, Assassin’s Creed et les abominations de Resident Evil ! Et tout ça, sans copier l’une ou l’autre des oeuvres !
Mécanique du jeu
Ai-je vraiment besoin de vous dire que l’essence du jeu repose sur les stratégies de base des échecs ? La question qui demeure : le jeu est-il seulement conçu pour les maîtres en la matière ? Avant de m’aventurer dans l’univers de Rolando Issa, j’avais deux parties d’échecs au compteur… aussi bien dire que je n’avais jamais joué de ma vie. Je connaissais rapidement les déplacements possibles de chacune des pièces, mais je ne maîtrisais aucune stratégie. Je fus agréablement surprise de voir que mes maigres connaissances étaient suffisantes pour tenir le cap durant une partie. Donc, le jeu s’adresse à tous, mais quelques petites notions de base aident grandement dans les premières parties. De plus, je vous suggère de jouer avec une personne qui a votre niveau afin de rendre la partie équitable. Échec et mat en cinq coups, c’est dur pour l’estime… expérience à l’appui !
Chaque joueur crée sa propre armée de cartes « pions » déclinée ainsi : huit pions, deux tours, deux fous, deux cavaliers, une reine et, bien évidemment, un roi. On place ensuite ces cartes « pions » aux emplacements habituels (sur le web, j’ai vu certains joueurs mettre de véritables pions du traditionnel jeu d’échecs sur les cartes pour suivre plus facilement) sur un échiquier et les cartes se déplaceront comme dans une partie habituelle… avec quelques modifications. En effet, le jeu possède quatre armées différentes aux pouvoirs bien distincts. Dans les premières parties, il est suggéré de choisir tous ses « pions » dans la même catégorie de pouvoir (force, intelligence, agilité, sagesse), mais il est tout à fait possible de les mélanger selon nos envies et les pouvoirs spéciaux de chacun par la suite. La réelle amélioration de la version classique des échecs est l’apparition du pion de cartes « habiletés spéciales ». En effet, il vous sera possible de créer un paquet de pige et d’ajouter des actions à vos « pions » ou de vous défendre contre les attaques ennemis. Pièges, construction de place fortifiée, magie : rien n’est laissé au hasard et l’ensemble est très harmonieux. En détruisant les pièces du jeu de votre adversaire, gardez en tête l’objectif ultime : détruire le roi adverse. Précisons tout de suite que les rois ne se laisseront pas faire car, en plus de posséder des pouvoirs spéciaux, ils sont robustes donc difficiles à détruire.
Il est également possible de jouer en équipe, deux contre deux, mais, à mon humble avis, cela perd un peu de la nostalgie des classiques parties d’échecs.
Mon avis sur Eternal Kings
J’ai personnellement été conquise par la simplicité, l’authenticité et le graphisme d’Eternal Kings. J’accorde particulièrement une attention au travail de graphisme, m’attardant aux détails, au synchronisme, à l’homogénéité du matériel. Il faut que le tout « fonctionne » ensemble, que le jeu soit cohérent et original. Avec toute la diversité de jeux qui existe sur le marché, des classiques aux nouveautés, un excellent jeu doit se démarquer tout en restant dans les modèles qui fonctionnent. Eternal Kings est un excellent jeu, à la fois classique et innovant. Les jeunes joueurs se reconnaîtront à travers l’univers du « deck-building » et les plus expérimentés retrouveront avec confort les stratégies des échecs.
Le jeu de Rolando Issa est encore en période de socio-financement sur la plate-forme Kickstarter jusqu’au 27 février 2018. Le prix est très abordable (environ 40 $ CAD pour un exemplaire) compte tenu de la qualité du matériel et des illustrations des cartes. Je vous le recommande chaudement ! De plus, l’auteur est très actif sur les réseaux sociaux et se fait un plaisir de répondre aux questions. Il n’existe pas encore de version française du jeu, mais Rolando affirme avoir à sa disposition un traducteur prêt à entreprendre la version française si le jeu connaît un beau succès en France et au Québec. Le livret de règles et les illustrations détaillées permettent de jouer même si on est moins à l’aise dans la langue de Shakespeare.
Eternal Kings récolte une note plus que parfaite !
Page officielle du jeu | Page BoardGameGeek
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Merci à Rolando Issa pour les merveilleuses discussions et l’essai d’Eternal Kings pour cet article !