Hutan, un magnifique jeu de placement de tuiles totalement addictif

Dans le jeu de placement de tuiles Hutan, nous construisons notre propre forêt tropicale indonésienne en sélectionnant des fleurs susceptibles de devenir de majestueux arbres, attirant ainsi de magnifiques animaux.

Illustré par le talentueux Vincent Dutrait (Le Seigneur des Anneaux : Duel pour la Terre du Milieu, Les Tribus du vent, After Us, Umbrella, etc.), ce jeu a été conçu par Daniel Skjold Pedersen et Asger Harding Granerud, édité par Sidekick Games en anglais et Lucky Duck Games en français.

Grâce à un plateau modulaire, de multiples modes de jeu, scénarios et défis, chaque partie est unique. Les règles simples permettent une prise en main rapide, et le jeu propose des constructions en trois dimensions aussi surprenantes qu’immersives.

Addictif, il nous pousse sans cesser à améliorer notre score. Le réel défi ? Réussir à ne faire qu’une seule partie.

Hutan : la vie dans la forêt tropicale

• Auteurs : Asger Harding Granerud, Daniel Skjold Pedersen
• Illustrateur : Vincent Dutrait
• Éditeur : Lucky Duck Games
• Nombre de joueurs : 1 à 4
• Durée : 30 à 45 minutes
• Année : 2025
• Prix : 59,99$
• Page officielle du jeu
• Page BoardGameGeek

But du jeu

Marquer un maximum de points en créant une forêt tropicale luxuriante et pleine de vie.

Mécaniques

• Placement de tuiles
• Repêchage
• Casse-tête

Matériel

• 16 tuiles Forêt tropicale
• 130 Fleurs
• 64 Arbres
• 15 Animaux
• 1 pion Pangolin
• 70 cartes Fleur
• 24 cartes Écosystème
• 1 carnet de score

Comment jouer

Une partie de Hutan est constituée de neuf rondes de deux tours du type repêchage aller-retour en trois étapes :

1. Planter des fleurs : choisir une carte de fleurs dans le marché et placer les fleurs illustrées adjacentes les unes des autres sur notre plateau ;
2. Étoffer la forêt : faire pousser des arbres quand deux fleurs de la même couleur sont empilées et compléter les zones ;
3. Peupler un habitat : quand la zone est complétée (remplie de fleurs de la même couleur et surmontées d’un arbre), nous remplaçons un des arbres de celle-ci par un animal de la couleur des fleurs et fertilisons (optionnel) les cases adjacentes.

Comme dans le jeu Sagrada, la ronde commence dans le sens horaire, puis nous revenons sur nos pas dans le sens inverse. Ainsi, le dernier joueur joue deux fois de suite.

Fin de partie et décompte

La partie prend fin au bout des neuf rondes et les points se comptent comme ceci :

• Arbres : 2 points chacun ;
• Animaux : les points indiqués sur le plateau ;
• Zones complètes : les points indiqués sur le plateau ;
• Zones inachevées et hétérogènes : nous perdons les points indiqués sur le plateau.

Il faut bien réfléchir avant d’entamer une nouvelle zone : si celle-ci est incomplète ou contient plusieurs couleurs de fleurs, une dégringolade viendra gâcher tout notre beau travail.

Mon expérience de jeu

Fluide et addictif

Comme dans les jeux Cascadia et Calico, le rythme de jeu est fluide et addictif. Pile dans ma zone de plaisir, c’est-à-dire simple à comprendre et difficile à maîtriser avec des illustrations colorées, j’ai enchaîné les parties.

Une mécanique accessible, mais stratégique

Derrière les simples règles de jeu se cache une vraie profondeur : le choix des fleurs, l’anticipation des zones, les possibles combos et la fameuse « dégringolade » qui ajoute de la tension.

Un style artistique inimitable

Si, comme moi, vous suivez la carrière des illustrateurs de jeux de société, vous avez sans doute remarqué que les plus talentueux développent une véritable signature artistique. À mes yeux, Vincent Dutrait est celui dont le style se distingue le plus. Il me suffit d’apercevoir le dessus d’une boîte pour deviner qu’il en est l’auteur. Son art contribue puissamment à l’immersion, tout en renforçant le plaisir de manipuler les tuiles.

Le matériel

Même si les fleurs s’effritent légèrement, laissant parfois un peu de poussière de carton sur la table, elles sont fabriquées dans un carton suffisamment épais pour ne pas s’envoler, même lors de parties en extérieur. Les cartes, quant à elles, ont une taille idéale pour tenir confortablement dans le creux de la main — un détail particulièrement appréciable en mode solo, dont je vous reparlerai un peu plus loin. J’ai aussi beaucoup aimé les animaux en bois ainsi que le système de rangement astucieux à l’intérieur de la boîte.

Variantes, scénarios, défis et modifications

Entre les variantes familiales — sans fertilisation ni perte de points — et les variantes avancées qui intègrent les cartes Écosystèmes pour relever de nouveaux défis, Hutan propose une richesse de configurations. Grâce aux scénarios qui exploitent différentes dispositions du plateau ainsi que diverses combinaisons de cartes, sans oublier les défis et modifications supplémentaires (à utiliser seuls ou en combinaison), chaque partie devient une expérience renouvelée.

La réussite du mode solo

Le mode solo de Hutan est une réussite à bien des égards. Sans aucun automate à gérer, l’expérience reste fluide et totalement épurée. En 18 tours, nous devons faire les meilleurs choix possibles parmi trois cartes proposées à chaque fois — un format à la fois simple et stratégique. Les cartes tiennent parfaitement dans une main, ce qui renforce l’accessibilité du jeu, même dans des conditions plus décontractées. Et surtout, chaque partie ne dure pas plus de 15 minutes, ce qui en fait un excellent format pour une pause ludique rapide, tout en gardant le plaisir du défi.

Pour le tester en conditions réelles, je me suis amusée à enchaîner quatre parties d’affilée à l’extérieur. J’ai réussi tous les scénarios, même si un seul s’est soldé par un excellent score. Une chose est sûre : cela m’a permis d’affiner ma stratégie pour mes futures parties contre un ou plusieurs adversaires.

Les irritants

Quelques petits irritants viennent néanmoins entacher légèrement l’expérience. Le plateau peut rapidement devenir très chargé, rendant parfois la lecture des points délicate en fin de partie. De plus, si les différents types d’arbres sont visuellement plaisants, leur diversité semble avant tout esthétique, sans impact mécanique évident. Enfin, les arbres ont parfois du mal à tenir ensemble, ce qui nuit un peu à la stabilité des constructions.

En conclusion

Avec son esthétique envoûtante, sa mécanique accessible mais subtile, et sa variété impressionnante de modes de jeu, Hutan s’impose comme une belle surprise dans le monde du jeu de société. Chaque partie invite à la contemplation stratégique d’une jungle en expansion, et chaque décision — même la plus délicate — participe à cette expérience unique entre nature et réflexion. Que l’on joue en solo, en famille ou entre experts, Hutan offre un souffle d’aventure tropicale à portée de main. Une partie, puis une autre… et il devient difficile de résister à l’appel de la forêt.

La copie de Hutan a été fournie par Randolph.