Peu après le rachat de Lucasfilm par Disney en 2012, la compagnie a annoncé qu’elle octroyait à l’éditeur EA le droit exclusif de créer des jeux dans l’univers Star Wars pour dix ans. La décennie a connu des hauts et des (très) bas avec des titres comme Star Wars : Battlefront II et Star Wars : Squadrons. Un titre est parvenu à se démarquer des autres et c’est Star Wars Jedi : Fallen Order, sorti en 2019. Cet excellent jeu d’action et d’aventure en solo, un genre que l’éditeur avait clamé ne plus attirer les joueurs, nous faisait découvrir une nouvelle facette de cette galaxie lointaine, très lointaine. On y retrouvait un jeune Jedi nommé Cal Kestis qui a survécu à la grande purge qui a anéanti son ordre.
Les éloges et les ventes exceptionnelles du jeu ne laissaient aucun doute qu’une suite allait survenir un jour ou l’autre. C’est maintenant fait avec Star Wars Jedi : Survivor, une aventure sensationnelle qui continue l’histoire de Cal tout en mettant un pied solide dans la nouvelle génération de consoles. Est-ce que le jeu parvient à atteindre les attentes démesurées des joueurs ? La réponse est bien sûr oui, mais avec quelques bémols.
- Studio de développement : Respawn Entertainment
- Éditeur : Electronic Arts
- Plateformes disponibles : PS5, Xbox Series X/S et PC
- Plateforme de test : Xbox Series X
- Classement ESRB : T
- Prix : 89,99$ (édition standard), 114,99$ (édition de luxe)
- Site officiel
- Page Steam
L’histoire de Star Wars Jedi : Survivor débute quelques années après les événements du premier jeu. On y retrouve un Cal Kestis plus mature et endurci après avoir combattu l’Empire tout ce temps, et à la tête d’un nouveau groupe de volontaires. Leur première mission, dérober de l’information critique afin d’aider le mouvement de résistance, se solde par une défaite cuisante où Cal perd presque toute son équipe et passe bien près d’y laisser aussi sa peau. Sa fuite de la capitale de l’Empire, Coruscant, ne se fait pas sans embûches et c’est aux commandes d’un vaisseau endommagé qu’il cherche refuge sur la planète Koboh, où son ancien pilote a ouvert une taverne. Mais l’endroit est loin d’être le lieu sûr et calme pour Cal. Un groupe de brigands sème la terreur et l’Empire s’y intéresse un peu trop. De plus, une étrange fissure s’est ouverte au dessus de Koboh, un phénomène que l’ordre Jedi étudiait déjà. Ce sera à Cal de lever le voile sur ce mystère à l’aide d’anciens et de nouveaux alliés et peut-être trouver un refuge contre l’Empire qui le traque sans arrêt.
Ceux qui auront déjà joué à Fallen Order prendront rapidement en main la suite. Encore une fois, il s’agit d’un jeu d’action et d’aventure à la troisième personne où l’on contrôle les mouvements très agiles du héros. Compléter des quêtes et anéantir des ennemis rempliront une jauge qui, une fois pleine, vous donnera un point d’habileté à utiliser pour améliorer les aptitudes de Cal. On peut augmenter sa vitalité, ses pouvoirs avec la Force ou son habileté à manier le sabre laser. Ce dernier est encore une fois un charme à opérer et il est possible de le manier de différentes façons, comme avec une seule lame, un bâton comme le célèbre Darth Maul et même un duo sabre laser et pistolet.
Un système de combat aussi plaisant à manier qu’à regarder
Les combats dans le jeu sont toujours plaisants, que ce soit contre un groupe de pseudo dindes ou un chasseur de prime armé jusqu’au dents. Le niveau de difficulté demeure élevé, même au niveau Padawan (facile). Il ne suffit pas de courir vers son ennemi en fauchant l’air avec son sabre laser pour le vaincre, mais plutôt de prendre son temps et d’étudier les différents mouvements de son adversaire. Il est recommandé par exemple de parer les attaques afin de venir à bout des défenses de son ennemi, le laissant ouvert à une furieuse contre-attaque. Certains boss, comme les créatures légendaires, pourront vous prendre plusieurs tentatives, parfois même des dizaines de fois, mais les terrasser donne un sentiment de puissance exceptionnel.
Le jeu est parsemé de points de méditation dans lesquels on peut dépenser ses points d’habiletés et changer son type de combat, comme par exemple remplacer la lame unique par deux qui donnent un bonus à la défense, mais réduisent le côté offensif. On peut également y soigner ses blessures, remplir sa jauge de la Force et regarnir les fioles de guérisons fournies par le fidèle BD-1, mais ce faisant, vous faites réapparaître tous les ennemis que vous avez déjà éliminés (à l’exception des boss). Enfin, les points de méditation servent de système de déplacement rapide où l’on peut se rendre instantanément à un autre point.
L’univers vidéoludique de Star Wars n’a jamais été aussi beau !
Le côté visuel de Jedi : Survivor est évidemment celui qui frappe en premier. Bien qu’il utilise l’engin graphisme Unreal 4, le visuel du jeu est exceptionnel. Les différents environnements sont extrêmement détaillés et varient énormément d’un endroit à l’autre. L’endroit où vous passerez la majorité du temps, Koboh, est gigantesque et ses paysages vont des montagnes escarpées, où se déversent des chutes d’eau magnifiques, à des marécages ou à des endroits désertiques. Ne soyez pas surpris si vous vous retrouvez à simplement admirer la vue du haut d’une colline. Les personnages ne sont pas en reste et bénéficient également de la puissance de graphisme des consoles de nouvelle génération. Les vêtements qu’ils portent, les armes qu’ils manient et leurs mouvements sont tous reproduits avec un souci du détail renversant.
Comme c’est le cas de plusieurs jeux récents, Jedi : Survivor offre deux modes visuels. Le mode fidélité assure une résolution en 4K et des effets de reflets ultra réalistes, avec une fluidité qui varie entre 30 et 60 images par seconde. La majorité du temps, le jeu se rapproche plus de la limite supérieure, mais il arrive à certains moments, comme lorsque l’on fait bouger la caméra rapidement, que le nombre d’images par seconde bascule même en dessous de 30. Aussi, certaines textures demandent parfois un certain temps avant d’appraître sur les surfaces, mais pas au point où l’expérience de jeu en souffre. Le mode performance maintient la fluidité à 60 images par seconde presque en tout temps, mais on sacrifie la résolution qui passe à 1040p. Cela se voit rapidement avec des textures plus floues et un fini visuel qui rappelle celui des consoles de la dernière génération. Pour avoir testé les deux modes, je recommande le mode fidélité. La qualité des graphismes est exceptionnelle et le jeu maintient une fluidité assez constante.
La trame sonore du jeu est à souligner avec des pièces qui accompagnent à la perfection l’action à l’écran. Une confrontation avec un ennemi particulièrement coriace aura droit à une musique frénétique, très bien adaptée au moment. Lorsque vous explorez les nombreux recoins de Koboh, vous êtes accompagné par une musique plus subtile, mais qui donne vie à l’environnement. Celle-ci n’est pas toujours la même et varie selon l’endroit exploré. Le compositeur Stephen Barton est derrière la trame sonore et elle est pour la plupart totalement originale. Il a tout de même intégré quelques-uns des thèmes composées par le légendaire John Williams, comme le thème de la Force qui revient lorsque Cal explore les ruines d’un ancien temple Jedi.
Un ensemble de personnages varié, intéressant et toujours interprété avec brio
Les nombreux personnages du jeu sont tous interprétés par des acteurs vocaux de grand talent, dont plusieurs reprennent leur rôle du titre précédent. Certains sont à souligner, comme Monk, le robot-barman de la cantine de Greez, ou Zee, un droïde de l’ancienne République qui est resté coincé dans des ruines pendant les deux derniers siècles. Même les personnages non joueurs les plus insignifiants ont droit à de superbes performances vocales, comme cette prospectrice minière qui a eu le malheur d’avoir subi les contrecoups d’une explosion particulièrement puissante. Les ennemis que Cal aura à combattre sont aussi très volubiles et vous lanceront des insultes, mais qui perdront leur arrogance lorsque le jeune Jedi aura éliminé plusieurs de leurs alliés. Le seul petit bémol est au niveau des droïdes de combat, reliques des Guerres des Clones, qui ont encore leur vocabulaire stéréotypé. Certains trouveront leurs dialogues amusants, mais personnellement, je les trouvais surtout agaçants.
Sans être totalement un jeu à monde ouvert, Jedi : Survivor offre tout de même un espace de jeu beaucoup plus grand que celui du jeu précédent. La planète Koboh est énorme et les activités y sont nombreuses. La plupart des missions secondaires sont données par les habitants d’un petit village et sont fournies sous forme de rumeur. Cela fait en sorte qu’elles sont intégrées à l’histoire de façon beaucoup plus naturelle que le classique personnage non joueur qui vous demande de retrouver un objet familial perdu dans une caverne. Accomplir ces quêtes secondaires est bien entendu optionnel, mais recommandé. En plus d’y obtenir des objets qui amélioreront vos aptitudes, vous aurez aussi l’occasion de voir le village évoluer au fur et à mesure que vous complétez ces tâches. Alors que la plupart des habitations sont abandonnées au début du jeu, celles-ci commencent à reprendre vie quand les gens effrayés y retournent. Même la taverne, complètement désertée à l’arrivée de Cal, se remplit rapidement de nouveaux clients avec lesquels il est possible de bavarder, faire du commerce et obtenir de nouvelles tâches.
Un énorme terrain de jeu à explorer, riche en trésors et en surprises
Il est recommandé de bien prendre son temps pour explorer les nombreux endroits offerts par le jeu, car ceux-ci regorgent d’objets à récolter ou à scanner dans votre base de données. Il est possible de découvrir des endroits où les événements du passé ont laissé leurs traces à travers la Force. On peut également y découvrir des objets plus insolites, comme des pistes musicales à donner au robot DJ qui se fera un plaisir de les faire tourner dans la taverne. Il est aussi une bonne idée de toujours scanner un nouvel ennemi éliminé, car celui-ci pourra par la suite être utilisé dans un jeu de combat holographique qui est aussi addictif que l’était le jeu de Gwent dans The Witcher 3. Tel un jeu d’échecs futuriste, vous devrez choisir avec soins quelles unités envoyer au combat et déjouer les stratégies de son adversaire.
Un jeu de cette ampleur ne peut être exempt de problèmes techniques et malheureusement. Jedi : Survivor n’y fait pas exception. En plus des textures qui apparaissent subitement et des baisses dans la fluidité, le jeu a d’autres pépins techniques qui vont du simple désagrément à la frustration. Par exemple, à un moment de l’histoire, le robot BD-1 devait absolument scanner un élément de l’environnement pour faire progresser la mission, mais celui-ci se trouvait bloqué par un ennemi récemment tué et ne pouvait se rendre à l’endroit précis. J’ai dû retourner à un point de méditation pour faire réapparaître les ennemis et bien faire attention de ne pas en éliminer un au même endroit. Aussi, à deux ou trois reprises, en utilisant le système de déplacement rapide, je me suis retrouvé avec un écran noir, ce qui m’a obligé à fermer le jeu complètement et le redémarrer. Heureusement, le système de sauvegarde automatique est robuste et je n’ai pas perdu ma progression.
Une expérience plaisante sur Xbox, mais minée par des problèmes techniques sur les autres plateformes
Mon expérience de jeu sur la Xbox Series X a été très plaisante malgré ces petits accrocs, mais à entendre les nombreux commentaires en ligne, il semblerait que les versions pour PS5 et PC souffrent de problèmes spécifiques. En particulier, la version pour PC semble avoir de sérieux problèmes d’optimisation et certains utilisateurs propriétaires des cartes graphiques très puissantes ont vu la fluidité à peine dépasser 40 images par seconde. Une patch était justement disponible à peine quelques jours après la sortie du jeu pour tenter d’éliminer ces problèmes.
En conclusion, malgré les problèmes techniques, Star Wars Jedi : Survivor est un excellent jeu d’action et d’aventure. Il nous permet de nous évader dans des mondes superbes et laisser libre cours à notre désir d’enfant d’incarner un chevalier Jedi. L’ajout d’une section à monde ouvert ne plaira pas à tous, mais les amateurs du genre seront heureux d’avoir un énorme terrain de jeu à explorer. Enfin, le côté visuel et auditif du jeu frise la perfection et montre vraiment ce que la nouvelle génération de consoles a dans le ventre. On le retrouvera certainement dans plusieurs palmarès des meilleurs jeux de 2023.
J’aime
- Les graphismes époustouflants ;
- Les combats fluides et excitants ;
- Un environnement de jeu énorme et regorgeant de secrets.
J’aime moins
- Les problèmes techniques et les bogues ;
- Les textures qui apparaissent subitement.
La copie de Star Wars Jedi : Survivor a été fournie par EA.
Star Wars Jedi : Survivor
Scénario
Graphismes
Bande sonore
Jouabilité
Durée de vie
Une expérience exaltante et à couper le souffle !
Malgré quelques pépins techniques, Star Wars Jedi : Survivor est un réel plaisir à jouer et montre ce que la nouvelle génération de consoles peut faire