La vie peut être difficile n’importe où, mais, dans l’ancien monde, il n’y avait aucun espoir que cela ne s’améliore. C’est sur cette phrase que débute le générique de Farthest Frontier, un jeu de construction de cité actuellement en accès anticipé, gestion de ressource et de survie lancé le 9 août dernier. Empruntant des mécaniques similaires à Banished ou encore à la série Anno, ce nouveau venu dans le domaine a de quoi agréablement surprendre, pour les joueurs qui n’ont pas peur d’un vrai défi.
- Studio de développement : Crate Entertainment
- Éditeur : Crate Entertainment
- Plateformes disponibles : PC
- Plateforme de test : PC
- Date de sortie : 9 août 2022 en accès anticipé
- Classement : non disponible
- Prix : 33,99$ sur Steam
- Page Steam du jeu
Bien que Farthest Frontier soit actuellement en accès anticipé, la proposition est particulièrement complète, non seulement dans ses mécaniques de jeu, mais également dans ses effets visuels saisissants et une époustouflante trame sonore centrée autour d’instruments à cordes orchestraux.
Au commencement
Le jeu propose quelques options afin de personnaliser le biome et le degré de difficulté de la partie. Une fois ces choix faits et la future bourgade dûment nommée, le joueur est propulsé dans la partie, dans un mode préliminaire dit “éclaireur”. Dans ce mode, une portion de la carte est dévoilée et il est possible de voir les ressources disponibles dans un rayon représentant les découvertes des éclaireurs.
Il faudra alors choisir où l’on place le centre-ville afin de pouvoir commencer le jeu à proprement parler. Cette étape n’est pas sans conséquence, puisqu’un mauvais emplacement (ou même un emplacement sous-optimal) du centre-ville pourrait condamner la bourgade à la médiocrité voire à sa perte. J’ai dû recommencer quelques parties suite à de mauvais choix de lieu de départ, donc il est pertinent de ne pas négliger la phase “éclaireur”.
On recherchera durant cette étape des ressources essentielles au départ de la colonie. De la nourriture, bien sûr, mais dans un menu varié. Et les options de repas sont très nombreuses. Sans même parler d’agriculture ou d’élevage, simplement avec les ressources naturelles présentes sur la carte, on en compte des dizaines. Poissons, gibiers, œufs, champignons, fruits, noix, légumes verts ou légumineuses ne sont que des exemples. Et certaines de ces ressources se combinent, par exemple le gibier donnera de la viande, bien sûr, mais également des peaux pouvant servir à faire des vêtements.
Il faudra également penser aux ressources liées à la construction, comme le bois et la pierre, mais également à une surface disponible pour la construction assez grande ainsi qu’à un accès à une eau propre et en quantité suffisante pour alimenter la ville via des puits. C’est dès le départ qu’il est possible de constater que Farthest Frontier offre aux joueurs une pléthore d’options pour accommoder tous les styles de gestion de ville. C’est franchement une grande richesse d’avoir autant de choix et de savoir que, bien qu’il soit difficile de déterminer le choix le plus optimal au départ, il y aura sans doute des combinaisons intéressantes à faire.
Étape par étape
Une fois le centre-ville disposé, les citoyens s’y rassembleront et commenceront à besogner. À l’image d’autres titres du même genre, il est possible de définir des zones de collecte de ressource (par exemple : abattez les arbres dans ce périmètre) et attribuer des emplois aux villageois. Par défaut, le jeu désigne de facto des travailleurs dans les nouvelles carrières qui deviennent disponibles au fur et à mesure que des bâtiments sont ajoutés, mais le joueur garde le contrôle sur le sujet et peut les modifier à votre guise. Il faudra être prudents sur les zones à déforester ou à vider de leurs ressources, puisque cela peut entraîner un déplacement des populations d’animaux ou encore la disparition de certaines ressources naturelles associées aux arbres qui viennent d’être abattus.
La liste des bâtiments est impressionnante, avec plusieurs industries qui requièrent du raffinage et des chaînes de production pouvant être longues et complexes. Farthest Frontier fait confiance aux joueurs et ne les prend pas par la main, à eux d’établir leurs priorités et de développer leur ville en ce sens. Ceci dit, au départ, la majorité des bâtiments ne sont pas accessibles et pour les débloquer, il faudra améliorer des bâtiments déjà existants, par exemple le centre-ville, ce qui requiert certains autres bâtiments et une population d’une certaine taille. Donc, même si l’on dispose d’une grande liberté, il n’en demeure pas moins que certaines étapes sont des passages obligés.
Il faudra subvenir aux besoins de la population afin d’en assurer la survie et sa croissance. D’abord, bien sûr, la nourriture, mais également leur santé, leur bois de chauffage, leurs vêtements ou leurs divertissements. Chaque villageois est généré individuellement et possède ses propres jauges à remplir. Certains événements localisés, par exemple le décès d’un villageois, auront des impacts sur le bonheur des proches de cet individu.
Il faudra également fournir des habitations à la population. Et, un peu comme dans des titres du type de Caesar 3 ou Pharaoh, ces maisons évolueront au fur et à mesure qu’elles recevront des biens et services. Ces évolutions seront nécessaires pour débloquer des bâtiments plus avancés, il y a donc de bons incitatifs à combler les besoins de la population.
Des mécaniques qui se démarquent
Plusieurs aspects de l’expérience de jeu de Farthest Frontier se démarquent par rapport à la compétition. D’abord, notons tous les degrés de détail et la complexité de toutes ces options. Personnellement, j’adore. Quand je choisis un jeu de gestionnaire de cité, je veux être mis à l’épreuve et essayer d’équilibrer différentes mécaniques tout en solvant des problématiques complexes. Pour les joueurs plus intermédiaires, il y a des options pour rendre le jeu moins punitif, mais il faudra tout de même jongler avec tous ces niveaux supplémentaires de gestion.
Plus tôt, nous avons abordé la question des puits qui doivent être connectés à une source souterraine suffisante. C’est un bon exemple d’un niveau supplémentaire au jeu. L’agriculture, quant à elle, permet d’agencer différentes cultures et travaux aux champs de manière à tirer profit du type de sol ainsi qu’à maintenir sa fertilité.
Le jeu propose également un mécanisme par lequel la nourriture périmera. L’information sur les stocks de nourriture présentée sur l’écran principal nous indique combien de mois de rations sont stockées et combien pourriront sous peu. Il faudra alors investir dans des méthodes de préservation plus efficaces et/ou des entrepôts spécialisés.
À cela, il faut ajouter les attaques d’animaux sauvages, mais également de pillards un peu plus tard dans la partie. Farthest Frontier propose toute une gamme de bâtiments militaires et défensifs pour protéger la colonie. Encore une fois, il est possible d’ajuster le degré de difficulté, mais dans une partie normale, la défense des villageois doit figurer parmi les priorités.
On peut donc voir que tout cela s’entremêle sur une toile qui saura donner du fil à retordre aux gestionnaires expérimentés, en plus de rendre chaque partie intéressante et unique.
Trop complexe ?
C’est donc à se demander si Farthest Frontier est un jeu trop complexe. Ce n’est certainement pas un jeu conçu d’abord et avant tout comme bac à sable, mais les informations pertinentes sont bien présentées et les mécaniques clairement expliquées. Après quelques parties visant à apprivoiser le jeu, il sera possible d’avoir une erre d’aller confortable.
D’ailleurs, le développeur propose lui-même un guide sur les concepts de base du jeu, disponible en ligne. Pas besoin d’attendre un wiki de la communauté dans ce cas-ci, on y retrouvera une tonne d’informations intéressantes.
Mais, bien au-delà des mécaniques avec lesquelles il faut jongler, Farthest Frontier est une puissante expérience d’immersion. Comme mentionné, la musique est géniale avec ses mélodies sur instruments à cordes qui s’agencent aux saisons. Les graphismes sont magnifiques et changent au fil des saisons également, on verra donc les arbres changer de couleur puis perdre leur feuillage alors que l’automne cède le pas à l’hiver, avec ses bordées de neige et ses vents glaciaux. Mais, arrivé au printemps, on pourra observer la fonte des neiges et les premiers brins de végétation verts sortir avant le spectacle rayonnant de vie de l’été. Ce n’est pas le premier jeu à avoir un cycle des saisons intégré, mais il est admirablement réussi.
Il y a tout de même quelques critiques. Farthest Frontier a quelques temps morts alors qu’il faut périodiquement attendre la collecte de ressources, la construction d’un bâtiment ou encore l’arrivée de nouveaux villageois. C’est également un jeu qui ne pardonne pas, où la mort d’un certain nombre de villageois entraînera des difficultés parfois insurmontables pour le village. Le danger rôde partout autour de la colonie, il faudra être prudent.
Il n’en demeure pas moins que ces quelques défauts n’empêcheront pas les joueurs de pleinement profiter de la proposition au point de ne plus compter leurs heures. Un franc succès.
J’aime
- La complexité du jeu de construction de cité
- L’attention aux détails et l’inclusion de nouvelles mécaniques
- Les graphismes et la trame sonore splendides
- Le degré de difficulté intéressant
- L’immersion totale proposée par le jeu
J’aime moins
- Certains temps d’attente
- L’absence d’un narratif pertinent
La copie de Farthest Frontier a été fournie par Crate Entertainment.
Farthest Frontier
Scénario
Graphisme
Bande sonore
Jouabilité
Durée de vie
Haut les coeurs !
Farthest Frontier reprend des éléments connus du genre des gestions de cité ou de colonie sans complaisance, où les erreurs du joueur peuvent avoir des conséquences négatives, voire fatales, sur la bourgade. Ceci dit, la proposition de Crate Entertainment va encore plus loin avec des mécaniques inusitées comme la gestion précise des terres agricoles ou encore la péremption de la nourriture. Il s’agit d’un nouveau défi captivant pour les amateurs du genre qui promet une grande immersion, notamment grâce à ses graphismes et sa trame sonore époustouflants.
C’est beau et plein de potentiel, mais c’est l’exemple type du jeu désespérant à jouer en accès anticipé, les mécaniques ne sont pas bien réglées et on passe son temps à se dire que ça sera bien quand le jeu sera fini…