Dans une contrée lointaine, les Terres Là-bas (une traduction maison de The Yondering Lands, nom original du lieu fictif où se déroulent les aventures de Wildermyth) un groupe de jeunes paysans, jusque-là très ordinaires, s’apprêtent à prendre la défense de leur village qui est la proie d’une attaque sauvage des Gorgons, de mystérieuses créatures de la forêt dont l’apparence et le potentiel létal semblent avoir mutés. Après un âpre combat, les désormais héros forment une compagnie et entendent enquêter sur les origines de ces fléaux.
Voici la prémisse de Wildermyth, un jeu de rôle tactique à l’apparence singulière qui a positivement pris par surprise la communauté de joueurs, encaissant des critiques très positives depuis sa sortie.
- Studio de développement : Worldwalker Games LLC
- Éditeur : Woldwalker Games LLC, WhisperGames
- Plateformes disponibles : PC, MacOS, Linux
- Plateforme de test : PC
- Date de sortie : 15 juin 2021
- Classement : en attente
- Prix : 28,99$
- Page Steam du jeu
Un jeu de rôle tactique classique dans ses mécaniques
Dans ses mécaniques de jeu, Wildermyth ne se démarque pas particulièrement de la compétition en reprenant des formules testées et éprouvées par plusieurs compétiteurs. Ayons en tête un croisement entre des titres comme la série Final Fantasy et le combat tactique de la franchise X-COM.
Ainsi, chaque personnage a une classe et des habiletés qui sont débloquées en montant de niveau ou selon les aléas de l’histoire – nous allons y revenir – qu’il peut utiliser durant sa phase des combats au tour par tour. Ceux-ci se déroulent une carte quadrillée qui présente la position des alliés, des ennemis et des éléments de décors. Chaque personnage dispose, de base, d’un mouvement et d’une action, bien que certaines activités peuvent être gratuites ou combinées à d’autres pour qu’elles ne coûtent pas d’action ou de déplacement. Comme dans la série X-COM, les attaques reposent sur des pourcentages de réussite, ce qui peut donner des maux de tête lorsque les forces occultes de l’aléatoire semblent se liguer contre le joueur.
Comme on s’y attend dans les titres de type jeux de rôle, il est possible de personnaliser les compétences des personnages ainsi que leur apparence. Finalement, au détour des aventures, le groupe amassera des butins en pièces d’équipement qu’il pourra utiliser pour améliorer les statistiques de son groupe.
À l’heure actuelle, le jeu compte trois classes pour les personnages. Guerrier, chasseur ou mystique. Juste à la lecture des titres de classe, il est aisé de deviner lequel est le spécialiste au corps à corps, l’expert au tir à distance et le manipulateur des forces magiques de ce monde. À chaque niveau, il est également possible de spécialiser chacun d’entre eux davantage dans un aspect de leur classe, selon la volonté du joueur.
Toujours dans le domaine des éléments classiques, une grande partie de l’aventure se joue via une carte du monde sur laquelle les aventuriers sont représentés par des pions. Il est possible d’assigner à chacun d’entre eux une tâche telle que l’exploration, la construction de ponts pour raccorder des régions, l’attaque d’une force ennemie ou encore la fabrication d’items pouvant être utilisés par des membres du groupe. Ces décisions doivent être soupesées puisqu’elles entraînent le passage du temps, avec lequel non seulement les ennemis deviennent plus puissants, mais les héros vieillissent, ce qui a des conséquences sur le déroulement du jeu.
Mais qui se permet de sortir des sentiers battus
En fait, les joueurs ne contrôlent pas simplement une poignée d’aventuriers, mais toute une dynastie – une famille (legacy en anglais) – de personnages. Arrivés à un certain âge, les aventuriers prendront leur retraite et le groupe devra poursuivre sans la contribution des membres avec le plus d’expérience. Il arrive par ailleurs qu’un enfant d’un ou de deux membres du groupe vienne remplacer son parent démissionnaire. Dans ce contexte, il importe de gérer adéquatement le recrutement afin de ne pas se retrouver face à des ennemis puissants avec une équipe entièrement composée de bleus.
Wildermyth introduit également une mécanique en ajoutant aux ressources traditionnelles des points de dynastie que le groupe peut obtenir et accumuler. Ces points peuvent être dépensés pour réaliser des actions importantes, comme le recrutement de nouveaux aventuriers, l’affaiblissement des hordes ennemies ou bien construire des stations qui permettent de générer des ressources essentielles à la fabrication d’items.
L’aventure est divisée en plusieurs chapitres, entre lesquels du temps s’écoule également. Le passage à la retraite de plusieurs personnages est donc inévitable. Ceci dit, la retraite s’agit sans doute d’un destin plus enviable que la mort durant une aventure. Wildermyth ne fait aucun compromis quant aux conséquences funestes sur les personnages. Si un aventurier manque de points de vie durant un combat, le joueur sera confronté à un choix. Soit il laisse mourir le personnage, ce qui lui attribue des points de dynastie, soit il accepte qu’il puisse être sauvé par le reste du groupe, mais en en sortant estropié.
Que ce soit dans le déroulement de l’histoire du jeu, par le biais des décisions du joueur ou dans les combats, Wildermyth n’hésite pas à imposer des conséquences graves aux personnages. Par exemple, en essayant de voler une pierre précieuse sertie dans une statue, il est possible que le cambriolage tourne horriblement au vinaigre alors que la pierre se retrouvera enfoncée dans le crâne d’un personnage, ce qui aura des effets imprévisibles sur son futur et ses compétences.
Un narratif rafraîchissant
Du côté des innovations, Wildermyth nous propulse dans un univers unique et créé sur mesure pour le jeu. Exit donc les elfes, nains, orques et autres créatures fantastiques habituelles. Ici, le joueur devra combattre des créatures forestières mutantes, des morts-vivants imbriqués à des mécanismes d’horloge ou encore des insectoïdes du monde des rêves. C’est vraiment dans ces innovations créatives que le jeu se démarque.
En effet, comparé à d’autres franchises, on ne sait jamais vraiment à quoi s’attendre dans Wildermyth. Les histoires jouées et rejouées dans tant de jeux de rôle, comme la classique lutte de pouvoir entre des chefs orques, sont absentes de la trame narrative de ce jeu qui cherche à innover tant au niveau de son histoire que du monde dans lequel elle se déroule et des créatures qui le peuple. C’est une bouffée d’air frais rafraîchissante au monde des jeux de rôle. Avec Wildermyth, il faudra prendre le temps de comprendre l’univers dans lequel le jeu évolue afin de poser des actions pertinentes et parfois surprenantes afin de remporter la partie.
Notons également l’impact des décisions du joueur sur la progression des personnages qui donne un réel sentiment d’avoir un impact majeur. Par exemple, choisir d’explorer une caverne avec un personnage peut avoir pour effet de lui faire perdre un membre, par exemple le bras tenant l’épée. C’est le joueur qui a choisi d’envoyer son héros dans les ténèbres et il doit vivre avec les conséquences. Un guerrier manchot est certes peu pratique, mais s’il devait arriver que son bras manquant soit remplacé par un appendice en pierre avec des pouvoirs plus destructeurs que la lame qu’il portait ? C’est une possibilité dans Wildermyth.
Les sorts du mystique reposent ici beaucoup sur une interaction avec les décors afin de les utiliser à l’avantage du joueur. Par exemple, le mystique peut déplacer et faire exploser des flammes qu’il retrouvera dans des éléments de décor, comme des foyers ou des lanternes. Là aussi, c’est une approche par rapport à la magie qui se distingue et qui permet particulièrement de mettre en valeur les décors.
Une expérience unique
Notons le visuel époustouflant pour lequel les développeurs ont choisi d’opter. Rappelant un peu le design de Paper Mario, les personnages sont des découpes animées à différents endroits. Et cela, non seulement dans les phases d’histoire du jeu, mais également sur les cartes de combats tactiques. Les couleurs sont vives et contrastantes.
D’ailleurs, les décors comme les ennemis sont également des découpes. Le rendu final donne parfois l’impression, malgré le caractère violent de certaines portions de l’aventure, d’être dans un spectacle de marionnette ou dans l’imaginaire d’un enfant à qui on raconte une histoire de cape et d’épée. Dans la même veine, les visuels très créatifs des adversaires sauront surprendre les joueurs et les amener à se questionner sur la nature de ces créatures étranges et dangereuses.
L’histoire est non seulement menée par les péripéties du groupe, mais également par les choix que le joueur peut faire pour chaque aventurier individuellement dans ses interactions avec les autres aventuriers ou avec des éléments d’histoire, par exemple. Ajoutons à cela un mode coopératif où plusieurs joueurs peuvent partager la même campagne, et cela est une recette non seulement pour davantage de surprises, mais également pour une bonne rejouabilité.
Les combats requièrent une certaine dose d’esprit tactique pour s’assurer d’avoir le dessus, et il est possible d’ajuster la difficulté au degré d’expérience du joueur dans des exercices de ce type. Plus le temps passe, plus les adversaires deviennent puissants, ce qui ajoute une pression sur les joueurs de progresser rapidement dans la campagne, ce qui s’accompagne d’une dose tout à fait saine de stress et du sentiment que chaque choix compte.
Wildermyth est donc un jeu de rôle tactique dans lequel les amateurs se sentiront rapidement à l’aise grâce à des mécaniques éprouvées, mais qui saura dépayser grâce à son histoire et son environnement uniques. Les graphiques sont impeccables et allient un mélange surprenant, mais qui fonctionne très bien, de visuels bons enfants avec des créatures repoussantes et une certaine violence dans les combats et le déroulement de l’aventure.
J’aime
- Le dépaysement proposé par les environnements et l’histoire
- Les graphismes impeccables et innovateurs
- Le système de recrutement et de dynastie
- L’implication du joueur dans le déroulement de l’histoire et des dynamiques entre les personnages
- Le degré de difficulté ajustable, mais qui ne pardonne pas
J’aime moins
- Moins d’innovation du côté des mécaniques de jeu
- Des classes de personnages peu créatives
- Certains éléments prévisibles dans l’évolution des personnages
- Perdre un aventurier, en général, mais encore davantage en raison d’une malchance
La copie de Wildermyth a été achetée par le rédacteur.
Wildermyth
Scénario
Graphisme
Bande sonore
Jouabilité
Durée de vie
À l'aventure !
Wildermyth propose une alternative rafraîchissante aux jeux de rôle tactiques qui trop souvent craignent d’innover. Bien que les mécaniques de jeu soient somme toute classiques, Wildermyth se distingue dans son histoire et son environnement uniques, grandement influencés par les choix petits et grands du joueur.