Adossé à une crête rocheuse, le mammouth se rend compte que son heure est venue. Autour de lui, des chasseurs d’une tribu paléolithique s’approchent prudemment. Ils tiennent des lances fabriquées de branches de bois et de silex. Ils viennent d’un petit hameau non loin de la rivière où le mammouth s’abreuve fréquemment. En un clin d’oeil, les chasseurs fondent sur le pachyderme préhistorique qui, bien qu’il rue dans ses dernières minutes, ne fait pas le poids contre ces hommes plus nombreux, dangereusement armés et capables d’un travail d’équipe redoutable. Une fois la bête abattue et dépecée, rien ne sera gaspillé. Sa viande sera séchée pour être consommée une fois l’hiver venu. Ses os serviront à fabriquer des outils plus raffinés et sa fourrure permettra de vêtir et de loger les membres de la communauté. Le succès de cette chasse garantit un avenir meilleur pour toute la tribu.
Il s’agit là du genre de scène sur laquelle vous pouvez présider dans Dawn of Man, un jeu de simulation et de gestion de cité se déroulant durant la préhistoire. Commençant au paléolithique et allant jusqu’à l’âge de fer, c’est une dizaine de milliers d’années qui sont couvertes par ce jeu. Le joueur veille au bien-être des résidents de la tribu en leur rendant accessibles de la nourriture, des logements, une spiritualité adéquate, des vêtements et de la sécurité. Au fil de la partie, il pourra développer toute une gamme d’outils pour y parvenir, de la domestication des animaux à l’agriculture en passant par l’archerie et la forge.
- Studio de développement : Madruga Works
- Éditeur : Madruga Works
- Plateformes disponibles : PC, macOS, PlayStation 4, Xbox One
- Plateforme de test : PC
- Date de sortie : 1er mars 2019 (bêta ouverte le 17 octobre 2018)
- Classement : Teens (Alcool, violence et sang)
- Prix : 28,99$
- Page Steam du jeu
Un peu dans le style des Banished, Dawn of Man offre une proposition de simulateur sans compromis qui mettra à l’épreuve les compétences du joueur non seulement d’assurer la survie de la tribu durant les mois difficiles des hivers, mais également de gérer sa croissance pour que les réserves ne s’épuisent pas. Les besoins de chaque membre de la tribu devront être comblés tout en se raffinant durant l’évolution de la partie. La signature graphique est tout à fait réussie en simulant d’une manière plus réaliste qu’animation l’environnement préhistorique.
De simples chasseurs-cueilleurs
Après avoir choisi l’emplacement de départ de la colonie préhistorique, la partie commence avec quelques huttes, un feu de camp et une demi-douzaine d’hommes et de femmes. Les bâtiments auxquels le joueur a accès sont limités, tout comme la technologie disponible. Les principales sources de nourriture seront donc la pêche, la cueillette (pendant la belle saison) et la chasse. Cette dernière activité se révèle particulièrement importante puisqu’en plus de récolter de la viande utile à l’alimentation de la tribu, il sera possible de collecter des fourrures qui sont essentielles à la construction des premiers bâtiments ainsi que des os pouvant être transformés en outils plus performants ou en monument spirituel qui contribue au bon moral de la colonie.
La diversité des proies, pour la tribu naissante, est importante et le joueur devra faire des choix tactiques à savoir quels animaux seront chassés. Certaines créatures, comme des rhinocéros laineux ou des mammouths peuvent se révéler de redoutables adversaires, capables de blesser ou tuer les chasseurs, alors qu’un renne ou un mouflon ne devrait pas poser de problème pour le groupe de chasse.
Par ailleurs, Dawn of Man met à la disposition des joueurs un mode “prédateur” qui rend la carte en niveaux de gris tout en surlignant par des couleurs vives les ressources d’intérêt. Il devient donc très facile de repérer un troupeau qui autrement aurait pu être dissimulé dans le décor. Même chose pour les gisements de silex et les arbres fruitiers qui pourraient être facilement manqués.
Notons également que le jeu permet de donner la consigne de collecter une zone plutôt qu’une ressource précise. La tribu délèguera alors automatiquement un de ses membres pour s’occuper de la tâche lorsqu’il devient disponible et ainsi de suite jusqu’à l’atteinte d’un objectif de collecte. Cela peut être utile afin d’éviter une trop grande micro gestion qui deviendrait vite fastidieuse.
Une société d’agriculture et d’élevage
Presque chaque action dans Dawn of Man récompense le joueur par des points de connaissance. Chaque première fois rapportera un point, par exemple pour le premier loup chassé ou pour la collecte de petits fruits. Ces points peuvent ensuite être dépensés dans un arbre de technologie présentant plus de quarante options réparties sur les six âges couverts par le jeu.
C’est ainsi que, rapidement, le joueur pourra débloquer de nouveaux outils plus efficaces, de nouveaux bâtiments et des moyens de transport. Notons également toute la branche sur la domestication des animaux, qui commencera par l’addition de chiens à la tribu qui sauront se rendre utiles à la chasse – ou devenir une source de nourriture aisément accessible, si la famine devait frapper la colonie. Au fur et à mesure de la progression dans les technologies, il sera éventuellement possible de domestiquer des cochons, des chèvres, des chevaux et des vaches, développant ainsi des sources de nourriture significativement moins létales qu’un lion des montagnes protégeant sa progéniture.
En progressant dans les technologies et au fur et à mesure que la tribu s’agrandit, par des naissances ou l’arrivée de migrants – tout cela n’étant possible que s’il y a suffisamment de logements pour accueillir les nouveaux venus – de nouveaux défis se poseront pour le joueur. Il devra équilibrer la collecte de ressources avec les besoins grandissants de la colonie. Il devra souvent envoyer des groupes de chasseurs plus loin ou faire face à des animaux plus féroces pour maintenir à flot le village.
Éventuellement, un grand défi sera de passer d’un mode chasseur-cueilleur à une société agricole. Lorsque la technologie appropriée est acquise, les membres de la tribu pourront alors semer et récolter des champs afin d’obtenir de la nourriture et de la paille, nécessaires à la construction de bâtiments plus évolués.
Avec la domestication et l’agriculture, Dawn of Man change de perspective et le joueur se retrouve dans une gestion de ville plus “classique” – pensons aux séries Caesar ou Pharaon – et moins dans l’embuscade d’animaux sauvages. Par contre, les défis d’approvisionnement demeurent intenses et ce sera ensuite au tour de pillards préhistoriques de faire leur apparition de s’en prendre au village. Le joueur devra établir ses défenses et armer convenablement ses soldats pour repousser les envahisseurs.
Quelques longueurs
La partie prend normalement fin lorsque le joueur a atteint tous les jalons – Milestones dans la langue de Shakespeare – établis par le jeu selon le scénario. Ceux-ci sont nombreux et mènent inévitablement à l’atteinte de l’âge du fer. Au travers de la partie, le village du joueur sera alors passé d’une poignée de chasseurs-cueilleurs à une petite bourgade agricole à une ville fortifiée dans laquelle résonne les marteaux des forgerons, affairés à confectionner outils, armes et armures nécessaires à la sécurité de la populace.
Le joueur aura aussi eu l’occasion de satisfaire les besoins spirituels des membres de sa tribu en bâtissant des monuments toujours de plus en plus gros et des stèles mortuaires toujours plus raffinées. C’est une grande joie de voir ses ouvriers traîner d’immenses menhirs sur de très longues distances afin d’assembler un petit Stonehenge au coeur de la cité.
Ceci dit, Dawn of Man comporte quelques longueurs qui jouent en sa défaveur. La mécanique via laquelle les points de connaissance sont acquis mise fortement sur la répétition des actions, ce qui peut devenir blasant, particulièrement dans les débuts de partie où le joueur dispose de peu d’options de construction. Il n’est pas rare de devoir simplement attendre que ces points s’engrangent automatiquement. Ce n’est jamais vraiment plaisant de n’avoir rien à faire dans un jeu vidéo.
Un caractère unique à souligner
Malgré les quelques longueurs évoquées ci-dessus, il faut admettre que Dawn of Man réussit à offrir un divertissement tout à fait remarquable. Certains traits prévisibles des jeux de simulation et de gestion de cité sont bien présents, comme la gestion des inventaires, mais la thématique unique de Dawn of Man vient donner un second souffle à ce titre. C’est franchement une bonne idée de proposer aux joueurs de présider à l’aube de l’humanité, justement.
Réussir la transition d’une petite tribu de chasseurs-cueilleurs en une bourgade agricole fortifiée est particulièrement divertissant. J’ai toujours apprécié les jeux de simulation et de gestion de cité qui proposent un solide défi et dont les récompenses sont proportionnelles. Dawn of Man fait parti de ces jeux méconnus du grand public qui coche presque toutes les cases. J’ajouterais également que, dans le cours d’une partie, on peut être témoin de l’impact de cette tribu humaine sur son environnement, alors que la petite clairière du départ sera agrandie, les forêts coupées à blanc, les rivières enjambées par des ponts et ces pierres auparavant dispersées ici et là arrangées en somptueux monuments préhistoriques.
Notons aussi les forces de la nature qui se liguent contre le joueur dans Dawn of Man. L’hiver rendra impossible la cueillette et les animaux seront moins nombreux à se balader. Les rivières fournissent des quantités différentes de poissons en fonction des saisons. Une épidémie peut venir mettre à genoux la petite communauté en fauchant certains de ses membres les plus productifs. Le froid pourra également emporter les hommes et les femmes de la tribu qui ne sont pas suffisamment protégés contre les rigueurs de l’hiver. Et certains animaux ne se contentent pas de se défendre s’ils sont pris en chasse. Des attaques de loups ou hyènes sauvages contre le village sont tout à fait possibles, et ces créatures prendront un malin plaisir à cibler les membres les plus vulnérables du groupe, les aînés ou les enfants, par exemple. Dans Dawn of Man, tout le destin de la communauté est souvent à un cheveu de basculer, victime d’une disette, d’une maladie, d’une attaque ou d’un hiver trop rigoureux.
Et comme vous le savez, j’aime ces jeux de simulation et de gestion de cité qui sont remplis de défis et qui testent réellement les capacités de gestion, d’anticipation et de réaction du joueur. À ce chapitre, Dawn of Man est un franc succès.
J’aime
- La thématique unique de la préhistoire
- La croissance de la tribu et son développement
- Les graphismes réussis et certaines animations très bien faites, comme la chasse
- Le système de jalons qui valorise certaines actions
- Les monuments monolithiques magnifiques
- Domestiquer le meilleur ami de l’Homme
J’aime moins
- Les longueurs que l’on peut observer, particulièrement à la fin de chaque âge
- Un nombre un peu trop limité de bâtiments, particulièrement dans les premiers âges
La copie de Dawn of Man a été achetée par le rédacteur.
Dawn of Man
Scénario
Graphisme
Bande sonore
Jouabilité
Durée de vie
Chassons le mammouth !
Dawn of Man est un excellent jeu de gestion et de simulation de cité qui mettra les capacités d’administrateur des joueurs au défi. Il faudra anticiper les hivers rudes, combler les besoins des membres de la tribu, agrandir le village et progresser dans les technologies tout en évitant une famine ou une attaque de bêtes sauvages. Le joueur devra composer avec des changements de paradigme importants, par exemple en passant du mode chasseur-cueilleur à un modèle d’agriculture et d’élevage. Bien que méconnu, Dawn of Man mérite amplement d’être découvert et redécouvert.