Vous voulez ressentir un coup de vieux instantané ? Le troisième volet de la trilogie du Seigneur des anneaux, le Retour du roi sera sorti il y a vingt ans en décembre de cette année. Si comme moi vous l’avez vu au cinéma à l’époque, ça ne nous rajeunit pas. Vous savez ce qui ne nous rajeunit pas non plus ? Les mécaniques de jeu et les graphismes de The Lord of the Rings : Gollum, un jeu pourtant sorti au printemps 2023 mais qui aurait fort bien pu être produit en 2005 vu sa linéarité, ses graphiques flous et sans inspiration ainsi que ses commandes simplistes au possible. Haut les coeurs, nous retournons au Mordor, mais cette fois sous les traits déformés de Gollum / Sméagol.
- Studio de développement : Daedalic Entertainment
- Éditeur : Daedalic Entertainment
- Plateformes disponibles : PS4, PS5, PC, Xbox One, Xbox Series
- Plateforme de test : PC
- Date de sortie : 23 mai 2023
- Classement : T pour adolescents
- Prix : 69,99$ sur Steam
- Page Steam du jeu
Dans ce jeu d’aventure à la troisième personne, le joueur incarne le misérable Gollum de la série fantastique la plus connue : Le Seigneur des anneaux. Celui-ci est en quête de l’anneau unique – son précieux – qui lui a été dérobé. Étant de nature couarde et physiquement faiblard, Gollum devra naviguer dans les ombres, grimper dans les recoins sombres et agir avec perfidie afin de progresser. Il devra aussi composer avec sa personnalité multiple alors que, dans The Lord of the Rings : Gollum, il y a une constante interaction entre le protagoniste et son alter ego, Sméagol.
The Lord of the Rings : Gollum qui ?
À moins d’avoir passé les dernières décennies à vivre sous une roche, vous avez sans doute entendu parler de Gollum, mais pour les quelques ermites lecteurs de blogues technos geeks qui vont tomber sur cette critique, Gollum était à l’origine un hobbit nommé Sméagol qui a fini par mettre la main sur l’anneau de pouvoir. Cet anneau, un objet forgé par le seigneur ténébreux Sauron, possède sa propre volonté et souhaite ardemment retourner à son créateur. Il a de plus l’aptitude de corrompre l’esprit et le corps de celui qui le porte. Ainsi, pendant presque cinq cents ans, terré dans une grotte sous la montagne, Sméagol est sous l’emprise de l’anneau, perdant tour à tour sa raison, son humanité et éventuellement prenant même l’apparence d’une créature décharnée aux grands pieds et aux doigts gluants, l’ombre de sa forme originale.
L’on peut dire que le Sméagol d’origine, à travers la corruption de l’anneau, finit par se métamorphoser en Gollum. Si Sméagol maintient un certain fond de décence et de naïveté, Gollum est cruel et perfide. Il élabore des plans mesquins et prend plaisir à mordre avec ses six dents restantes dans des animaux crus et encore vivants. Malgré cette dualité, les deux personnalités réussissent à s’entendre que la fin justifie les moyens, si cette fin implique de conserver l’anneau unique.
Son destin basculera lorsque cet anneau « l’abandonnera » pour se faire trouver par Bilbo Saquet dans les profondeurs de la montagne. Après que Bilbo ait pu s’enfuir, Gollum se met en quête de retrouver l’anneau, sachant le nom de son usurpateur et son lieu d’origine, la comté. Et c’est à peu près à ce moment que l’histoire de The Lord of the Rings : Gollum commence. La narration est faite selon le récit de ses péripéties telles que Gollum les livre à Gandalf dans une forme d’interrogatoire sur les allers et venues de la créature dans les dernières années.
Des ténèbres de la caverne jusqu’à la pénombre du Mordor
Bon, les grands amateurs du Seigneur des anneaux trouveront que c’est une explication bien sommaire, mais imaginons qu’elle a pu être utile à quelqu’un qui ne connaît pas la franchise. Il y a par ailleurs plusieurs propositions modernes pour en apprendre davantage, comme la série sur les anneaux de pouvoir présentement disponible sur la plateforme d’Amazon. Donc, d’entrée de jeu, l’on prend le contrôle de Gollum dans sa caverne sous les Montagnes embrumées. L’on suivra un oiseau qui nous mènera éventuellement jusqu’au Mordor. Je vais m’arrêter là dans le narratif précis du jeu pour éviter les divulgâcheurs.
Les contrôles de Gollum sont très simples, voire simplistes. Il peut marcher, sprinter – mais fort peu puisque sa jauge d’énergie est à la hauteur du faiblard personnage -, ramper et faire une certaine forme de parkour (art du déplacement, en français) pour grimper des murs et longer des murs. Mais attention, pas question de sauter n’importe où, il y a de grosses flèches aux endroits où c’est possible. Ailleurs, il ne se passera rien.
Ça nous emmène au principal défaut de The Lord of the Rings : Gollum. Ce jeu est étouffant de linéarité. À une époque de mondes ouverts où le joueur a la liberté de choisir par où il va et comment il surmonte les défis, le développeur Daedalic prend la tangente complètement inverse. Dans The Lord of the Rings : Gollum, il n’y a qu’un seul chemin à prendre et une seule façon de le parcourir. Vous voyez cet orc qui bloque le passage ? Il faut que vous passiez à côté dans le foin. N’essayez pas de lancer une pierre ou de le prendre en embuscade, cela échouera. Il faut passer tapis dans la végétation. Non seulement cela est-il restrictif, mais une tentative ratée ou un essai d’une méthode alternative résultera en un glorieux game over (partie terminée) qui vous fera perdre de précieuses minutes. Vous avez intérêt à faire ce que l’on vous dit.
Cela pourrait peut-être être excusé si au moins nous étions dans une ambiance immersive qui nous plonge dans les coins maléfiques de la Terre-du-Milieu. Mais non, The Lord of the Rings : Gollum, est fade, terne et sombre. À certains endroits, simplement laid tout comme le protagoniste Gollum lui-même. Comment est-il possible qu’une création CGI d’il y a littéralement vingt ans puisse être plus réussie qu’un personnage entièrement virtuel d’un jeu de l’année ? Sans parler du doublage qui, lorsque joué dans sa version originale en anglais, détonne par l’absence fulgurante de l’acteur original de Gollum dans la trilogie, Andy Serkis.
Histoire de Gollum ou de Sméagol ?
Une facette intéressante de la proposition demeure tout de même la dualité entre Gollum et Sméagol. Le personnage se parle à lui-même continuellement, ce qui est relativement amusant, mais lors d’interactions avec d’autres personnages, le joueur devra choisir lequel des alter égos répond. Est-ce que ce sera le conciliant Sméagol qui cherche à se faire des amis ou le perfide Gollum qui n’a que du fiel à offrir ? C’est d’autant plus amusant lorsque le débat n’est pas avec un tiers, mais bien entre les deux personnalités qui doivent se convaincre mutuellement.
Ceci dit, ne soyez pas trop excités par cette facette du jeu, vos choix n’ont pas d’impact sur le déroulement de l’histoire. Que vous choisissiez Sméagol ou Gollum, l’issue sera la même. Et cela vient amplifier le problème que l’histoire est ennuyeuse à souhait. L’on passe les premières huit à dix heures comme esclave dans une forteresse ennemie. Et le jeu nous force à faire les tâches d’esclave comme rassembler des bêtes monstrueuses et collecter des insignes de mineurs décédés. Et comme mentionné plus tôt, il n’y a pas d’alternative. Vous suivez le plan de match exactement comme prévu ou sinon, retour à la case départ.
Finalement, comment ne pas noter les nombreux bogues et glitchs qui parsèment l’expérience pour un degré supplémentaire d’irritabilité. Parfois, notre avatar passe à travers une paroi (tombe dans la lave en fusion, retour à la case départ) ou encore est un pixel, semble-t-il, du rebord interactif d’une falaise (tombe dans un puit sans fond, retour à la case départ). Si The Lord of the Rings : Gollum n’avait pas été présenté comme une grande sortie de l’année, ça aurait pu être passablement comique. Mais c’est tout simplement la cerise sur un gâteau particulièrement peu appétissant.
69,99$
Au milieu des années 2000, je me souviens de ces jeux qui n’avaient pour qualité que de ne porter le nom de la franchise du Seigneur des anneaux. On sortait tout et n’importe quoi, on disait que c’était une expérience comme dans le film et on essayait de le vendre rapidement pour faire un profit rapide. Certains avaient du potentiel, d’autres non, tous sont oubliés aujourd’hui.
The Lord of the Rings : Gollum nous ramène tristement à cette époque de jeux cupides qui n’ont pour qualité que d’appartenir à la plus grande franchise dans l’univers fantastique n’ayant jamais existé. Le jeu a pourtant eu deux années de retards et de délais entre son lancement et la date prévue en 2021. L’échec est si cuisant que, depuis la sortie du jeu, Daedalic a choisi de fermer sa division de développement de jeux vidéo pour se concentrer sur l’édition. Dans le processus, ils ont également annulé un autre projet de jeu vidéo dans la franchise du Seigneur des anneaux.
Le portrait me semble maintenant complet ; une proposition bâclée, ennuyante au possible avec des fonctionnalités complètement dépassées, abandonnée par son développeur et sans perspective d’avenir. Et vous pouvez avoir cela entre les mains pour le prix d’un jeu AAA à 69,99$ ? Même aux plus grands amateurs du Seigneur des anneaux, je conseillerais de garder leur argent, d’éviter de perdre des heures précieuses de leur vie sur The Lord of the Rings : Gollum et de se faire plutôt un marathon de la trilogie (version longue, assurément !) pour célébrer son vingtième anniversaire.
J’aime
- La double personnalité de Gollum
- L’univers du Seigneur des anneaux
J’aime moins
- Les graphismes complètement dépassés
- Les contrôles simplistes et répétitifs
- La linéarité à l’extrême
- Les bogues multiples
- Le doublage qui détonne de la proposition originale
- Et j’en passe
La copie de The Lord of the Rings : Gollum a été fournie par Daedalic Entertainment.
The Lord of the Rings : Gollum
Scénario
Graphisme
Bande sonore
Jouabilité
Durée de vie
Pas mon précieux
The Lord of the Rings : Gollum est un jeu terne et linéaire qui ne laisse aucune place à la créativité du joueur. Les contrôles sont simplistes, l'histoire est ennuyante et il y a des bugs un peu partout. Suivez les conseils de Gandalf et fuyez, pauvres fous.