Mes rencontres ludiques : Bruno Cathala, auteur du jeu Donuts

Partage a été le mot le plus fréquemment prononcé par le grand Bruno Cathala (site officiel) lors de notre fantastique rencontre en septembre 2023. De passage au Québec pour le Délirium, il a également fait une courte visite dans une boutique de jeux de Saint-Bruno. Bien que les dates soient très proches du SPIEL Essen (Allemagne), le plus grand salon de jeux de société au monde, il a priorisé l’essentiel, c’est-à-dire partager et aller à la rencontre des joueurs.

D’une incroyable générosité, il m’a offert près de deux heures de son précieux temps pour échanger au sujet de son processus créatif, de ses valeurs et pour me donner d’écrasantes leçons à Donuts, son prochain jeu à paraître. Particulièrement fier de ce jeu pour la simplicité de ses règles, son insoupçonnable profondeur et la courte durée des parties, il ne se lassera jamais d’y jouer.

À propos de Bruno Cathala

Faisant partie des plus prolifiques auteurs de jeux de société avec plus de cent titres, Bruno Cathala a fait son apparition dans le paysage ludique français au début des années 2000. Humble et timide, il ne va pas intuitivement vers les gens, mais aime répondre au besoin social.

Pour lui, le jeu est un prétexte pour aller à la rencontre des gens et bâtir de solides liens sociaux en partageant de bons moments.

Le jeu est un lien social. – Bruno Cathala

Ses premiers jeux

Il a fait ses débuts en 2002 avec Tony & Tino, Drake & Drake et Guerre & Bêêêh), aux éditions Jeux Descartes. En faisant mes recherches dans le cadre de la rédaction de cet article, j’ai appris que les plus anciens jeux de Bruno Cathala auxquels j’ai joué sont Mr. Jack (2006, en collaboration avec Ludovic Maublanc), l’incroyable jeu de course de bateaux Jamaica (2007 en collaboration avec Sébastien Pauchon et Malcolm Braff) et Dice Town (2009, en collaboration avec Ludovic Maublanc).

Son processus créatif

Pour Bruno Cathala, la création d’un jeu de société commence par soit la mécanique (Donuts), le thème (Les Chevaliers de la Table Ronde) ou le matériel (Kingdomino) et l’équilibre des trois est la clé du succès. Ce sont les outils essentiels pour une expérience ludique optimale.

Ne remplissant jamais de commandes spéciale, sa mission est de créer des jeux auxquels il voudrait jouer et qui visent à partager de bons moments.

Des prix prestigieux

Bruno Cathala cumule les prix les plus prestigieux de l’industrie dont le Spiel des Jahres de 2017 pour Kingdomino et des As d’Or :

• Du Balai ! (jeu de l’année 2007) ;
• Five Tribes (jeu de l’année 2015) ;
• Dragomino (jeu Enfant de 2021).

Malgré tout, le succès ne lui est pas monté à la tête. Il m’a fait sentir comme son égale pendant nos moments de partage et m’a même fait rougir en me félicitant pour ma plume entre nos deux rencontres. Je n’en revenais pas, Bruno Cathala avait fait des recherches sur MOI avant notre entretien !

Rien n’est acquis

Être simplement Bruno Cathala, bien que cela puisse automatiquement rimer avec succès, ne suffit pas pour faire accepter sa création à un éditeur. Chaque fois, il doit se prouver et présenter son jeu. Régulièrement, des projets sont rejetés. Quand il croit profondément au potentiel de son jeu, il peut aller jusqu’à la « menace ».

Soit tu publies, soit on (…) – Bruno Cathala

Dans le but de rester politiquement correcte, je vais m’abstenir de dévoiler la fin de la phrase et la garderai précieusement dans mes souvenirs.

Les collaborations

Ambitieux et en quête constante de renouvellement, il collabore régulièrement avec de nombreux auteurs qui sont devenus de fidèles amis. Partageant l’envie de créer ensemble ou cherchant du soutien pour traverser une impasse créative, les crédits vont à tous les collaborateurs.

Parmi ses grands titres en co-création, nous retrouvons, en plus des titres mentionnés plus tôt :

• Cyclades (2009, avec Ludovic Maublanc) ;
• Abyss (2014, avec Charles Chevallier) ;
• 7 Wonders Duel (2015, avec Antoine Bauza) ;
• Imaginarium (2018, avec Florian Sirieix) ;
• Ishtar – Les jardins de Babylone (2019, avec Evan Singh) ;
• Splendor Duel (2022, avec Marc André),
• Le Seigneur des Anneaux : Duel pour la Terre du Milieu (2024, avec Antoine Bauza).

Des idées plein la tête

Avec un cerveau en constante ébullition, Bruno Cathala a constamment plus d’une dizaine de prototypes en développement dont des extensions et/ou suites pour Abyss et Moon River.

Donuts : l’anti Othello

• Auteur : Bruno Cathala
  
• Illustrateur : Philippe Nouhra
  
• Éditeur : Funforge
  
• Nombre de joueurs : 2
  
• Durée : 20 minutes
• Année : 2023
• Prix : 39,99$
• Page officielle du jeu
• Page BoardGameGeek

But du jeu

Pour gagner une partie de Donuts, il nous suffit d’aligner cinq donuts de notre couleur, peu importe le sens (vertical, horizontal ou diagonal).

Mécaniques

• Stratégie

Matériel

Comment jouer

D’abord, le premier joueur pose un donut sur la case de son choix. Le second place un des siens dans la direction indiquée par la ligne rose, le premier fait de même et ainsi de suite. Dans le cas où cela devient impossible, nous désobéissons à la règle.

Simple ? Oui, mais… il y a tant de choses à penser ! En même temps, nous n’avons pas tant de choix de placement. Nous pouvons être notre pire ennemi et, avec un plateau en quatre sections recto verso, les parties se suivent et ne se ressemblent pas.

Mon expérience de jeu

N’ayant nullement l’intention de cacher mon âge, je me souviens de mes innombrables heures à jouer à Othello, également appelé Reversi, sur feu Vidéoway, puis sur Windows 95. Même après plusieurs parties, je dois encore réfléchir au fait qu’il ne faut pas entourer, mais s’insérer.

Ce que je préfère avec les jeux abstraits comme Donuts, c’est qu’ils ont très peu de règles et un univers de possibilités. Simples à apprendre et difficiles à maîtriser, ils font bouillir la matière grise.

J’ai beaucoup aimé que les jetons soient réversibles, car cela diminue la quantité de matériel et dynamise l’expérience de jeu. Comme c’est satisfaisant de retourner les donuts de notre côté !

La copie de Donuts a été fournie par ÎLO. Merci à Marie-Josée Leblond pour les photos.