Attendu par certains avec enthousiasme, par d’autres avec appréhension, c’est le 5 octobre dernier qu’Overwatch 2 a été lancé. Ce faisant, il se trouve à remplacer (littéralement) le précédent opus en offrant quelques changements dans une continuité assumée. Disponible sur PC, Mac et consoles, est-ce que ce successeur sera digne d’un jeu qui avait la prétention de révolutionner l’univers compétitif du sport électronique ?
- Studio de développement : Blizzard Entertainment
- Éditeur : Blizzard Entertainment
- Plateforme disponible : PC, MacOs, PlayStation 5, PlayStation 4, Nintendo Switch, Xbox One, Xbox Series
- Plateforme de test : PC
- Date de sortie : 5 octobre 2022
- Classement : T, sang, tabac et violence
- Prix : Gratuit sur BattleNet
- Page BattleNet du jeu
Si je ne savais pas dès le départ que j’allais avoir entre les mains (virtuelles) la suite du premier opus, lui-même ayant été un franc succès à sa sortie en 2016, j’aurais pu croire à une imposante mise à jour à tel point que l’environnement, du menu à l’action, est similaire. En fait, l’idée qu’Overwatch 2 remplace le premier opus est carrément devenue réalité, puisque depuis le lancement de ce nouveau titre, il n’est plus possible d’accéder à son prédécesseur.
Mais est-ce qu’un changement aussi fondamental était réellement nécessaire pour la franchise Overwatch ? C’est une question qui, au moment d’écrire ces lignes, sème la division parmi les amateurs.
« Ne cessez jamais de vous battre pour ce en quoi vous croyez ! » -Ana
D’abord, si vous n’avez jamais navigué dans l’univers d’Overwatch (et si vous êtes plutôt insensible à la culture populaire / web des dernières années), il faut d’abord mentionner que c’est un jeu de tir à la première personne héroïque au rythme rapide, à l’emphase importante sur les personnages et leurs habiletés, aux graphiques lumineux et à l’histoire globalement bon enfant. Mais Blizzard a l’habitude de bichonner ses franchises originales qui se comptent sur les doigts d’une main. C’est pourquoi Overwatch est également une série très bien réussie de court-métrage d’animation ainsi que quelques bandes dessinées.
Les créateurs de la série ne se sont pas contentés de créer quelques personnages et des habiletés qu’ils ont opposés dans des matchs de leur jeu. Pour Blizzard, c’est tout un univers qu’ils ont créé avec des personnages aux historiques profonds, parfois tortueux, et qui se sont liés d’amitié ou d’adversité les uns avec les autres. Jusqu’à un certain point, les personnages et l’histoire sont présentés un peu comme si on lisait une série de comics, avec certains retours en arrière pour comprendre les motivations des protagonistes.
En bref, l’action se déroule 60 ans dans le futur, alors que la planète a été ravagée par une guerre contre des robots qui aura requis la création d’un groupe de soldats, scientifiques, aventuriers et autres curiosités surhumaines – Overwatch – pour sauver la mise. Après que cette organisation soit tombée en disgrâce, les joueurs assistent dans les chapitres présentés dans le jeu à la réhabilitation d’Overwatch et à ses combats contemporains avec ses ennemis et organisations rivales, elles-mêmes composées de super vilains, lesquels peuvent, bien entendu, être incarnés par les joueurs.
D’ailleurs, il y a là le premier défaut à noter sur Overwatch 2. Tous ces éléments sont connus et présentés périodiquement par Blizzard depuis 2016. Ils donnent une âme à la franchise et, lorsque l’on entend les dialogues entre les personnages, ils nous aident à comprendre les dynamiques à l’œuvre. C’est une grande force d’intégrer le joueur à ce niveau dans l’univers du jeu. Ceci dit, jusqu’à présent, Overwatch 2 n’a rien ajouté de significatif à la construction du narratif. S’il y a bien l’ajout de trois nouveaux personnages au lancement, le second volet s’appuie lourdement sur les histoires bâties et étayées par son prédécesseur pour soutenir sa propre proposition, ce qui est étonnamment mince de la part de Blizzard. Heureusement, des cinématiques pour ces nouveaux personnages, Sojourn, Junker Queen et Kiriko, sont venus apporter leurs pierres à l’édifice récemment.
« La justice ne sera pas rendue par elle-même » – Cassidy
Cette même critique sur la construction du narratif par le deuxième opus est peut-être symptomatique des attentes envers la franchise. Après tout, il s’agit tout de même d’un titre qui a sérieusement concurrencé le domaine du sport électronique, au point de faire partie fidèlement du top 10 des jeux en e-sport parmi les DOTA 2, Counter Strike et StarCraft 2 (du même studio, notons-le) de ce monde et cela, relativement rapidement.
Il y a également un important souci de continuité quant aux mécaniques de jeu. Avant d’entrer dans les détails, il faut d’abord souligner ce qui est l’évidence : on se croirait dans Overwatch, premier du nom. En effet, l’interface a reçu quelques retouches, mais dans l’ensemble, c’est effectivement le même jeu. On y retrouve les mêmes modes – compétitif, jeu rapide ou arcade – et essentiellement les mêmes personnages, bien que certains aient reçu des révisions qui peuvent être assez fondamentales.
Ainsi, l’on doit d’abord choisir un mode de jeu. Dans le cadre de cette critique, je m’attarderai davantage aux modes compétitif et jeu rapide, qui sont ceux que l’on pourrait qualifier « de base » pour Overwatch 2, puisqu’ils sont les plus structurés. Si des parties sur mesure ou arcade permettent d’opposer 10 fois le même personnage, les parties rapides et compétitives forcent les joueurs à se répartir parmi les trois types de personnages : un tank, deux attaquants (DPS) et deux soigneurs. L’on se place alors dans une file d’attente pour trouver des coéquipiers.
Notons par ailleurs un problème toujours aussi structurel d’Overwatch, à savoir les pénuries de joueurs qui ne sont pas DPS. Si vous souhaitez jouer attaquant, il faudra d’une part se munir de patience puisque les chronos pour trouver une équipe sont longs et d’autre part d’indulgence puisque les attentes seront élevées à votre égard durant la partie. Les DPS ayant pour fonction d’éliminer rapidement les adversaires, leurs performances sont généralement scrutées à la loupe.
Dans cette nouvelle mouture, les vétérans l’auront noté, il n’y a désormais qu’un seul personnage tank, plutôt que deux par le passé. J’ajoute ma voix au concert qui estime qu’il s’agit d’une mauvaise décision, rendant trop central un personnage et limitant les stratégies. D’autre part, certains tanks dits « secondaires » avaient pour fonction de forcer l’action ou de pouvoir intervenir rapidement sur le flanc ou l’arrière, ce qui est difficilement possible avec un seul tank au cœur de l’action. Cela a un impact direct sur les soigneurs, qui se retrouvent avec moins de protection. Conséquemment, c’est la classe de personnage le plus en demande puisque, je dois l’admettre pour en avoir joué beaucoup, c’est désormais beaucoup moins amusant d’exécuter ces fonctions alors qu’il est rare, voire impossible, de recevoir de l’aide lorsque nécessaire.
« Si tout ce que vous possédez est un marteau, alors tout le reste est un clou ! » – Reinhardt
Les détails sur la sélection de l’équipe étant passés et après avoir attendu votre tour (ou être instantanément propulsé en jeu si vous avez choisi un soigneur), une carte vous est assignée parmi les différents modes de jeu. Notons les batailles pour capturer un point, l’escorte d’un chariot du point A au point B ou encore un nouveau mode qui consiste en un robot -géant- qui pousse une barrière. Chaque équipe qui contrôle le robot, en éliminant les adversaires à proximité, lui permet de pousser la barrière davantage dans le territoire adverse. Si la barrière atteint la limite finale dans le camp d’une équipe ou si le temps est écoulé, un vainqueur est déclaré. C’est un bon mode de jeu, bourré d’action, alors que les équipes rivalisent pour le contrôle du même robot.
Ce faisant, le mode « Assault » disparaît de la scène régulière (il est toujours disponible en arcade). Ce mode, qui avait pour but de contrôler un point puis un second, avait pour habitude d’avantager ou de désavantager l’offensive ou la défensive et le rendait moins intéressant. Une bonne décision de le mettre au rancart.
Mais en dehors de cela, dans les mécaniques au cœur du jeu, qu’est-ce qui a changé ? Presque rien en fait. Oui, le personnage de Bastion est complètement revu et un travail colossal a été fait afin de parfaire la balance du jeu entre les héros. Mais à moins d’être un joueur dans les ligues compétitives, cela aura un impact mitigé sur le commun des mortels.
Et tout cela ne s’est pas fait sans pots cassés. Le départ a été rude pour Overwatch 2 avec des enjeux d’accès aux serveurs importants. Ce n’est pas nouveau au lancement d’un jeu d’avoir de la difficulté à satisfaire à la demande, mais on aurait pu s’attendre à mieux de l’équipe expérimentée de Blizzard. Ajoutons à cela des personnages retirés du jeu temporairement, puis remis, puisqu’ils avaient des enjeux de balance importants, et on ne peut s’empêcher de constater que le départ aura été chaotique. En plus, il aura été possible de voir de la maintenance prévue aux heures de grandes fréquentations, comme les soirs entre 19h et 23h, durant la première semaine du jeu. Impossible de ne pas être dubitatif face à cela.
« De la répétition vient la maîtrise » – Zenyatta
Alors, essentiellement la même histoire, les mêmes personnages et les mêmes mécaniques de jeu. Il se pourrait en fait que la raison pour laquelle Overwatch 2 ait été rendue nécessaire vienne plutôt de son mode de financement. Il faut d’abord se souvenir que pour jouer à Overwatch premier du nom, il fallait d’abord acquérir le jeu pour la somme de 40$ (en 2016). Cela donnait accès à l’ensemble du jeu, à l’exception de modifications cosmétiques aux personnages, lesquelles étaient disponibles dans des boîtes de butin (loot boxes). Ces boîtes contenaient des items aléatoires ou de la monnaie du jeu pouvant servir à débloquer les changements cosmétiques de son choix. Elles pouvaient être obtenues en complétant des parties ou, carrément, en les achetant avec de l’argent réel. Évidemment, que vous ayez payé ou non pour ces boîtes, rien ne garantit que vous y retrouverez l’item que vous convoitez.
Or, ces boîtes de butin sont de plus en plus directement associées aux jeux de hasard, si bien que dans certains pays européens, elles sont carrément interdites. Afin de stopper l’hémorragie – et opter pour un modèle d’affaire plus acceptable -, Blizzard a complètement revu sa formule. D’abord, comme mentionné, Overwatch 1 n’est simplement plus accessible, donc exit les jeux de hasard sous forme d’émojis virtuels. Ensuite, Overwatch 2 est désormais gratuit pour tous, il suffit de télécharger le jeu pour y avoir accès. Ce qui a, par ailleurs, donné lieu à quelques enjeux de coordination navrants alors que des copies physiques du premier opus étaient toujours en vente quand le jeu était, dans les faits, discontinué et remplacé par son successeur.
Un jeu gratuit, c’est généralement une bonne chose, mais il y a généralement un modèle d’affaire derrière cela. Blizzard ne fait pas exception et c’est toujours via les items cosmétiques que la compagnie espère couvrir ses frais. Désormais, ces items peuvent être débloqués en accumulant des heures de jeux et en remplissant des défis quotidiens, hebdomadaires et saisonniers. L’astuce, par contre, c’est que 90 % de ces récompenses sont inaccessibles à moins de souscrire à un abonnement – la Battle Pass – au montant de 10$ pour la saison. Certains nouveaux héros sont également réservés à l’atteinte d’un certain niveau d’expérience ou immédiatement à l’achat de l’abonnement.
Il aurait été raisonnable de s’attendre à ce que la disparition des boîtes de butin et de leur loto aléatoire par une barre de progression soit une amélioration, mais disons que pour les joueurs qui ne payent pas, c’est un recul évident en termes d’accès au contenu cosmétique, bien que le retrait des jeux de hasard d’un jeu vidéo demeure la chose morale à faire. Et il y a plus, même pour les joueurs qui s’abonnent, ils ont tous accès à la même barre de progression. Ainsi, tout le monde a le même accoutrement… on repassera pour l’unicité et le sentiment d’accomplissement. Heureusement, les vétérans du premier opus conservent les récompenses débloquées précédemment, ce qui fait un peu de diversité dans l’apparence des personnages.
« L’imagination est à la source de toute découverte » – Winston
Donc, quoi retenir de Overwatch 2 ? Pour un vieux routier du premier opus comme moi, qui ai plus de 700 heures de jeu, dont plusieurs centaines sur certains héros spécifiques, en toute honnêteté, je ne remarque pas une grande différence. Si vous n’êtes pas le genre de joueur qui cherche à avoir la garde-robe complète de chaque personnage, il n’y a pas vraiment de point négatif à la proposition.
Overwatch 2 repose sur les lauriers d’un prédécesseur qui aura su laisser sa marque dans l’univers des jeux de tir à la première personne avec son univers immersif, ses personnages attachants et son style de jeu dynamique et rapide. Si la nouvelle proposition de Blizzard n’ajoute pour le moment pas grand-chose à l’édifice et bien que son lancement ait été plutôt chaotique, il serait faux de penser qu’il ruine la franchise.
Au contraire, les jeux de Blizzard sont reconnus pour être continuellement en amélioration et les développeurs font preuve avec Overwatch 2 d’une grande transparence qui est tout à leur honneur. Si au lancement, la nouvelle mouture ne révolutionne pas la franchise, elle a devant elle de nombreuses années pour ajouter sa marque et se définir, forte des succès passés et propulsée par une communauté engagée et vivante. En plus, c’est gratuit, alors pourquoi ne pas l’essayer ?
Après tout, le monde a toujours besoin davantage de héros.
J’aime
- L’univers vibrant d’Overwatch
- La diversité et l’unicité des héros proposés
- Des matchs courts, remplis d’action
- Le travail en équipe valorisant
- La scène compétitive
J’aime moins
- Le passage de deux tanks à un seul
- Les temps d’attente pour rejoindre une partie
- La barre de progression afin de débloquer des récompenses
Bien que Blizzard Entertainment ait offert un accès Battle Pass au testeur de Geekbecois, Overwatch 2 est accessible gratuitement.
Overwatch 2
Scénario
Graphisme
Bande sonore
Jouabilité
Durée de vie
Les héros ne meurent jamais !
Si Overwatch 2 n’a pas révolutionné la franchise à son lancement, elle s’inscrit tout de même dans la continuité du précédent opus. On y retrouvera les personnages familiers ainsi que les dynamiques connues des vétérans, tout en ouvrant la franchise à de nouveaux héros et de nouveaux modes de jeu. Étant gratuit pour jouer, mais payant pour des changements cosmétiques, il n’y a pas de bonne raison de ne pas essayer cet excellent jeu de tir à la première personne.