Le 11 juin dernier, Québec numérique a annoncé la fin de ses activités suite à une situation financière insurmontable via un communiqué de presse. Cette nouvelle est un coup dur pour l’industrie numérique québécoise, et surtout pour 42 Québec, un centre de formation ayant actuellement des étudiants inscrits.
Qui est Québec numérique ?
Depuis plus de 10 ans, Québec numérique a été une référence comme acteur du développement de la communauté numérique de la ville de Québec. Leur priorité a été de « toujours proposer des solutions concrètes qui rassemblent, accompagnent et forment différemment les professionnel.les qui font, utilisent et s’intéressent au numérique ».
Tout au long de ses activités, Québec numérique a accompagné plus de 500 entreprises dans le développement de leurs solutions numériques, a accueilli plus de 64 000 personnes à ses évènements et a formé plus de 658 personnes grâce à ses services de formation.
Québec numérique organisait annuellement la Semaine numéricQC, le WAQ (Web à Québec), le virage numériQC et le centre de formation 42 Québec.
Pourquoi Québec numérique ferme ses portes ?
Au cours des 9 derniers mois, Québec numérique a subi une forte pression financière croissante liée au retard dans le versement des fonds de la part du gouvernement.
Dans son communiqué, Québec numérique a mentionné que : « Ce financement destiné à soutenir le projet 42 Québec a été retenu en raison de questionnements administratifs non résolus.
Malgré de multiples appels à l’aide et des propositions de solutions dans une totale collaboration et transparence de la part de l’organisme, aucune issue n’a été trouvée, laissant l’organisation dans une position maintenant intenable. Plutôt que de s’asseoir et de trouver une lecture commune des fichiers transmis, le Ministère a claqué la porte en se réfugiant derrière une enquête. »
Pour pallier à ce manque, Québec numérique a payé le versement manquant afin que les étudiants de 42 Québec puissent poursuivre leur formation. Cela a mis l’organisme dans une situation difficile menant à la fermeture annoncée la semaine dernière.
Joé Bussière, co-fondateur et membre du conseil d’administration de Québec numérique à également mentionné que :
« La position inexplicable du ministère a démobilisé plusieurs partenaires et a semé le doute sur l’initiative, limitant l’implication de nombreux autres collaborateurs potentiels et contribuant ainsi à la mort de ce projet innovant. Nous avons exploré toutes les avenues possibles et pris des décisions difficiles, croyant que cela donnerait le temps à notre cri du cœur d’être entendu, mais sans succès. Notre main tendue avec la plus grande transparence n’a malheureusement pas résonné auprès du gouvernement qui a fait le choix de l’opacité.
Triste situation pour 42 Québec dans lequel la communauté numérique s’est engagée durant les cinq dernières années, effaçant du revers de la main un investissement collectif de plus de 8 M$ dans ce projet. C’est sans parler de Québec numérique, l’organisation et ses accomplissements des 15 dernières années comme la Semaine numériQC et le Web à Québec (WAQ), deux événements phares qui ont fait la renommée de Québec dans l’écosystème numérique. »
L’impact de 42 Québec et des autres initiatives
Québec numérique souligne également que :
« 42 Québec aura eu la chance d’accueillir plus de 700 candidat·e·s et profite d’un taux d’insertion professionnelle frôlant les 100 % dès la fin de leur premier stage. Il a attiré plus d’une vingtaine de fidèles partenaires qui ont cru au projet.
La Semaine numériQC et le Web à Québec, dont la 13ᵉ édition vient de se terminer, ont réuni, à eux deux, des dizaines de milliers de participant·e·s et des centaines de partenaires de diverses industries, générant plus de 3 M$ de retombées économiques significatives pour la Capitale-Nationale, uniquement dans la dernière année.
Enfin, plus de 500 entreprises ont été soutenues par l’équipe-conseil Virage numériQC de l’organisation à travers différents programmes de soutien, dont le parcours 100 % NumériQC, mis sur pied en collaboration avec la Ville de Québec. »
Quoi en retenir ?
La situation de Québec numérique soulève quelques réflexions. Martine Rioux, présidente du conseil d’administration de Québec numérique a écrit que :
« Les dédales administratifs dans lesquels ont été plongés Québec numérique au cours des derniers mois soulèvent une réflexion essentielle sur la capacité du gouvernement à soutenir l’innovation au Québec avec des critères qui n’ont pas évolué, d’autant plus dans la Capitale-Nationale, qui ne semble plus faire partie de ses priorités. Il est impératif d’ouvrir une discussion publique sur les moyens de créer de meilleurs ponts entre les processus administratifs et l’innovation, surtout à une époque où nous devons miser plus que jamais sur l’innovation sociale pour répondre aux défis de notre société. »
Ultimement, Québec numérique mentionne dans son communiqué que cette situation incite à revoir les mécanismes de soutien aux « initiatives d’impact avec des retombées tangibles, mais qui n’entrent souvent pas dans le moule administratif. Il est crucial de leur fournir un appui qui prend en considération leur réalité. » La fragilité des OBNL est une préoccupation partagée qu’il ne faut pas oublier.