C’est en ce mercredi matin qu’a été dévoilée la programmation des Rencontres internationales du documentaire de Montréal. L’édition RIDM 2016, qui se déroulera du 10 au 20 novembre au coeur de la ville, présentera 128 productions provenant de 35 pays et abordera un très large éventail de thèmes. Au menu, on compte aussi une gamme de documentaires en réalité virtuelle. Enjeux des nouvelles technologies, conflits armés complexes, histoire du cinéma, crises migratoires, identités nationales, art contemporain, système carcéral, mythes, théâtre, difficile de croire que vous n’y trouverez pas votre compte !
Plusieurs titres ne manquent pas d’attirer l’attention. Dans Un journaliste au front, on nous transporte dans les zones de guerre du Moyen-Orient avec le reporter pigiste Jesse Rosenfeld afin de comprendre comment la couverture médiatique de ces enjeux façonne nos interprétations de ces conflits. Non trop loin de là, Fuocoammare, par-delà Lampedusa nous présente l’île italienne de Lampedusa. Cette île, par sa géographie, est l’hôte inévitable de centaines de migrants fuyant les zones de guerre par la Méditerranée.
Pas mal plus près de nous, Quebec My Country Mon Pays aborde la division linguistique au Québec. Le sujet est intéressant puisque le même exercice a plus souvent été fait à l’échelle fédérale. Portant également sur l’identité, Le goût d’un pays donne la parole à Gilles Vigneault et Fred Pellerin sur la culture québécoise.
Si l’Asie vous intéresse, Another Year vous offre un regard neuf sur la vie en Chine contemporaine. Dans Gatekeeper, un Japonais occupe sa retraite en surveillant les fameuses falaises Tinjinbo. Celles-ci sont prisées autant des touristes que des plus malheureux citoyens du pays. Aussi au Japon, Raise Your Arms And Twist décortique la fabrication surréelle des vedettes pop du pays, toujours en quête pathologique du nombre d’admirateurs. Madame B, histoire d’une Nord-Coréenne aborde la difficile fuite du régime totalitaire, avant, mais surtout après. Enfin, Ta’ang nous fait connaître le peuple chinois du même nom, fuyant par la montagne un conflit armé.
Toutefois, quatre productions apparaissent encore plus dignes de mention ici.
A Train Arrives at the Station
Les plus réels cinéphiles sauront à quoi fait référence le titre de cette production. En effet, l’oeuvre est un clin d’oeil clair à L’Arrivée d’un train en gare de La Ciotat (1895), l’une des premières projections publiques. Mais dans A Train Arrives at the Station, le cinéaste Thom Andersen, adepte des montages de films, nous propose de plonger dans l’histoire du cinéma au travers d’une de ses principales fascinations : le train ! Assemblage structuraliste de 26 extraits de films réalisés entre 1904 et 2015, ce court métrage vous embarque à bord d’un train sensoriel d’images contrastées et de comparaisons insoupçonnées.
Uzu
Deux généreuses foules masculines vêtues de noir et de blanc se font face. Chacune d’elle élève un grand tombeau d’une tonne en avant. Puis, ces deux troupeaux entrent subitement en collision. Bienvenue au sanglant rituel mystique du Dogo Autumn Festival, sur l’île japonaise de Matsuyama. À l’occasion de cet événement annuel fort anticipé qui promet le triomphe aux plus habiles combattants, Gaspard Kuentz nous amène à la rencontre de plusieurs de ces âmes guerrières se préparant à l’ultime expérience d’arts martiaux aussi chaotique que captivante. Il y a certainement matière à vous désennuyer de votre zone de confort. Mais ne tentez pas cela à la maison !
David Lynch : The Art Life
Peut importe si vous connaissez le cinéaste David Lynch grâce à Eraserhead, The Elephant Man, Lost Highway, Mulholland Drive ou (malgré vous) Dune, le long métrage David Lynch : The Art Life vous présentera un portrait plus généreux du réalisateur habituellement peu volubile avec les journalistes sur les significations qu’on trouve dans ses oeuvres. Le réalisateur américain aux influences plus européennes étale les rencontres et les événements de sa vie ayant nourri son inspiration. Le tout dans l’intimité de son studio personnel et avec un accès inédit à plusieurs images d’archives. Le spectateur plongera aussi dans les autres pratiques du cinéaste : la peinture et les arts visuels.
NUTS !
Par un dessin animé qui vous fera penser à quelque chose entre South Park et Citizien Kane, NUTS ! fait découvrir aux spectateurs d’aujourd’hui un étrange personnage du passé : John Romulus Brinkley. Le bluffeur professionnel traversant toujours le temps s’est d’abord fait passer pour un médecin. Et il a pu pratiquer très longtemps. Il est plus souvent connu pour avoir prétendu guérir l’infertilité grâce au greffage d’un testicule de chèvre. Il est passé maître dans l’art d’être persuasif auprès de trop de gens. L’espèce de Donald Trump médecin de son temps a par la suite connu une carrière politique puis radiophonique. En mêlant l’animation, les entrevues, les images d’archives et une narration très éditoriale, la documentariste Penny Lane fait découvrir aux spectateurs d’aujourd’hui un personnage fort abracadabrant d’hier. Voyez par vous-mêmes la bande-annonce (NB : Au bureau, attention au premier plan).
La programmation complète des RIDM 2016 peut être consultée ici.