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Gameable : entrevue avec la co-fondatrice Ambre Lizurey

La première cohorte de Gameable, en collaboration avec Technovation Montréal, débutera le 10 mars prochain. Afin de mieux comprendre l’objectif du programme, j’ai eu l’occasion de m’entretenir avec Ambre Lizurey, co-fondatrice de Gameable et directrice des opérations chez EA Motive.

Ambre Lizurey
Ambre Lizurey, co-fondatrice de Gameable

Si vous avez de jeunes filles à la maison ou que vous en connaissez qui aiment les jeux vidéo, je vous suggère de continuer votre lecture ! Gameable est un programme prometteur et adapté à la réalité des jeunes filles.

Entrevue avec Ambre Lizurey, co-fondatrice de Gameable

(Geekbecois) Bonjour Ambre, merci de répondre à mes questions aujourd’hui. Dans un premier temps, est-ce que tu pourrais te présenter ? Nous dire qui tu es et quel est ton rôle au sein de Gameable ?

Ambre : Oui ! Bonjour, moi c’est Ambre. Je suis co-fondatrice de Gameable, programme que l’on a fondé avec Brian McWilliams (programmeur à Affordance). Brian et moi nous sommes rencontrés lors de notre participation en tant que mentors à Technovation Montréal.

Est-ce que tu pourrais nous parler de Gameable, de ta vision de cette initiative et de ce qui t’a motivé à donner de ton temps pour ce projet ?

A : Je vais remonter dans le temps pour mieux expliquer. J’ai toujours eu besoin de faire du bénévolat et je n’ai jamais trouvé exactement où en faire. J’ai essayé des trucs dans des hôpitaux et c’était vraiment difficile pour le moral. Puis, j’ai essayé les petits déjeuners du Québec, mais c’était bien trop tôt pour moi !

Et puis, il y a 8 ans, j’ai trouvé Technovation : un bon mélange entre ce que je fais professionnellement et pouvoir aider à améliorer la diversité dans les STEM.
Avec Technovation, j’ai trouvé mon « X » côté bénévolat.

Et en 2021, un groupe de trois jeunes filles m’ont choisie comme mentore, car elles voulaient essayer de faire un jeu. Comme il nous fallait quelqu’un de technique pour pouvoir les aider, j’ai approché Brian que je connaissais d’Ubisoft.

On a commencé à travailler avec elles début janvier. Et en peu de mois, elles ont appris à faire un prototype avec deux niveaux, un Side Scroller (jeu à défilement horizontal) dans Unity. Puis en avril, elles ont publié leur prototype sur la plateforme. En quelques mois, elles sont passées de 0 connaissance à être capable de construire un prototype fonctionnel. C’était impressionnant !

C’était une superbe expérience pour tous les cinq. De notre côté, avec Brian, on avait en face de nous de jeunes filles super allumées. Par exemple, une semaine on leur a dit : « la semaine prochaine on va regarder l’animation et vous expliquer comment cela fonctionne ». Et puis lorsque l’on est arrivés la semaine d’après, elles avaient déjà cherché des tutoriels sur internet et essayé de faire quelque chose dans Unity.

De leur côté, les filles ont aimé leur expérience, car non seulement elles ont réussi à créer un petit jeu sur un thème qui les intéressaient (le gaspillage technologique), mais aussi, car elles ont pu rencontrer différent.e.s professionnel.le.s de l’industrie, pas juste Brian et moi. Elles ont en effet rencontré Eric Baptizat (Directeur de Jeu de Assassin’s Creed Valhalla à l’époque), Matthew Smith (Directeur Audio à EA et préalablement Rockstar), et Eve Gaboury (conceptrice de jeu qui venait d’arriver à EA). Si j’avais pu, je leur aurais fait rencontrer plus de gens, mais on était limités dans le temps. Au moins, elles ont pu voir différents backgrounds.

Lorsqu’on leur a demandé du feedback, les filles ont dit que le fait de rencontrer des gens aussi passionnés les ont vraiment fait vibrer. Sur les trois, on en a quand même eu deux qui veulent maintenant continuer à aller dans les STEMS/jeux vidéo. Et ça pour moi c’est une victoire !

Et c’est donc après cette magnifique expérience que je suis allée parler avec Stéphanie – la co-fondatrice de Technovation Montréal – pour lui dire qu’il fallait qu’on fasse un programme du style Technovation mais pour les jeux vidéo.

Est-ce que tu peux nous expliquer comment l’initiative Gameable fonctionne en elle-même ?

A : Gameable est un programme de Technovation (c’est pourquoi cette année on le limite aux jeunes filles) et vise les 13-17 ans. L’an prochain – si le pilote fonctionne bien – je vise pouvoir ouvrir à tous les genres. Je pense en effet que pour aider à améliorer la diversité, il faut que tous les genres apprennent à travailler ensemble, dès le plus jeune âge.

L’objectif est que les jeunes filles – en groupe de trois à cinq – créent un prototype de jeu, avec deux niveaux, sur le thème du changement climatique cette année. Les filles seront accompagnées de plusieur.e.s mentor.e.s, en personne ou en ligne via Discord.

Pour le pilote, nous avons actuellement une vingtaine de jeunes filles, de 11 à 19 ans. On a encore de la place si cela intéresse quelqu’une !

Donc le programme est sur plusieurs semaines, comment va-t-il se dérouler ?

A : Le programme a commencé il y a deux semaines, mais nous sommes jusque-là restés en surface, car on accepte les inscriptions jusqu’au 10 mars et on ne veut pas que les dernières inscrites loupent quoi que ce soit.

Dans les prochains mois, on va leur expliquer le processus de création de jeux vidéo (idéation, conception, production, etc.) et leur présenter les différents corps de métiers qui existent.

Avec un workshop chaque semaine sur un sujet précis avec du temps de travail en équipe, l’objectif est de finir ce pilote en juin avec une journée démo avec les parents, des professionnel.le.s de l’industrie et des écoles pour que les filles regardent les programmes.

À noter que l’on fait tous nos workshops à l’École NAD, qui nous accueille gentiment et gratuitement dans leurs magnifiques locaux. On va pouvoir aussi prêter des ordinateurs à chaque participante, grâce à la générosité d’Ubisoft Montréal et Reflector Entertainment.

Tu as parlé d’une journée démo. Est-ce que l’objectif est de présenter et récolter des commentaires ou s’il y a également une compétition à l’interne ?

A : À long terme, l’objectif serait d’avoir une compétition. Là à mon avis, pour la première année, cela ne sera pas une compétition, car nous sommes en train de mettre des trucs en place. On va découvrir des choses au fur et à mesure et cela ne mettrait pas les filles dans de bonnes conditions.

J’ai une question et je crois que les jeunes filles vont se la poser également : est-ce que les jeux vont être publiés, à une certaine échelle ? Partagés avec les écoles ? D’avoir accès à ce qu’elles ont construit ? 

A : L’objectif pour nous n’est pas la monétisation de quoi que ce soit. Avec les filles qu’on a mentorées avec Technovation, on l’avait mis sur Unity. Donc oui, on pourrait, effectivement. Mais oui, ça pourrait être là pour montrer les tests et qu’elles puissent mettre ça dans un portefolio.

Donc tu l’as mentionné plus tôt, mais la cohorte débute bientôt ! Pour les jeunes filles encore incertaines à joindre la cohorte, est-ce que vous avez prévu d’autres cohortes ou cela est encore en discussion pour les prochaines fois ?

A : Pour le moment, on ne prévoit qu’une cohorte en 2023. Et si cela fonctionne bien, on va voir comment on grandira (Entre toi et moi, je pense que cela va fonctionner, car il y a clairement de l’intérêt pour nos jeunes dans les jeux).

Cela va aussi dépendre de la disponibilité des mentor.es. Peut-être qu’à long terme on aurait des camps de jours l’été ? Ça serait malade !

Mais, pour l’instant il n’y a qu’une seule cohorte et on vise 30 personnes, de préférence en présentiel.

Technovation Montréal rejoint plusieurs écoles à la grandeur de la province, est-ce qu’éventuellement Gameable pourrait s’étendre au reste de la province ?

A : Je pense que oui, parce qu’ultimement, ce qui serait intéressant serait d’avoir des experts qui ne viennent pas juste du Québec, mais d’un peu n’importe où. D’en avoir à Montréal, mais également un peu partout au Québec et dans le reste du Canada aussi. Sachant que je déménage à Vancouver en 2023, il y aura surement un Gameable Vancouver un jour…

Parfait, donc ça va être à suivre pour les jeunes filles en dehors de Montréal et ses environs. On en a discuté que la présence féminine n’est pas représentée à son plein potentiel dans l’industrie du jeu vidéo, est-ce que tu aurais un message à transmettre aux jeunes filles qui seraient intéressées, mais qui pourrait aussi être intimidées ?

A : Le message principal serait que les jeux vidéo ne sont pas réservés aux gars seulement. Le jeu vidéo c’est pour tout le monde (quand on regarde les statistiques au Canada, on est rendu à 51 % de femmes qui jouent à des jeux, mais celles-ci ne représentent seulement que 23 % de la main-d’œuvre de l’industrie). Il y a donc de la place pour tout le monde.

Avec Gameable, les filles vont pouvoir tester la création de jeux vidéo. Au pire ça ne leur plait pas. Mais je suis persuadée qu’au moins elles auront passé un six mois relativement le fun.

Et elles vont découvrir que les jeux vidéo, ce n’est pas seulement de la programmation. Il y a aussi de l’art, de la conception, de l’audio, du test, etc. Il y a tellement de métiers différents !

Et aux parents qui ont des craintes que l’environnement ne soit pas accueillant pour leur jeune fille ou qui entendent que l’industrie du jeu vidéo est souvent décrite comme instable, est-ce qu’il y aurait un message que tu aimerais leur transmettre ?

A : Oui ! On entend souvent que l’industrie des jeux vidéo est un milieu d’hommes. Il est vrai que statistiquement, les femmes sont en minorité. Mais je pense que l’industrie du jeu vidéo fait énormément d’efforts pour que les choses s’améliorent en termes de diversité et d’inclusion.

Et si vous vous demandez – tout comme mes parents quand je leur ai dit que je joignais l’industrie – s’il y a de l’avenir dans cette industrie : OUI ! Pour rappel, l’industrie du jeu vidéo fait par année plus d’argent que le cinéma, la musique et la télévision combinés. Et puis on l’a vu pendant la pandémie : les gens ont arrêté plein de trucs, mais ils n’ont pas arrêté tout ce qui était divertissement, incluant les jeux vidéo.

D’ailleurs, tous les parents sont invités à nos workshops. Non seulement pour voir comment les jeux sont faits, mais aussi pour en savoir plus sur l’industrie en tant que telle.

Pour terminer, est-ce qu’il y aurait quelque chose que tu aimerais ajouter ? Quelque chose que nous n’avons pas abordé ou qui te vient en tête et que tu aimerais partager ?

A : Même si on a mis 15-17 ans sur le site internet, les jeunes filles ne devraient pas se limiter à ça lors de l’inscription. Qu’elles n’hésitent pas à nous poser des questions si elles ont un doute, elles veulent en savoir plus ou si elles ont juste une question sur l’industrie. Qu’elles nous écrivent et on va leur répondre.

Parfait, super ! Merci beaucoup d’avoir répondu à toutes ces questions !

Gameable

Pour les jeunes filles intéressées, vous avez jusqu’au 10 mars pour vous inscrire à la première cohorte de Gameable à l’adresse suivante : https://www.technovationmontreal.com/gameable

À propos de Véronique Leclerc

Je suis passionnée par les jeux vidéo, D&D, les technologies de la réalité virtuelle/augmentée/mixte et de l'intelligence artificielle. J'aime mettre en lumière les différents enjeux culturels geeks et discuter des nouvelles tendances technologiques.

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