C’est en 2016 que le géant du web, Amazon, annonçait son aventure dans le domaine des jeux vidéo avec l’annonce de quelques titres, dont le jeu de rôle massivement multijoueur (MMORPG) New World. Après quelques années de développement et deux reports, le jeu a été rendu disponible le 28 septembre dernier. C’est un véritable tsunami qui s’est emparé de la communauté, New World devenant le jeu le plus joué sur la plateforme Steam, détrônant d’éternels premiers comme Counter-Strike : Global Offensive et DOTA 2. En dehors de tout l’engouement entourant sa sortie, le jeu en vaut-il la peine ?
Commençons à y réfléchir en notant que New World a bénéficié d’un démarrage fulgurant qui le positionne avantageusement face à la compétition, même celle que l’on pourrait croire toute puissante. Dans le domaine des jeux de son calibre, il se démarque d’abord en étant basé sur un modèle “acheter-pour-jouer” (buy-to-play) – cela signifie qu’en achetant le jeu, le client a accès à l’ensemble du contenu pour une durée illimitée – qui est rafraîchissant dans un monde d’abonnements, comme World of Warcraft, ou de microtransactions à outrance, comme Neverwinter. Sortez votre encyclopédie des jeux de rôle massivement multijoueurs, puisque pour comprendre l’œuvre de New World, nous devons le comparer à ses prédécesseurs afin d’évaluer les différentes mécaniques à l’œuvre ainsi que ses atouts.
- Studio de développement : Amazon Games Orange County
- Éditeur : Amazon Games
- Plateformes disponibles : PC, macOS
- Plateforme de test : PC
- Date de sortie : 28 septembre 2021
- Classement : Teens (Violence et sang)
- Prix : 49,99$
- Page Steam du jeu
Tout d’abord, New World est visuellement époustouflant. Les environnements à explorer sont magnifiques, variés et suscitent la curiosité des joueurs. Le cadre dans lequel se déroule l’aventure est unique en son genre et innove par rapport aux classiques de la même famille. Les combats sont dynamiques et requièrent toute l’attention du joueur. Par contre, le jeu présente son lot de longueurs et d’imperfections.
Je devrais également noter qu’au moment d’écrire ces lignes, je n’ai toujours pas atteint le contenu de fin de partie, le endgame, et que je concentrerai donc mes observations sur le contenu accessible pour les joueurs débutants ainsi que de la montée en niveau. Je n’exclus toutefois pas de venir compléter cet article lorsque j’aurai atteint les plus hauts échelons du jeu.
Aeternum, terre de magie au coeur de l’océan Atlantique
La prémisse de New World est qu’il existe un continent secret et magique, Aeternum, quelque part entre l’Europe et l’Amérique, qui est resté sujet de légende durant des millénaires. Alors que l’Âge des découvertes bat son plein dans le monde occidental, vous trouvez le moyen d’accéder à ce territoire fantastique puis embarquez pour une périlleuse traversée.
Votre navire sera subséquemment envoyé par le fond et vous vous retrouverez rescapé sur les plages d’Aeternum. Vous apprendrez rapidement que le territoire est occupé par de nombreuses autres personnes et que trois factions, pour le moment, se livrent une lutte sans merci pour le contrôle du territoire et de ses ressources.
Vous découvrirez également que ce Nouveau Monde est peuplé de créatures maléfiques ainsi qu’habité par une puissance magique qu’il vous sera possible de maîtriser afin de soigner vos coéquipiers ou infliger des dégâts surnaturels à vos adversaires. Plusieurs paysages témoignent par ailleurs du caractère mystique du continent alors qu’à certains endroits, les règles de la physique ne semblent plus s’appliquer, par exemple.
Une progression agile et indulgente
Contrairement à la grande majorité des jeux de rôle massivement multijoueurs, vous n’aurez pas à choisir une race ou une classe au départ de l’aventure. C’est donc là un choix singulier de la part d’Amazon Games. Ceci dit, un peu à la manière de The Elder Scrolls Online, le joueur pourra gagner des niveaux dans l’utilisation d’armes ou de compétences d’artisanat en les utilisant. Ces niveaux permettent de débloquer des actions et des bonus liés à ces armes ou compétences qui pourront être utilisées en combat. C’est donc par la pratique que l’on peut développer une spécialité à son personnage. À titre d’exemple, afin de débloquer des actions spéciales ou pour améliorer les dégâts du mousquet, il faut l’utiliser afin de prendre des niveaux dans cet item.
Notons que New World prévoit également des mécanismes très accessibles pour remplacer ses compétences. En un clic d’un bouton facilement accessible, il est simple de se reprendre si l’archétype du personnage n’est pas à la hauteur des attentes. Pour ce qui est des compétences liées aux armes, il s’agit simplement d’en empoigner une nouvelle pour commencer à générer de l’expérience dans celle-ci. Tanné des attaques violentes au marteau à deux mains ? Mettez la main sur une rapière pour changer de style de combat. Il ne faudra probablement pas oublier de transférer tous ces points de force, utiles pour les armes massives, vers la dextérité, qui optimisera les armes fines.
Également, il sera possible de personnaliser un peu son avatar avant le début de la partie. Notons ici que New World présente quelques choix dans les catégories classiques (type de corps, visage, coupes de cheveux, couleur de la peau / yeux / cheveux, etc.), mais ultimement ces options sont somme toute limitées. Si vous êtes le genre de joueur qui a passé des heures incalculables à personnaliser chaque trait de votre Khajiit dans la série The Elder Scrolls, vous serez déçu. Pour l’anecdote, il m’a fallu à peine quelques minutes dans la zone de départ pour retrouver trois autres joueurs avec la même combinaison de visage, coiffure et couleurs que la mienne. Disons que le sentiment d’être un rare survivant du naufrage en prend pour son rhume, mais passons ; tous les jeux de rôle massivement multijoueurs donnent cette impression.
Des combats dynamiques, mais peu récompensants
Les ennemis rencontrés, du vulgaire sanglier aux morts-vivants, présentent des combats dynamiques durant lesquels les adversaires vont bloquer, esquiver ou ruer le joueur. Si bien que les combats requièrent une dose non négligeable d’attention, ce qui fait changement de la majorité des autres titres dans cette famille de jeu où les combats contre l’IA ou l’environnement sont exceptionnellement bourrins et fastidieux.
Notons également que la carte est divisée en multiples zones réservées à certains niveaux. S’aventurer dans une zone pour niveaux supérieurs entraînera sans aucun doute le décès du personnage du joueur face à des ennemis plus puissants et nombreux. C’est un choix intéressant des développeurs alors que la tendance dans le domaine est plutôt à des zones qui se mettent à l’échelle du joueur.
Ceci dit, comme c’est souvent le cas avec les jeux de rôle massivement multijoueurs, et malgré tout le dynamisme que l’on veut insuffler aux combats, plusieurs sont inconséquents et donnent plutôt l’impression de ralentir le personnage que de servir à raconter une histoire. Les délais de réapparition des ennemis peuvent également être problématiques. Il y a quelque chose de très frustrant de devoir abattre des hordes de trash mob (ces monstres faiblards qui offrent peu de défi, mais qui doivent tout de même être occis) pour se rendre du point A au point B, pour se rendre compte à mi-chemin que les ennemis sont réapparus et qu’il faudra donc perdre encore du temps sur le chemin du retour.
C’est une remarque importante à garder en tête si vous êtes le genre de joueur à la motivation moyenne. C’est également une étrange faille dans un jeu de cette famille qui a pour objectif avoué de garder le joueur le plus longtemps possible en ligne, accroché dans cet univers fictif pour éventuellement lui vendre du contenu additionnel. Créer des temps morts qui fournissent peu de récompenses et de gratification est donc particulièrement contre-productif de la part du développeur.
Un artisanat omniprésent
En fait, parlant de temps morts, il faut souligner l’importante contribution à ce sujet de l’artisanat – du crafting en bon français. Celui-ci est omniprésent et au même titre que les armes, à force de faire de l’artisanat de chaque type, il sera possible de prendre des niveaux d’artisanat et débloquer des facultés additionnelles. On retrouve sept grands types d’artisanat dans New World : armurerie, arcanes, cuisine, ingénierie, ameublement, joaillerie et forge d’armes. À cela s’ajoutent les compétences de collecte de ressources, elles aussi assez classiques, au nombre de cinq : pêcheur, collecteur d’herbes, bûcheron, mineur et dépeceur.
Notons ici que chaque action de collecte est assortie d’un chronomètre parfois long, durant lequel il faut attendre que notre personnage ait terminé de miner un gisement ou de dépecer un animal. Bien sûr, il est possible de raccourcir ces délais au moyen d’items plus performants, pouvant être obtenus par le biais de l’artisanat justement.
Contrairement à d’autres titres du genre, l’artisanat dans New World n’est pas optionnel. De nombreuses missions auront pour objectif de fabriquer ou de collecter des items via les compétences d’artisanat. Également, certains items essentiels doivent être créés par l’artisanat, par exemple les munitions des armes à distance ou encore de la nourriture, qui permet une régénération des points de vie. Un personnage qui n’a rien à se mettre sous la dent ne se soignera pas tout seul.
L’omniprésence de l’artisanat est une tendance lourde dans les jeux de rôle récemment publiés et les développeurs de New World ont embrassé cette tendance avec une allégresse débridée. Les options d’artisanat sont massives et il n’est pas rare de voir les joueurs passer une grande proportion de leur temps de jeu à la collecte / production d’items ou à la recherche de ressources rares. Il est également possible de devenir propriétaire d’une habitation qu’il faudra meubler, une autre occasion de replonger dans l’artisanat.
Un Nouveau Monde courageux
New World plaira sans l’ombre d’un doute aux joueurs habitués par les jeux de rôle massivement multijoueurs qui se cherchent une nouvelle option dans le domaine. Les environnements sont magnifiques et la prémisse est intéressante et rafraîchissante. Les combats plus dynamiques que la moyenne offriront certainement des moments dignes d’intérêt.
Il faut par contre s’attendre à devoir investir un nombre considérable d’heures dans le jeu, ce qui saura sans doute débouter certains joueurs plus désinvoltes – casuals. Les temps morts associés à l’artisanat ou les combats sans réels sens qui viennent perturber l’aventure deviennent rapidement rébarbatifs. Notons également qu’il n’y a pas de monture et pas beaucoup d’options pour voyager instantanément. Ainsi, un jogging d’une vitesse modérée entre les destinations est la principale source de locomotion, ce qui ajoute d’autres temps morts.
Le contenu en fin de partie et les séances joueurs contre joueurs permettent peut-être de sauver la mise. Au moment d’écrire ces lignes, je n’avais pas encore d’expérience à cet effet, mais je pourrai certainement venir compléter par la suite.
J’aime
- Les graphismes époustouflants
- Le développement des compétences selon leur utilisation
- La facilité avec laquelle il est possible de changer les compétences
- Le modèle “acheter-pour-jouer” qui ne réserve pas de surprises ni de microtransactions
- La thématique unique
J’aime moins
- Les temps morts nombreux et fastidieux
- L’emphase trop prononcée sur l’artisanat
- La vitesse de déplacement détestable
- Les possibilités de personnalisation limitées
La copie de New World a été achetée par le rédacteur.
New World
Scénario
Graphisme
Bande sonore
Jouabilité
Durée de vie
Artisan du Nouveau Monde
New World est un jeu de rôle massivement multijoueur qui s’adresse à ceux qui ont l’intention et l’intérêt d’investir de nombreuses heures dans le développement de leur personnage. L’aventure est ponctuée de nombreux temps morts qui s’intègrent très mal à la formule du jeu. Il faut également une réelle passion pour l’artisanat virtuel afin d’apprécier la profondeur du contenu de la proposition d’Amazon Games.
Merci pour la critique Yanick! Elle est excellente. Ça me confirme que New World, qui est séduisant, n’est pas fait pour moi!