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Critique de Hellbound : difficile regard sur un monde pas si loin du nôtre

Hellbound, traduit au Québec par Prophéties infernales, est probablement la série qui m’a le plus troublée et fait réfléchir depuis un bon moment. J’ai été véritablement secouée par la série fantastique très noire de Netflix. Pour notre plus grand plaisir, le distributeur continue de nous faire découvrir des perles sud-coréennes. À l’image de Squid Game, qui avait su souligner à grands traits les horreurs de la société de consommation, Hellbound vous mettra pour sa part face aux pires dérives de notre aire médiatique. Voici ma critique de Hellbound !

  • Créateur : Yeon Sang-ho
  • Distribution : Yang Ik-june, Yoo Ah-in, Kim Hyun-joo, Park Jeong-min,
  • Service de diffusion : Netflix
  • Nombre d’épisodes : 6
  • Site officiel

Critique de Hellbound : le véritable enfer est sur terre

Des individus en apparence ordinaire reçoivent d’un être surnaturel d’étranges prophéties les condamnant à l’enfer, à une date et une heure précise. Jin Kyung-hoon, un policier qui se remet difficilement du meurtre de sa femme, tente d’enquêter sur les étranges événements, alors que des créatures horrifiques surgissent pour exécuter les sentences de manière sanglante. L’hystérie collective provoquée par ces événements surnaturels donne naissance à La Nouvelle Vérité, un groupe religieux, et à des groupuscules vengeurs violents.

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Une histoire surprenante et profonde

Avant de commencer à visionner Hellbound, soyez bien conscient que la série est noire et vraiment très violente. Aucune lueur d’espoir (ou presque, je vais éviter de divulgâcher) ne suinte de cette déprimante exploration du fanatisme religieux, de la puissance des mensonges relayés par les médias et de la honte humaine. Vous avez encore envie de voir la série ? Excellent ! Vous serez happé par un mystère passionnant, confronté dans vos certitudes et impressionné par l’intelligence d’un scénario qui pose de vraies questions sur la nature humaine.

Le scénario est extrêmement bien construit. Le rythme est soutenu et rien n’est superflu sur seulement six courts épisodes. Un saut temporel entre l’épisode 3 et 4, ainsi qu’un changement de protagoniste, amène un excellent second souffle, au lieu d’étirer inutilement la première intrigue. D’ailleurs, l’enquête policière qui introduit le récit, au lieu d’être externe et peu utile comme dans Squid Game, est ici bien intégrée à l’histoire. Elle introduit organiquement le spectateur aux concepts de la série au fur et à mesure que l’enquête de Jin avance.

Les revirements nous tiennent en haleine et nous choquent de la même manière qu’ils transforment la vie des personnages. Vous savez comment, dans absolument TOUS les films, on sait toujours que les bons et les héros triompheront même des pires épreuves, alors que les méchants mangeront la poussière ? Eh bien, dans Hellbound, on en vient au contraire à douter de toutes nos certitudes, télévisuelles ou morales ! Je vous jure qu’à l’épisode six, vous vous demanderez sérieusement si les scénaristes auront le culot de montrer le passage à tabac d’un nourrisson par des créatures surnaturelles venues de l’enfer !

Voyage en enfer télévisuel

Hellbound est une série difficile à regarder, car l’histoire nous confronte à une émotion pénible pour tous les humains : la honte. Même si la culture asiatique et notre héritage judéo-chrétien ne traitent pas exactement cette émotion de la même manière, on s’identifie totalement aux personnages qui reçoivent le fameux décret d’ange de la mort.

Leurs vies deviennent un enfer sur terre bien avant que l’heure de leur exécution par les créatures mystérieuses ne soit arrivée. Même si la majorité des victimes ne savent même pas de quelle manière elles ont « pêché » et pourquoi elles sont condamnées à l’enfer, le sentiment d’avoir failli à une quelconque règle morale surhumaine les amène à tout tenter pour cacher leur honte et éviter la stigmatisation.

Ce qui fait vraiment peur, dans Hellbound, ce ne sont pas les créatures sorties de l’enfer qui viennent s’abreuver de sang sur terre, mais bien les opportunistes, tous très humains, qui profitent de la peur collective. Des leaders charismatiques créent des cultes de la rédemption glorifiant leur image, les médias télédiffusent les « démonstrations » meurtrières en direct pour augmenter leurs cotes d’écoute et des influenceurs (disons plutôt des trolls) sur les réseaux sociaux invitent les gens à lyncher publiquement les pêcheurs sans même savoir de quoi on les accuse. On n’est pas très loin de ce que pourrait devenir QAnon dans les mêmes circonstances.

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Des critiques au niveau des interprétations et des effets spéciaux

Du côté des critiques, la série Hellbound a malheureusement raté l’un des éléments importants de sa mythologie : les trois créatures venues de l’enfer pour exécuter les pêcheurs sont peu effrayantes. Leur présence est certes impressionnante, mais il manque à leur design simiesque un petit quelque chose pour nous donner le frisson. De même, l’ange qui vient offrir les prophéties aux humains condamnés aurait dû être beaucoup plus terrifiant. Je me doute que ces créatures ont été créées pour coller à une imagerie sud-coréenne dont je ne connais pas l’origine, mais l’importation de l’autre côté de l’océan ne passe pas.

De plus, les interprétations sont très inégales. Certains acteurs s’en tirent mieux que d’autres. Par exemple, l’actrice qui interprète l’avocate Min Hye-jin est excellente. Elle nous permet de suivre parfaitement le cheminement de son personnage grâce à une interprétation sobre, mais touchante. L’actrice Kim Shin-rok, la mère monoparentale victime de la première démonstration publique, m’a tirée des larmes et m’a vraiment fait vivre l’horreur de sa condamnation. Par contre, je n’ai vraiment pas aimé le jeu instable de Yoo Ah-in (de son vrai nom, Uhm Hong-sik), pourtant si excellent dans Burning, en 2018. En tant que premier chef du culte La Nouvelle Vérité, son personnage se devait d’être beaucoup plus charismatique et intrigant.

Observations variées :

  • Alors… meilleur que Squid Game ? On a beaucoup comparé les deux séries, bien qu’au niveau du ton, elles n’aient rien en commun. Personnellement, j’ai préféré Hellbound. Sans conteste.
  • Hellbound est réalisé par le créateur de Train to Busan, Yeon Sang-ho, le meilleur film de zombie de tous les temps (oui, oui !). Vous n’avez pas encore vu ce chef d’œuvre ? Vite, à vos manettes !
  • Avez-vous vu l’excellente série The Leftovers ? En y repensant, je crois que c’est le dernier show qui m’a marqué autant que Hellbound. Ici aussi, le ton est totalement différent, mais les deux séries partagent un thème commun, soit comment les humains tentent toujours de donner un sens aux événements hors de leur compréhension.
  • Vous voyez une personne se faire battre et martyriser dans la rue par une créature surnaturelle venue de l’enfer ? Ne vous sauvez pas ! Ne tentez pas de l’aider ! Sortez plutôt votre cellulaire pour diffuser en direct ! C’est ce que tout le monde fait dans Hellbound. C’est notre nouvelle réalité… soupire.
  • L’enfer, ce sont les réseaux sociaux (fin de l’éditorial, promis)
  • La fin de la série nous laisse sur une révélation hallucinante. J’ai déjà hâte de découvrir la suite !

Hellbound

Scénario
Réalisation
Distribution
Effets spéciaux
Réflexion

Difficile, mais essentiel !

Ne manquez pas cette série fantastique au scénario vraiment intéressant, qui pose des questions difficiles sur l'humanité et les médias.

À propos de Maude Bégin-Robitaille

Spécialiste en communication numérique de jour, auteure professionnelle les soirs et les weekends, maman à temps plein et warpriest les mardis soir. Surtout, geek depuis l'enfance !

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