On l’oublie souvent, mais Montréal et ses environs, c’est aussi un archipel enviable. Il y a un temps où ses habitants étaient en mesure de l’apprécier. C’est pour nous le rappeler et pour nous motiver à se redéfinir en tant que riverains que deux artistes ont réalisé le Projet Archipel. Le documentaire multiplateforme, présenté dans le cadre des Rencontres internationales du documentaire de Montréal (RIDM), prend plusieurs formes. On compte une plateforme web, un concert et une éventuelle application mobile.
Le Projet Archipel fait appel à plusieurs intervenants intéressés par la réappropriation publique des berges du Saint-Laurent. Des politiciens municipaux, des travailleurs d’organismes non gouvernementaux, des historiens, des artistes et des sportifs s’y échangent le micro. On nous parle de la richesse de la vie fluviale, des projets d’aménagement de points d’accès à venir, des obstacles et de leur vision à long terme.
Le documentaire se positionne aussi en tant qu’expérience de musique électroacoustique et ambiante. Les deux jeunes auteurs du Projet Archipel, Guillaume Campion et Guillaume Côté, sont en fait des compositeurs de formation. Tout en écoutant les intervenants, l’auditeur est invité à se détendre et écouter les sons ambiants de la mer enrichis d’une trame sonore électroacoustique.
Les trois formes du Projet Archipel
Comme vous pouvez le noter, le documentaire est plutôt atypique. Sa première forme est celle d’une plateforme web interactive. L’internaute est amené à explorer les propos des intervenants qui sont catégorisés sous cinq thèmes et cartographiés selon le sujet et l’endroit précis discutés. On peut ensuite se créer une liste de lecture, selon les capsules sélectionnées sur la carte de l’archipel montréalais. Pour maximiser l’expérience, le casque d’écoute est fortement recommandé.
Deuxièmement, en plus de cette plateforme web présentement disponible, le Projet Archipel prendra la forme d’un concert immersif électroacoustique dans la salle UXdoc des RIDM à la Cinémathèque québécoise le 18 novembre. En électroacoustique, la tradition veut que le son et l’ambiance soient organisés d’une manière précise. On parle ici d’un dispositif multicanal à six haut-parleurs ou plus.
Enfin, une application mobile de réalité virtuelle sera lancée en avril 2017. Elle accompagnera les riverains dans trois parcours sonores géolocalisés sur les rives montréalaises à l’ouest, dans le centre et à l’est. Il s’agira plus précisément du canal Lachine, du Vieux-Port et de la Promenade Bellerive. Le téléphone intelligent recueille les sons qu’il capte afin de les jumeler aux extraits audio de l’application.
Se sent-on vraiment dans un archipel, ici ?
Il y a quelques années, lorsque des amis torontois sont venus visiter Montréal pour la première fois, ils étaient surpris d’apprendre que Montréal était en fait une île. « Oui… en effet » leur répondais-je, sans trop savoir quoi rajouter sur ce. L’un renchérit : « On entend souvent parler de plusieurs atouts intéressants de la ville, mais on n’avait jamais entendu que c’était une île ! » Sur un ton réprimant son enthousiasme, je leur réponds qu’on n’a pas souvent l’impression d’être sur une île, les points d’accès à l’eau étant très limités.
Outre le Vieux-Port, il faut vraiment s’éloigner du centre pour apprécier ce fait géographique. Il y a un grand port industriel et un long réseau ferroviaire faisant obstacle. Trois choses ont inspiré le Projet Archipel aux deux compositeurs-documentaristes. La première vient des élections municipales montréalaises de 2013. Plusieurs idées ont été présentées pour améliorer l’accès des Montréalais à leurs berges, et les projets en ce sens continuent d’être promus et entrepris par divers acteurs, le 375e anniversaire de Montréal alimentant aussi l’engouement. La deuxième est que le son ambiant de l’eau et de la mer est intimement lié à l’univers de l’électroacoustique. Enfin, me dit l’un des deux Guillaume : « Guillaume vient de la Gaspésie… disons qu’il cherchait la mer ! »
Le Projet Archipel est disponible en ligne ici, à la salle UXdoc des RIDM à la Cinémathèque québécoise du 10 au 20 novembre et fera l’objet d’un concert immersif.
Source : RIDM / Projet Archipel