Après notre couverture du lancement de la série, voici notre critique de She-Hulk : Avocate, sur la plateforme Disney+. Cette production, qui se dit atypique dans l’univers Marvel, parviendra-t-elle à nous charmer malgré la fatigue qui commence inexorablement à s’installer face aux productions de superhéros ? Notre verdict !
Notez que cette critique a été réalisée à la suite du visionnement des quatre premiers épisodes fournis aux médias.
- Créatrice : Jessica Gao
- Distribution : Tatiana Maslany, Mark Ruffalo, Ginger Gonzaga, Jameela Jamil, Josh Segarra, Tim Roth, Benedict Wong et Charlie Cox
- Service de diffusion : Disney+
- Nombre d’épisodes : 9
- Site officiel
Une série plus vraie que vraie, mais chaotique. Notre critique !
Jennifer Walters est une avocate de carrière qui voit sa vie chamboulée quand un accident entraîne une contamination de son sang par celui de son cousin, Bruce Banner. Désormais capable de se transformer en Hulk, créature verte monstrueuse à la force titanesque, elle rejoint la firme d’avocats GLK&H. Cette dernière est spécialisée dans les cas impliquant des superhéros. Heureusement, Jennifer contrôle sa transformation. La géante verte de plus de deux mètres devra apprendre à concilier sa nouvelle condition de superhéroïne et sa vie d’avocate, en plus de devoir traverser la jungle du célibat.
Un scénario à la fois drôle et conscient… mais une formule connue
La première chose que j’ai adorée dans She-Hulk est que la présence d’une femme, la vétérane de la comédie Jessica Gao, derrière le scénario, est palpable. L’histoire prend grand soin de montrer des situations réelles de la vie des femmes. Toutes les petites frustrations qui font partie de notre quotidien deviennent des éléments comiques très efficaces. Dès le premier épisode, quand Bruce indique à Jennifer que la transformation en Hulk est précipitée par la colère et la peur, cette dernière réplique qu’il s’agit là d’émotions à la base de l’existence de toutes ses consoeurs. Le scénario laisse deviner, dans le fait que Jennifer contrôle sa transformation et ne succombe pas à la personnalité chaotique du Hulk, que cela est dû à la capacité surhumaine des femmes d’aujourd’hui à contrôler, voire à cacher, leur colère.
Même lorsque Jennifer devient She-Hulk, un monstre vert et imposant qui domine tous les hommes de 5 pieds, elle se fait encore traiter avec mépris par les membres du « boys club ». Quand j’ai entendu son nouveau patron, du haut de la tour chic et vitrée de sa grande firme d’avocats, repousser ses idées d’un simple mouvement de la main et (pire) lui demander de changer son apparence avant d’entrer au travail, j’ai grogné. Ces situations réalistes au possible amènent un contraste saisissant avec la vie fantaisiste des superhéros. She-Hulk nous montre qu’une femme peut prendre une place physique importante, voire même imposante, dans son environnement. Et c’est génial sur ce point.
Malheureusement, les racines typiquement « Marvel » de la série apparaissent vite. On retombe souvent dans le familier. Oubliez l’idée de vous retrouver face à une véritable série d’avocats, avec des mystères à résoudre et des lois à défendre : on est très loin de The Good Fight ou même du vent de créativité amené par WandaVision. De plus, à travers ces moments de grande lucidité, la série ne se gêne pas pour lâcher quelques blagues de rots et de pets bien senties. Le scénario navigue entre les extrêmes et les changements de ton sont parfois chaotiques.
Une réalisation épisodique un brin chaotique
La série prend une forme épisodique, avec des émissions courtes et « punchées », comme dans une comédie de situation. Dans les quatre premiers épisodes fournis aux médias, chaque scénario introduisait une nouvelle histoire et de nouveaux personnages. Jennifer Walters fait d’ailleurs un clin d’oeil aux spectateurs en leur assurant qu’il ne s’agira pas toujours d’une de ces séries « avec un caméo toutes les semaines ». Je ne sais pas comment la série va évoluer, mais pour l’instant, c’est un mensonge : l’Abomination, Wong et Bruce Banner viennent faire leurs petites apparitions (hilarantes), puis repartent.
Il fait d’ailleurs bon de retrouver Benedict Wong, toujours aussi drôle et adorable, dans le rôle de Wong, le Sorcier suprême. Le voir se préparer à une petite soirée télé bien tranquille devant Les Soprano, avec ses gâteries préférées… la perfection ! Nous n’avons pas encore pu voir le retour de Charlie Cox en Matt Murdock, une participation qui a déjà été confirmée par les créateurs. Un autre caméo qui promet pour les prochains épisodes.
Du côté de la réalisation, le tout est parfaitement conforme à ce qu’on attend d’une production Marvel. Le ton général est comique, mais reste familial. Encore une fois, on est loin des délicieuses profanités de The Boys ou du Peacemaker. L’action est bien menée, les personnages grandissent, le visuel est cinématographique, etc. J’avoue avoir trouvé l’humour trop « sécuritaire », mais la série plaira à un grand nombre. D’ailleurs, attendez-vous à rire un bon coup dans l’épisode 4, Blaze est hilarant.
Finalement, un point négatif est que l’histoire va dans tous les sens : je me demande sérieusement où les scénaristes veulent nous amener. Bref, pour l’instant, la série manque de structure.
D’excellentes performances et des effets spéciaux qui font frémir d’horreur
Tatiana Maslany est excellente dans le rôle de She-Hulk. Elle détient une incroyable facilité à nous faire entrer dans son monde. Son personnage respire la véracité. On l’aime instantanément. On a envie de suivre ses aventures et on veut la voir triompher du patriarcat… oups, pardon, des supervilains. Les acteurs qui reprennent leur rôle d’une autre production Marvel sont aussi excellents. En résumé, tout le monde est parfaitement à l’aise dans cet univers, et ça paraît. Il y a une certaine détente chez tous les acteurs qui fonctionne à merveille. Tim Roth, un artiste qu’on ne voit pas assez, est même bien meilleur ici que dans le vieux film de Hulk où il tenait le rôle d’un méchant générique. En prisonnier repenti complètement à côté de la case, avec son propre culte de femmes illuminées, il est précieux.
Finalement, aucune critique de ce genre de série ne serait complète sans quelques commentaires sur les effets spéciaux. La qualité de ceux-ci a été vertement critiquée lors de la sortie des différentes bandes-annonces. Si on espérait qu’ils s’amélioreraient d’ici la date de lancement de la série, c’est raté. Posséder un personnage principal entièrement créé en images de synthèse est véritablement le talon d’Achille de She-Hulk. Lorsque Jennifer évolue, dans le premier épisode, avec un Hulk aussi en CGI, l’effet est encore supportable. Par contre, dès qu’elle se retrouve dans le monde réel, son intégration aux décors qui l’entourent est pénible. Sa démarche et ses expressions faciales ne permettent pas de rendre justice à la belle performance de Tatiana Maslany. On se prend à attendre avec impatience le retour de l’actrice « en vrai ».
Observations variées :
- Lors de la conférence de presse de lancement, l’une des créatrices de la série a indiqué qu’on devrait maintenant appeler le personnage de Hulk « He-Hulk ». Qui est pour ?
- J’en ajoute une couche : lors de sa première entrevue en tant que She-Hulk, devinez la première question que l’on pose à Jennifer ? Son régime et son programme d’exercice. Ah !
- À travers tous ces orphelins avec de mauvais pères qui peuplent l’univers des superhéros, autant chez DC que chez Marvel, quel bonheur de voir que Jennifer possède un super papa.
- Pour revenir sur les effets spéciaux… Déjà en 2016, Warcraft nous prouvait qu’il était possible de créer des personnages de synthèse crédibles. Allez revoir la quantité de micro-expressions qui traversent le visage de Durotan durant les six premières secondes du film. C’est bluffant. Le reste du film… pas mal moins.
She-Hulk : Avocate
Scénario
Réalisation
Effets spéciaux
Distribution
Bonus d'appréciation féminine
À découvrir malgré les écueils
Une série vraie qui parle aux femmes d'aujourd'hui, mais avec un scénario chaotique et des effets spéciaux horribles qui feront peut-être fuir le public cible.