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Critique de la série télé Halo : Master Chief, perdu dans le cliché

Les ponces d’Hollywood souhaitaient depuis plusieurs années transporter au petit écran les aventures de Master Chief. Halo est, après tout, l’une des franchises vidéoludiques les plus lucratives de l’histoire. Elle a déjà été déclinée en tout ce qui existe de bédés, livres, films, boîtes à lunch et autres. Malheureusement, la poise semblait suivre le projet « télé », longtemps resté dans les limbes. Pendant un moment, Steven Spielberg fut même associé au projet en tant que producteur ! Nous avons finalement pu découvrir la série en 2022. Que vaut cette nouvelle aventure ? Voici ma critique de Halo !

  • Créateur : Kyle Killen et Steven Kane
  • Distribution : Pablo Schreiber, Jen Taylor, Natascha McElhone, Olive Gray
  • Service de diffusion : Paramount+ (sur Apple TV au Canada)
  • Nombre d’épisodes : 9
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Halo : critique d’une série en territoire archiconnu

Halo raconte les débuts de la guerre entre l’humanité et l’Alliance Covenante, une société extraterrestre militariste. Les Spartans, des supersoldats ultras entraînés détachés de toutes émotions humaines, sont les seuls capables de faire face à la menace. Quand la Silver team, menée par John-117, est envoyée sur la lointaine planète rebelle Madrigale, victime d’une mystérieuse attaque, elle y découvre un artéfact que convoite l’Alliance Covenante.

Un début laborieux dans un univers convenu

Le premier épisode de la série se donne le défi d’accrocher rapidement les admirateurs des jeux vidéo. À la sixième minute, des adolescents d’une colonie de l’arrière-galaxie se font massacrer par les soldats de l’Alliance Covenante. À la onzième, les Spartans descendent du ciel. L’armure verte iconique fait son apparition et Master Chief s’exclame : « Silver team, engage » ! On passe en mode « vue à la première personne ». La mêlée est bien réalisée. On se dit qu’on aura affaire à une excellente série d’actions. Puis… plus rien.

Il faudra attendre l’épisode 5 pour revoir une grande séquence haletante. À la place, on se retrouve face à des personnages perpétuellement en mode « narration ». Les scénaristes s’arrachent le cœur pour tenter de bâtir leur monde à coups de plans larges pleins d’effets spéciaux et de longs monologues fades. Pourquoi fade ? Parce que l’univers présenté est fade. Il manque cruellement d’originalité.

C’est là le plus grand défaut de la série. Chaque plan, chaque planète et chaque personnage nous rappellent quelque chose qu’on a déjà vu.  Les héros sortent de l’hyperespace directement dans un champ d’astéroïde (Star Wars). Des rebelles dans des colonies éloignées et pauvres, exploitées pour leurs ressources, en veulent aux planètes centrales (The Expanse). Quelqu’un dit presque « the deuterium must flow » (Dune). La série s’inspire aussi beaucoup d’autres jeux vidéo : elle pille honteusement des pans entiers de X-Com et de Mass Effect. Bref, on repassera pour la nouveauté.

Une exploration de la force de la mémoire et du libre arbitre

Heureusement, quand la série décide de se concentrer sur ce qu’elle a de vraiment unique, elle brille. L’apparition dans l’épisode 3 de Cortana, une intelligence artificielle greffée dans le crâne de ce pauvre Master Chief, ainsi que le recadrage de la narration sur le voyage intérieur de ce dernier, rallume l’intérêt.

John-117 est un protagoniste très intéressant. Sous nos yeux, il redécouvre ce que c’est que d’être un humain. Au fur et à mesure que ses souvenirs reviennent, on en apprend plus sur son passé. On découvre les horreurs de son entraînement de Spartan et son lien pseudo-maternel pas du tout sain (mais fascinant) avec le Dr Halsey. Quand une autre membre de son équipe, Kai-125, décide aussi d’extraire de sa colonne vertébrale la fameuse pastille qui bloque leurs émotions, la série tient vraiment un filon intéressant. Elle nous offre un argumentaire pas piqué des verres sur l’importance de la mémoire dans la création de notre identité.

Le tout est porté par une interprétation excellente de Pablo Schreiber, que j’avais adoré dans American Gods (il sauvait la saison 2 à lui tout seul). Si, durant les deux premiers épisodes, j’étais plutôt agacée par son visage de plomb, j’ai adoré plus tard la subtilité avec laquelle il interprète l’éveil émotif de John, avec curiosité plus qu’avec un émerveillement béat plus classique. Son lien avec Cortana est aussi très bien amené, les deux personnages étant le miroir l’un de l’autre.

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Des personnages et des histoires secondaires… ordinaires

Au-delà de notre protagoniste et de Cortana, qui ne pouvait qu’être excellente puisque la voix du personnage est reprise par l’actrice de la série, Jen Taylor, les personnages qui gravitent autour d’eux sont faibles. Encore une fois, on est face à plusieurs clichés. La sensation de déjà-vu est très présente. Burn Gorman reprend son rôle de méchant de The Expanse, avec un brin d’excentricité de plus, et Shabana Azmi est une (très) pâle copie de Shohreh Aghdashloo dans la même série. Makee, un personnage secondaire inventé pour la série, est un bien pauvre antagoniste. Le jeu de l’actrice est vraiment agaçant dans son agressivité. Elle me faisait sortir du récit à chacune de ses apparitions.

Un autre gros problème avec la série vient du second personnage principal, Kwan Ha, interprété par Yerin Ha. Son arc narratif en entier est totalement inutile : il aurait pu être entièrement éliminé sans rien modifier à l’histoire. Son personnage, son jeu et son histoire sont terriblement… beige. On ne s’attache pas à elle. À chaque fois que l’on coupait vers la planète Madrigale, Master Chief me manquait.

Heureusement, le reste de la Silver Team, ainsi que Soren, l’échappé devenu pirate, sont un gros point fort de la série. J’ai vraiment aimé Kate Kennedy dans le rôle de Kai-125. La voir geeker sur son arme préférée comme première véritable émotion dans l’épisode quatre m’a bien fait rire.

Observations variées :

  • Saviez-vous que l’on a passé proche d’avoir une série Halo avec un scénario signé Alex Garland ? Oui, cet Alex Garland, l’homme derrière les meilleurs scénarios de science-fiction des vingt dernières années (Dreed, Sunshine, Ex Machina, Annihilation…). J’en pleure d’imaginer à quel point cette version de la série aurait pu être extraordinaire.
  • Je n’ai pas encore parlé des effets spéciaux de la série : ils sont corrects, sans plus. Comme toujours, porter une armure de 20 tonnes ne semble pas compter : la CGI se fiche de la gravité. Tout le monde saute et retombe sur ses petits petons comme des ballerines de 10 ans.
  • Le laboratoire de Miranda Keyes est une copie conforme de celui dans X-COM 2. C’est exactement pareil. Jusque dans les bruitages. C’est presque gênant.
  • Dans le même ordre d’idée… encore une quête/vision initiatique dans le désert ? Peut-on trouver une autre manière de faire s’il vous plaît ?
  • Coin de la petite polémique : alors, Master Chief sans son casque ? Plusieurs admirateurs des jeux vidéo n’ont pas aimé que Pablo Schreiber se promène toujours à visage découvert. Le Mandalorian nous a prouvé récemment qu’on pouvait transmettre des émotions même à travers 3 pouces de métal…qu’en pensez-vous ?

Halo

Scénario
Réalisation
Distribution
Effets spéciaux

On a déjà-vu

Une série réalisée de manière compétente, mais sans originalité, avec un protagoniste intéressant. Les histoires et les personnages secondaires sont à oublier !

À propos de Maude Bégin-Robitaille

Spécialiste en communication numérique de jour, auteure professionnelle les soirs et les weekends, maman à temps plein et warpriest les mardis soir. Surtout, geek depuis l'enfance !

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