Dès les premières minutes du jeu, dans la cinématique d’ouverture, c’est nul autre qu’une version vidéoludique de Gimli, plus âgé depuis sa dernière apparition dans Le retour du roi de la trilogie originale du Seigneur des anneaux qui explique ses motifs quant à la reconquête de Khazad-dûm, la Moria, dans la voix de l’acteur John Rhys-Davies, celui-là même qui a interprété le plus célèbre des Nains dans la série réalisée par Peter Jackson entre 2001 et 2003. Il n’y a pas à dire The Lord of the Rings : Return to Moria nous plonge directement dans l’action du quatrième âge, cette période suivant la fin des aventures de la communauté de l’Anneau.
- Studio de développement : Free Range Games
- Éditeur : North Beach Games
- Plateformes disponibles : PS5, PC
- Plateforme de test : PC
- Date de sortie : 24 octobre 2023
- Classement : T pour adolescents
- Prix : 45,99$ sur Steam
- Page Epic Game Store du jeu
Après la cinématique d’ouverture, on accède au créateur de personnage où l’on peut donner vie au Nain de nos rêves avec différentes options de barbes, de sourcils, de bijoux et de visages. Nous sommes ensuite catapultés à l’intérieur de la Moria, isolé de nos compagnons, dont Gimli. Il faudra donc s’échapper grâce à notre capacité d’explorer, de collecter des ressources, de construire et de combattre jusqu’à retrouver nos frères d’armes. Parce que The Lord of the Rings : Return to Moria est d’abord un jeu de survie qui se base beaucoup sur l’exploration, le combat et l’artisanat, pensons à des titres tels que Valheim ou la source d’inspiration de tous les jeux d’artisanat : Minecraft. Également disponible en mode coopératif, vous pourrez donc créer votre propre communauté de Nains et tenter de reprendre le contrôle de la Moria.
Explorations de caves, mines et halls Nains
J’ai testé il y a quelques mois The Lord of the Rings : Gollum avec beaucoup de déception. J’y notais entre autres que les développeurs semblaient beaucoup s’appuyer sur la notoriété de la franchise plutôt que sur la qualité du jeu en soi pour essayer de mousser les ventes. The Lord of the Rings : Return to Moria a, au contraire, l’avantage de nous plonger réellement dans l’atmosphère propre au Seigneur des anneaux avec une reconstitution fidèle de l’apparence de la Moria. Non seulement dans le visuel des environnements que l’on explore, mais également avec le soin des développeurs de garder la trame sonore relativement faible, privilégiant surtout l’ambiance caverneuse avec les échos, le son des flammes de la torche et le son incessant d’écoulement de gouttes d’eau lointaines. Sans oublier dans la trame narrative les nombreuses références à la trilogie du Seigneur des anneaux alors que l’on retrouvera des traces du passage de la communauté de l’anneau originale.
Si les jeux de survie ont plutôt l’habitude des grands environnements ouverts, exemple : vous voici nu sur une plage, à gauche il y a une montagne, à droite une forêt et droit devant des bâtiments, The Lord of the Rings : Return to Moria double la mise sur le visuel unique de Khazad-dûm. Exit le sentiment de liberté habituellement associé à ce type de jeu, l’atmosphère est oppressante. Dans la pénombre de la caverne, on ne sait jamais où sont embusqués les nombreux ennemis.
Il y a donc d’abord et avant tout un point positif énorme avec cette proposition. Nous avons l’impression qu’elle reste fidèle au matériel original et qu’elle permet aux joueurs de réellement se retrouver dans les halls de la Moria. Qui n’a jamais rêvé d’explorer cet endroit où le peuple de Durin a creusé trop profondément et avidement en écoutant Le Seigneur des anneaux ?
Perdu dans les ténèbres de la Moria
Or, en termes de mécanique de jeu, il y a là un grand défi que le développeur n’a malheureusement pas réussi à surmonter. Il faut l’admettre : les environnements sont sombres et redondants. Qu’est-ce qui ressemble le plus à un couloir de mine généré aléatoirement qu’un autre couloir de mine généré aléatoirement ? Il faudra continuellement avoir une torche allumée pour espérer distinguer quelque chose et il sera très aisé de se perdre ; la carte du jeu étant tellement limitative qu’elle en est inutile.
Et il y a de réelles conséquences à se perdre, en plus de perdre notre temps. Une embuscade d’orcs ou de gobelins pourrait voir la mort de notre personnage, qui doit périodiquement retourner au camp pour se soigner et se nourrir. Faute d’un mauvais détour, ça pourrait bien être la fin de votre Nain. Et ensuite ? On réapparaît à l’autre bout de la carte, sans équipement. Il faudra donc (encore) retrouver notre chemin jusqu’à notre cadavre, si possible, pour récupérer matériaux, équipements et, surtout, armes et armure pour se défendre. Cet aspect du jeu est absurdement trop punitif en plus de créer une grande frustration chez le joueur qui devra refaire tout le chemin, s’il arrive à ne pas se perdre.
Vous vous dites peut-être, à quoi bon se retrouver si on peut simplement creuser une ligne droite jusqu’à la destination, dans le style de Minecraft ? Eh bien pour une raison ou une autre, The Lord of the Rings : Return to Moria est particulièrement directif sur les endroits où l’on peut creuser (et dans certains cas où l’on doit creuser pour progresser dans l’histoire et l’exploration) de ceux où l’on ne peut pas, en raison de parois indestructibles. Il y a donc là une dichotomie fondamentale entre la liberté habituellement associée et souvent nécessaire des jeux de survie et l’expérience de The Lord of the Rings : Return to Moria où le joueur a, au final, peu de choix sur la manière qu’il décide de mener sa quête.
Des combats qui laissent de marbre
Qu’est-ce que serait la reconquête de la Moria sans son lot de combat ? Ici, le développeur en livre probablement plus que le client en demande. Des gobelins en patrouille un peu partout, des loups (dans les profondeurs de la montagne ?), des araignées géantes, des orcs sanguinaires et j’en passe peupleront votre périple. Ils sont également générés aléatoirement (selon le niveau de difficulté de la zone) donc ne pensez pas que parce que vous venez d’occire une troisième patrouille gobeline entre votre camp et la ressource que vous convoitez que vous aurez le champ libre en revenant. Elles peuvent très bien réapparaître dès que vous tournez le coin.
Ça ne serait pas trop mal si les combats n’étaient pas aussi punitifs (voir plus haut), si la gestion de ressources (santé, endurance) n’était pas aussi centrale dans un jeu où l’on doit constamment s’éloigner de son camp, mais surtout, s’ils étaient simplement amusants. Attaquer, bloquer. Voici les deux choses que vous pouvez faire dans le combat. Ne pensez pas vous faire lancer par vos camarades comme Gimli par Aragorn dans la bataille du Gouffre de Helm. Attaquer, bloquer, constater que la vie des adversaires baisse. Rincer et répéter jusqu’à ce que l’un de vous soit au sol. Il y a aussi souvent trop d’ennemis pour un seul Nain qui, au final, ne peut qu’attaquer et bloquer d’un côté. Je comprends bien que les gobelins et autres créatures de la pénombre n’agissent pas honorablement et comptent sur leur supériorité numérique pour venir à bout de nos petits gaillards, mais cela laisse penser que le jeu pourrait avoir un meilleur équilibre, notamment entre le multijoueur et le mode solo.
Notons par ailleurs qu’il est également possible de faire attaquer sa base par les ennemis, relativement aléatoirement, avec des conséquences importantes sur la progression du jeu. Cela arrive généralement lorsque l’on est très loin (et possiblement perdu) ou épuisé.
D’ailleurs, j’en profite pour noter que je n’ai réalisé ce test qu’en mode solo. Il est probable que le défi de The Lord of the Rings : Return to Moria soit mieux dosé lorsque les joueurs sont en groupe.
The Lord of the Rings : Return to Moria présente l’artisanat nanique
Évidemment, l’ensemble de la proposition repose sur un solide système d’artisanat lui-même très classique. Pour combattre des ennemis plus puissants, il faudra améliorer ses armes et armures. Pour améliorer l’équipement, il faudra des ressources plus rares. Pour miner ces ressources, il faudra de meilleurs outils. Pour fabriquer ces outils, il faudra de nouvelles installations d’artisanat. Et ainsi de suite jusqu’à la fin du jeu.
Il y a aussi bien entendu certains combats nécessaires à la progression, des plus communs comme d’abattre des loups pour des matériaux, à des plus intenses comme le chef de Orctown.
Bien que cela soit relativement conservateur comme mécanisme pour l’artisanat, en bon Québécois disons franchement que ça fait la job. il n’y a pas vraiment de surprise dans ce système et, personnellement, j’apprécie l’esthétique des équipements des Nains donc c’est amusant, strictement du point de vue de l’apparence, d’améliorer les armes et outils de notre avatar, en plus de lui permettre de progresser dans son exploration.
Il y a d’autres forces à l’œuvre dans ce monde, à part la volonté du mal
Dans les premières minutes de The Lord of the Rings : Return to Moria, j’y ai cru. Enfin une nouvelle proposition de jeu vidéo du Seigneur des anneaux avec du potentiel ! En plus, je ne m’en cache pas, j’ai toujours trouvé la race des Nains de l’univers de Tolkien (et plus largement dans le monde fantastique) fascinante. Ces êtres obstinés mais courageux, honorables mais rancuniers, capables de grandes réalisations mais également en proie à la maladie du dragon. Nous avons donc un jeu vidéo qui place ces personnages fantastiques au premier rang, ce qui est extrêmement rare.
Mais rapidement, on constate toute la linéarité du jeu. Il faut suivre le chemin tracé, il n’y pas d’espoir de vous en creuser un sur mesure. Il faut suivre les missions. Le système d’artisanat très classique vient renforcer cela, puisqu’il faudra faire une ronde complète d’amélioration pour ensuite passer à la suivante et ainsi de suite. Sans parler des combats qui sont généralement sans saveur et qui soit n’ont aucun impact sur le jeu puisque la seconde que vous tournerez un coin, les ennemis réapparaîtront ou au contraire seront punitifs et feront perdre de précieuses minutes au joueur pour revenir collecter son équipement, s’il y parvient.
Si l’atmosphère et l’environnement de la Moria sont très bien réussis, il faut admettre qu’ils sont redondants mais surtout qu’il est facile de s’y perdre. En dehors des combats, je pense que c’est ma principale critique. L’on passe de très nombreuses minutes à trotter du campement vers un point X, pour finalement réaliser que l’on a manqué une porte et que nous sommes complètement ailleurs. La carte n’étant d’aucun secours, il faudra compter sur des repères visuels qui, malheureusement, se répètent souvent.
Les plus grands amateurs des jeux de survie y trouveront sans doute leur compte. Ceux qui sont de vrais mordus du Seigneur des anneaux et des factions naines qui la peuplent auront quelques bons moments, comme j’en ai eu moi-même. Ceci dit, à la longue, il m’apparaissait que la progression relevait davantage de la corvée que du divertissement et n’ayant pas moi-même la pugnacité et l’entêtement des Nains, j’ai dû arriver à la conclusion que The Lord of the Rings : Return to Moria avait encore bien du travail à faire pour plaire à un auditoire plus large.
J’aime
- L’univers du Seigneur des anneaux
- L’accent sur les Nains, ceux qui généralement sont les grands négligés de la franchise
- L’environnement de la Moria, particulièrement réussie
- Un système d’artisanat qui, s’il est parfois répétitif, a l’avantage d’être classique
- L’ambiance sonore adaptée à l’environnement
J’aime moins
- Les combats sans saveur
- Le système de récupération de son cadavre particulièrement punitif
- La redondance des environnement
- Les grandes distances entre les objectifs / ressources et le camp
- La gestion difficile de la santé/endurance
- Me perdre dans les ténèbres de la Moria :(
La copie de The Lord of the Rings : Return to Moria a été fournie par North Beach Games.
The Lord of the Rings : Return to Moria
Scénario
Graphisme
Bande sonore
Jouabilité
Durée de vie
Il y a encore un Nain dans la Moria qui respire !
The Lord of the Rings : Return to Moria part d’une excellente idée. Un jeu de survie et d’artisanat dans l’environnement de la Moria durant le quatrième âge de la Terre du Milieu qui mettra de l’avant un groupe de Nains qui cherchent à s’en échapper. Or, dans l’exécution, c’est moins glorieux. Les environnements sont sombres, il est facile de s’y perdre, les distances sont grandes et les combats sans saveur et punitifs. Si des mises à jour venaient corriger ces lacunes, il y a beaucoup de potentiel. Mais dans l’état des choses, ce jeu vidéo ne saura plaire qu’aux plus grands amateurs de jeu de survie ou du Seigneur des anneaux.