Indoorlands en accès anticipé : il faut aimer décorer

Quand nous nous retrouvons face à un jeu vidéo qui est un simulateur de création et de gestion de parc d’attractions, on ne peut s’empêcher de rapidement tomber dans la comparaison avec la désormais mythique série Roller Coaster Tycoon ou ses successeurs plus récents comme Planet Coaster. Indoorlands, qui propose de bâtir et d’administrer un parc d’attractions intérieur, a donc beaucoup à faire pour se démarquer.

Dans sa forme actuelle, en accès anticipé, qu’il serait possible de qualifier de très anticipé, Indoorlands présente beaucoup de potentiel malgré un contenu disponible actuellement très limité.

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Indoorlands permet d’ajouter des pièces purement décoratives pour agrémenter le parc d’attractions.
  • Studio de développement : Pixelsplit, Pixelsplit Simulations
  • Éditeur : Pixelsplit, Pixelsplit Simulations
  • Plateformes disponibles : PC, MacOS, Linux
  • Plateforme de test : PC
  • Date de sortie : 14 juillet 2021, accès anticipé
  • Classement : En attente
  • Prix : 15,49$
  • Page Steam du jeu

Une proposition qui peut sembler surprenante

En tant que Québécois, l’idée d’un parc d’attractions intérieur peut sembler surprenante. S’il est vrai que nous connaissons bien les parcs d’attractions classiques comme la Ronde ou encore des parcs aquatiques comme Valcartier, il n’existe pas réellement d’équivalent aux grands parcs intérieurs par chez nous. Certains auront peut-être une pensée pour le centre Cache-à-l’eau – dont j’ai appris la fermeture en effectuant des recherches pour ce billet -, mais celui-ci n’est pas de taille par rapport aux géants que l’on retrouve chez nos voisins du Sud ou dans le Canada anglais. 

Indoorlands_Murs
Eh oui, un parc d’attractions totalement à l’intérieur ! Il est possible d’ajuster le niveau de transparence des murs pour observer les structures du parc.

Si vous recherchez de l’inspiration pour des parcs d’attractions intérieurs, il est possible de regarder du côté d’Edmonton avec Galaxylands ou encore vers le plus grand parc du type aux États-Unis, le Nickelodeon Universe. Pour satisfaire votre curiosité, sachez que le plus grand parc d’attractions intérieur au monde est, sans surprise, situé aux Émirats arabes unis, et a pour titre Warner Bros. World Abu Dhabi.

Empruntez ce corridor

Le concept de parc intérieur est donc quelque chose déjà établi dans plusieurs endroits sur la planète et, en dehors du fait de ne pas être à l’extérieur, on y retrouve les mêmes attractions que dans les parcs d’attractions conventionnels. Pensons ici aux manèges, montagnes russes, concessions alimentaires, monorail et autres divertissements pour les petits et les grands. Il en existe une foule de variétés, de tailles et de thématiques.

Indoorlands a donc ce contexte qui lui permet de se démarquer, mais il importe de noter que cela ne semble avoir que peu d’impacts, pour le moment, sur le déroulement du jeu. Plutôt que de construire des sentiers pour les visiteurs, on bâtit plutôt des corridors pour relier les différentes salles où sont les attractions. Bien sûr, ces corridors peuvent être garnis de kiosques de nourriture foraine et de boutiques pour titiller le portefeuille des visiteurs. Mais jusque-là, il n’y a pas une bien grande différence avec les contextes conventionnels des simulateurs de gestion de parc d’attractions extérieur.

Indoorlands_DecoRoom_OK
Les pièces décoratives permettent aux visiteurs de se rendre du point A au point B en admirant les créations du joueur.

 Il aurait, par ailleurs, été intéressant de voir les avantages d’un parc intérieur mieux déployés. Par exemple, il n’y a pas de phénomènes météorologiques et de ses éventuelles conséquences sur l’achalandage du parc. On aurait pu imaginer que durant les averses ou les mois froids, le parc intérieur soit plus fréquenté que la compétition, mais il n’y a pas de cela dans Indoorlands. Ici, le nombre de visiteurs est basé sur la taille du stationnement et sur la disponibilité de moyens de transport collectifs. 

Par contre, le fait de devoir placer ses attractions dans des salles attitrées est un point distinctif très intéressant d’Indoorlands. Elles permettent une personnalisation complète, allant jusqu’à la musique qui jouera dans cette salle, de l’aspect de l’attraction et de son décor. Cette mécanique n’est, par ailleurs, pas du tout secondaire. Afin de progresser dans le jeu et débloquer davantage de constructions, le joueur devra atteindre un certain degré de décor ou d’immersion.

Indoorlands_Decoration
Les options de personnalisation pour les pièces ne manquent pas. Un point de vue plus rapproché des attractions est également disponible durant cette phase de créativité.

Du potentiel

Le visuel de type low-poly n’est plus une nouveauté dans le catalogue des jeux actuellement disponibles et convient somme toute bien aux jeux de gestion en permettant des environnements plus créatifs et distinctifs, tout en ménageant les machines des joueurs. Les développeurs de Indoorlands font donc un bon choix en optant pour ce style graphique qui, tout en sauvant du temps de programmation, permet facilement de varier les points de vue. En effet, il y a une vue plus classique de gestionnaire du parc où l’on observe le déroulement des activités de celui-ci ainsi que les actions de visiteurs, mais il est également nécessaire périodiquement de se rendre les deux pieds virtuels dans le parc pour prendre le contrôle de la gestion des manèges et faire la décoration des pièces. On se retrouve d’ailleurs avec le point de vue des visiteurs, ce qui est sympathique bien que ce ne soit pas une innovation propre à Indoorlands.

Côté recherche, il y a plus d’une centaine d’items pouvant être débloqués en atteignant certaines cibles en termes de visiteurs ou de qualité de la décoration ainsi qu’avec des points de recherche. Il y a donc là un potentiel intéressant de personnalisation de la partie qui a un impact positif sur la durée de vie du jeu. 

Indoorlands_RechercheThematiques
Les options de recherche permettant de débloquer des items pour décorer les salles thématiques et les manèges ne manquent pas.

Les visiteurs sont animés individuellement et il est possible de prendre leur opinion en temps réel. Encore une fois, c’est une mécanique assez convenue dans ce type de jeu de simulation, mais qui manque cruellement lorsque les développeurs ne jugent pas opportun de l’ajouter. C’est aussi une source d’information pertinente sur les manquements au parc et sur les développements potentiels. L’ensemble des impressions des visiteurs est également disponible dans des tableaux agrégés bien présentés pour avoir en un coup d’oeil une idée des services déficients.

La prise en main est également très simple. Tous les outils et les informations pertinentes sont regroupés dans une interface utilisateur simple, moderne et rationnellement organisé. Ça ne prend pas beaucoup de manipulation pour trouver ce que l’on recherche et il est très aisé de s’y familiariser. Le joueur a également la possibilité d’intervenir dans la gestion des manèges en personnalisant la vitesse et l’intensité des attractions.

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Des filtres sont également disponibles afin d’évaluer l’attractivité des différentes sections du parc ainsi que les zones plus problématiques en termes de propreté.

Mais beaucoup de limites

Répétons-le, ce jeu est en accès anticipé et cela excuse beaucoup de manquements pour lesquels des correctifs sont à venir. Les développeurs sont transparents sur leur feuille de route et sur les items à ajouter dans le futur. Ceci dit, il y a des jeux en accès anticipé, certains depuis de nombreuses années comme Project Zomboid – un de mes jeux préférés – qui présentent tout de même un minimum de contenu. Disons qu’Indoorlands s’est rendu disponible au public très hâtivement si on considère les limites importantes qui existent à l’heure actuelle. À titre d’exemple, c’est un jeu de simulation d’un parc d’attractions, mais il n’y a pas encore de montagnes russes dans la mouture actuelle de Indoorlands 

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Les mises à jour planifiées dans la feuille de route d’Indoorlands ne manquent pas. Crédit : page Steam de Indoorlands.

Allons-y donc en rafale. Le jeu ne présente actuellement pas de campagne à proprement parler ni de tutoriel. Il y a bien quelques bulles d’aide par moment, mais c’est tout. Il n’y a qu’une seule carte (un paysage désertique) et il y a peu de manèges différents avec peu d’options de personnalisation. Il y a un grave problème d’équilibre alors que les premiers objectifs pour développer le parc sont longs à atteindre et répétitifs alors qu’en fin de partie, cela s’emballe et on ne sait plus où donner de la tête. Notons également que les débuts de partie offrent peu de choix de construction et qu’il est souvent nécessaire de répéter les mêmes actions pour espérer atteindre les objectifs permettant de progresser. 

Indoorlands_NbManeges
Voici l’entièreté de la section recherche pour les manèges. Même pour un jeu en accès anticipé, c’est très mince.

Le nombre de visiteurs basé sur le nombre de places de stationnement est assez simpliste et apporte peu de défi. L’atteinte d’objectifs permet de débloquer de nouveaux bâtiments, bien sûr, mais il aurait été intéressant de pouvoir influer la réputation du parc au moyen de campagnes de marketing qui pourraient également avoir un impact sur l’affluence de visiteurs au parc.

L’esthétisme des salles, qui devrait être un point central puisque c’est la principale activité en ce moment dans Indoorlands, ne compte pas dans l’attribution des points de décor. Simplement le nombre d’éléments placés. Pour ceux qui n’aiment pas trop décorer, il suffit de placer une cinquantaine d’arbres dans un coin pour que l’immersion soit « parfaite ». Le parc ne sera pas particulièrement agréable à l’oeil, mais devrait attirer les foules venues s’immerger dans l’univers forestier excellemment créé, selon Indoorlands.

Indoorlands_DecoMoche
Cette astucieuse décoration sous le thème des pirates vaut à cette pièce de manège un score de 125/100 !

Aussi, si comme moi vous rêvez de peupler votre magnifique parc de mascottes, oubliez cela, il n’y a pas d’employés dans cette mouture d’Indoorlands. Il y a des stations de nettoyage qui envoient un concierge dans les limites de leurs portées, mais c’est tout. Vous ne pourrez donc pas déployer une armée de pandas-câlins pour le plaisir des visiteurs de votre parc.

Indoorlands_Concierge
Et pour voir les employés à l’oeuvre, il faut ouvrir l’oeil. Le petit point vert qui pousse un chariot est notre unique employé, un valeureux concierge.

À acheter ?

Je dirais “à surveiller” pour ce titre. Les développeurs font un gros pari en rendant disponible une mouture tout juste proche du squelette en accès anticipé. La communauté semble pour le moment faire preuve de clémence et de patience à l’endroit d’Indoorlands, mais ce n’est pas à la portée de tous d’exhiber ces vertus.

J’aimerais tout de même émettre un bémol. Une partie importante de ce jeu est la décoration des pièces afin d’atteindre des scores suffisants pour plaire aux visiteurs. Bien sûr, il y a toute la question de la gestion du parc, l’optimisation des boutiques, le déploiement et la mise en service des manèges à assurer. Mais là où le joueur passera beaucoup de temps sera dans la décoration des pièces. Personnellement, j’ai un intérêt moyen pour ces exercices, mais heureusement qu’Indoorlands prévoit quelques pièces pré faites pour sauver du temps dans ce domaine – et il gagnerait à y en avoir plus, par ailleurs. Ces décorations sont donc la clé vers l’atteinte d’objectifs et ne peuvent pas être ignorées. Paradoxalement, le jeu récompense lourdement l’immersion thématique des visiteurs tout en permettant que des salles très moyennes esthétiquement obtiennent des notes parfaites. 

Indoorlands_DecoOK
Toujours dans la thématique des pirates, j’ai quand même pu faire des salles agréables à l’oeil et variées sans trop d’effort.

Donc, si vous avez adoré des titres comme The Tenants  ou que vous êtes le type de joueur de The Sims qui passe plus de temps à agencer la cuisine qu’à y développer des compétences culinaires, Indoorlands dans sa mouture actuelle devrait vous plaire. Si vous êtes enthousiastes quant à la proposition de Pixelsplit et que vous voulez appuyer le studio, cet accès anticipé vous permettra de leur verser quelques sous pour qu’ils continuent le travail. L’équipe du développeur est très active dans ses communications avec les joueurs et semble engagée à poursuivre le travail pour livrer un produit satisfaisant. 

Par contre, si comme moi vous appréciez la diversité et la personnalisation des manèges ainsi que les défis de gestion, Indoorlands n’a tout simplement pas encore suffisamment de contenu pour vous rassasier, à tout le moins pour le moment. 

Gardons donc un oeil sur les prochains développements pour voir si ce titre avec beaucoup de potentiel saura se bonifier.

J’aime

  • Le contexte différent de parc d’attractions intérieur
  • Le visuel low poly qui se prête bien aux jeux de gestion
  • Le système de recherche avec plusieurs options
  • L’absence de bogues remarquables

J’aime moins

  • Moins d’innovation du côté des mécaniques de jeu
  • L’équilibre défaillant qui rend les débuts de partie fastidieux
  • Le nombre limité de cartes, manèges et de thématiques
  • Les montagnes russes absentes d’un parc d’attractions
  • L’absence de campagne ou de tutoriel
  • Ne pas pouvoir garnir mon parc d’une centaine (minimum) de mascottes de panda

La copie de Indoorlands a été fournie par Pixelsplit.

Indoorlands

Scénario
Graphisme
Bande sonore
Jouabilité
Durée de vie

C'est par où la sortie ?

Les développeurs d’Indoorlands font un pari audacieux en mettant en vente un jeu dont l’accès anticipé offre aux joueurs un contenu limité, mais exempt de bogues. Le volet décoration de pièces thématiques saura plaire aux amateurs du genre. La proposition de construire un parc d'attractions intérieur est intéressante et le jeu présente beaucoup de potentiel, bien qu’il manque cruellement de substance.

À propos de Yanick Grégoire

Toujours à la recherche de la prochaine perle rare, je m’intéresse aux développements et à l’actualité dans les mondes des jeux vidéo, des jeux de société et d’un peu tout ce qui touche à la culture geek. Dans ma vie professionnelle, je suis spécialisé en communications et dans ma vie personnelle, j’ai une bonne armée de Nains à Warhammer Fantasy. Parfois, je fais des blagues, rarement avec succès.

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